ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"220"> fin dans un aimant parallelepipede il place les poles aux deux extrémités de telle sorte, que la moitié supérieure de la surface est pole austral, & la moitié inférieure pole boréal: la moitié supérieure de l'autre extrémité est pole boréal; & l'inférieure, pole austral.

Il est vraissemblable que M. Knight réussit à produire tous ces effets par quelque moyen analogue à celui qui a été révélé au Public par M. Mitchell, c'est - à - dire, par le secours des aimans artificiels faits avec des barreaux d'acier trempés & polis, aimantés d'une façon particuliere, qu'il nomme la double touche. Il est très - certain qu'on peut donner à des barreaux d'acier d'une figure convenable, & trempés fort dur, une quantité de vertu magnétique très - considérable. L'acier trempé a cet avantage sur le fer & sur l'acier doux, qu'il retient beaucoup plus de vertu magnétique, quoiqu'il ait plus de peine à s'en imbiber, & qu'on est le maître de placer les poles à telle distance qu'on voudra l'un de l'autre, & dans les endroits qu'on jugera les plus convenables. Nous exposerons tout à l'heure à l'article de l'aimant artificiel la maniere d'aimanter par le moyen de la double touche.

La communication de la vertu magnétique n'épuise en aucune maniere sensible l'aimant dont on emprunte la vertu. Quel que soit le nombre de morceaux de fer qu'on aimante avec une même pierre, on ne diminue rien de sa force; quoique cependant on ait vû des aimans qui ont donné au fer plus de vertu pour lever des poids, qu'ils n'en avoient eux - mêmes, sans que pour cela leur force ait paru diminuer.

Le fer ne s'enrichit pas non plus aux dépens de l'aimant, quelque vertu qu'il acquierre; car on a pesé exactement une lame d'acier polie, & un aimant armé; & après avoir marqué le poids de chacun séparément, on a aimanté la lame: après l'opération, on a trouvé le poids de ces deux corps exactement le même, quoiqu'on se soit servi d'une balance très exacte.

Au reste, ce ne sont pas les aimans qui levent les plus grands poids, qui communiquent le plus de vertu: l'expérience a appris que des aimans très - petits & très - foibles pour porter du fer, communiquent cependant beaucoup de vertu magnétique: il est vrai qu'il y a des especes de fer qui ne reçoivent presque point de vertu d'un bon aimant, tandis qu'une autre espece de fer en reçoit une très - considérable. Mais cette vérité ne paroît pas d'une maniere plus évidente que dans les aimans artificiels, qui communiquent pour la plûpart beaucoup de vertu, & qui néanmoins levent ordinairement peu de fer.

Aimant artificiel.

Lorsqu'un morceau de fer ou d'acier est aimanté, il peut communiquer de la vertu magnétique à d'autre fer, & à de l'aimant même (s'il est assez fort): alors il ne disfere en rien de l'aimant, quant aux effets; c'est pourquoi on le nomme aimant artificiel. Entre les méthodes de faire des aimans artificiels, voici celle qui a été proposée comme la meilleure.

On choisira plusieurs lames de fleuret bien trempées, polies & bien calibrées, ensorte qu'elles soient égales en longueur, largeur & épaisseur: elles auront environ six pouces de long, cinq lignes de largeur, & une ligne d'épaisseur; & si on veut augmenter leur longueur, on augmentera en même raison leurs autres dimensions. On aimantera bien chaque lame séparément sur le pole d'un excellent aimant bien armé: on préparera une armure ABCD, (fig. 36.) qui puisse les contenir toutes appliquées les unes sur les autres, & qui les serre & les embrasse par les boutons C & D posés vers leurs extrémités. L'épaisseur des jambages A & B, aussi - bien que celle des boutons C & D, doit être d'autant plus grande, qu'il y a un plus grand nombre de barres assemblées: lors donc qu'on aura disposé toutes ces barres les unes sur les autres entre les deux jambages de maniere que les poles de même nom soient tous du même côté; on les assujettira dans cette situation par le moyen des vis O, O, P, P, & l'aimant artificiel sera fait.

On se contente quelquefois d'unir ensemble plusieurs lames de fleuret aimantées chacune séparément, & auxquelles on conserve toute leur longueur; on les tient assujetties par des cercles de cuivre en prenant garde que toutes leurs extrémités soient bien dans le même plan; c'est sur cette extrémité qu'on passe les lames d'acier & les aiguilles qu'on veut aimanter, & ces sortes d'aimans artificiels sont préférables à beaucoup d'aimans naturels. Ces aimans artificiels seront d'autant meilleurs qu'ils seront construits d'excellent acier bien trempé & bien poli, qu'ils auront été passés sur le pole d'un aimant naturel ou artificiel bien vigoureux, qu'ils auront plus de longueur, enfin qu'ils seront rassemblés en plus grand nombre.

