RECHERCHE | Accueil | Mises en garde | Documentation | ATILF | ARTFL | Courriel |
"348">
Remarquez encore que les ressources du commerce & de l'industrie, loin de rendre la taille plus supportable par l'abondance de l'argent, ne la rendent que plus onéreuse. Je n'insisterai point sur une chose très - évidente, savoir que si la plus grande ou moindre quantité d'argent dans un état, peut lui donner plus ou moins de crédit au - dehors, elle ne change en aucune maniere la fortune réelle des citoyens, & ne les met ni plus ni moins à leur aise. Mais je ferai ces deux remarques importantes: l'une, qu'à moins que l'état n'ait des denrées superflues & que l'abondance de l'argent ne vienne de leur débit chez l'étranger, les villes où se fait le commerce, se sentent seules de cette abondance, & que le paysan ne fait qu'en devenir relativement plus pauvre; l'autre, que le prix de toutes choses haussant avec la multiplication de l'argent, il faut aussi que les impôts haussent à proportion, de sorte que le laboureur se trouve plus chargé sans avoir plus de ressources.
On doit voir que la taille sur les terres est un véritable impôt sur leur produit. Cependant chacun convient que rien n'est si dangereux qu'un impôt sur le blé payé par l'acheteur: comment ne voit on pas que le mal est cent fois pire quand cet impôt est payé par le cultivateur même? N'est - ce pas attaquer la subsistance de l'état jusque dans sa source? N'est - ce pas travailler aussi directement qu'il est possible à dépeupler le pays, & par conséquent à le ruiner à la longue? car il n'y a point pour une nation de pire disette que celle des hommes.
Il n'appartient qu'au véritable homme d'état d'élever ses vûes dans l'assiette des impôts plus haut que l'objet des finances, de transformer des charges onéreuses en d'utiles réglemens de police, & de faire douter au peuple si de teis établissemens n'ont pas eu pour fin le bien de la nation plûtôt que le produit des taxes.
Les droits sur l'importation des marchandises étrangeres dont les habitans sont avides sans que le pays en ait besoin, sur l'exportation de celles du cru du pays dont il n'a pas de trop, & dont les étrangers ne peuvent se passer, sur les productions des arts inutiles & trop lucratifs, sur les entrées dans les villes des choses de pur agrément, & en général sur tous les objets du luxe, rempliront tout ce double objet. C'est par de tels impôts, qui soulagent la pauvreté & chargent la richesse, qu'il faut prévenir l'augmentation continuelle de l'inégalité des fortunes, l'asservissement aux riches d'une multitude d'ouvriers & de serviteurs inutiles, la multiplication des gens oisifs dans les villes, & la desertion des campagnes.
Il est important de mettre entre le prix des choses & les droits dont on les charge, une telle proportion que l'avidité des particuliers ne soit point trop portée à la fraude par la grandeur des profits. Il faut encore prévenir la facilité de la contrebande,
Qu'on établisse de fortes taxes sur la livrée, sur les équipages, sur les glaces, lustres, & ameublemens, sur les étoffes & la dorure, sur les cours & jardins des hôtels, sur les spectacles de toute espece, sur les professions oiseuses, comme baladins, chanteurs, histrions & en un mot sur cette foule d'objets de luxe, d'amusement & d'oisiveté, qui frappent tous les yeux, & qui peuvent d'autant moins se cacher, que leur seul usage est de se montrer, & qu'ils seroient inutiles s'ils n'étoient vûs. Qu'on ne craigne pas que de tels produits fussent arbitraires, pour n'être fondés que sur des choses qui ne sont pas d'une absolue nécessité: c'est bien mal connoître les hommes que de croire qu'après s'être une fois laisisés séduire par le luxe, ils y puissent jamais renoncer; ils renonceroient cent fois plutôt au nécessaire & aimeroient encore mieux mourir de faim que de honte. L'augmentation de la dépense ne sera qu'une nouvelle raison pour la soutenir, quand la vanité de se montrer opulent fera son profit du prix de la chose & des frais de la taxe. Tant qu'il y aura des riches, ils voudront se distinguer des pauvres, & l'état ne sauroit se former un revenu moins onéreux ni plus assuré que sur cette distinction.
