ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Emporter (Page 5:594)

Emporter (s') v. pass. (Manége.) terme usité parmi nous pour désigner en général l'action d'un cheval que le cavalier ne peut arrêter, & qui fuit avec fougue & avec impétuosité malgré tous les esforts que l'on fait pour le retenir.

Ce défaut est plus ou moins considérable selon ses causes & sa source.

Il procede souvent de l'ignorance d'une main dure & cruelle, incapable de reconnoître & de sentir le fond de la bouche de l'animal, & qui, par un appui forcé & toûjours constant dans le même degré, en échauffe tellement toutes les parties qu'elle les prive de toute sensibilité (voyez Main). Il peut être encore occasionné par tous les vices qui tendent à égarer une bouche (voyez Egarer), par l'habitude de forcer la main (voyez Forcer), par la gaieté du cheval qui s'émeut & s'excite lui - même à la vûe ou à l'ouie d'un autre cheval qui galope; par sa timidité, lorsqu'à l'occasion de quelque bruit il fuit & s'échappe; par de mauvaises leçons; par la facilité avec laquelle le cavalier se sera laissé maîtriser, &c.

Il est certain que ce n'est qu'autant que toutes les portions de la bouche, & principalement les barres, n'auront point été véritablement endommagées, que nous pourrons remédier à ce vice d'autant plus essentiel, que les suites en peuvent être extrèmement funestes. Si ces mêmes portions sont en effet dans un état desesperé, & qu'il ne nous soit plus absolument permis d'y rappeller par aucun moyen le sentiment qu'elles ont perdu, vainement tenterions-nous d'en corriger l'animal. Ou cette action de fuir est tournée en habitude, ou elle n'est que passagere.

Dans le premier cas, il s'agira de travailler le cheval lentement & au pas, & avec toute l'attention que demande une bouche sujette à s'échauffer; du pas, on le conduira insensiblement au trot, & du trot on le ramenera au pas pour le remettre au trot, & successivement au galop, en le ralentissant toûjours & en entremêlant prudemment ces différentes allures. Le galop étant incontestablement la plus vive & la plus prompte, est aussi très - communément celle dans laquelle il s'anime davantage, & où il est le plus sujet à s'emporter; on ne l'y exercera par conséquent que lorsque dans les autres il obéira exactement à toutes les impressions de la main, on en augmentera aussi la rapidité, on en diminuera de tems en tems la vîtesse; & les arrêts multipliés selon le besoin, ainsi que la répétition de la leçon du reculer, étoufferont enfin en lui cette vivacité & cette ardeur, ou du moins le remettront sous les lois d'une entiere obéissance.

L'emportement n'est - il que passager? n'a - t - il lieu que dans la circonstance d'un autre cheval qui court rapidement, ou à raison de la surprise & de la crainte que lui inspirent certains bruits auxquels ses oreilles ne sont point accoûtumées? n'est - il, en un mot, suscité qu'à l'occasion des objets extérieurs dont il est frappé? on doit 1°. nécessairement l'habituer au son & à la vûe de ces mêmes objets: 2°. le retenir & le renfermer dans l'instant même du premier effort qu'il fait pour s'échapper, & rendre la main dans l'instant qui le suit, sauf à le reprendre de nouveau s'il témoigne encore le moindre desir de fuir. Sans cette précision avec laquelle le cavalier saisit le moment, l'animal se dérobe toûjours pendant un espace plus ou moins considérable de terrein; & cette espece de victoire qu'il remporte l'enhardit, pour ainsi dire, & peut non - seulement le confirmer dans ce leger défaut, mais occasionner ces mouvemens fougueux auxquels on s'oppose inutilement. Il est même très - à - propos de joindre quelquefois le châtiment à l'action, de saisir le tems, afin de faire sentir à l'animal renfermé & puni, que cette pas<cb-> sion immodérée d'une course que le cavalier ne sollicite point, est une faute qui lui attire la correction qu'il redoute; ainsi serrez vivement les deux talons en mettant la main près de vous, rendez & reprenez sur le champ, bientôt le cheval ne reconnoîtra plus rien qui puisse l'engager à s'emporter.

