ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"552"> après que la bande est embattue ou cloüée, on fait tourner la roue, ensorte que la bande & la partie enflammée se trouvent plongées dans l'eau de l'embattoir où elles s'éteignent. (D)

EMBAUCHER (Page 5:552)

* EMBAUCHER, v. act. (Arts méch.) Il se dit d'un compagnon qui se présente pour entrer chez un maître auquel il est conduit par les autres compagnons. Le compagnon est embauché, quand il est accepté par le maître; & le repas que l'embauché donne aux compagnons, s'appelle l'embauchage. On dit payer son embauchage.

EMBAUCHOIR (Page 5:552)

EMBAUCHOIR, s. m. (terme de Formier.) C'est une espece de jambe de bois garnie d'une coulisse comme la forme brisée. On s'en sert pour élargir les bottes. Voyez la figure dans la planche du Cordonnier Bottier.

EMBAUMEMENS (Page 5:552)

* EMBAUMEMENS, s. m. pl. (Hist. anc.) De tous les peuples anciens, il n'y en a aucun chez lequel l'usage d'embaumer les corps ait été plus commun que chez les Egyptiens: c'étoit une suite de leur superstition. Voyez l'article Egyptien.

Nous allons rapporter ce qu'Hérodote nous en a transmis, & nous y joindrons les observations de notre savant chimiste M. Roüelle.

Dans l'Egypte, dit Hérodote, il y a des hommes qui font métier d'embaumer les corps. Quand on leur apporte un mort, ils montrent aux porteurs des modeles de morts peints sur du bois. On prétend que la peinture ou figure la plus recherchée, représente ce dont je me fais scrupule de dire le nom en pareille occasion; ils en montrent une seconde qui est inférieure à la premiere, & qui ne coûte pas si cher; ils en montrent encore une troisieme qui est au plus bas prix: ils demandent enfuite suivant laquelle de ces trois peintureson veut que le mort soit accommodé. Après qu'on est convenu du modele & du prix, les porteurs se retirent, les embaumeurs travaillent, & voici comment ils exécutent l'embaumement le plus recherché.

Premierement ils tirent avec un fer oblique la cervelle par les narines; ils la font sortir en partie de cette maniere, & en partie par le moyen des drogues qu'ils introduisent dans la tête: ensuite ils font une incision dans le flanc avec une pierre d'Ethiopie aiguisée: ils tirent par cette ouverture les visceres; ils les nettoyent, & les passent au vin de palmier; ils les passent encore dans des aromates broyés: ensuite ils remplissent le ventre de myrrhe pure, broyée, de canelle & d'autres parfums, excepté d'encens, & ils le recousent. Cela fait, ils salent le corps, en le couvrant de natrum pendant soixante - dix jours: il n'est pas permis de le saler plus de soixante - dix jours. Ce terme expiré, ils lavent le mort, & l'enveloppent de bandes de toile de lin coupées, & enduites de la gomme dont on se sert en Egypte en guise de colle. Les parens le reprennent en cet état, font faire un étui de bois de forme humaine, y placent le mort, le transportent dans un appartement destiné à ces sortes de caisses, le dressent contre le mur, & l'y laissent. Voilà la maniere la plus chere & la plus magnifique dont ils embaument les morts.

Ceux qui ne veulent point de ces embaumemens somptueux, choisissent la seconde maniere, & voici comment leurs morts sont embaumés.

On remplit des seringues d'une liqueur onctueuse qu'on a tirée du cedre; on injecte le ventre du mort de cette liqueur, sans lui faire aucune incision, & sans en tirer les entrailles. Quand on a introduit l'extrait du cedre par le fondement, on le bouche, pour empêcher l'injection de sortir. On sale ensuite le corps pendant le tems prescrit: au dernier jour on tire du ventre la liqueur du cedre. Cette liqueur a tant de force, qu'elle entraîne avec elle le ventricule & les entrailles consumés; car le nitre dissout les chairs, & il ne reste du corps mort que la peau & les os. Quand cela est achevé ils rendent le corps, sans y faire autre chose.

La troisieme maniere d'embaumer est celle - ci, elle n'est employée que pour les moins riches. Après les injections par le fondement, on met le corps dans le nitre pendant soixante - dix jours, & on le rend à ceux qui l'ont apporté.

La premiere observation qui se présente à la lecture de ce passage, c'est que quoiqu'il soit peut - être plus exact & plus étendu qu'on n'étoit en droit de l'attendre d'un simple historien, il n'est cependant ni assez précis ni assez circonstancié pour en faire l'exposition d'un art. Il falloit qu'on pratiquât des incisions à la poitrine, au bas - ventre, &c. sans quoi toute la capacité intérieure du corps n'auroit point été injectée, & les visceres n'auroient point été consumés. Il est à présumer qu'on lavoit avec soin le corps avant que de le saler: c'étoit encore ainsi qu'on le débarrassoit des restes du natrum & des liqueurs, quand il avoit été salé. On ne peut douter qu'on ne finît par le faire sécher à l'air ou dans une étuve.

