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Notre e a pour le moins quatre sons différens;
1°. le son de l'e commun, comme en père, mère, frère; 2°. le son de l'e fermé, comme en bonté, vérité,
aimé; 3°. le son de l'e ouvert, comme bête, tempête,
fête; 4°. le son de l'e muet, comme j'aime; 5°. enfin
souvent on écrit e, & on prononce a, comme Empereur, enfant, femme; en quoi on fait une double
faute, disoit autrefois un Ancien: premierement,
en ce qu'on écrit autrement qu'on ne prononce: en
second lieu, en ce qu'en lisant, on prononce autrement
que le mot n'est écrit. Bis peccatis, quod aliud
scribitis, & aliud le gitis quam scriptum est, & scribenda
sunt ut legenda, & legenda ut scripta sunt. Marius Victorinus, de Orthog. apud Vossium de arte Gramm.
tom. I. p. 179.
Tel est le sentiment général des Anciens; & l'on
peut prouver 1°. que d'abord nos Peres ont écrit
conformément à leur prononciation, selon la premiere
destination des lettres; je veux dire qu'ils
n'ont pas donné à une lettre le son qu'ils avoient
déja donné à une autre lettre, & que s'ils écrivoient
Empereur, c'est qu'ils prononçoient empereur par un
é, comme on le prononce encore aujourd'hui en
plusieurs Provinces. Toute la faute qu'ils ont faite,
c'est de n'avoir pas inventé un alphabet François,
composé d'autant de caracteres particuliers, qu'il y
a de sons différens dans notre langue; par exemple,
les trois e devroient avoir chacun un caractere propre,
comme l'
2°. Que l'ancienne prononciation ayant été fixée dans les livres où les enfans apprenoient à lire, après même que la prononciation avoit changé; les yeux s'étoient accoûtumés à une maniere d'écrire différente de la maniere de prononcer; & c'est de - là que la maniere d'écrire n'a jamais suivi que de loin en loin la maniere de prononcer; & l'on peut assûrer que l'usage qui est aujourd'hui conforme à l'ancienne orthographe, est fort différent de celui qui étoit autrefois le plus suivi. Il n'y a pas cent ans qu'on écrivoit il ha, nous écrivons il a; on écrivoit il est nai, ils sont nais, nati, nous écrivons ils sont nés; soubs, nous écrivons sous; treuve, nous écrivons trouve, &c.
3°. Il faut bien distinguer la prononciation d'avec l'orthographe: la prononciation est l'effet d'un certain concours naturel de circonstances. Quand une fois ce concours a produit son effet, & que l'usage de la prononciation est établi, il n'y a aucun particulier qui soit en droit de s'y opposer, ni de faire des remontrances à l'usage.
Mais l'orthographe est un pur effet de l'art; tout art a sa fin & ses principes, & nous sommes tous en droit de représenter qu'on ne suit pas les principes de l'art, qu'on n'en remplit pas la fin, & qu'on ne prend point les moyens propres pour arriver à cette fin.
Il est évident que notre alphabet est défectueux, en ce qu'il n'a pas autant de caracteres, que nous avons de sons dans notre prononciation. Ainsi ce que nos peres firent autrefois quand ils voulurent établir l'art d'écrire, nous sommes en droit de le
Il en seroit de même d'un alphabet bien fait, s'il étoit proposé par les personnes à qui il convient de le proposer, & que l'autorité qui préside aux petites écoles, ordonnât aux Maîtres d'apprendre à leurs disciples à le lire.
Je prie les personnes qui sont d'abord révoltées à de pareìlles propositions de considérer:
I. Que nous avons actuellement plus de quatre alphabets différens, & que nos jeunes gens à qui on a bien montré à lire, lisent également les ouvrages écrits selon l'un ou selon l'autre de ces alphabets: les alphabets dont je veux parler sont:
1°. Le romain, où l'a se fait ainsi a.
2°. L'italique, a.