La plûpart des hommes imaginent que la voie la plus sûre de retenir un cheval qui fuit, est de s'attacher à la main. Ils employent tout leur pouvoir & toutes leurs forces dans l'espérance de l'arrêter, mais leurs efforts sont toûjours superflus & sans succès. La raison en est simple; d'une part, ces mêmes efforts exercés directement sur la bouche falsifient si considérablement l'appui, que le cheval méconnoît entierement la main & tous les effets qui auroient pû résulter de celle qui n'auroit été que douce & legere. D'un autre côté, en supposant qu'il puisse encore rencontrer un sentiment quelconque, il est certain que l'impression de la main augmentera le pli ou la flexion du derriere; car telle est l'efficacité des renes mues & approchées de notre corps, qu'elles surchargent l'arriere - main: or ce même arrieremain chassant, & ne pouvant que continuellement chasser l'animal au moyen de la flexion répétée de ses parties, il s'ensuit que plus la tension des renes est constante & augmentée, plus les forces de l'animal qui s'emporte sont accrues & multipliées; ainsi bien loin de l'arrêter, on lui fournit les moyens de résister avec plus d'empire. Il est donc incontestablement assuré qu'on ne retient jamais plus aisément & plus véritablement un cheval, qu'en rendant & en cessant, pour ainsi dire, de le retenir, pourvû qu'on le reprenne dans la main successivement & de tems en tems. (e)

Emporter (Page 5:594)

Emporter, (Jardinage.) on dit qu'un arbre s'emporte, quand il pousse avec trop de vivacité, & qu'il est à craindre que le trop de vivacité ne le fasse avorter. (K)

EMPOTER (Page 5:594)

EMPOTER, v. act. en terme de Cuisine, c'est mettre une piece dans un pot ou dans une terrine avec du bouillon, après l'avoir fait frire dans du beurre ou dans du sain - doux.

Empoter (Page 5:594)

Empoter, (Jardinage.) est un terme employé par les Fleuristes, pour signifier qu'il est nécessaire de planter des fleurs ou arbrisseaux dans des pots. Voyez Pots. (K)

EMPOUILLES (Page 5:594)

EMPOUILLES, s. f. (Jurisprud.) se dit dans quelques provinces pour exprimer les grains pendans par les racines. Ce terme est opposé à dépouille, qui signifie les grains séparés du fonds. (A)

EMPOULETTE, AMPOULETTE (Page 5:594)

EMPOULETTE, AMPOULETTE, s. f. (Marine.) c'est une petite machine composée de deux petites bouteilles faites en poire, & jointes ensemble par un col étroit; leur jonction est encore séparée par un parchemin fin, au milieu duquel on fait un petit trou propre à passer un sable très - fin, qui coule de la petite bouteille d'en - haut dans celle d'en - bas, & l'on en met la quantité qu'il en faut pour employer une demi - heure à passer. Voyez Horloge. (Z)

EMPREINTE (Page 5:594)

* EMPREINTE, s. f. (Gramm. & Arts méchan.) il se dit de l'image qu'un corps laisse de lui - même sur un autre auquel il a été appliqué; si le corps est en relief, l'empreinte est en creux; si le corps est creux, l'empreinte est en relief; l'empreinte du corps est plane, si la surface appliquée l'est aussi: mais à parler rigoureusement, ce dernier cas ne peut avoir lieu, si ce n'est peut - être lorsque le corps qu'on applique laisse son image tracée sur le corps auquel il est appliqué, par le moyen de quelqu'enduit qui se separe de l'un pour s'attacher à l'autre; je dis peut - être , parce qu'alors l'enduit n'étant pas absolument sans épaisseur, on peut dire que l'empreinte est de relief.

