ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"873"> foi & hommage qui est faite principalement pour reconnoître le seigneur.

Lorsqu'un fief est faisi féodalement, & que le vassal veut avoir main - levée, il doit avant toutes choses avoüer ou desavoüer le seigneur.

S'il reconnoît le seigneur, il doit lui faire la foi & payer les droits.

S'il le desavoue, le seigneur est obligé de prouver sa mouvance: & en ce cas le vassal doit pendant le procès avoir main - levée de la saisie; à moins que le desaveu ne fût formé contre le roi, lequel plaide toûjours main garnie, c'est - à - dire que la saisie tient toujours pendant le procès, nonobstant le desaveu.

Quand le vassal refuse d'avoüer son seigneur jusqu'à ce que celui - ci l'ait instruit de la mouvance du fief, le juge doit ordonner que le vassal sera tenu d'avoüer ou desavoüer dans la huitaine; & que faute de le faire dans le tems marqué, le refus de s'expliquer passera pour desaveu, & emportera la commise.

Si par l'évenement le desaveu se trouve mal fondé, le vassal perd son fief, lequel demeure confisqué au profit du seigneur par droit de commise; mais cette confiscation ou commise du fies ne se fait pas de plein droit, il faut qu'il y ait un jugement qui l'ordonne.

La confiscation du fief pour cause de desaveu, doit être demandée pendant la vie du vassal; car le desaveu est une espece de délit personnel, dont la peine ne peut être demandée contre les héritiers.

Le vassal peut éviter la peine du desaveu en avoüant d'abord le seigneur, & lui demandant ensuite la communication de ses titres; & si par cette communication il paroît que le seigneur n'ait pas la mouvance, le vassal peut revenir contre sa reconnoissance, & passer au desaveu.

Si le desaveu se trouve bien fondé, le seigneur doit être condamné aux dépens, dommages, & intérêts de celui qui a dénié la mouvance; & la saisie doit être déclarée nulle, injurieuse, tortionaire, avec main - levée d'icelle.

Il y a trois cas où le vassal n'est pas obligé d'avoüer ni de desavoüer son seigneur.

Le premier est quand le seigneur a pris la voie de l'action, parce qu'en ce cas le seigneur doit instruire son vassal; de même que tout demandeur est tenu de justifier sa demande: mais hors ce cas, le seigneur n'est point obligé de communiquer ses titres au vassal avant que celui - ci l'ait reconnu pour seigneur.

Le second cas où le vassal n'est pas obligé de passer au desaveu, c'est lorsque deux seigneurs se contestent réciproquement la mouvance: le vassal peut ne reconnoître aucun d'eux; il suffit qu'il offre de faire la foi & payer les droits à celui qui obtiendra gain de cause, & qu'en attendant il se fasse recevoir en foi par main souveraine, & qu'il consigne les duoits.

Le troisieme cas est lorsque le possesseur d'un héritage soûtient qu'il est en roture, & que le seigneur prétend qu'il est en fief; en ce cas le possesseur n'est point tenu d'avoüer ni de desavoüer le seigneur jusqu'à ce que celui - ci ait prouvé que l'héritage est tenu de lui en fief; parce que toute terre est présumée en roture, s'il n'y a titre au contraire.

On n'est pas non plus obligé, dans les coûtumes de franc - aleu, d'avoüer ni de desavoüer le seigneur jusqu'à ce qu'il ait établi sa mouvance, attendu que dans ces coûtumes tous héritages sont présumés libres, s'il n'appert du contraire.

Le vassal qui avoue tenir du Roi au lieu d'avoüer son véritable seigneur, n'encourt point la commise. Voyez Commise.

Quand le desaveu est fait en justice, & que le sei<cb-> gneur a formé sa demande pour la commise, il n'y a plus pour le vassal locus poenitentia. Carondas tient néanmoins que le vassal peut jusqu'au jugement révoquer son desaveu, & en éviter la peine en offrant la foi, les droits, & tous les frais.

