ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"586"> réception, sont les présidens, thrésoriers, avocats & procureurs du roi des bureaux des finances, les grands - maîtres des eaux & forêts, leurs contrôleurs généraux & particuliers, tous les thrésoriers & payeurs des deniers royaux & leurs contrôleurs, & plusieurs autres officiers de finance dont on trouve l'énumération dans le tarif; il leur est aussi dû un droit pour la présentation des premiers comptes, lors de la réception d'iceux, pour l'enregistrement des commissions, & pour la présentation du compte d'icelle, & pour l'enregistrement du bail de chaque ferme particuliere.

Par les anciens comptes du domaine, on voit que les officiers de l'empire avoient droit de prendre tous les ans 200 liv. sur le domaine; mais ils ne joüissent plus de ce droit.

On voit aussi par les anciens registres & mémoriaux de la chambre, que les privileges de l'empire ne cédoient en rien à ceux de la basoche.

Les reglemens de l'empire contiennent beaucoup de dispositions pour l'administration des finances de l'empire, & les comptes qui en doivent être rendus. Les contestations qui peuvent s'élever au sujet de ces comptes entre personnes qui ne sont pas sujets de l'empire, doivent être portées en la chambre, suivant un arrêt par elle rendu le 4 Septembre 1719, & un jugement des commissaires du conseil du 5 Septembre 1722.

Il est défendu par les reglemens de l'empire à tous les clercs de procureurs de la chambre, de porter l'épée; & au cas qu'ils fussent trouvés en épée dans l'enclos de la chambre, ils sont condamnés en 32 s. d'amende pour la premiere fois, & à 3 liv. 4 s. pour la seconde, même à plus grande peine s'il y échet.

On fait tous les ans dans la chambre de l'empire la lecture des derniers reglemens, la veille de S. Charlemagne ou quelqu'un des jours suivans, en présence de tous les clercs & suppôts de l'empire.

Les officiers de l'empire & tous les sujets & suppôts célebrent tous les ans dans la sainte chapelle basse du palais, la fête de l'empire le 28 Janvier jour de la mort de S. Charlemagne. Ce patron leur a sans doute paru plus convenable à l'empire, parce qu'il étoit empereur. On prétend que le jour de cette fête, l'empereur de Galilée avoit droit de faire placer deux canons dans la cour du palais, & de les faire tirer plusieurs fois; mais on ne trouve point de preuve de ce fait.

Voyez Chancelier de Galilée, & au mot Comptes, l'article chambre des comptes. Voyez aussi le mémoire historique que je donnai sur cet empire en 1739, & qui fut inseré au Mercure de Décembre; l'observation faite à ce sujet par M. l'abbé le Beuf, inserée au Mercure de Mars 1740, & la réponse que je fis à cette observation. Merc. de Mai 1741. (A)

EMPIREE (Page 5:586)

EMPIREE, Voyez Empyrée.

EMPIRER (Page 5:586)

EMPIRER, v. neut. devenir pire, être en plus mauvais état. On dit en terme de Commerce que des marchandises empirent quand elles se gâtent & se corrompent, ce qui provient quelquefois de ce qu'on les garde trop long - tems: il est de l'habileté d'un marchand de s'en défaire avant qu'elles empirent. Dict. du Comm. de Trev. & Chambers. (G)

EMPIRIQUE (Page 5:586)

EMPIRIQUE, s. m. & adj. (Medec.) Ce terme dans le sens propre, a été donné de tout tems aux medecins qui se sont fait des regles de leur profession sur leur pratique, leur expérience, & non point sur la recherche des causes naturelles, l'étude des bons ouvrages, & la théorie de l'art. Voyez Empirique (Secte), & Empirisme.

Mais le mot empirique se prend odieusement dans un sens figuré, pour désigner un charlatan, & se donne à tous ceux qui traitent les maladies par de prétendus secrets, sans avoir aucune connoissance de la medecine. Voyez Charlatan.

Empirique (Page 5:586)

Empirique, secte (Med.) Cette célebre secte qui fit autrefois une grande révolution dans la Medecine, commença environ 287 ans avant la naissance de J. C. Celse nous apprend que Sérapion d'Alexandrie fut le premier qui s'avisa de soûtenir qu'il est nuisible de raisonner en Medecine, & qu'il falloit s'en tenir à l'expérience; qu'il défendit ce sentiment avec chaleur, & que d'autres l'ayant embrassé, il se trouva chef de cette secte.

Quelques - uns racontent la même chose de Philinus de Cos, disciple d'Hérophile. D'autres ont aussi prétendu qu'Acron d'Agrigente étoit fondateur de cette secte; & les empiriques jaloux de l'emporter par l'antiquité sur les dogmatiques dont Hippocrate fut le chef, appuyoient cette derniere opinion.

