ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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EMIR (Page 5:566)

EMIR, subst. m. (Hist. mod.) titre de dignité, ou qualité chez les Turcs ou Sarrasins, qu'on donne à ceux qui sont parens ou descendus du grand prophete Mahomet.

Ce mot est arabe, & dans cette langue il signifie prince; il est formé de amar, qui est originairement hébreu, & qui dans les deux langues signifie dire & commander. Voyez Amiral.

Les émirs sont en grande vénération, & ont seuls le droit de porter un turban verd. Il y a sur les côtes de la Terre - sainte, des émirs qui sont des princes souverains, comme l'émir de Gaza, l'émir de Terabée, sur lesquelles le grand - seigneur n'a que peu d'autorité.

Ce titre ne se donnoit d'abord qu'aux califes. On les appelloit aussi en Perse émir zadeh, fils du prince; & par abbréviation d'émir on fit mir, & d'émir zadeh, mirza. Voyez Calife. Dans la suite, les califes ayant pris le titre de sultans, celui d'émir demeura à leurs enfans, comme celui de césar chez les Romains. Ce titre d'émir, par succession de tems, a été donné à tous ceux qui sont censés descendre de Mahomet par sa fille Fatima, & qui portent le turban verd. Voyez Turban.

Ces émirs étoient autrefois uniquement destinés au ministere de la religion, & l'état leur payoit une pension annuelle; aujourd'hui on les voit répandus dans tous les emplois de l'empire; aucun magistrat, par respect pour le sang de Mahomet, n'oseroit les punir. Ce privilége est reservé à l'émir bachi leur chef, qui a sous lui des officiers & des sergens, avec pouvoir de vie & de mort sur ceux qui lui sont soûmis; mais pour l'honneur du corps, il ne fait jamais punir les coupables ni exécuter les criminels en public. Leur descendance de la fille de Mahomet est une chose si incertaine, que la plûpart des Turcs mêmes ne sont pas fort crédules sur cet article, & battent souvent les vénérables enfans du prophete, en prenant toutefois la précaution de leur ôter le turban verd, & de le poser à terre avant que de les frapper; mais un chrétien qui les auroit maltraités seroit brûlé vif.

Emir est aussi un titre, qui, joint à quelqu'autre mot, désigne souvent quelque charge ou emploi, comme emir al omera, le commandant des commandans. C'étoit du tems des califes le chef de leurs conseils & de leurs armées.

Les Turcs donnent aussi ce nom à tous les visirs ou bachas des provinces (voyez Bacha, &c.): ajoûtez à cela que l'émir akhor, vulgairement imrahor, est grand - écuyer du grand - seigneur.

L'émir alem, vulgairement miralem, porte - enseigne de l'empire, est directeur de tous les intendans, & fait porter devant lui une cornette mi - partie de blanc & de verd.

Emir bazar, est le prevôt qui a l'intendance sur les marchés, qui regle le prix des denrées.

L'émir hadge, prince ou conducteur des pélerins de la Mecque, est ordinairement bacha de Jérusalem.

Emir al moslemin ou émir al moumenin, c'est - à - dire [p. 567] le commandant des fideles ou des croyans, c'est un titre qu'ont pris les Almoravides & les Almohades qui ont regné en Afrique & en Espagne. Diction. de Trév. Moréry, & Chambers. (G)

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