ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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ALPHITOMANCIE (Page 1:298)

ALPHITOMANCIE, s. f. divination qui se faisoit par le moyen de quelque mets en général, si l'on tire ce mot du Grec A'LFITA, les vivres; ou par celui de l'orge en particulier, si on le fait venir d'A'LFITON=, farine d'orge, & de MANTEA, divination.

On croit qu'elle consistoit à faire manger à ceux de qui on vouloit tirer l'aveu de quelque crime incertain un morceau de pain ou de gâteau d'orge: s'ils l'avaloient sans peine, ils étoient déclarés innocens; sinon on les tenoit pour coupables. Tel est du moins l'exemple qu'en donne Delrio qui dit l'avoir tiré d'un ancien manuscrit de S. Laurent de Liege, qui porte: Cùm in servis suspicio furti habetur, ad sacerdotem ducuntur, qui crustam panis carmine infectam dat singulis, quoe cùm hoeserit gutturi, manifesti furti reum asserit.

Les payens connoissoient cette pratique, à laquelle Horace fait allusion dans ce vers de son épître à Fuscus:

Utque sacerdotis fugitivus liba recuso.

Cette superstition avoit passé dans le Christianisme, & faisoit partie des épreuves canoniques; & c'est vraissemblablement ce qui a donné lieu à ce serment: que ce morceau puisse m'étrangler, si &c. Delrio disquisit. magic. lib. IV. c. ij. quoest. VII. sect. 2. (G)

ALPHONSIN (Page 1:298)

ALPHONSIN, s. m. c'est le nom d'un instrument de Chirurgie dont on se sert pour tirer les balles du corps.

Il a été ainsi appellé du nom de son inventeur Alphonse Ferrier, Medecin de Naples. Il consiste en trois branches jointes ensemble par le moyen d'un anneau.

L'instrument ainsi serré étant introduit dans la plaie jusqu'à la balle, l'opérateur retire l'anneau vers le manche, & les branches s'ouvrant d'elles - mêmes saisissent la balle; alors il repousse l'anneau, & par ce moyen les branches tiennent si ferme la balle, qu'elles l'amenent nécessairement hors de la plaie, lorsqu'on les en retire. Bibliot. anat. med. T. I. page 517. Voyez Tire - Balle. (Y)

ALPHONSINES (Page 1:298)

ALPHONSINES, tables Alphonsines. On appelle ainsi des tables astronomiques dressées par ordre d'Alphonse Roi de Castille, & auxquelles on a crû que ce Prince lui - même avoit travaillé. Voyez Astronomie & Table. (O)

ALPHOS (Page 1:298)

ALPHOS, s. m. (Chirurgie.) est une maladie décrite par Colsus sous le nom de vitiligo, dans laquelle la peau est rude & marquetée de taches blanches.

Ce terme est employé par quelques Auteurs pour désigner un symptome de lepre: l'altération de la couleur de la peau, ou le changement de sa superficie qui devient rude & inégale, peuvent être l'effet de l'impression de l'air, ou du maniement de quelques matieres solides ou fluides, & par conséquent n'être pas un effet du vice de la masse du sang. La distinction de ces causes est importante pour le traitement. Voyez Lepre. (Y)

ALPINE (Page 1:298)

ALPINE, s. f. alpina, genre de plante ainsi appellée du nom de Prosper Alpin Medecin Botaniste, mort en 1616. Les Plantes de ce genre ont une fleur monopétale, irréguliere, tubulée, faite en forme de masque, découpée en trois parties, ayant un pistil dont la partie antérieure est creuse & ailée, & la partie postérieure est terminée par un anneau à travers lequel passe le pistil de la fleur. Le calice devient dans la suite un fruit oval charnu divisé en trois parties qui s'étendent depuis le sommet jusqu'à la base. Ce fruit est rempli de semences qui tiennent au placenta par de petits filamens. Plumier, Nova plantarum genera. Voyez Plante. (I)

ALPISTE (Page 1:298)

* ALPISTE, phalaris. Cette plante porte un gros épi composé d'un amas écailleux de gousses pleines de semences: deux de ces gousses surtout ressemblent à des écailles & contiennent dans leurs cavités, car elles sont creuses & carinées, chacune une semence enveloppée de sa cosse. Elle croît aux isles Canaries, en Toscane parmi le blé, en Languedoc, aux environs de Marseille. Les anciens en recommandent la semence, le suc & les feuilles comme un excellent remede interne contre les douleurs de la vessie.

