ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"434"> ches qui se font au feu dans l'obscurité de la nuit.

Dans la manoeuvre de la pêche de l'orphie avec les filets, les pêcheurs sont pareillement quatre dans un petit bateau, les grands bateaux n'étant point propres pour cette pêche. Le brandon est aussi placé à l'avant. Les filets sont tendus comme dans la pêche du hareng. Chaque piece peut avoir environ quarante brasses de longueur, & une brasse & demie de chûte. Ces rets dérivent comme les seines aux harengs; ils sont flottés de maniere que la tête du rets puisse toûjours être à fleur d'eau: le pié cale par le propre poids du filet, ou de celui de la ligne dont il est garni. Les aiguillettes se maillent dans les filets que les pêcheurs de Basse - Normandie nomment orphilieres, & dont ils se servent pour faire la pêche du même poisson, excepté qu'ils ne pêchent qu'à la dérive, & non au feu. Il faut toûjours un tems calme & obscur pour pêcher avec succès.

Le produit de cette pêche s'employe principalement à faire des apas ou de la boite pour garnir les hameçons des lignes, le surplus sert à la nourriture du pauvre peuple. Voyez Favillon & Orphie.

Eguillette (Page 5:434)

Eguillette, noüer l'éguillette; il se dit, en termes de Manége, d'un cheval - sauteur qui s'épare & rue entierement du train de derriere, allongeant les jambes également & de toute leur étendue. Un cheval qui ne noüe pas l'éguillette, n'est point propre à faire des caprioles. Voyez Capriole.

Eguillettes (Page 5:434)

Eguillettes, (Corderie.) menues cordes terminées en pointe, servant à divers usages.

EGYPTE (Page 5:434)

EGYPTE, (Géog. mod.) contrée d'Afrique, qui a environ deux cents lieues de long sur cinquante de large; bornée au midi par la Nubie, au nord par la Méditerranéé, à l'orient par la mer Rouge & l'isthme de Suez, & à l'occident par la Barbarie. Elle se divise en haute, moyenne & basse. La haute comprend l'ancienne Thébaïde; la basse s'étend jusqu'au Caire, & la moyenne, depuis le Caire jusqu'à Benesouef. L'Egypte n'est plus aussi merveilleuse qu'autrefois. Il y a moins de canaux, moins d'aqueducs. C'étoit jadis un pays d'admiration; c'en est un aujourd'hui à étudier. Il est habité par les Cophtes, les Maures, les Arabes, les Grecs & les Turcs: ces derniers en sont les souverains. C'a été le berceau de la superstition payenne, des Sciences & des Arts. Elle a eu long - tems ses rois. Elle a été successivement la conquête des Perses, des Macédoniens, des Romains, & des Musulmans. Elle a eu ses soudans. Les Mammelins l'ont gouvernée jusqu'en 1517; elle est depuis ce tems aux Turcs. C'est Selim I. qui s'en est rendu maître. Le Nil la traverse du midi au septentrion. Le Caire en est la capitale.

EGYPTIAC (Page 5:434)

EGYPTIAC, adj. (Pharmacie.) est un nom qu'on donne à divers onguens détersifs ou corrosifs. Voyez Onguent, &c.

On trouve dans les dispensaires un onguent égyptiac noir, un róuge, un blanc, un simple, un composé.

L'égyptiac simple, qui est celui que l'on trouve ordinairement dans les boutiques, est composé de verd - de - gris, de vinaigre & de miel, bouillis ensemble jusqu'à ce qu'ils ayent de la consistance; cette formule est de Mezué: on croit ordinairement qu'il tire son nom de la couleur brune, qui est celle des Egyptiens. On lui donne improprement le nom d'onguent, puisqu'il n'y entre ni huile ni graisse. Quelques - uns aiment mieux l'appeller miel égyptiac. Il s'employe principalement pour ronger les chairs corrompues, & nettoyer les ulceres sordides, surtout les ulceres vénériens du gosier, &c. il détruit aussi les chancres qui viennent à la bouche des enfans; mais je regarderois alors son application comme fort dangereuse. Chambers.