Pour éclaircir le fait, il faut distinguer entre les anciens medecins empiriques, ceux qui exercerent la medecine, depuis qu'Esculape l'avoit réduite en art, jusqu'au tems de son union avec la philosophie. On peut regarder ces premiers medecins comme les premiers empiriques: mais il y a cette différence entr'eux & les disciples de Sérapion ou de Philinus, qu'ils étoient empiriques sans en porter le titre, & qu'ils pouvoient d'autant moins passer pour sectaires, qu'il n'y avoit alors qu'une opinion; au lieu que les empiriques qui leur succéderent, choisirent eux - mêmes ce titre, & se séparerent des dogmatiques: enfin l'empirisme des premiers étoit purement naturel; c'étoit au contraire dans les derniers un effet de méditation & d'amour de nouveaux systèmes qu'ils inventerent pour établir leur parti, & bannir le raisonnement de la Medecine, se conduisant en ce point comme quelques modernes qui méprisent toute pratique excepté la leur.

Quoi qu'il en soit, les empiriques proprementnommés ne connoissoient qu'un seul moyen de guérir les maladies qui étoit l'expérience. Le nom d'empirique ne leur venoit point d'un fondateur ou d'un particulier qui se fût illustré dans la secte, mais du mot grec E)MPEIRI/A, expérience.

L'expérience, disoient - ils, est une connoissance fondée sur le témoignage des sens: ils distinguoient trois sortes d'expériences. La premiere & la plus simple, disoient - ils, est produite par le pur hasard, c'est un accident imprévû, par lequel on guérit d'une maladie, comme dans le cas où quelqu'un auroit été soulagé d'un grand mal de tête par une hémorrhagie, ou de la fievre par une diarrhée qu'on n'auroit point provoquée. La seconde espece d'expériences est de celles qui se font par essai, comme il arrive lorsque quelqu'un ayant été mordu par un animal venimeux, applique sur la blessure la premiere herbe qu'il trouve. La troisieme espece d'expériences comprend celles que les empiriques appelloient imitatoires, ou dans lesquelles on répete dans l'espoir d'un pareil succès, ce que le hasard, l'instinct, ou l'essai, ont indiqué.

C'est la derniere espece d'expérience qui constituoit l'art: ils la nommoient observation, & la narration fidele des accidens, des remedes, & des effets, histoire. Or comme l'histoire des maladies ne peut jamais être complete faute de lumieres, ils avoient encore recours à la comparaison, qu'ils appelloient épilogisme, que M. le Clerc traduit par les mots de substitution d'une chose semblable. L'observation, l'histoire, la substitution d'une chose semblable, étoient les seuls fondemens de l'empirisme. Toute la medecine des empiriques se réduisoit donc à avoir vû, à se ressouvenir, & à comparer; ou pour me servir des termes de Glaucias, les sens, la mémoire, & l'épilogisme, formoient le trépié de leur medecine. Ajoûtons qu'ils rejettoient toutes les cau<pb-> [p. 587] ses diversifiées, occultes ou cachées des maladies, toute hypothèse, la recherche des actions naturelles, l'étude de la théorie de l'art, de la pharmacie, des méchaniques, & des autres sciences. Ils prétendoient encore qu'il étoit inutile de disséquer des cadavres, & que quand la dissection n'avoit rien de cruel, elle devoit être regardée comme malproprete. Ce croquis peut suffire sur la doctrine des empiriques. Voyons ce que Celse en a pensé.

Il est vrai, dit ce judicieux écrivain, que sur les causes de la santé & des maladies, les plus savans ne peuvent faire que des conjectures; mais il ne faut pas pour cela négliger la recherche des causes cachées qui se trouvent quelquefois, & qui sans former le medecin, le disposent à pratiquer la medecine avec plus de succès. Il est vraissemblable que si l'application qu'Hippocrate & Erasistrate (qui ne se contentoient pas de panser des plaies & de guérir des fievres) ont donnée à l'étude des choses naturelles, ne les a pas fait medecins à proprement parler, ils se sont du moins rendus par ce moyen de beaucoup plus grands medecins que leurs collegues. Ils n'auroient pas été l'ornement de leur profession, s'ils s'en étoient tenus à la simple routine. Si la similitude ou l'analogie apparente doit être le seul guide de l'art, comme le prétendent les empiriques, au moins faut - il raisonner pour distinguer entre toutes les maladies connues, quelle est celle dont les rapports à la maladie présente sont les plus grands, & pour déterminer par ces rapports les remedes qu'on doit employer. Il est constant que les maladies ont souvent des causes purement méchaniques faciles à distinguer; & en ce cas le medecin ne balancera jamais dans l'application des remedes. D'un autre côté, si les dogmatiques avoient raison de prétendre qu'on ne pouvoit appliquer les remedes convenables sans connoître les causes premieres de la maladie, les malades & les medecins seroient dans un état bien déplorable, les uns se trouvant dans l'impossibilité de traiter la plûpart des maladies dont les autres ne peuvent toutefois guérir sans le secours de l'art.