3°. L'alphabet de l'écriture que les Maîtres appellent françoise, ronde, ou financiere, où l'e se fait ainsi >, l's ainsi >, l'r >, >, > ainsi.
4°. l'alphabet de la lettre bâtarde.
5°. l'alphabet de la coulée.
Je pourrois même ajoûter l'alphabet gothique.
II. La lecture de ce qui est écrit selon l'un de ces alphabets, n'empêche pas qu'on ne lise ce qui est écrit selon un autre alphabet. Ainsi quand nous aurions encore un nouvel alphabet, & qu'on apprendroit à le lire à nos enfans, ils n'en liroient pas moins les autres livres.
III. Le nouvel alphabet dont je parle, ne détruiroit rien; il ne faudroit pas pour cela brûler tous les livres, comme disent certaines personnes; le caractere romain fait - il brûler les livres écrits en italique ou autrement? Ne lit - on plus les livres imprimés il y a 80 ou 100 ans, parce que l'orthographe d'aujourd'hui est différente de ces tems - là? Et si l'on remonte plus haut, on trouvera des différences bien plus grandes encore, & qui ne nous empêchent pas de lire les livres qui ont été imprimés selon l'orthographe alors en usage.
Enfin cet alphabet rendroit l'orthographe plus facile, la prononciation plus aisée à apprendre, & feroit cesser les plaintes de ceux qui trouvent tant de contrariétés entre notre prononciation & notre orthographe, qui présente souvent aux yeux des signes différens de ceux qu'elle devroit présenter selon la premiere destination de ces signes.
On oppose que les réformateurs de l'orthographe n'ont jamais été suivis: je répons:
1°. Que cette réforme n'est pas l'ouvrage d'un particulier.
2°. Que le grand nombre de ces réformateurs fait voir que notre orthographe a besoin de réforme.
3°. Que notre orthographe s'est bien réformée depui squelques années.
4°. Enfin, c'est un simple alphabet de plus que je voudrois qui fût fait & autorisé par qui il convient; qu'on apprît à le lire, & qu'il y eût certains livres [p. 297]
Alphabet, en termes de Polygraphie, ou Steganographie, c'est le double du chiffre que garde chacun des correspondans qui s'écrivent en caracteres particuliers & secrets dont ils sont convenus. On écrit en une premiere colonne l'alphabet ordinaire, & visà vis de chaque lettre, on met les signes ou caracteres secrets de l'alphabet polygraphe, qui répondent à la lettre de l'alphabet vulgaire. Il y a encore une troisieme colonne où l'on met les lettres nulles ou inutiles, qu'on n'a ajoûtées que pour augmenter la difficulté de ceux entre les mains de qui l'écrit pourroit tomber. Ainsi l'alphabet polygraphe est la clef dont les correspondans se servent pour déchiffrer ce qu'ils s'écrivent. J'ai égaré mon alphabet, faisonsen un autre.
L'art de faire de ces sortes d'alphabets, & d'apprendre
à les déchiffrer, est appellé Polygraphie &
Steganographie, du Grec
On donne aussi le nom d'alphabet à quelques livres où certaines matieres sont écrites selon l'ordre alphabétique. L'alphabet de la France est un livre de Géographie, où les villes de France sont décrites par ordre alphabétique. Alphabetum Augustinianum, est un livre qui contient l'histoire des. Monasteres des Augustins, par ordre alphabétique. (F)
Alphabet (Page 1:297)
Alphabet (Page 1:297)
Cet alphabet où sont écrits les noms & surnoms de ceux avec lesquels on est en compte ouvert, & les folio du grand livre où ces comptes sont debités & crédités, sert à trouver facilement & sans peine les endroits du grand livre dont on a besoin.
Alphabet se dit aussi, mais moins ordinairement,
des simples tables qui se mettent au commencement
des autres livres, dont les Négocians se servent dans
les affaires de leur commerce, soit pour les parties
simples, soit pour les parties doubles. V.