On lit dans Lobel que quelques personnes en font du pain qu'elles mangent pour cet effet. Ses semences sont apéritives, & par conséquent salutaires dans les embarras des reins & de la vessie.

ALPUXARRAS (Page 1:298)

* ALPUXARRAS, (Géog.) hautes montagnes d'Espagne dans le Royaume de Grenade au bord de la Mediterranée.

ALQUIER (Page 1:298)

ALQUIER, qu'on nomme aussi cantar, s. m. (Commerce.) mesure dont on se sert en Portugal pour mesurer les huiles. L'alquier contient six cavadas. Il faut deux alquiers pour faire l'almude ou almonde. Voyez Almonde.

L'alquier est aussi une mesure de grains à Lisbonne. Cette mesure est très - petite, en sorte qu'il ne faut pas moins de 240 alquiers pour faire 19 septiers de Paris; 60 alquiers font le muid de Lisbonne; 102 à 103 alquiers le tonneau de Nantes, de la Rochelle, & d'Auray; & 114 à 115 le tonneau de Bordeaux & de Vannes. Ricard dans son Traité du négoce d'Amsterdam, dit qu'il ne faut que 54 alquiers pour le muid de Lisbonne.

La mesure de Porto en Portugal s'appelle aussi alquier: mais elle est de 20 pour 100 plus grande que celle de Lisbonne. On se sert aussi d'alquiers dans d'autres États du Roi de Portugal, particulierement aux îles Açores & dans l'île de S. Michel. Dans ces deux endroits, suivant le même Ricard, le muid est de 60 alquiers, & il en faut 240 pour le last d'Amsterdam. Voyez Last & Muid. (G)

ALQUIFOUX (Page 1:298)

* ALQUIFOUX, espece de plomb minéral très pesant, facile à pulvériser, mais difficile à fondre. Quand on le casse, on lui remarque une écaille blanche, luisante, cependant d'un oeil noirâtre, du reste assez semblable à l'aiguille de l'antimoine. Ce plomb vient d'Angleterre en saumons de différentes grosseurs & pesanteurs. Plus il est gras, lourd & liant, meilleur il est.

ALRAMECH ou ARAMECH (Page 1:298)

ALRAMECH ou ARAMECH, terme d'Astronomie, c'est le nom d'une étoile de la premiere grandeur appellée autrement Arcturus. Voyez Arcturus. (O)

ALRUNES (Page 1:298)

* ALRUNES, s. f. c'est ainsi que les anciens Germains appelloient certaines petites figures de bois dont ils faisoient leurs Lares, ou ces Dieux qu'ils avoient chargés du soin des maisons & des personnes, & qui s'en acquitoient si mal. C'étoit pourtant une de leurs plus générales & plus anciennes superstitions. Ils avoient deux de ces petites figures d'un pié ou demi - pié de hauteur; ils représentoient des sorcieres, rarement des sorciers; ces sorcieres de bois tenoient selon eux, la fortune des hommes dans leurs mains. On les faisoit d'une racine dure; on donnoit la préférence à celle de mandragore. On les habilloit proprement. On les couchoit mollement dans de petits coffrets. On les lavoit toutes les semaines avec du vin & de l'eau. On leur servoit à chaque repas à boire & à manger, de peur qu'elles ne se missent à crier comme des enfans qui ont besoin. Elles étoient renfermées dans un lieu secret. On ne les tiroit de leur sanctuaire que pour les consulter. Il n'y avoit ni infortune, ni danger, ni maladies à craindre, pour qui possédoit une Alrune: mais elles avoient bien d'autres vertus. Elles prédisoient l'avenir, par des mouvemens de tête, & même quelquefois d'une maniere bien plus intelligible. N'estce pas là le comble de l'extravagance? a - t - on l'idée d'une superstition plus étrange, & n'étoit - ce pas [p. 299] assez pour la honte du genre humain qu'elle eût été? falloit - il encore qu'elle se fût perpétuée jusqu'à nos jours. On dit que la folie des Alrunes subsiste encore parmi le peuple de la basse Allemagne, chez les Danois, & chez les Suédois.

