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Il y a encore deux autres especes d'échelle semitonique, qui viennent de deux autres manieres de diviser l'octave par semi - tons.
La premiere se fait en prenant une moyenne arithmétique ou harmonique entre les deux termes du ton majeur, & un autre entre ceux du ton mineur: ce qui divise l'un & l'autre ton en deux semi - tons presque égaux. Ainsi le ton majeur 8 9 est divisé en 16 17, 17 18 arithmétiquement, les nombres représentant les longueurs des cordes: mais quand ils représentent les vibrations, les longueurs des cor<cb->
Toute l'octave ainsi calculée, donne les rapports suivans.
M. Salmon rapporte dans les transactions philosophiques, qu'il a fait en présence de la société royale, une expérience de cette échelle sur des cordes divisées exactement selon ces proportions, & qu'elles furent parfaitement d'accord avec d'autres instrumens, touchés par les meilleures mains. M. Malcolm ajoûte qu'ayant calculé & comparé ces rapports, il en trouva un plus grand nombre de faux dans cette échelle, que dans la précédente: mais que les erreurs étoient considérablement plus petites; ce qui fait compensation.
Enfin l'autre échelle semi - tonique est celle des
Aristoxéniens, dont le P. Mersenne a traité fort au
long, & que M. Rameau a tenté de renouveller
dans ces derniers tems. Elle consiste à diviser géométriquement
l'octave par onze moyennes proportionnelles
en douze semi - tons, parfaitement égaux.
Comme les rapports n'en sont pas rationels, nous
ne donnerons point ici ces rapports, qu'on ne peut
exprimer que par la formule même, ou par les logarithmes
des termes de la progression entre les extrèmes
1 & 2. Voyez
L'échelle diatonique des anciens n'étoit pas disposée
de la même maniere que la nôtre; elie procédoit
ainsi, si ut ré mi fa sol la: d'où l'on voit 1°. qu'elle
commençoit par un demi - ton, & par la note sensible
de la tonique ut, & qu'elle n'alloit pas jusqu'à l'octave: 2°. qu'elle étoit composée de deux térracordes
conjoints si ut ré mi, mi fa sol la, & parfaitement
semblables. Ces tétracordes s'appellent conjoints,
parce qu'ils sont joints par la note mi, qui leur est
commune; de plus, ils sont semblables, parce que
la basse fondamentale la plus simple du premier est
sol ut sol ut, & que celle du second est ut fa ut fa,
qui procede précisément de même par intervalles de
quintes; d'où il s'ensuit que la progression des sons
mi fa sol la, est précisément la même que celle des
sons si ut ré mi, ensorte que de mi à fa, il y a même
rapport que de si à ut, de fa à sol, que de ut à ré, &c.
3°. on voit de plus pourquoi cette échelle n'enferme
que sept tons; car pour qu'elle allât jusqu'au si, il
faudroit que ce si pût avoir sol pour basse fondamentale,
ce sol étant sa seule basse naturelle. Or le la
précédent a pour basse fondamentale fa: on auroit
donc fa sol de suite diatoniquement à la basse fondamentale,
ce qui est contre les regles de cette basse
(voyez
Il est singulier que les Grecs, qui paroissent n'avoir eu aucune connoissance développée de la basse
En ne répetant point le son sol dans notre gamme,
on peut lui donner cette basse fondamentale ut sol ut
fa ut ré sol ut, dans laquelle le second ré & le second
sol porteront accord de septieme (voyez
Quand l'échelle diatonique descend en cette sorte, ut si la sol fa mi ré ut, la basse fondamentale n'est point la même qu'en montant; elle est alors ut sol ré sol ut sol ut, dans laquelle le second sol porte accord de septieme, & répond à la fois aux deux notes consécutives sol fa de l'échelle.