Il faut avoüer cependant que malgré toutes ces précautions, faute d'un aimant assez fort, on ne sauroit communiquer aux barres d'acier qui composent l'aimant artificiel, toute la vertu magnétique qu'elles sont capables de recevoir & de contenir; car il faut observer qu'un morceau d'acier donné est capable d'une quantité de vertu magnétique déterminée, au - delà de laquelle il n'en sauroit plus acquérir ou tout au moins conserver. Il seroit donc trés - avantageux qu'on pût donner facilement aux lames d'acier toute la quantité de magnétisme qu'elles peuvent recevoir; c'est précisément en quoi consiste l'avantage de la méthode de M. Mitchell, appellée la double touche; méthode par laquelle il rend les aimans artificiels bien supérieurs à ceux qu'on peut faire par les méthodes précédentes, & plus forts même que les meilleurs aimans naturels: voici en quoi consiste cette méthode.

On prendra douze barres d'acier plat, égales, longues de six pouces & larges de six lignes, & d'une épaisseur telle qu'elles ne pesent qu'environ une once trois quarts. Après les avoir bien limées & ajustées, on les fera rougir à un feu modéré (car un trop grand feu, ou un trop foible, ne conviendroit pas si bien) & on les trempera. On fera auprès d'une de leurs extrémités une marque avec un ciseau ou un poinçon, afin qu'on puisse reconnoître le pole qui doit se tourner vers le nord, & qu'on nomme pole austral.

Toutes ces barres étant ainsi préparées, on en disposera six sur une table dans une même ligne droite, suivant la direction du méridien magnétique à peu près, & on les assujettira de maniere que toutes les extrémités marquées d'un coup de ciseau soient tournées vers le nord, & touchent l'extrémité de la barre voisine qui n'est pas marquée: ensuite on prendra une bonne pierre d'aimant armée, & on placera ses deux poles sur une des barres, ensorte que son pole du nord soit tourné vers le bout marqué de la barre qui doit devenir pole austral, & que le pole austral de l'aimant soit tourné vers l'extrémité de la barre qui n'est pas marquée, & qui doit devenir un pole boréal. On glissera l'aimant de côté & d'autre d'une extrémité à l'autre de la ligne formée par ces six barres, & on répetera la même opération trois ou quatre fois, prenant bien garde de les toucher toutes: ensuite ramenant l'aimant sur une des barres du milieu, on ôtera les deux barres qui sont aux extrémités, & on les placora dans le milieu de la ligne dans la même situation qu'elles étoient, après quoi on passera encore la pierre trois ou quatre fois [p. 221] dessus, mais sans aller cette fois - ci jusqu'au bout de la ligne, parce que les barres qui sont actuellement aux extrémités, & qui étoient auparavant dans le milieu, ont déjà plus de vertu qu'elles n'en pourroient recevoir aux extrémités de la ligne où elles sont à présent, & même elles en perdroient une partie si on les repassoit encore; & c'est justement parce que les barres qui sont aux extrémités ne reçoivent pas autant de vertu que celles qui sont au milieu, que l'on conseille de les remettre au milieu pour les repasser.

Après qu'on aura exécuté toutes ces opérations, il sera bon de retourner toutes les barres sens dessus - dessous, & de les retoucher de l'autre côté, excepté celles des extrémités qu'on ne retouchera point, par les raisons qu'on vient de dire, mais qu'on ramenera dans le milieu pour les retoucher après les autres. Ayant ainsi commmuniqué un peu de magnétisme aux six barres d'acier, on disposera les six autres sur une table, de la même maniere que les précédentes. On peut voir dans la figure 72 la disposition de trois de ces barres A B, & les marques du poinçon & du ciseau qui sont sur leurs extrémités qui sont à main droite, & où doit être leur pole austral. C D & E F représentent les six autres barres déjà aimantées, comme nous venons de le dire, dont il y en a trois dans l'assemblage C D, & trois en E F; elles se touchent toutes par le haut: mais elles sont éloignées par le bas de la dixieme partie d'un pouce ou un peu plus, quoique d'abord, quand elles n'ont qu'une foible vertu, on puisse les approcher un peu plus près pourvû qu'elles ne se touchent point, ce qu'elles ne doivent jamais faire.

Pour les empêcher de se toucher, on pourra mettre entre - deux un petit morceau de bois ou de toute autre matiere, pourvû que ce ne soit pas du fer.

Les trois aimans C D (car on peut déjà les nommer ainsi, quoique leur vertu soit encore très - foible) ont tous trois leur pole austral en - bas & du côté des extrémités des barres qui ne sont pas marquées, c'est - à - dire celles qui doivent devenir pole boréal; & les trois aimans E F ont leur pole boréal en - bas tourné vers les extrémités des barres qui sont marquées. Quand on les aura ainsi disposés tous six, on les coulera trois ou quatre fois d'un bout à l'autre de la ligne en allant & revenant; ensuite on ramenera les barres des extrémités dans le milieu pour les repasser comme nous avons dit ci - dessus, & on les retournera toutes pour faire la même chose sur l'autre plat.

