ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"855"> cher dans les débris des fourneaux. Cette distillation se fait en Allemagne dans des cucurbites de verre dont le ventre n'est enduit que d'argille préparée. Aussi - tôt que cette terre est seche & sans fissure, la cucurbite peut servir. On choisit ces vaisseaux plus ou moins grands, selon la quantité d'eau - forte chargée d'argent qu'on a à distiller, ou suivant celle qu'on veut y mettre à la fois. Si d'abord on y en met beaucoup, c'est un moyen d'accélérer le travail, & l'on peut prendre une cucurbite dont le ventre contienne trois à quatre pintes. On pourra y mettre l'eau - forte chargée de 10 à 12 marcs d'argent. Si l'on ne veut pas tant hasarder à la fois, on prend une cucurbite plus petite: on place cette cucurbite avec la liqueur dans un bain de sable; on y adapte un chapiteau & un récipient de verre, & on lutte bien les jointures; après quoi on couvre la cucurbite avec une chappe de terre pour la défendre de l'air extérieur: quand le tout est ajusté, on commence par un feu modéré de bois ou de charbon, pour mettre la distillation en train. On continue le même degré de feu, jusqu'à ce qu'on ait fait distiller la moitié ou environ de l'humidité: alors on laisse diminuer le feu, & l'on ôte promptement le chapiteau; on met à la place sur la cucurbite un entonnoir de verre qu'on a chauffé, pour introduire par son moyen de nouvelle eau - forte chargée d'argent, mais de maniere qu'elle tombe au milieu & ne touche point les parois du vaisseau, qui pourroit facilement se fêler si quelque chose de froid y touchoit. Mais pour moins risquer, il est à propos de chauffer un peu l'eau - forte chargée d'argent avant que de la verser par l'entonnoir. On remet ensuite le chapiteau & le récipient, & on lutte les jointures pour recommencer la distillation. Lorsque cette seconde mise d'eau - forte saoulée d'argent a donné son slegme, on découvre de nouveau & on en remet d'autre; ce qu'on continue de faire jusqu'à ce qu'il y ait vingt à ving - cinq marcs d'argent dans la cucurbite. Lorsqu'on ajoûte ainsi à différentes fois l'eau - forte chargée d'argent, il ne faut pas attendre pour découvrir le vaisseau jusqu'au moment que l'esprit acide monte, parce qu'alors il seroit trop tard pour la verser. Quand la derniere eau - forte chargée d'argent est dans la cucurbite, on peut y faire tomber une demi - once de suif pur; les ouvriers croyent qu'il empêche les esprits acides d'emporter l'argent. On continue ensuite de distiller, de maniere qu'on puisse compter les nombres 1, 2 & 3 entre deux gouttes. Il faut moderer un peu le feu avant que l'esprit monte, afin qu'il ne vienne pas trop rapidement; mais quand il a distillé quelque tems, on peut augmenter le feu jusqu'au plus fort, afin de faire passer tout cet esprit acide. On le distingue aisément par la couleur rouge dont le chapiteau se remplit. Comme on a dù mettre dans le récipient les flegmes acidules des opérations précédentes, il leur communique en se mêlant avec eux assez d'acidité nitreuse pour en faire de tres - bonne eau - forte. S'il arivoit cependant qu'elle ne fût pas assez active, ce seroit une marque qu'on auroit trop mis dans le récipient de flegme acidule. On peut corriger ce défaut à la premiere reprise de l'eau - forte, en laissant moins de ces flegmes dans le récipient. Si l'esprit nitreux monte trop abondamment, ce qui n'arrive que trop souvent, il est bon d'avoir un récipient qui ait un petit bec ou cou par le côté, auquel on puisse adapter un autre récipient où il y aura un peu d'eau commune, pour condenser une partie des vapeurs rouges acides qui sortent avec trop de rapidité. L'eau acidulée de ce second récipient s'employe dans la suite aux mêmes usages que les flegmes acides dont il a été parlé ci - devant.