Nous n'avons parlé jusqu'ici que de l'échelle diatonique
du mode majeur. On peut faire des raisonnemens
analogues sur celle du mode mineur, & en remarquer
les propriétés. Voyez
Echelle (Page 5:251)
Le terme d'échelle doit être plus ancien & plus général que celui de pilori; car la premiere échelle ou poteau tournant appellé pilori, est celui de Paris aux halles, qui fut ainsi nommé par corruption de puits lorri, parce qu'il y avoit autrefois dans ce lieu le [p. 252]
Bacquet, Loisel, & Despeisses font cependant une différence entre pilori & échelle, non - seulement quant à la forme, mais quant au droit. Ils prétendent qu'un seigneur haut - justicier ne peut avoir pilori dans une ville où le roi en a un; qu'en ce cas le seigneur doit se contenter d'avoir une échelle ou carcan comme on en voit à Paris, & ainsi que l'observe l'auteur du grand coûtumier, tit. des droits ap<-> partenans au roi; mais je crois plûtôt que les seigneurs se sont tenus à l'ancien usage, & à ce qu'il y avoit de plus simple.
Il y a ordinairement au haut de l'échelle, de même qu'au pilori, deux ais ou planches jointes ensemble, qui se séparent & se rapprochent quand on veut, & dans la jonction desquelles il y a des trous pour passer le cou, les mains, & quelquefois aussi pour les piés des criminels, que l'on fait monter au haut de l'échelle afin de les donner en spectacle au peuple, & de les couvrir de confusion, & de leur faire encourir l'infamie de droit. Les criminels étoient aussi quelquefois fustigés au haut de l'échelle, ou punis de quelque autre peine corporelle, mais non capitale.
On confond quelquefois l'échelle avec la potence ou gibet, parce que les criminels y montent par une échelle: mais ici il s'agit des échelles qui servent seulement pour les peines non capitales; au lieu que la potence ou gibet, & les fourches patibulaires, servent pour les exéoutions à mort.
On dit à la vérité quelquefois échelle patibulaire, mais ce dernier terme doit être pris dans le sens général de patibulum, qui signifie tout poteau où on attache les criminels.
Les échelles, piloris, carcans ou poteaux sont placés dans les villes & bourgs, au lieu que les gibets & fourches patibulaires sont communément placés hors l'enceinte des villes & bourgs; ce qui vient de l'ancien usage, suivant lequel on n'exécutoit point à mort dans les villes & bourgs, au lieu que les peines non capitales s'exécutoient dans les villes & bourgs pour l'exemple. Présentement on exécute à mort dans les villes & bourgs, mais les criminels n'y restent pas long - tems exposés; on les transporte ensuite aux gibets & fourches patibulaires, ou autres lieux hors des villes & bourgs, & les échafauds & autres instrumens patibulaires ne sont dressés que lorsqu'il s'agit de faire quelque exécution, au lieu que les échelles, piloris, carcans ou poteaux sont dressés en tout tems; il y a néanmoins quelques villes où il y a aussi des potences & échafauds toûjours dressés, comme en Bretagne; il y en a aussi à Aix en Provence, & il y en avoit autrefois à Dijon.
On regarde communément les échelles, piloris, carcans ou poteaux comme un signe de haute justice, ce qui est apparemment fondé sur ce que quelques coûtumes, telles qu'Auxerre, Nevers, Troyes, & Senlis, disent que le haut justicier peut avoir pilori ou échelle, ou qu'il peut pilorier, escheller, c'est - à - dire faire monter les coupables à l'échelle.
Mais comme celui qui a le plus, a aussi le moins, & que le seigneur haut justicier a aussi ordinairement les droits de moyenne & basse justice, le droit de pilori ou échelle, peut faire partie des droits appartenans au seigneur haut, moyen, & bas justicier, sans que ce soit un droit de haute justice; cela peut lui appartenir à cause de la moyenne justice.