On appliquoit ensuite sur tout le corps & sur les membres séparément, des bandes de toile enduites de gomme; mais on l'emmaillotoit de plus avec un nouveau bandage également gommé, les bras croisés sur la poitrine, & les jambes réunies.

Dans l'embaumement véritable, la tête, le ventre & la poitrine étoient pleines de matieres résineuses & bitumineuses, & le reste du corps en étoit couvert. On retenoit ces matieres par un grand nombre de tours de toile. Après une couche de bandes on appliquoit apparemment une couche d'embaumement fondu & chaud, avec une espece de brosse; puis on couchoit de nouveaux tours de bandes, & sur ces nouveaux tours une nouvelle couche de matiere fondue, & ainsi de suite jusqu'à ce que le tout eût une épaisseur convenable.

Il est difficile de décider si l'embaumement de la derniere espece étoit un mélange de bitume de Judée & de cédria, ou si c'étoit du bitume de Judée seul. La momie de sainte Genevieve est embaumée, ainsi que celle des Célestins, avec le pissasphalte; mais elle a des bandes de toile fine, & elles sont en plus grand nombre qu'aux autres momies. Cependant le plus grand nombre de momies étant apprêtées avec le mélange de bitume de Judée & de cédria, qu'on peut appeller le pissasphalte, on peut croire que cet embaumement est de l'espece inférieure.

La dépense de la caisse qu'on donnoit à la momie, étoit considérable; elle étoit de sycomore, d'une seule piece, creusée à l'outil, & ce ne pouvoit être que le tronc d'un arbre fort gros.

Il y avoit, selon toute vraissemblance, des sortes d'embaumemens relatifs à la différence des bandes qu'on trouve aux momies, grosses ou fines. Le dernier bandage étoit parsemé de caracteres hiéroglyphiques, peints ou écrits. Il se faisoit aussi des dépenses en idoles, en amuletes, en ornemens de caisse, &c.

La matiere de l'embaumement le plus précieux étoit une composition balsamique, telle que celle qu'on a trouvée dans les chambres des momies, conservée dans un vase, & il est évident que cet embaumement avoit aussi ses variétés. On a trouvé des momies dont les ongles étoient dorés, d'autres avoient des caisses de porphyre: il y en avoit de renfermées dans des tombeaux magnifiques.

Il semble que le travail des embaumeurs pouvoit se distribuer en deux parties; la premiere, qui consistoit à enlever aux corps les liqueurs, les graisses & autres causes de corruption, & à les dessécher; la seconde, à défendre ces corps desséchés de l'humidité & du contact de l'air. [p. 553]

Les fondemens de ce travail sont renfermés en partie dans la description d'Hérodote; il s'agit de les y découvrir, de corriger ce qui est mal présenté, de justifier ce qui est bien dit, de tenter quelques expériences sur les matieres balsamiques & bitumineuses des momies, d'imiter les embaumemens égyptiens, & voir s'il n'y auroit pas quelques moyens d'imitation fondés sur les principes chimiques qui dirigent les Anatomistes dans la préparation de leurs pieces.

On peut réduire à deux sentimens tout ce qu'on a dit sur cet objet. Les uns ont prétendu que le corps entier salé, avoit été embaumé de maniere que les matieres balsamiques, résineuses & bitumineuses s'étoient unies avec les chairs, les graisses, les liqueurs, & qu'elles avoient formé ensemble une masse égale; les autres, qu'on saloit le corps, qu'on le desséchoit, & qu'on lui appliquoit les matieres balsamiques. Quant au desséchement, l'humidité étant cause de corruption, ils ont ajoûté qu'on le séchoit à la fumée, ou qu'on le faisoit bouillir dans le pissasphalte, pour en consumer les chairs, graisses, &c.

On peut objecter au sentiment des premiers, l'expérience qu'on a de certains corps tombant en pourriture, dans des maladies où il est absolument impossible d'absorber les fluides par des matieres résineuses & balsamiques; matieres qui ne font point d'union avec l'eau. D'ailleurs les momies sont parfaitement seches, & l'on n'y remarque pas la moindre trace d'humidité.

Le sentiment des seconds est plus conforme à la raison.

Le natrum des anciens étoit un alkali fixe, puisqu'ils s'en servoient pour nettoyer, dégraisser, blanchir les étoffes, les toiles, & faire le verre. Notre nitre ou saipetre est au contraire un sel moyen qui ne dégraisse point les étoffes, qui conserve les chairs, qui les sale comme le sel marin, & qui conserve leurs sucs. Le natrum des anciens agissoit sur les chairs d'une maniere toute opposée à notre nitre; il s'unissoit aux liqueurs lymphatiques, huileuses, grasses, les séparoit du reste, & faisoit l'effet de la chaux des Tanneurs & autres ouvriers en cuir, épargnoit les muscles, les tendons, les os.