Si l'on veut avoir de l'eau - forte double telle qu'on l'employe en Hongrie, on change le premier ré<cb-> cipient dans le tems que l'argent est comme en gelée ou syrop dans la cucurbite, & on en remet un autre avec environ vingt livres d'eau - forte ordinaire, & l'on y fait passer le reste de cet esprit concentré après avoir bien lutté les vaisseaux, & adapté le second récipient au bec du côté du premier.

Pour connoître si tout l'esprit est monté, on prend un bâton que l'on brûle & qu'on réduit en charbon par un bout; on l'éteint ensuite: si ce charbon ne se rallume pas aussi - tôt par la vapeur acide nitreuse qui monte & qui le touche, c'est une marque que tout l'esprit est passé; mais si ce charbon prend feu, il ne l'est pas encore. Quand l'opération est finie, on laisse éteindre le feu & refroidir les vaisseaux, afin de pouvoir les démonter. On bouche les récipiens; on casse la cucurbite; on sépare le verre de l'argent autant qu'il est possible, après quoi on met l'argent dans un baquet ou on le coupe avec une hache: on le rassemble dans un creuset, & on le fond dans un fourneau à vent. Les petits morceaux de verre qui peuvent s'y trouver surnagent; on les retire, puis on jette ce métal en culot ou en lingot.

Le départ par l'eau régale est encore un excellent moyen de séparer l'or de l'argent, & même d'avoir un or d'une très - grande purete & bien mieux séparé de l'argent & même du cuivre, que par la méthode ordinaire qui employe l'eau - forte & l'antimoine, parce que ces opérations laissent toûjours l'une & l'autre un peu d'argent avec la chaux d'or. On employe cette méthode lorsque la masse à départir est un or de bas titre, ou que l'argent n'en constitue pas les trois quarts, & qu'on ne veut point ajoûter de nouvel argent à cette masse; autre moyen de la départir en employant l'eau - forte dont nous avons parlé ci - dessus.

Pour faire le départ dont il s'agit à présent, prenez de la bonne eau régale préparée avec l'esprit de nitre ordinaire & le sel marin. Voyez Eau régale. (Ce qui suit est tiré de Schlutter). Grenaillez l'or de bas titre qui contient de l'argent & même du cuivre, puis les mettez dissoudre dans un matras, d'abord sans feu, ensuite sur le sable chaud jusqu à ce que le dissolvant n'agisse plus: il faut dix parties de cette eau régale pour une partie de matiere aurifere. Décantez la liqueur claire qui contient l'or & le cuivre, s'il v avoit de ce dernier métal dans le mêlange; & l'argent se trouvera en poudre ou chaux au fond du matras. Edulcorez cette chaux & la faites sécher, puis imbibez la d'huile de tartre ou de nitre fixé en deliquium. Mettez un peu de borax dans un bon creuset ou bien du sel de tartre; & quand l'un ou l'autre sera en fusion liquide, jettez - y votre argent précipité en chaux; tenez en fusion pendant quelques minutes, & vous aurez de l'argent pur, sans alliage, & de la plus grande fineste: quant à la dissolution de l'or, versez - y de l'huile de tartre par défaillance; édulcorez la matiere qui se précipitera par plusieurs lotions, puis la jettez peu - à peu dans un creuset où vous aurez mis en fusion du borax fixe ou calciné, ou du sel de tartre, & vous aurez de l'or de la plus grande pureté.

Départ par la voie seche ou par la fusion, qui s'appelle aussi départ concentré ou séparation par la voie seche. Pour ne point rendre trop long cet article, qui l'est déjà assez, nous renvoyons le lecteur à l'article Séparation par la voie seche, où l'on décrira les travaux requis pour cette opération. En attendant on pourra consulter dans les mém. de l'acad. des Sciences de Berlin, 1747, pag. 3 & suiv. le mémoire tresétendu que M. Eller a donné sur cette matiere.