Le Roi ne peut pas remettre la peine du desaveu au préjudice du seigneur, à qui la commise est acquise.

Le desaveu formé par un tuteur, curateur ou autre administrateur, ne préjudicie pas au mineur, non plus que celui du bénéficier à son bénéfice; parce que le desaveu emporteroit une aliénation du fief, qu'un simple administrateur ou usufruitier ne peut faire seul & sans y être autorisé.

Un main - mortable ne peut pas non plus desavoüer valablement, sans observer les formalités prescrites par la coûtume.

La peine du desaveu n'a pas lieu en pays de droit écrit, où l'on est moins rigoureux sur les devoirs des fiefs.

L'héritier bénéficiaire qui desavoue mal - à - propos, confisque le fief au préjudice des créanciers chirographaires: mais il ne préjudicie aux créanciers hypothécaires. Voyez Papon, liv. XIII. tit. j. Loysel, instit. liv. IV. tit. iij. n. 96. Bouchel, biblioth. aux mots desaveu & fiefs. Imbert, en son enchirid. in verbo poenâ pecuniariâ. Dumolin sur Paris, tit. des fiefs, gloss. j. in verbo qui dénie le fief, . 43. n. 159. Brodeau, art. 43. n. 9. Auzanet, art. 45. Bouvot, tom. II. verbo main morte, quest. 29. Le Prêtre, cent. 3. ch. l. Chenu, cent. 2. quest. 30. Beraut, sur la coût. de Norm. art. 85. in verbo gage plege. Les traités des fiefs, notamment Billecoq, liv. II. (A)

DESCENDANCE (Page 4:873)

DESCENDANCE, s. f. (Jurisp.) signifie la postérité de quelqu'un: ceux qui sont issus de lui, tels que ses enfans, petits - enfans, arriere - petits - enfans & autres plus éloignés, tant qu'ils peuvent s'étendre, à l'infini. On n'entend ordinairement par le terme de descendance, que la postérité légitime. Voyez ci - après Descendans. (A)

DESCENDANT (Page 4:873)

DESCENDANT, adj. (Méch.) se dit proprement de ce qui tombe, ou qui se meut de haut en - bas. Voyez Descente. Ce mot s'employe aussi dans l'Astronomie.

Il y a des étoiles ascendantes & descendantes; des degrés ascendans & descendans.

Descendant se dit en général, dans l'Astronomie, de ce qui a rapport à la partie descendante, c'est à - dire inférieure ou méridionale, de l'orbite d'une planete quelconque. Ainsi on dit les signes descendans de ceux qui sont dans la partie méridionale de l'écliptique; noeud descendant de celui qui mene à la partie méridionale d'une orbite quelconque, &c. V. Ascendant, Ascension, Signe, Noeud , &c. (O)

Descendans (Page 4:873)

Descendans, (Jurispr.) sont ceux qui sont issus de quelqu'un, comme les enfans, petits - enfans, & autres en degrés subséquens. Les descendans forment ce que l'on appelle la ligne directe descendante. Le terme de descendans est opposé à celui d'ascendans, qui comprend pere, mere, ayeux & ayeules, bisayeux & bisayeules, &c.

Les descendans sont obligés de donner des alimens à leurs ascendans qui se trouvent dans l'indigence; dans l'ordre des successions, ils sont préférés aux ascendans & aux collatéraux. Voyez au code, liv. V. tit. jx. l. 7. & 11. & tit. xxjv. auth. si cognati, l. VI. tit. jx. l. 4. . 8. & tit. xjv. l. 1. tit. ljv. l. 12. Voyez ci - devant Descendance. (A)

Descendans (Page 4:873)

Descendans (collatéraux), sont ceux qui sont au - dessous de celui de cujus, comme les neveux, petits - neveux, petits - cousins, à la différence des oncles & tantes, grands - oncles, & grandes - tantes, que l'on appelle collatéraux ascendans; parce qu'ils sont au - dessus de celui de cujus, & qu'ils lui tien<pb-> [p. 874] nent en quelque sorte lieu d'ascendans proprement dits. Voyez Collatéraux. (A)