EGYPTIENS (Page 5:434)

*EGYPTIENS, (Philosophie des) Histoire de la Philosophie. L'histoire de l'Egypte est en général un cahos où la chronologie, la religion & la philosophie sont particulierement remplies d'obscurités & de confusion.

Les Egyptiens voulurent passer pour les peuples les plus anciens de la terre, & ils en imposerent sur leur origine. Leurs prêtres furent jaloux de conserver la vénération qu'on avoit pour eux, & ils ne transmirent à la connoissance des peuples, que le vain & pompeux étalage de leur culte. La réputation de leur sagesse prétendue devenoit d'autant plus grande, qu'ils en faisoient plus de mystere; & ils ne la communiquerent qu'à un petit nombre d'hommes choisis, dont ils s'assûrerent la discrétion par les épreuves les plus longues & les plus rigoureuses.

Les Egyptiens eurent des rois, un gouvernement, des lois, des Sciences, des Arts, long - tems avant que d'avoir aucune écriture; en conséquence, des fables accumulées pendant une longue suite de siecles, corrompirent leurs traditions. Ce fut alors qu'ils recoururent à l'hyérogliphe; mais l'intelligence n'en fut ni assez facile ni assez générale pour se conserver.

Les différentes contrées de l'Egypte souffrirent de fréquentes inondations, ses anciens monumens furent renversés, ses premiers habitans se disperserent, un peuple étranger s'établit dans ses provinces desertes; des guerres qui succéderent, répandirent parmi les nouveaux Egyptiens, des transfuges de toutes les nations circonvoisines. Les connoissances, les coûtumes, les usages, les cérémonies, les idiomes, se mêlerent & se confondirent. Le vrai sens de l'hyérogliphe, confié aux seuls prêtres, s'évanoit, on fit des efforts pour le retrouver. Ces tentatives donnerent naissance à une multitude incroyable d'opinions & de sectes. Les historiens écrivirent les choses comme elles étoient de leur tems; mais la rapidité des évenemens jetta dans leurs écrits une diversité nécessaire. On prit ces différences pour des contradictions; on chercha à concilier sur une même date, ce qu'il falloit rapporter à plusieurs époques. On étoit égaré dans un labyrinthe de difficultés réelles; on en compliqua les détours pour soi - même & pour la postérité, par les difficultés imaginaires qu'on se fit.

L'Egypte étoit devenue une énigme presqu'indéchifrable pour l'Egyptien même, voisin encore de la naissance du mondè, selon notre chronclogie. Les pyramides portoient, au tems d'Hérodote, des inscriptions dans une langue & des caracteres inconnus; le motif qu'on avoit eu d'élever ces masses énormes, étoit ignoré. A mesure que les tems s<-> loignoient, les siecles se projettoient les uns sur les autres; les évenemens, les noms, les hommes, les époques, dont rien ne fixoit la distance, se rapprochoient imperceptiblement, & ne se distinguoient plus; toutes les transactions sembloient se précipiter pêle - mêle dans un abysme obscur, au fond duquel les hiérophantes faisoient appercevoir à l'imagination des naturels & à la curiosité des étrangers, tout ce qu'il falloit qu'ils y vissent pour la gloire de la nation & pour leur intérêt.