En effet, il y a en France quelques lieux où les moyens justiciers ont droit d'échelle ou pilori, comme le dit Ragueau en son glossaire au mot pilier & carcan; Roguet, dans son commentaire sur la coûtume du comté de Bourgogne, dit même qu'en sa province le carcan, qui est au fond la même chose que l'echel<cb->
Aussi M. Bouhier, sur la coûtume du duché de Bourgogne, ch. lj, n. 66, tient - il que dans sa province le moyen justicier ayant la connoissance des contraventions aux réglemens de police, il peut punir les contrevenans en les faisant mettre à l'échelle ou carcan; & tel est aussi l'avis de Chopin sur Anjou, lib. II. part. II. cap. j. tit. jv. n. 7. in fine.
Coquille, sur l'article 15 de la coûtume de Nivernois, remarque que l'on use d'échelles, seulement dans les jurisdictions temporelles; il en donne pour exemple l'échelle du Temple à Paris & celle de S. Martin - des - Champs qui subsistoit aussi de son tems, & il ajoûte que l'on en use aussi en jurisdiction ecclésiastique, pour punir & rendre infames publiquement ceux qui sont convaincus d'avoir à leur escient épousé deux femmes en même tems.
Billon, sur la coûtume d'Auxerre, art. 1, prétend même que l'échelle est une espece de pilori ou carcan, qui est particuliere pour les seigneurs hauts justiciers d'église; il se fonde sur ce qu'il y en a une à Paris, qui sert de signe patibulaire pour la justice du Temple.
Il est vrai que les juges ecclésiastiques ne pouvant condamner à mort, n'ont jamais eu de fourches patibulaires pour signe de leur haute justice, & que les ecclésiastiques qui avoient droit de haute justice, avoient chacun, en signe de cette justice, une échelle dressée dans quelque carrefour: non - seulement les juges temporels des ecclésiastiques usoient de ces échelles, mais même les officiaux, comme nous le dirons dans un moment, en parlant des différentes échelles qui étoient autrefois à Paris; mais il ne s'ensuit pas de - là que l'échelle fût un signe de justice qui fût particulier pour les jurisdictions ecclésiastiques, ni pour les justices temporelles des ecclésiastiques; & en effet, Sauval estima que la ville avoit autrefois une échelle à Paris; & sans nous arrêter à cette conjecture, il suffit de faire attention que les différentes échelles qui étoient autrefois à Paris n'appartenoient pas à des jurisdictions ecclésiastiques, mais à des justices temporelles appartenantes à des ecclésiastiques, ce qui est fort différent: d'ailleurs toutes les coûtumes qui parlent d'échelle, attribuent ce droit aux seigneurs hauts justiciers en général, & non pas en particulier aux ecclésiastiques; la coûtume d'Auxerre entr'autres dit que celui qui a haute justice peut pilorier, écheller, &c. ainsi je m'étonne que Billon en commentant cet article ait avancé que le droit d'échelle étoit particulier pour les juges des ecclésiastiques.
Les échelles étoient quelquefois appellées échelles à mitres ou à mitrer; Papon se sert de cette expression, liv. I. de ses arréts, tit. jv. arrêt 7, ce qui vient de ce qu'autrefois il étoit d'usage de mettre à ceux que l'on faisoit monter au haut de l'échelle une mitre de papier sur la tête: il ne faut pas croire que ce fût pour faire allusion à la mitre des évêques, & encore moins pour la tourner en dérision. Cet usage pouvoit venir de deux causes différentes à la vérité, mais qui ont néanmoins quelque relation l'une à l'autre.
La premiere est qu'anciennement & jusque dans
le xj. siecle, la mitre étoit la coiffure des nobles;
elle n'a commencé à être regardée comme un ornement
épiscopal que vers l'an 1000; ainsi lorsque
l'on mettoit une mitre de papier sur la tête de celui
que l'on faisoit monter au haut de l'échelle, c'étoit
pour le tourner en dérision en lui mettant une mitre
ridicule.
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