Tel est le précis du jugement impartial de Celse sur le grand procès des empiriques & des dogmatiques, procès dont M. le Clerc a fait le rapport avec tant d'exactitude. Mais il suffira de remarquer ici qu'on vit dans cette querelle (& on le présume sans peine) les mêmes passions, les mêmes écarts, les mêmes abus, qui sont inséparables de toutes les disputes, où l'on se propose toûjours la victoire, & jamais la recherche de la vérité. Si quelqu'un est curieux de la seconde partie de cette histoire, il la trouvera dans l'empirisme & le dogmatique modernes. Voyez donc Empirisme. Article de M. le Chevatier de Jaucourt.

EMPIRISME (Page 5:587)

EMPIRISME, s. m. (Med.) medecine - pratique uniquement fondée sur l'expérience. Rien ne paroît plus sensé qu'une telle medecine: mais ne nous laissons pas tromper par l'abus du mot; démontrons - en l'ambiguité avec M. Quesnai, qui l'a si bien dévoilée dans son ouvrage sur l'oeconomie animale.

On confond volontiers & avec un plaisir secret, dans la pratique ordinaire de la Medecine, trois sortes d'exercices sous le beau nom d'expérience; savoir, 1°. l'exercice qui se borne à la pratique dominante dans chaque nation; 2°. l'exercice habituel d'un vieux praticien, qui privé de lumieres, s'est fixé à une routine que l'empirisme ou ses opinions lui ont suggérée, ou qu'il s'est formé en suivant aveuglément les autres praticiens; 3°. enfin l'exercice des medecins instruits par une théorie lumineuse, & attentifs à observer exactement les différentes causes, les différens caracteres, les différens états, les différens accidens des maladies, & les effets des remedes qu'ils prescrivent dans tous ces cas. C'est de cette confusion que naissent toutes les fausses idées du public sur l'expérience des praticiens.

On rapporte à l'expérience, comme nous venons de le remarquer, l'exercice des medecins livrés aux pratiques qui dominent dans chaque nation: ce sont ces medecins mêmes qui croyent s'être assûrés par leur expérience, que la pratique de leur pays est préférable à celle de tous les autres: mais si cet exercice étoit une véritable expérience, il faudroit que ceux qui se sont livrés depuis plus d'un siecle à différentes pratiques dans chaque pays, eussent acquis des connoissances décisives, qui les eussent déterminés à abandonner, comme ils ont fait, la pratique générale & uniforme, que leurs maîtres suivoient dans les siecles précédens; cependant nous ne voyons pas dans leurs écrits, que l'expérience leur ait fourni de telles découvertes sur un grand nombre de maladies; seroit - ce donc les anciens medecins de chaque pays qui n'auroient acquis aucune expérience dans la pratique qu'ils suivoient? ou seroit - ce les modernes qui abandonnant les regles des anciens, auroient suivi différentes pratiques sans être fondés sur l'expérience?

On pensera peut - être que ces différentes méthodes de traiter les mêmes maladies en différens pays, sont le fruit des progrès de la théorie de la Medecine; mais si cette théorie avoit introduit & reglé les différentes méthodes de chaque pays, elle concilieroit aussi les esprits, tous les medecins des différens pays reconnoîtroient les avantages de ces diverses pratiques: cependant ils sont tous bien éloignés de cette idée, ils croyent dans chaque pays que leur pratique est la seule qu'on puisse suivre avec sûreté, & rejettent toutes les autres comme des pratiques pernicieuses, établies par la prévention. Or les Medecins mêmes, en se condamnant ainsi réciproquement, ne prouvent - ils pas qu'il seroit ridicule de confondre l'expérience avec l'exercice de ce nombreux cortege de praticiens, assujettis à l'usage, livrés à la prévention, & incapables de parvenir par des observations exactes, aux différentes modifications qui pourroient perfectionner la pratique dans les différens pays.

Si l'exercice de tant de medecins attachés à ces différentes pratiques, présente une idée si opposee à celle qu'on doit avoir d'une expérience instructive, ne sera - t - il pas plus facile encore de distinguer de cette expérience le long exercice d'un praticien continuellement occupé à visiter des malades à la hâte, qui se regle sur les évenemens, ou se fixe à la méthode la plus accréditée dans le public, qui toûjours distrait par le nombre des malades, par la diversité des maladies, par les importunités des assistans, par les soins qu'il donne à sa réputation, ne peut qu'entrevoir confusément les malades & les maladies? Un medecin privé de connoissances, toûjours dissipé par tant d'objets différens, a - t - il le tems, la tranquillité, la capacité nécessaire pour observer & pour découvrir la liaison qu'il y a entre les effets des maladies, & leurs causes?

Fixé à un empirisme habituel, il l'exerce avec une facilité, que les malades attribuent à son expérience; il les entretient dans cette opinion par des raisonnemens conformes à leurs préjugés, & par le récit de ses succès: il parvient même à les persuader, que la capacité d'un praticien dépend d'un long exercice, & que le savoir ne peut former qu'un medecin spéculatif, ou pour parler leur langage, un medecin de cabinet.

Cependant ces empiriques ignorans & presomptueux se livrent aux opinions de la multitude, & n'apperçoivent les objets qu'à - travers leurs prejugés. C'est à des gens de cet ordre que M. de Voltaire répondit plaisamment, quand ils voulurent le traiter

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.