Cette supercherie soûtint leur ancienne réputation. On vint de toutes les contrées du monde connu chercher la sagesse en Egypte. Les prêtres égyptiens eurent pour disciples Moyse, Orphée, Linus, Platon, Pythagore, Démocrite, Thalès, en un mot tous les philosophes de la Grece. Ces philosophes, pour accréditer leurs systèmes, s'appuyerent de l'autorité des hiérophantes. De leur côté, les hiérophantes profiterent du témoignage même des philosophes, pour s'attribuer leurs découvertes. Ce fut ainsi que les opinions qui divisoient les sectes de la Grece, s'établirent successivement dans les gymnases de l'E<pb-> [p. 435] gypte. Le platonisme & le pythagorisme sur - tout y laisserent des traces profondes; ces doctrines porterent des nuances plus ou moins fortes sur celles du pays; les nuances qu'elles affecterent d'en prendre, acheverent la confusion. Jupiter devint Osiris; on prit Typhon pour Pluton. On ne vit plus de différence entre l'adès & l'amenthès. On fonda de part & d'autre l'identité sur les analogies les plus légeres. Les philosophes de la Grece ne consulterent là - dessus que leur sécurité & leurs succès; les prêtres de l'Egypte, que leur intérêt & leur orgueil. La sagesse versatile de ceux - ci changea au gré des conjonctures. Maîtres des livres sacrés, seuls initiés à la connoissance des caracteres dans lesquels ils étoient écrits, séparés du reste des hommes & renfermés dans des séminaires dont la puissance des souverains faisoit à peine entr'ouvrir les portes, rien ne les compromettoit. Si l'autorité les contraignoit à admettre à la participation de leurs mysteres quelque esprit naturellement ennemi du mensonge & de la charlatannerie, ils le corrompoient & le déterminoient à seconder leurs vûes, ou ils le rebutoient par des devoirs pénibles & un genre de vie austere. Le néophite le plus zélé étoit forcé de se retirer; & la doctrine ésotérique ne transpiroit jamais.

Tel étoit à peu - près l'état des choses en Egypte, lorsque cette contrée fut inondée de Grecs & de Barbares qui y entrerent à la suite d'Alexandre; source nouvelle de révolutions dans la théologie & la philosophie égyptiennes. La philosophie orientale pénétra dans les sanctuaires d'Egypte, quelques siecles avant la naissance de Jesus - Christ. Les notions judaïques & cabalistiques s'y introduisirent sous les Ptolemées. Au milieu de cette guerre intestine & générale que la naissance du Christianisme suscita entre toutes les sectes de philosopnes, l'ancienne doctrine égyptienne se défigura de plus en plus. Les hiérophantes devenus syncrétistes, chargerent leur théologie d'idées philosophiques, à l'imitation des philosophes qui remplissoient leur philosophie d'idées théologiques. On négligea les livres anciens. On écrivit le système nouveau en caracteres sacrés; & bien - tôt ce système fut le seul dont les hiérophantes conserverent quelque connoissance. Ce fut dans ces circonstances que Sanchoniaton, Manethon, Asclépiade, Palefate, Cheremon, Hécatée, publierent leurs ouvrages. Ces auteurs écrivoient d'une chose que ni eux ni personne n'entendoient déja plus. Qu'on juge par - là de la certitude des conjectures de nos auteurs modernes, Kircher, Marsham, Witsius, qui n'ont travaillé que d'après des monumens mutilés & que sur les fragmens très - suspects des disciples des derniers hiérophantes.

Theut, qu'on appelle aussi Thoyt & Thoot, passe pour le premier fondateur de la sagesse égyptienne. On dit qu'il fut chef du conseil d'Osiris; que ce prince lui communiqua ses vûes; que Thoot imagina plusieurs arts utiles; qu'il donna des noms à la plûpart des êtres de la nature; qu'il apprit aux hommes à conserver la mémoire des faits par la voie du symbole; qu'il publia des lois; qu'il institua les cérémonies religieuses; qu'il observa le cours des astres; qu'il cultiva l'olivier; qu'il inventa la lyre & l'art palestrique, & qu'en reconnoissance de ses travaux, les peuples de l'Egypte le placerent au rang des dieux, & donnerent son nom au premer mois de leur année.

Ce Theut fut un des Hermès de la Grece, & c'est au sentiment de Ciceron, le cinquieme Mercure des Latins. Mais à juger de l'antiquité de ce personnage par les découvertes qu'on lui attribue, Marsham a raison de prétendre que Ciceron s'est trompé.