Par la même raison l'industrie n'auroit rien à souffrir d'un ordre économique qui enrichiroit les Finances, ranimeroit l'Agriculture, en soulageant le laboureur, & rapprocheroit insensiblement toutes les fortunes de cette médioerité qui fait la véritable force d'un état. Il se pourroit, je l'avoue, que les impôts contribuassent à faire passer plus rapidement quelques modes; mais ce ne seroit jamais que pour en substituer d'autres sur lesquelles l'ouvrier gagneroit, sans que le fisc eût rien à perdre. En un mot supposons que l'esprit du gouvernement soit constamment d'asseoir toutes les taxes sur le superflu des richesses, il arrivera de deux choses l'une: ou les riches renonceront à leurs dépenses superflues pour n'en faire que d'utiles, qui retourneront au profit de l'état; alors l'assiete des impôts aura produit l'effet des meilleures lois somptuaires; les dépenses de l'état auront nécessairement diminué avec celles des particuliers; & le fisc ne sauroit moins recevoir de cette maniere, qu'il n'ait beaucoup moins encore à débourser: ou si les riches ne diminuent rien de leurs profusions, le fisc aura dans le produit des impôts les ressources qu'il cherchoit pour pourvoir aux besoins réels de l'état. Dans le premier cas, le fisc s'enrichit de toute la dépense qu'il a de moins à faire; dans le second, il s'enrichit encore de la dépense inutile des particuliers.
Ajoûtons à tout ceci une importante distinction en matiere de droit politique, & à laquelle les gouvernemens, jaloux de faire tout par eux - mêmes, de<pb-> [p. 349]
Quelqu'un m'objectera peut - être que ceux que
Bodin appelle imposteurs, c'est - à - dire ceux qui imposent
ou imaginent les taxes, étant dans la classe
des riches, n'auront garde d'épargner les autres à
leurs propres dépens, & de se charger eux - mêmes
pour soulager les pauvres. Mais il faut rejetter de
pareilles idées. Si dans chaque nation ceux à qui le
souverain commet le gouvernement des peuples,
en étoient les ennemis par état, ce ne seroit pas la
peine de rechercher ce qu'ils doivent faire pour les
rendre heureux. Article de M.
Economie rustique (Page 5:349)
ECOPE (Page 5:349)
ECOPE, s. f. terme de Riviere; espece de pelle de bois un peu creuse avec laquelle on vuide l'eau qui entre dans les bateaux sur les rivieres. Ducange dit que le mot vient de scopa ou ascopa, vaisseau portatif où l'on met de l'eau.
ECOPÉ (Page 5:349)
ECOPÉ, s. f. terme de Chirurgie; fracture ou solu<cb->
Les accidens de l'écopé sont les mêmes que ceux
des plaies de tête en général. On les divise en primitifs
& en consécutifs. Les primitifs sont l'effet de la
commotion, & exigent des saignées copieuses. Voy.
ECOPERCHE (Page 5:349)
ECOPERCHE, s. f. en Architecture; piece de bois avec une poulie qu'on ajoûte au bec d'une grue ou d'un engin, pour lui donner plus de volée.
On nomme aussi écoperche toutes pieces de bois de
brin qui servent à porter les échafauts. Les plus petites
écoperches se nomment boulins. V.
ECORCE (Page 5:349)
* ECORCE, s. f. (Jard. & Physiq.) on donne le nom d'écorce à cette partie du bois qui enveloppe l'arbre extérieurement, qui l'habille depuis l'extrémité de sa racine, jusqu'à celle de ses branches, & qui s'en peut détacher dans le tems de la seve. Elle est composée de plusieurs couches. La plus extérieure est quelquefois un épiderme mince; les autres sont formées par des fibres ligneuses, qui s'étendent suivant la longueur du tronc, & qui l'enveloppent comme d'un réseau: car ces fibres sont divisées par faisceaux, qui en se joignant & en se séparant à diverses reprifes, forment des mailles qui sont remplies par le parenchyme, qui se prolonge aussi entre les couches. Ceci est commun à toutes les lames d'écorce: mais celles qui sont les plus intérieures, approchent plus de la nature du bois que les extérieures, qui sont d'autant plus succulentes & herbacées, qu'elles sont plus voisines de l'épiderme.
Ce n'est pas une des moindres parties de l'arbre
(voyez
On fait dans plusieurs arts usage de l'écorce des arbres; la Medecine tire aussi de cette partie un grand nombre de remedes. Voyez l'article suivant.
Ecorce (Page 5:349)
L'écorce de frêne, qui est la seule écorce de notre pays réputée médicinale, & qu'on gardoit autrefois dans quelques boutiques, ne se trouve plus dans aucune, & la Medecine y perd peu assûrément.
Dans les formules, tant officinales que magistrales,
on doit prescrire les écorces après les bois & les
racines ligneuses, & avant les semences, les feuilles,
les fleurs, &c. soit qu'il s'agisse d'un aposème, d'un
bouillon ou d'une poudre composée. V.
On employe très - peu d'écorces en Medecine; le
quinquina, la canelle, l'écorce de Winter, le cassia
lignea, l'écorce de gayac, celle de simarrouba, la
cascarille, sont presque les seules.
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.