Hérodote dit dans la premiere facon d'embaumer, qu'on lavoit le corps avant que de l'envelopper de bandes. C'est ainsi qu'on enlevoit les restes des matieres lymphatiques & du natrum, sources d'humidité. Les embaumeurs ne saloient donc le corps que pour le dessécher; mais le natrum, en restant, eût retenu & même attiré l'humidité, comme c'est la propriété des sels alkalis.

Le natrum agissant sur les corps, comme la chaux, il n'étoit pas permis de saler plus de soixante - dix jours. En effet, comme il arrive aux cuirs trop enchausenés, le natrum auroit attaqué les solides. Un sel neutre n'opere pas en si peu de tems, comme il paroît à nos viandes séchées.

Mais si le natrum, dira - t - on, étoit un sel alkali, pourquoi ne détruisoit - il pas? c'est qu'il est foible, qu'il ne ressemble point à la pierre à cautere, mais au sel de la soude & au sel marin.

Il est à présumer que Bils préparoit ses pieces anatomiques en salant le corps avec un sel alkali, à la maniere des Egyptiens; méthode qu'une odeur aromatique ne servoit qu'à déguiser. Clauderus en étoit persuadé, mais il se trompoit sur les effets du sel alkali; il croyoit que l'alkali volatil s'unissoit aux parties putrides, & qu'il étoit retenu dans les chairs du cadavre.

On pourroit demander sur le premier embaumement dont parle Hérodote, à quoi bon remplir le corps de myrrhe & d'aromates, avant que de le saler? En le salant on emporte en partie ces aromates; car le na - trum agit puissamment sur les balsamiques, en formant avec leurs huiles une matiere savoneuse, soluble, & facile à emporter par les lotions. Il semble qu'il faudroit placer la salaison & les lotions avant l'emploi des aromates.

Il y a très - peu de momies enveloppées de toiles gommées, appliquées sans résine immédiatement sur le corps desséché; elles ont communément deux bandages. Le corps & les membres sont chacun séparément entortillés de bandes de toile résineuse ou bitumineuse: c'est - là le premier. Le second est formé d'autres bandes de toile sans résine ou bitume, qui prennent le tout & l'emmaillottent comme les enfans. Celles - ci ont pû être enduites de gommes.

Les momies nous parviennent rarement avec le second bandage; on l'ôte par curiosité pour les amuletes.

Elles ne sont pas toutes renfermées dans des caisses: c'est pour les garantir du contact de l'air qu'on y a employé la résine.

Une seconde critique qu'on peut faire d'Hérodote, est relative à son second embaumement. Sans incision, l'injection par le fondement ne remplira point le ventre, elle ne parcourra qu'une petite étendue d'intestins. D'ailleurs la liqueur de cedre est un baume ou une résine sans force, sans action corrosive. Si l'on employoit le cédria, c'étoit comme aromate, l'injection étoit de natrum. Le cédria n'a pû avoir lieu dans l'embaumement, qu'après la salaison & les lotions.

La cervelle se tiroit par un trou fait artificiellement aux narines & au fond de l'orbite de l'oeil. Hérodote n'est pas exact là - dessus.

Il n'est pas concevable qu'on embaumât tous les Egyptiens. Le peuple couchoit ses morts sur des lits de charbons, emmaillottés de linges, & couverts d'une natte sur laquelle il amassoit une épaisseur de sept à nuit piés de sable.

Quelle durée l'embaumement ne donnoit - il pas aux corps? il y en a qui se conservent depuis plus de deux mille ans. On a trouvé dans la poitrine d'un de ces cadavres, une branche de romarin à peine desséchée.

La matiere de la tête d'une momie, encore assez molle pour que l'ongle y pût entrer dans un tems chaud, & peu altérée, a donné d'abord un peu d'eau insipide, qui dans la progression de la distillation est devenue acide. Il a passé en même tems une huile limpide, peu colorée, de l'odeur de succin. Cette huile s'est ensuite épaissie & colorée; elle s'est figée en se refroidissant, sans perdre l'odeur de succin. Sa liqueur acide n'a pû crystalliser, à cause de sa trop petite quantité.

On peut voir dans M. Roüelle les expériences qu'il a faites sur les matieres qu'il a présumées entrer dans les embaumemens. Une réflexion qui résulte de ces experiences, c'est qu'en y employant la poudre de cannelle & d'autres ingrédiens qui attirent l'humidité, on consulte plus le nez que l'art.

Elles fournissent trois sortes d'embaumemens, l'un avec le bitume de Judée, un second avec le mélange de bitume & la liqueur de cedre ou cédria, & un troisieme avec le même mélange & une addition de matieres résineuses & aromatiques.

Embaumement (Page 5:553)

Embaumement, opération de Chirurgie, c'est l'action d'embaumer un corps. Voici comment elle se pratique.

Le chirurgien commande au plombier de faire un cercueil, dont les dimensions intérieures doivent excéder la longueur & la grosseur du corps. Il commande aussi un barril de plomb pour mettre les entrailles; & une boîte de plomb faite de deux pieces, pour mettre le coeur.

On prépare cinq bandes, deux de la largeur de

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