L'Hermès fils d'Agathodemon & pere de Tat, ou le second Mercure, succede à Thoot dans les anna<cb-> les historiques ou fabuleuses de l'Egypte. Celui - ci perfectionna la Théologie; découvrit les premiers principes de l'arithmétique & de la géométrie; sentit l'inconvénient des images symboliques; leur substitua l'hyérogliphe; & éleva des colonnes sur lesquelles il fit graver dans les nouveaux caracteres qu'il avoit inventés, les choses qu'il crut dignes de passer à la postérité; ce fut ainsi qu'il se proposa de fixer l'inconstance de la tradition; les peuples lui dresserent des autels & célebrerent des fêtes en son honneur.

L'Egypte fut desolée par des guerres intestines & étrangeres. Le Nil rompit ses digues; il se fit des ouvertures qui submergerent une grande partie de la contrée. Les colonnes d'Agathodemon furent renversées; les sciences & les arts se perdirent; & l'Egypte étoit presque retombée dans sa premiere barbarie, lorsqu'un homme de génie s'avisa de recueillir les débris de la sagesse ancienne; de rassembler les monumens dispersés; de rechercher la clé des hyérogliphes, d'en augmenter le nombre & d'en confier l'intelligence & le dépôt à un college de prêtres. Cet homme fut le troisieme fondateur de la sagesse des Egyptiens. Les peuples le mirent aussi au nombre des dieux, & l'adorerent sous le nom d'Hermès Trismégiste.

Tel fut donc, selon toute apparence, l'enchaînement des choses. Le tems qui efface les défauts des grands hommes & qui releve leurs qualités, augmenta le respect que les Egyptiens portoient à la mémoire de leurs fondateurs, & ils en firent des dieux. Le premier de ces dieux inventa les arts de nécessité. Le second fixa les évenemens par des symboles. Le troisieme substitua au symbole l'hyérogliphe plus commode; & s'il m'étoit permis de pousser la conjecture plus loin, je ferois entrevoir le motif qui détermina les Egyptiens à construire leurs pyramides; & pour vanger ces peuples des reproches qu'on leur a faits, je représenterois ces masses énormes dont on a tant blâmé la vanité, la pesanteur, les dépenses & l'inutilité, comme les monumens destinés à la conservation des sciences, des arts & de toutes les connoissances utiles de la nation égyptienne.

En effet, lorsque les monumens du premier ou du second Mercure eurent été détruits, de quel côté se dûrent porter les vûes des hommes, pour se garantir de la barbarie dont on les avoit retirés, conserver les lumieres qu'ils acquéroient de jour en jour, prévenir les suites des révolutions fréquentes auxquelles ils étoient exposés dans ces tems reculés où tous les peuples sembloient se mouvoir sur la surface de la terre, & obvier aux évenemens destructeurs dont la nature de leur climat les menaçoit particulierement? Fut - ce de chercher un autre moyen, ou de perfectionner celui qu'ils possédoient? fut - ce d'assûrer de la durée à l'hyérogliphe, ou de passer de l'hyérogliphe à l'écriture? mais l'intervalle de l'hyérogliphe à l'écriture est immense. La métaphysique qui rapprocheroit ces découvertes & qui les enchaîneroit l'une à l'autre, seroit mauvaise. La figure symbolique est une peinture de la chose. Il y a le même rapport entre la chose & l'hyérogliphe: mais l'écriture est une expression des voix. Ici le rapport change; ce n'est plus un art inventé qu'on perfectionne, c'est un nouvel art qu'on invente, & un art qui a ce caractere particulier que l'invention en dut être totale & complete. C'est une observation de M. Duclos, de l'Académie françoise, qui me paroît avoir jetté sur cette matiere un coup d'oeil plus philosophique qu'aucun de ceux qui l'ont précédé.

Le génie rare, capable de réduire à un nombre borné l'infinie variété des sons d'une langue, de leur donner des signes, de fixer pour lui - même la valeur de ces signes, & d'en rendre aux autres l'intelligen<pb->

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