ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"849"> sucs de nature corrosive, qui augmentent la violence des symptomes, & en produisent de nouveaux en passant dans le sang.

Aucune maladie n'expose les enfans à tant & à de si fâcheux accidens, & assez souvent ils périssent après avoir souffert long - tems, ce qui arrive sur - tout à ceux qui ont le plus d'embonpoint; ensorte que pour établir le prognostic de la dentition difficile, il faut avoir égard à l'âge & au tempérament différent des sujets, à ce qui a précédé les accidens & ce qui les accompagne, à la quantité des symptomes qui se présentent en même tems: on juge différemment de l'événement, d'apres toutes ces diversités.

Dès qu'il est bien décidé que les accidens mentionnés pour la plûpart, ou quelques - uns seulement, sont causés par la difficulté de la sortie des dents; tout le traitement doit tendre à la faciliter, en pressant le bord des gencives avec le doigt, en donnant à l'enfant malade un hochet qu'il puisse porter à la bouche pour le mâchoter, le presser entre les deux mâchoires; ce qui comprime la substance des gencives, & tend à rendre plus aisé le déchirement de ses fibres: c'est aussi dans cette vûe que l'on doit employer des choses propres à la ramolir, comme le mucilage de psyllium, la pulpe de la racine d'althéa, la moëlle de veau, le cerveau de lievre.

Ces differens secours conviennent lorsque les dents commencent à faire des efforts douloureux pour sortir des alvéoles, & que le bord de la gencive qui les couvre paroît devenir blanchâtre.

Mais lorsque les dents ayant augmenté de volume, font enster considérablement les gencives, & y causent de violentes douleurs par les efforts qu'elles font pour les déchirer, dans ce cas seulement il est à propos d'avoir recours à un moyen plus prompt pour faire cesser ces accidens fâcheux: il consiste à faire une incision à la gencive sur la dent qui pousse, ou avec le bord de l'ongle, ou avec un bistouri; ce qui, en faisant cesser le tiraillement des fibres nerveuses, faitsouvent cesser, presque sur le champ, tous les différens symptomes.

S'il a des convulsions opiniâtres, il faut les combattre avec les antispasmodiques, comme la poudre de guttete, les absorbans, comme les coraux, les yeux d'écrevisses, de legers anodyns, comme le sirop de pavot blanc, l'huile d'amandes - douces.

Sydenham & Boerhaave recommandent très - expressément l'esprit de corne de cerf.

Les lavemens à petite dose conviennent contre les tranchées, les douleurs d'entrailles: on doit tenir le ventre libre par de doux purgatifs, s'il y a constipation: les forts sont très - pernicieux dans cette maladie.

On peut aussi faire usage de ces remedes pour prévenir la rechûte.

La nourrice doit observer un régime de vie rafraîchissant, adoucissant.

Les enfans ne sont pas seuls sujets à la dentition difficile: les adultes éprouvent quelquefois des symptomes aussi fâcheux à cette occasion. Tulpius, l. I. ch. xxxvj. fait mention dans une observation d'un vieux Medecin, à qui il sortit deux dents avec des symptomes si violens, malgré l'incision faite à la mâchoire, qu'apres avoir souffert jusqu'à en devenir furieux par l'extrême douleur, il mourut: mais c'estlà un exemple bien rare, qu'il faut ranger, comme il a été dit, parmi les écarts de la nature: dans de semblables cas, les remedes ci - dessus indiqués conviennent également, mais d'une maniere proportionnée à l'âge, au tempérament du malade: on peut de plus employer la saignée s'il y a fievre, & les narcotiques contre la douleur; la maladie étant dans les solides, il n'y a pas lieu d'user d'autres remedes. (d)

Denture (Page 4:849)

Denture, s. f. noms que les Horlogers donnent en général aux dents d'une roue. On dit que les dentures d'une montre sont belles, bienfaites, &c. lorsque les dents des différentes roues sont toutes arrondies bien régulierement, & qu'elles ont leur véritable forme. Voyez Dent, Roue, &c. (T)

DENUDATION (Page 4:849)

DENUDATION, s. f. terme de Chirurgie, par lequel on exprime l'état d'un os qui paroît à découvert. Cet accident est assez ordinaire dans les fractures compliquées avec plaie, & dans les blessures de tête, &c. On croyoit assezgénéralement que tout os qui étoit découvert devoit nécessaircment s'exfolier; mais des observations modernes ont fait voir que la dénudation de l'os n'est pas un obstacle à la réunion. L'expérience a appris que des lambeaux de chair se sont recollés aussi aisément sur la surface d'un os découvert, qu'avec les parties molles. Lorsqu'il n'est pas possible de recouvrir les os des parties dont ils ont été dépouillés par quelque accident, la guérison ne se peut faire que par une exfoliation de la lame extérieure de l'os; mais la lame qui s'exfolie est quelquefois si mince que cette opération de la nature est insensible. Belloste, chirurgien francois, a imaginé de faire des trous sur la surface des os découverts avec un instrument nommé perforatif, pour éviter l'exfoliatior. Voyez Exfoliation. On voit croitre à - travers ces trous des bourgeons charnus qui paroissent recouvrir effectivement la surface de l'os; mais elle n'est pas conservée par ce moyen: il accélere seulement l'exfoliation insensible, parce qu'il diminue par - là la résistance que la lame de l'os qui doit s'exfolier oppose à l'action des vaisseaux qui font effort pour la séparer; & cette séparation qui seroit fort tardive si elle ne se faisoit que par la circonférence, est de moindre durée lorsqu'on a comme criblé cette lame, & que les vaisseaux sains qui operent l'exfoliation agissent à la circonference des trous qu'on a faits.