Empreinte (Page 5:594)

Empreinte, s. f. en Anatomie, nom de petites [p. 595] éminences superficielles, qui donnent attache à des ligamens ou à des muscles; c'est dans ce sens que l'on dit empreinte musculaire, empreinte ligamenteuse. Voyez Ligament & Muscle. (L)

Empreinte (Page 5:595)

Empreinte, s. f. (Gravûre.) Empreindre, c'est graver, c'est imprimer une chose sur une autre pour lui en donner la figure. Empreinte, est donc la gravûre, l'impression même; & la chose gravée ou exprimée reçoit aussi le nom d'empreinte.

On tire des empreintes de médailles, de monnoies, de cachets, de pierres gravées, c'est - à - dire on en prend artistement la représentation semblable à l'original, par le moyen d'un corps mou. Cependant comme d'un côté on n'y sauroit parvenir sans en savoir la manoeuvre, & que de l'autre il est aussi utile que satisfaisant pour un vrai curieux, d'avoir en sa possession le plus grand nombre qu'il est possible d'empreintes tirées sur les plus belles pierres gravées & les autres ouvrages de l'art, on sera bien aise de savoir la maniere de les faire. Je vais l'apprendre aux lecteurs d'après M. Mariette.

Cette pratique n'a rien de difficile dans les gravûres en creux, toute personne, pour peu qu'elle ait d'adresse, en est capable; les matieres qu'on employe le plus ordinairement pour cette opération, sont la cire d'Espagne, le soufre, & le plâtre.

La premiere a cet avantage, que les empreintes se font sur le champ sans beaucoup de préparation, & que la matiere encore liquide s'insinuant exactement dans toutes les cavités de la gravûre, le relief qui sort est presque toûjours très - complet & très net; il s'agit seulement d'avoir de la meilleure cire de Graveur.

Au lieu de cartes à joüer, il faut se servir d'une simple feuille de papier bien uni pour y appliquer la cire: mais pour le faire avec soin & avec proprété, on aura une assiette d'argent qu'on mettra sur un réchaut rempli de feu; & lorsqu'elle sera suffisamment échauffée, l'on y posera dans le fond un morceau de papier bien sec, sur lequel on répandra la cire qu'on aura fait fondre en l'exposant au feu, & non en la présentant à la flamme d'une bougie; on évite par ce moyen que la fumée ne s'attache, comme il est ordinaire, au bâton de cire & n'en altere la couleur. On tiendra pendant quelque tems la cire en fusion, on la remuera; & quand on verra qu'elle est bien unie & bien liée, on y imprimera le cachet, & il est comme indubitable qu'il en sortira une bonne empreinte.

Mais comme toutes ces précautions n'empêchent point la cire d'être une matiere cassante, qui se fend d'un rien, M. Mariette seroit d'avis qu'on renonçât aux empreintes de cette espece, à moins qu'une nécessité n'y obligeât, je veux dire qu'il n'y eût aucune espérance de retrouver l'occasion de tirer autrement l'empreinte d'une belle pierre gravée qui se présente, & qu'il fallût absolument la faire sur le champ.

On trouve encore un autre défaut aux empreintes en cire d'Espagne; elles ont un luisant qui ne permet pas de joüir de la gravûre, & ôte le repos qui doit y regner; c'est pourquoi les connoisseurs préferent les empreintes qui se font avec le plâtre: la difficulté est de trouver du plâtre assez fin, & peut - être vaudroit - il mieux prendre des morceaux de talc, les faire calciner soi même dans un feu ardent, & quand ils seroient refroidis, les broyer dans un mortier en poudre la plus fine qu'il seroit possible. Ensuite on passera plusieurs fois cette poussiere au tamis, & on l'employera comme on fait le plâtre, en la coulant un pen claire sur la surface de la pierre gravée, qu'on a eu la précaution d'entourer d'une carte ou d'une petite lame de plomb, pour contenir le plâtre & empêcher qu'il ne se répande au - dehors.