ALSACE (Page 1:299)

* ALSACE, province de France, bornée à l'est par le Rhin, au sud par la Suisse & la Franche - Comté, à l'occident par la Lorraine, & au nord par le Palatinat du Rhin. Long. 24. 30 - 35. 20. lat. 47. 36 - 49.

Le commerce de ce pays consiste en tabac, eaude - vie, chanvre, garence, écarlate, safran, cuirs, & bois; ces choses se trafiquent à Strasbourg, sans compter les choux pommés qui font un objet beaucoup plus considérable qu'on ne croiroit. Il y a manufacture de tapisserie de moquette & de bergame, de draps, de couvertures de laine, de futaines, de toiles de chanvre & de lin; martinet pour la fabrique du cuivre: on trouvera à l'article Cuivre & aux Planches de Minéralogie, la description & la figre de ces martinets. Moulin à épicerie, commerce de bois de chauffage, qui appartient aux Magistrats seuls; tanneries à petits cuirs, comme chamois, boucs, chevres, moutons; suifs, poisson sec & salé, chevaux, &c.... Le reste du pays a aussi son négoce; celui de la basse Alsace est en bois; de la haute en vin, en eaux - de - vie, vinaigre, blés, seigles, avoines. Les Suisses tirent ces dernieres denrées de l'une & de l'autre Alsace. En porcs & bestiaux; en tabac; en safran, térébenthine, chanvre, lin, tartre, suif, poudre à tirer, chataignes, prunes, graines & légumes. Le grand trafic des chataign, des prunes & autres fruits se fait à Cologne, à Francfort, & à Bâle. L'Alsace a des manufactures en grand nombre: mais les étoffes qu'on y fabrique ne sont ni fines ni cheres. Ce sont des tiretaines moitié laine & moitié fil, des treillis, des canevas & quelques toiles. Quant aux mines, l'Auteur du Dictionnaire du Commerce dit, que hors celles de fer, les autres sont peu abondantes.

On va juger de la valeur de ces mines par le compte que nous en allons rendre d'après des mémoires qui nous ont été communiqués, par M. le Comte d'Hérouville de Clayes, Lieutenant Général des Armées de Sa Majesté. Les mines de Giromagny, le Puix & Auxelle - haut, sont situées au pié des montagnes de Voges, à l'extrémité de la haute Alsace; la superficie des montagnes où sont situées les mines, appartient à différens particuliers, dont on achete le terrain, quand il s'agit d'établir des machines, & de faire de nouveaux percemens.

Depuis le don fait des terres d'Alsace à la maison de Mazarin, ces mines ont été exploitées par cette maison jusqu'à la fin de 1716, que le Seigneur Paul - Jules de Mazarin les fit détruire, par des raisons dont il est inutile de rendre compte; parce qu'elles n'ont aucun rapport à la qualité de ces mines. Ces mines sont restées presque sans exploitation jusqu'en 1733, qu'on commença à les rétablir.

Ce travail a été continué jusqu'en 1740; & voici l'état où elles étoient en 1741, 1742, 1743, &c.

La mine de saint Pierre, située dans la montagne appellée le Mont - jean, banc de Giromagny, a son entrée & sa premiere galerie au pié de la montagne; elle est de quarante toises de longueur: le long de cette galerie, est le premier puits de 89 piés de profondeur; je dis le long, parce qu'au - delà du trou de ce puits, la galerie est continuée de 55 toises & se rend aux ouvrages de la mine de S. Joseph. Le second puits a 100 piés de profondeur; le troisieme 193; le quatrieme 123: alors on trouve une autre galerie de quatre toises qui conduit au cinquieme puits, qui est de 128 piés. Au milieu de ce puits, on rencontre une galerie de 40 toises de longueur, qui conduit aux ouvrages où sont actuellement quatre mineurs occupés à un filon de mine d'argent d'un pouce d'é<cb-> paisseur, qui promet augmentation. De ces ouvrages, on revient au sixieme puits, qui est de 107 piés de profondeur, où les ouvrages sur le minuit sont remplis de décombres, que l'on commence à enlever.