La dénudation de l'os est un accident qu'on voit quelquefois après les amputations des membres. Il n'arrive jamais lorsque l'os a été scié bien exactement au niveau de la masse des chairs dans une opération bien faite. Mais lorsque l'os est saillant, les chairs qui le recouvrent se détruisent assez facilement par la suppuration, sur - tout dans les sujets mal constitués, ou par desséchement, & l'os reste à découvert. La dénudation commence toùjours par l'extrémite de l'os saillant, & se borne ordinairement à une certaine étendue de cette extrémité, parce que les chairs qui sont vers la base de la portion d'os qui excede la surface du moignon, fournissent des vaisseaux pour entretenir des mammellons charnus sur une certaine étendue de cette portion saillante. Le tems procureroit la chûte de la partie découverte; mais l'exfoliation qui s'en feroit, n'empêcheroit pas le moignon d'être conique par la saillie de l'os; ce qui est un des plus grands inconvéniens de la cure des amputations. Nous donnerons au mot saillie les moyens de prévenir cette disposition vicieuse de l'os: nous allons indiquer ici ceux qu'il faut mettre en usage pour y remédier.

L'art ne peut rien sans la nature; ils doivent toûjours agir de concert: mais il est du devoir du chirurgien de discerner le pouvoir respectif de l'un & de l'autre, & de connoître dans quels cas il doit attendre plus ou moins de secours de l'un que de l'autre.

Sa conduite doit être dirigée par son jugement, & il ne peut l'asseoir avec assûrance que sur l'observation d'un grand nombre de cas bien vérifiés par l'expérience & par la raison, sans laquelle l'expérience égare plus qu'elle n'éclaire. On a mis en problème, s'il étoit plus avantageux d'attendre que la na - [p. 850] ture sépare la portion saillante de l'os, ou de la séparer par une seconde amputation. La seconde opération est praticable; nous avons des preuves qu'elle a été faite plusieurs fois avec succès. Les anciens cautérisoient la portion saillante de l'os avec dés fers ardens; mais ce moyen qu'on étoit obligé de rèitérer souvent, auroit pour le plus grand nombre des malades, un appareil plus effrayant que la resection de l'os avec la scie. Il ne paroît pas qu'il puisse résulter aucun accident de la seconde amputation: car pour scier l'os saillant dénué ou non, l'on n'est obligé de couper qu'une ligne ou deux de parties molles à la base de la portion excédante. La cure sera certainement abrégée par cette méthode; & l'on fait en moins d'une minute une opération à laquelle la nature se refuse, ou qu'elle ne feroit qu'imparfaitement, quelque tems qu'on attendît. Il ne paroît donc pas qu'on doive laisser à la nature le soin de la séparation du bout de l'os qui fait saillie après l'amputation. Quelques auteurs modernes assûrent néanmoins que cette opération ne se fait pas sans que le malade ne courre de nouveaux dangers, & qu'ils l'ont vû accompagnée de grands accidens. Cela ne peut arriver que quand on coupera trop haut dans les chairs, qui sont à la base du cône que fait le moignon dans ces sortes d'amputations. On doit alors craindre tous les accidens qui surviennent après les amputations ordinaires, sur - tout si l'extrémité du cordon des gros vaisseaux étoit comprise dans cette section; & sans supposer des circonstances aussi peu favorables, on conçoit qu'une seconde amputation dans laquelle on seroit simplement obligé de couper une certaine épaisseur de chairs autour de l'os, peut être suivie d'inflammation & d'autres accidens, qui seront d'autant plus à craindre, que les malades auront plus souffert de l'amputation précédente & de ses suites. Les observations que nous avons sur ces accidens, nous font voir qu'ils dépendoient de l'état des parties molles; ainsi l'on ne peut en tirer aucune conséquence contre la pure & simple resection du cylindre osseux saillant.

Ce moyen n'est cependant pas préférable dans tous les cas. Fabrice de Hilden fournit une observation très - intéressante, par laquelle nous croyons pouvoir restreindre le précepte général que nous venons de donner.