Si les six premieres barres C D, E F, ont été aimantées par un aimant assez vigoureux, ces six dernieres seront déjà aimantées plus fortement que les premieres; c'est pourquoi on remettra les six premieres dans une ligne droite sur une table comme auparavant, & on les repassera de même avec les dernieres, jusqu'à ce qu'elles soient devenues encore plus fortes; alors on s'en servira pour aimanter de la même maniere la seconde demi - douzaine, & on répétera cette opération jusqu'à ce que ces barres ne paroissent plus acquérir de vertu par ces touches réitérées.

Chacune de ces six barres, lorsqu'elle a été bien trempée & aimantée de la maniere que nous venons d'exposer, pourra lever par un de ses poles un morceau de fer d'une livre ou plus (pourvû qu'il soit d'une forme convenable); & six de ces barres une fois bien aimantées & employées de la maniere que nous venons d'enseigner, aimantent tout - à - fait six barres nouvelles en les passant seulement trois ou quatre fois d'un bout à l'autre, excepté celles des extrémités qu'il faut toûjours repasser après les avoir ramenées dans le milieu.

Dans toutes ces opérations on est souvent obligé de désunir ou de rassembler les barreaux de fer qui composent les deux paquets C D, E F, aussi - bien que les six qui forment la ligne A B. Or comme deux aimans qui ont les poles de même nom du même côté, s'affoiblissent toûjours réciproquement lorsqu'ils se touchent, il est absolument nécessaire (& on doit y prendre garde bien soigneusement dans toutes les occasions) de n'en jamais placer deux à la fois du même côté C D ou E F: mais on les mettra un à un de chaque côté, en les faisant toucher dans toute leur longueur, ou bien en mettant leurs extrémités inférieures sur la ligne des barres qu'on veut aimanter, tandis qu'ils se touchent par les extrémités supérieures; & on observera la même chose en les retirant, c'est - à - dire un à un de chaque côté. Il sera plus court de les assembler tous six en un faisceau en les prenant un à un à la fois de chaque côté, & les transportant sur la ligne des barres; on les partagera en deux faisceaux, comme nous avons enseigné: mais on prendra bien garde de les séparer par le bas avant qu'ils soient sur la barre; car dès le moment ils s'affoibliroient. Au reste, s'ils venoient à s'affoiblir par cet accident, on pourroit les aimanter en les repassant avec les six autres, de la maniere que nous avons enseigné.

Il faut user des mêmes précautions pour conserver ces barreaux aimantés. C'est pourquoi on aura une boîte convenable dans laquelle on fera ajuster deux pieces de fer d'environ un pouce de longueur (qui est à peu près l'épaisseur de six barres d'acier) perpendiculairement l'une vis - à - vis de l'autre, & à la distance de six pouces de dehors en dehors; ces pieces de fer seront d'environ un quart de pouce quarré & bien polies sur les côtés; on placera à côté d'elles, & tout joignant, les douze barres d'acier, six d'un côté & six de l'autre; les six d'un côté avec leur pole du nord vers un bout de la boîte, & les six de l'autre avec leur pole du sud vers ce même bout. Il faut bien prendre garde de ne les jamais mettre ni retirer toutes à la fois d'un côté ou de l'autre, car on les désaimanteroit: mais on en mettra à la fois une de chaque côté, de maniere que leur effort se contre - balance continuellement; c'est une observation qu'on doit toûjours faire, de n'en laisser jamais deux ou plusieurs ensemble avec leur pole de même nom du même côté, sans quoi elles ne manqueroient pas de perdre leur vertu.

La vertu magnétique que l'on communique à un morceau de fer ou d'acier, y réside tant que ces corps ne sont pas exposés à aucune action violente qui puisse la dissiper: il y a néanmoins des circonstances assez légeres qui peuvent détruire en très - peu de tems le magnétisme du fer le mieux aimanté. Nous allons rapporter ici les principales.

Premierement, lorsqu'on a aimanté un morceau de fer sur un aimant vigoureux, si on vient à le passer sur le pole semblable d'un aimant plus foible, il perd beaucoup de sa vertu, & n'en conserve qu'autant que lui en auroit pû donner l'aimant foible sur lequel on l'a passé en dernier lieu. 2° Lorsqu'on passe une lame de fer ou d'acier sur le même pole de l'aimant sur lequel on l'a déjà aimantée, mais dans une direction contraire à la premiere, la vertu magnétique de la lame se dissipe aussi tôt, & se rétablira qu'en continuant de passer la lame sur le même pole dans le dernier sens: mais les poles seront changés à chaque extrémité, & on aura bien de la peine à lui communiquer autant de vertu magnétique qu'elle en avoit d'abord.

3°. Il est essentiel de bien toucher les poles de l'aimant avec le morceau de fer qu'on veut aimanter, & de ne pas se contenter de l'en approcher à une petite distance, non - seulement parce que c'est le meilleur moyen de lui communiquer beaucoup de ver<pb->

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