Du sixieme puits vers le midi, on a commencé une galerie de 35 toises de longueur, pour arriver à des ouvrages qu'on appelle du cougle, où il y a un filon de mine d'argent de deux pouces & demi d'épaisseur, où trois mineurs sont employés, & où l'on espere en employer vingt. Cétte partie de la mine passe pour la plus riche.

Le septieme puits a 94 piés de profondeur. En tirant de ce puits au minuit par une gale de trente - cinq toises, on trouve des ouvrages dans lesquels il y a deux mineurs à un filon de 4 à 5 pouces d'épaisseur de mine d'argent, cuivre & plomb. Le huitieme puits a 100 piés de profondeur; le neuvieme a aussi 100 piés de profondeur. Au fond de ce puits, on trouve une galerie de 40 toises, qui conduit aux ouvrages vers le minuit, où sont employés neuf mineurs sur un silon de quatre à cinq pouces. Le dixieme puits a 86 piés, & le onzieme 120 piés. Le douzieme est de 60; on y trouve un filon de 4 pouces d'épaisseur sur trois toises de longueur, continuant par une mine picassée, jusqu'au fond où se trouve encore un silon de deux pouces d'épaisseur sur six toises de longueur, & un autre picassement de mine en remontant.

Nous avons dit en parlant du premier puits, qu'au - dela de ce puits la galerie étoit continuée de 55 toises, pour aller à la mine de saint Joseph. Au bout de cette galerie est un puits de la profondeur de 60 piés; un second puits de 40: mais ces ouvrages sont si remplis de décombres qu'on ne peut les travailler. Cette mine de saint Pierre est riche; & si les decombres en étoient enlevées, on pourroit employer vers le midi 30 mineurs coupant mine. On tira de cette mine pendant le mois de Mars 1741, quatorze quintaux de mine d'argent tenant 8 lots; 86 de mine d'argent, cuivre & plomb, tenant en argent 4 lots en cuivre, 12 lots p 0/0, le plomb servant de fondant; plus 30 quintaux tenant trois lots, qui sont provenus des pierres de cette même mine, que l'on a fait piler & laver par les boccards.

Pour exploiter cette mine, il y a un canal sur terre d'un grand quart de lieue de longueur, qui conduit les eaux sur une roue de trente - deux piés de diametre, laquelle tire les eaux du fond de cette mine par 22 pompes aspirantes & foulantes. Pour gouverner certe machine, il faut un homme qui ait soin du canal, un maître de machine, quatre valets, trois charpentiers, trois houtemens, soixante - dix manoeuvres, pour tirer la mine hors du puits; deux maréchaux, deux valets, huit chaideurs, outre le nombre de coupeurs dont nous avons parlé.

La mine de saint Daniel sur le banc de Giromagny, actuellement exploitée, a son entrée au levant par une galerie de la longueur de 30 toises; & sur la longueur de cette galerie, il se trouve trois puits ou chocs différens. Le premier a 48 piés; le second 48; le troisiéme 36. Ces trois puits se réunissent dans le fond où il se trouve une galerie de 42 toises. Dans cette galerie est un autre puits de 60 piés; puis une autre galerie de six toises, & au bout de cette galerie un puits de douze piés de profondeur. Le filon du fond de la mine est argent, cuivre & plomb, de la largeur de six pouces sur six toises de longueur, & le filon des deux galeries est de six pouces de largeur sur vingt toises de longueur. Cette mine produit actuellement par mois 70 quintaux de mine de plomb, 40 quintaux de mine d'argent. La mine de plomb tenant 45 lots de plomb p. 0/0 & 8 lots de mine aussi pour 0/0 ou quintal.

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