DÉPARTAGER (Page 4:855)

DÉPARTAGER, v. act. (Jurispr.) signifie lever le partage d'opinions qui s'étoit formé entre des juges, arbitres, ou consultans. En matiere civile une voix de plus d'un côté que d'un autre suffit pour départa - [p. 856] ger les juges. Au parlement, quand il y a partage, le rapporteur & le compartiteur vont pour se départager dans une autre chambre, où l'affaire est rapportée de nouveau. En matiere criminelle une seule voix de plus ne suffit pas pour départager, il en faut deux; & lorsqu'il y a partage, le jugement passe à l'avis le plus doux. Il n'y a jamais de partage au conseil du Roi, attendu que M. le chancelier dont la voix est prépondérante départage toûjours les juges. Voyez Compartiteur, Opinions, Partage (A)

DÉPARTEMENT (Page 4:856)

DÉPARTEMENT, s. m. (Jurispr.) signifie distribution, répartition, partage qui se fait de certains objets entre plusieurs personnes. (A)

Départemens du Conseil du Roi (Page 4:856)

Départemens du Conseil du Roi, sont les différentes séances ou assemblées du conseil qui ont été établies par rapport au grand nombre & à la diversité des affaires que l'on y traite. Ces départemens sont ce que l'on appelle le conseil d'état ou des affaires étrangeres, le conseil des dépêches, le conseil royal des finances, le conseil royal de commerce, le conseil d'état privé ou des parties, la grande direction des finances, la petite direction, le conseil de chancellerie, &c. (A)

Départemens des Secrétaires d'état (Page 4:856)

Départemens des Secrétaires d'état, sont la distribution qui leur est faite par le Roi des différentes affaires de l'état, & des provinces & généralités pour lesquelles il peut se présenter des affaires au conseil. (A)

Départemens des Finances (Page 4:856)

Départemens des Finances, sont la distribution qui est faite par le Roi au contrôleur général & aux intendans des finances, des différentes affaires de finances qui se traitent au conseil royal des finances, & des provinces & généralités du royaume relativement aux mêmes objets des finances. (A)

Départemens du Commerce (Page 4:856)

Départemens du Commerce, sont la distribution qui est faite par le Roi, tant au contrôleur général des finances qu'aux quatre intendans du commerce, des différentes provinces du royaume par rapport au commerce, & même de ce qui concerne le commerce extérieur par terre. Le secrétaire d'état de la marine a dans son département tout ce qui concerne le commerce maritime. (A)

Départemens des Intendans des provinces (Page 4:856)

Départemens des Intendans des provinces et généralités du royaume, sont la distribution qui est faite de ces officiers par le Roi dans les différentes provinces & généralités du royaume, pour les affaires de justice, police, & finances; c'est pourquoi on les appelle aussi commissaires départis dans les provinces. Il y a dans le royaume trenteune intendances ou départemens, & trois départemens particuliers pour les colonies françoises. (A)

Départemens des Intendans de Marine (Page 4:856)

Départemens des Intendans de Marine, sont la distribution qui est faite de ces officiers par le Roi dans les principaux ports de France & provinces maritimes du royaume. Il y a quatre de ces départemens, savoir Brest & Bretagne, le Havre & la province de Normandie, Rochefort, Toulon & la Provence. (A)

Départemens des Fermiers généraux (Page 4:856)

Départemens des Fermiers généraux, sont la distribution qui se fait entre eux tous les ans des objets de travail pour le service des fermes du Roi: il y a par exemple le département des gabelles, celui du tabac, &c. Le nombre des fermiers généraux qui sont dans chaque département est plus ou moins grand, suivant la nature des affaires. Il y a aussi d'autres départemens des fermiers généraux arrêtés par le contrôleur général, pour le service & la correspondance des provinces. Douze des fermiers généraux sont distribués pour faire chacun leur tournée dans certaines provinces; ils ont chacun un certain nombre de fermiers généraux pour correspondans à Paris. (A)

Département des tailles (Page 4:856)

Département des tailles, est la répartition qui est faite chaque année de la somme à laquelle l'état des tailles a été arrêté au conseil, dans les différentes généralités & élections du royaume. (A)