Alphabet (Page 1:297)
ALPHABETIQUE (Page 1:297)
ALPHABETIQUE, adj. (Gramm.) qui est selon l'ordre de l'alphabet, table alphabétique. Les Dictionnaires sont rangés selon l'ordre alphabétique; mais on a tort de ne pas séparer les mots qui commencent par i, de ceux qui commencent par j; ensorte qu'on trouve ïambe sous la même lettre que jambe. Il en est de même des mots qui commencent par u, ils sont confondus avec ceux qui commencent par v, ensorte qu'urbanité se trouve après vrai, &c. Aujourd'hui que la distinction de ces lettres est observée exactement, on devroit y avoir égard dans l'arrangement alphabétique des mots. (F)
ALPHAENIX (Page 1:297)
* ALPHAENIX, s. m. les Confiseurs appellent ainsi
le sucre d'orge blanc ou tors. Pour le faire, ils font
cuire du sucre ordinaire; ils l'écument bien; quand
il est pur & cuit à se casser, ils le jettent sur un marbre
froté d'un peu d'huile d'amandes douces. Ils peuvent
le falsifier avec l'amydon, & selon toute apparence
ils n'y manquent pas. Cependant ils lui donnent
le nom d'alphoenix pour le faire valoir. Voyez
ALPHANGE (Page 1:297)
ALPHANGE, s. f. (Jardinage.) C'est une laitue
romaine ou chicon rouge, que l'on lie pour la faire
devenir belle. Voyez
ALPHÉE (Page 1:297)
* ALPHÉE, fleuve d'Elide: on croyoit qu'il traversoit la mer, & se rendoit ensuite en Sicile, auprès de la sontaine Aréthuse; opinion fondée sur ce que l'on retrouvoit, à ce qu'on croyoit, dans l'île d'Ortygie, ce que l'on jettoit dans l'Alphée: mais ce phénomene n'est fondé que sur une ressemblance de mots, & que sur une ignorance de langue; sur ce que l'Aréthuse, étant environnée de saules, les Siciliens l'appellerent Alphaga: les Grecs qui vinrent longtems après en Sicile, y trouverent ce nom qu'ils prirent aisément pour celui d'Alphée; & puis voilà un article de Mythologie payenne tout préparé: un Poëte n'a plus qu'à faire le conte des amours du fleuve & de la fontaine, & le Paganisme aura deux Dieux de plus: l'aventure de quelqu'enfant exposé dans ces lieux, multipliera bientôt les autels; car qui empêchera un Poëte d'attribuer cet enfant au Dieu & à la fontaine, qui par ce moyen ne se seront pas cherchés de si loin à propos de rien?
ALPHETA (Page 1:297)
ALPHETA, terme d'Astronomie, c'est le nom d'une
étoile fixe de la couronne septentrionale, qu'on appelle
autrement lucida coronoe, ou luisante de la couronne.
Voyez l'article
ALPHIASSA ou ALPHIONIA (Page 1:297)
* ALPHIASSA ou ALPHIONIA, (Myth.) surnom de Diane, qui lui venoit d'un bois qu'on lui avoit consacré dans le Péloponnese, à l'embouchure de l'Alphée.
ALPHITA (Page 1:297)
* ALPHITA, préparation alimentaire faite de la
farine d'orge pelé & grillé, ou plus généralement de
la farine de quelque grain que ce soit: on conjecture
que les Anciens étendoient sur le plancher, de distance
en distance, leur orge en petits tas, pour le faire
mieux sécher quand il étoit humide; & que l'alphita
est la farine même de l'orge qui n'a point été seché
de cette maniere. L'alphita des Grecs étoit aussi le
polenta des Latins; la farine de l'orge détrempée &
cuite avec l'eau, ou quelqu'autre liqueur, comme
le vin, le moût, l'hydromel, &c. étoit la hourriture
du peuple & du soldat. Hippocrate ordonnoit
souvent à ses malades l'alphita sans sel.
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