Descendant (Page 4:874)

Descendant, adj. en Anatomie, se dit des fibres, ou des muscles, ou de quelqu'autre partie que l'on suppose prendre leur origine dans une partie, & se terminer dans une autre en s'éloignant du plan horisontal du corps. L'oblique descendant, l'aorte descendante, la veine - cave descendante. (L)

DESCENDRE (Page 4:874)

DESCENDRE, en Musique, vocem remittere; c'est faire succéder les sons de l'aigu au grave, ou du haut au bas: cela se présente à l'oeil par notre maniere de noter. Voy. Clé, Lignes, Degré, Portée . (S)

DESCENSION (Page 4:874)

DESCENSION, s. f. terme d'Astronomie: la descension est ou droite, ou oblique. La descension droite d'une étoile ou d'un signe, est le point ou l'arc de l'équateur, qui descend avec l'étoile ou avec le signe sous l'horison, dans la sphere droite. Voy. Sphere droite. La descension oblique est le point ou I'arc de l'équateur, qui descend sous l'horison en même tems que l'étoile ou que le signe dans la sphere oblique. Voyez Sphere oblique & Ascension.

Les descensions, tant droite qu'oblique, se comptent du premier point d'aries, ou de la section vernale, suivant l'ordre des signes, c'est - à - dire d'occident en orient. Au reste ce mot n'est plus guere en usage, non plus même que celui d'ascension oblique. On ne se sert presque plus que du mot d'ascension droite, qui n'est autre chose que la distance du premier point d'aries au point où le méridien qui passe par une étoile coupe l'équateur. Cette définition se rapporte à celle que nous avons donnée dans l'article Ascension. Il y a apparence que ces mots d'ascension & de descension droite & oblique, avoient été imaginés originairement par les Astrologues, fort attentifs à examiner quel est l'astre qui se leve ou qui se couche au moment de la naissance. On n'a conservé que le mot d'ascension droite, le seul véritablement nécessaire aujourd'hui pour déterminer la position des étoiles. Voyez Déclinaison. (O)

DESCENSIONEL (Page 4:874)

DESCENSIONEL, adj. (Astron.) différence descensionelle, est la différence entre la descension droite & la descension oblique d'une même étoile, ou d'un même point des cieux, &c. Voyez Ascensionel & Descension. (O)

DESCENSUM (Page 4:874)

DESCENSUM, (Chimie.) les Chimistes entendent par ce mot l'appareil de la distillation qu'ils appellent per descensum. Ils ont fait de ce mot un substantif: dresser un descensum, disent - ils, &c. Voyez Distillation.

L'appareil de Geber pour le descensum, qu'il appelle descensorium, consiste en une espece d'entonnoir de bonne terre à creuset, dans la partie supérieure duquel on peut soûtenir les matieres à traiter, par le moyen d'une espece de grille de terre, super baculos rotundos è terra factos; entonnoir qu'il dispose de façon, qu'il peut l'entourer & le couvrir de feu, en plaçant sa pointe hors du feu, & sur un récipient convenable. C'est à cet appareil que les chimistes modernes ont substitué celui des deux creusets, expliqué dans cet article. Voyez l'appareil de Geber, dans son livre intitulé summa perfectionis magisterii, chapitre de descensione. (b)

DESCENTE ou CHUTE (Page 4:874)

DESCENTE ou CHUTE, s. f. en terme de Méchanique, est le mouvement ou la tendance d'un corps vers le centre de la terre, soit directement, soit obliquement. Voyez Centre & Mouvement.