Département (Page 4:856)

Département, en Architecture, se dit d'une quantité de pieces d'un bâtiment destinées à un même usage, comme chez le Roi le département de la bouche, celui des écuries, &c. (P)

Département (Page 4:856)

Département, (Marine.) c'est un port dans lequel le Roi a un arsenal pour la Marine, & où il tient ses vaisseaux & ses officiers, comme Toulon, Brest, Rochefort, le Havre - de - Grace, & Dunkerque. (Z)

DÉPARTIR (Page 4:856)

DÉPARTIR, v. act. (Jurispr.) signifie partager ou distribuer quelque chose entre plusieurs.

On départit les intendans dans les provinces, aux juges des procès, &c. Voyez Départemens.

Se départir, signifie se déporter, quitter, abandonner une prétention, un droit, une demande, une opinion. (A)

DÉPASSER (Page 4:856)

DÉPASSER UN VAISSEAU, (Marine.) c'est aller plus vîte que ce vaisseau & le laisser derriere. On dit dépasser un vaisseau comme s'il étoit à l'ancre, pour dire qu'un vaisseau est beaucoup meilleur voilier que l'autre.

Dépasser se dit aussi quand on passe au - delà d'un endroit où l'on vouloit aller. On dépasse un port, on dépasse une île, quand au lieu d'y aborder on va plus loin, soit par défaut de connoissance, soit par défaut de l'estime, ou par la force des courans ou du mauvais tems qui entraîne au - delà. (Z)

Dépasser (Page 4:856)

Dépasser, (Manufact. en soie.) c'est ou dégager les fils des lisses, ou défaire les lacs qui servoient à former le dessein sur l'étoffe.

DÉPECER (Page 4:856)

DÉPECER UN BATIMENT, (Marine.) c'est le détruire & le mettre en pieces; ce qui se fait aux bâtimens qui sont vieux & hors d'état de naviguer. (Z)

DÉPENDANCES (Page 4:856)

DÉPENDANCES, s. m. pl. (Jurisprud.) ce sont les choses qui appartiennent à une autre, comme en étant un accessoire. Les dépendances d'un fief sont les terres, prés, bois, qui en composent le domaine, les censives, le droit de chasse, & autres semblables.

Les dépendances d'une affaire sont les branches qui y sont nécessairement liées. Quand on évoque une affaire, c'est ordinairement avec toutes ses circonstances & dépendances. Le terme de circonstances comprend tout ce qui peut avoir quelque rapport à l'affaire, & dépendances tout ce qui en fait partie. (A)

DÉPENDANT (Page 4:856)

DÉPENDANT, terme de Marine: on dit aller en dépendant; c'est suivre un autre vaisseau en prenant les précautions nécessaires pour ne pas s'en écarter, soit qu'on le dévance ou qu'on aille à côté.

Venir en dépendant, c'est lorsqu'un vaisseau est au vent d'un autre, & que pour le reconnoître il s'en approche peu - à - peu tenant toûjours le vent, revirant si l'autre revire, & faisant toûjours ensorte de n'être pas mis sous le vent.

Tomber en dépendant, c'est s'approcher à petites voiles, & faire vent arriere pour arriver. (Z)

DÉPENS (Page 4:856)

DÉPENS, s. m. (Jurispr.) sont les frais qui ont été faits dans la poursuite d'un procès, qui entrent en taxe, & doivent être payés à celui qui a obtenu gain de cause par celui qui a succombe, & qui est condamné envers l'autre aux dépens.

Les dépens sont appellés en droit expensoe litis, ou simplement expensoe.

Ils sont aussi appellés poena temerè litigantium. Iso, crate étoit d'avis que l'on rendît les frais des procès très - grands, pour empêcher le peuple de plaider; ses voeux ont été bien remplis pour la premiere partie, les frais des procès étant devenus si considérables, qu'ils excedent quelquefois le principal; ce qui n'empêche pas que l'on ne plaide toûjours. Au reste quoique les dépens soient une peine pour celui qui

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