Mais les empreintes qui se font en soufre méritent encore la préférence, parce qu'il est plus aisé d'y réussir, & que la diversité des couleurs qu'on leur peut donner, en rend l'aspect plus agréable. Voici comme il faut y procéder.

On fera fondre dans une cuillere de fer, sur un feu modéré, autant de soufre qu'on aura dessein d'en employer; & lorsque ce soufre sera liquéfié, on le jettera dans la couleur dont on le voudra colorier. Sur une once de soufre on ne peut mettre moins d'une demi - once de couleur, autrement les soufres seroient trop pâles. Le cinnabre ou le vermillon, la terre verte, l'ocre jaune, le massicot, ainsi que le noir de fumée, sont de toutes les couleurs celles qui s'incorporent le mieux avec le soufre; mais si la jonction de ce dernier minéral se faisoit moins difficilement avec la mine de plomb pulvérisée très - fin, ce seroit une des teintes des plus flateuses à la vûe. Celle que donne le vermillon est aussi fort bonne; & quand on veut qu'il ait plus de brillant, on frote à sec avec un pinceau & un peu de carmin la surface de l'empreinte.

La couleur jettée dans le soufre, on aura attention de tenir la cuiller dans une agitation continuelle, tant afin que le soufre ne s'attache point à la cuiller, & ne se brûle point, que pour faciliter l'incorporation de la couleur. Pendant ce tems - là il se forme sur la surface du soufre une espece de crasse ou d'écume, qu'il en faut séparer & enlever avec une spatule ou le tranchant d'un couteau. Au bout d'un demi - quart d'heure, la cuiller étant toûjours restée sur le feu, pour empêcher le soufre de figer, on verse le soufre par inclinaison, ou sur une feuille de papier huilée, ou sur une feuille de fer - blanc bien planée, & on l'y laisse refroidir: le soufre en sort ayant la forme d'un gateau. Cette premiere préparation est pour le colorier, & le purifier de ses ordures les plus grossieres.

Veut - on faire des empteintes? on coupe un morceau de ce gateau de soufre; on le fait fondre une seconde fois dans la cuiller de fer, toûjours sur un feu modéré; on la remue pour l'empêcher de brûler; on en enleve encore la crasse, en cas qu'il en paroisse, & l'on en verse doucement sur la pierre gravée qu'on a préparée pour recevoir ce soufre liquéfié. On l'a enveloppée, ou plûtôt on l'a environnée d'un morceau de carte fine ou d'un papier fort, qui étant assujetti avec un fil de laiton, & replié sous la pierre, de façon que le soufre ne pouvant échapper par aucune ouverture, prend la figure d'un petit godet: ou bien l'on y met autour une petite lame de plomb mince, qui embrasse exactement la pierre. Ces différens moyens réussissent également, on choisira celui qui conviendra le mieux.

A peine le soufre aura - t - il été versé dans cette espece de petit moule, qu'il commencera à figer; mais sans lui en donner le tems, & lorsqu'on jugera qu'il se sera déjà formé sur la surface de la pierre une legere couche de soufre figé, qui, comme une peau, s'y sera étendue & la couvrira toute entiere, on survuidera promptement dans la cuiller le soufre encore liquide, pour le reverser tout de suite & en remplir le même moule, jusqu'à ce qu'il y en ait assez pour donner du corps à l'empreinte. C'est ainsi qu'on évite les soufflures.

Quelque tems après, le soufre étant figé, on l'ôtera de dessus la pierre gravée, qui s'en détachera aisément & sans le moindre effort; & il ne faut point douter, si l'on a usé de toutes les précautions qu'on vient d'indiquer, que l'empreinte ne soit exacte & parfaite: mais pour peu qu'elle manque en quelqu'endroit, on ne doit pas balancer d'en recommencer une seconde; le même soufre reservira, & l'opération n'est ni assez coûteuse ni assez fatigante pour craindre de la répéter.

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