On a beaucoup disputé sur la cause de la descente des corps pesans. Il y a là - dessus deux opinions opposées; l'une fait venir cette tendance d'un principe intérieur, & l'autre l'attribue à un principe extérieur. La premiere de ces hypothèses est soûtenue par les Péripatéticiens, les Epicuriens, & plusieurs Newtoniens; la seconde par les Cartésiens & les Gassendistes. Voyez Accélération.

Tous les corps ne tendent vers la terre, selon Newton, que parce que la terre a plus de masse; & ce grand philosophe a fait voir par une démonstration géométrique, que la lune étoit retenue dans son orbite par la même force qui fait tomber les corps pesans, & que la gravitation étoit un phénomene universel de la nature; aussi Newton a - t - il expliqué par le moyen de ce principe tout ce qui concerne les mouvemens des corps célestes avec beaucoup plus de précision & de clarté, qu'on ne l'avoit fait avant lui. La seule difficulté qu'on puisse faire contre son système regarde l'attraction mutuelle des corps. Voyez Attraction; voyez aussi Atome, Pesanteur.

L'idée générale par laquelle les Cartésiens expliquent le phénomene dont il s'agit (voy. Pesanteur), paroît au premier coup - d'oeil assez heureuse. Mais il n'en est pas de même quand on l'examine de plus près; car outre les difficultés qu'on peut faire contre l'existence du tourbillon qu'ils supposent autour de la terre, on ne conçoit pas comment ce tourbillon dont ils supposent les couches paralleles à l'équateur, peut pousser les corps pesans au centre de la terre; il est même démontré qu'il devroit les pousser à tous les points de l'axe: c'est ce qui a fait imaginer à M. Huyghens un autre tourbillon dont les couches se croisent aux poles, & sont dans le plan des différens méridiens. Mais comment un tel tourbillon peut - il exister; & s'il existe, comment n'en sentons-nous pas la résistance dans nos mouvemens? Voyez Accélération.

L'explication des Gassendistes ne paroît pas plus heureuse que celle des Cartésiens. Car sur quoi est fondée la formation de leurs rayons. (V. Accélération)? & comment ces rayons n'agissent - ils point sur les corps, & ne leur résistent - ils point dans d'autres sens, que dans celui du rayon de la terre?

Quoi qu'il en soit, l'expérience qui n'a pû encore nous découvrir clairement la cause de la pesanteur, nous a fait au moins connoître suivant quelle loi ils se meuvent en descendant. C'est au célebre Galilée que nous devons cette découverte; & voici les lois qu'il a trouvées.

Lois de la descente des corps. 1°. Dans un milieu sans résistance, les corps pesans descendent avec un mouvement uniformément accéléré, c'est - à - dire tel que le corps reçoit à chaque instant des accroissemens égaux de vîtesse. Ainsi on peut représenter les instans par les parties d'une ligne droite, & les vîtesses par les ordonnées d'un triangle. Voyez Accélération & Ordonnées. Les petits trapèses dans lesquels ce triangle est divisé, & dont le premier ou le plus élevé est un triangle, représentent les espaces parcourus par le corps durant les instans correspondans, & croissent évidemment comme les nombres 1, 3, 5, 7, &c. car le premier trapese contiendra trois triangles égaux au triangle précédent ou supérieur, le second cinq triangles, &c. & les sommes de ces petits trapèses, à commencer du sommet du triangle, sont comme les quarrés des tems. Voyez tout cela expliqué en détail au mot Accélération; voyez aussi sous l'article Application de la Géométrie à l'Algebre, page 552, I. vol. ce qu'on dit de l'application de la Géométrie à l'Arithmétique.

De - là il s'ensuit, 1°. que les espaces parcourus en descendant depuis le commencement de la chûte, sont comme les quarrés des tems ou des vîtesses, & que les parties de ces espaces parcourues en tems egaux croissent comme les nombres impairs 1, 3, 5, 7, 9, &c.

2°. Que les tems & les vîtesses sont en raison sous - doublée des espaces parcourus en descendant.

3°. Que les vîtesses des corps qui tombent sont

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