Un jeune homme, à peine hors de danger d'une dyssenterie maligne, fut attaqué tout - à - coup d'une douleur au talon droit, qui affecta sur le champ tout le pié. Quoique cette douleur fût très - vive, il ne survint ni gonflement, ni chaleur; au contraire le malade se plaignoit de sentir un froid si cuisant, qu'il ne pouvoit se retenir de crier nuit & jour. On tâcha en vain d'échauffer la partie avec des linges & des briques. Les accidens augmenterent en peu de jours: la gangrene se manifesta; elle fit des progrès; & enfin sans causer ni chaleur ni enflure, elle gagna la jambe jusqu'au genou. Elle parut s'y borner par un ulcere sordide, qui avoit tellement rongé les muscles & tous les ligamens, que les os du genou & la rotule en furent totalement séparés. On jugea à - propos d'amputer la cuisse: l'opération fut faite le dernier jour de Janvier 1614. Fabrice fut obligé de quitter ce malade quelques jours après. Il le laissa dans la situation la plus fâcheuse, sans forces & avec des sueurs froides qui menaçoient d'une mort prochaine. Le malade se soûtint néanmoins contre toute espérance; & Fabrice, à son retour le troisieme Mars, le trouva en bon état: à cela près que l'os débordoit le niveau des chairs de plus de deux travers de doigt, ce dont on s'étoit déjà apperçû à la levée des premiers appareils. Ce grand praticien n'hésita pas sur le parti qu'il devoit prendre: il proposa de scier au niveau de la playe cette portion saillante; mais il reconnut en commençant l'opération, que la nature avoit déjà travaillé très efficacement à la séparation: il ne continua point, & se contenta d'ébranler l'os, vacillant doucement de côté & d'autre. Il en fit autant chaque fois qu'on levoit l'appareil; & au bout de quatre jours il tira, sans douleur & sans qu'il sortît une seule goutte de sang, une portion de la totalité du femur de la longueur d'environ cinq pouces.

Dans une pareille circonstance, la resection de la portion saillante de l'os au niveau des chairs, seroit une opération absolument inutile, puisque la dénudation s'étendroit plus haut que la surface de la playe: voilà le cas où il faut confier la séparation de l'os aux soins de la nature, toûjours attentive à rejetter tout ce qui lui est nuisible. Quelque précises que soient nos connoissances sur les cas où il convient d'avoir recours à l'art, ou de commettre à la nature le soin de la séparation de l'os, il se présente un point plus important à déterminer; c'est de trouver les moyens de prévenir l'inconvénient de cette saillie. Nous les donnerons à l'article Saillie. (Y)

DÉODANDE (Page 4:850)

DÉODANDE, (Hist. mod.) en Angleterre est un animal ou une chose inanimée, confiscable en quelque sorte au profit de Dieu, pour l'expiation du malheureux accident qu'elle a causé en tuant un homme sans qu'aucune créature humaine y ait aucunement contribué.

Si par exemple un cheval donne à son maître, ou son palefrenier, un coup de pié qui le tue; si un homme conduisant une charrette tombe dessous, & que la roue passe sur lui & l'écrase; si un bûcheron abattant un arbre crie à ceux qui se trouvent - là de se ranger, & que nonobstant cette précaution l'arbre tombant écrase quelqu'un: dans chacun de ces trois cas, le cheval, ou la charrette & les chevaux, ou l'arbre, seront deodandes (deodanda), c'est - à - dire seront confiscables au profit de Dieu: en conséquence de quoi le roi s'en saisira, & en fera distribuer le prix par ses aumôniers, pour l'expiation de ce malheureux accident, quoique causé par un animal sans raison, ou même par un corps inanimé. Et cela en vertu de cette loi: Omnia quoe movent ad mortem sunt deodanda; c'est - à - dire que « tout ce qui par son mouvement a donné la mort à un homme, doit être dévoüé à Dieu ».

Il paroît que cette loi a été dressée à l'imitation de celle de l'Exode, chap. xxj. où on lit que « si un boeuf frappe de sa corne un homme ou une femme & qu'ils en meurent, on le lapidera & on n'en mangera pas la chair; au moyen dequoi le maître de l'animal sera innocent de cet accident ».

Fleta dit que le deodande doit être vendu, & que le prix en doit être distribué aux pauvres pour l'ame du roi, celles de ses ancêtres, & de tous les fideles trépassés. Fleta n'a pas sans doute entendu que l'ame de celui qui a été tué par le deodande, n'eût pas de part aux prieres. Chambers. (G)

DÉPAQUETER (Page 4:850)

DÉPAQUETER, v. act. (Comm.) défaire un paquet de marchandises, l'ouvrir. Voyez Paquet.

DÉPARAGER (Page 4:850)

DÉPARAGER, (Jurispr.) c'est ôter le parage, le faire cesser; un fief est déparagé, quand le parage est fini. Voyez Fief & Parage. (A)

Déparager (Page 4:850)

Déparager, signifie aussi marier une fille à quelqu'un d'une condition inférieure à la sienne.

Dans la coûtume de Normandie, le frere ne doit pas déparager sa soeur; s'il est noble, & qu'il la marie à un roturier pour avoir meilleure composition du mariage avenant de sa soeur, en ce cas elle est déparagée, & peut prendre des lettres de rescision, pour faire augmenter son mariage avenant. Voyez les articles 251 & 357 de la coûtume de Normandie. Voyez Mariage avenant. (A)

DÉPAREILLER (Page 4:850)

DÉPAREILLER, ôter le pareil, (Comm.) il se dit

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