ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"282"> les Impériaux pourront faire passer leurs marchandises sur des sacques Turques en Tartarie, en Crimée, &c. que les vaisseaux de l'Empire pourront aborder sur la Méditerranée dans tous les ports de Turquie; qu'ils seront libres d'établir des Consuls, des Agens, &c. partout où les Alliés de la Porte en ont déjà, & avec les mêmes prérogatives; que les effets des marchands qui mourront ne seront point confisqués; qu'aucun marchand ne sera appellé devant les Tribunaux Ottomans, qu'en présence du Consul Impérial; qu'ils ne seront aucunement responsables des dommages causés par les Maltois; qu'avec passeport ils pourront aller dans toutes les villes du Grand - Seigneur où le commerce les demandera: enfin que les marchands Ottomans auront les mêmes facultés & priviléges dans l'Empire.

ALLEMANDS (Page 1:282)

* ALLEMANDS, s. m. ce peuple a d'abord habité le long des rives du Danube, du Rhin, de l'Elbe, & de l'Oder. Ce mot a un grand nombre d'étymologies, mais elles sont si forcées, qu'il vaut presqu'autant n'en savoir aucune que de les savoir toutes. Cluvier prétend que l'Allemand n'est point Germain, mais qu'il est Gaulois d'origine. Selon le même auteur, les Gaulois, dont Tacite dit qu'ils avoient passé le Rhin & s'étoient établis au - delà de ce fleuve, furent les premiers Allemands. Tout ce que l'on ajoûte sur l'origine de ce peuple depuis Tacite jusqu'à Clovis, n'est qu'un tissu de conjectures peu fondées. Sous Clovis, les Allemands étoient un petit peuple qui occupoit la plus grande partie des terres situées entre la Meuse, le Rhin, & le Danube. Si l'on compare ce petit terrein avec l'immense étendue de pays qui porte aujourd'hui le nom d'Allemagne, & si l'on ajoûte à cela qu'il y a des siecles que les Allemands ont les François pour rivaux & pour voisins, on en saura plus sur le courage de ces peuples, que tout ce qu'on en pourroit dire d'ailleurs.

ALLEMANDE (Page 1:282)

ALLEMANDE, s. f. (Musique.) est une sorte de piece de Musique, dont la mesure est à quatre tems, & se bat gravement. Il paroît par son nom que ce caractere d'air nous est venu d'Allemagne: mais il est vieilli, & à peine les Musiciens s'en servent - ils aujourd'hui; ceux qui l'employent encore lui donnent un mouvement plus gai. Allemande est aussi une sorte de danse commune en Suisse & en Allemagne; l'air de cette danse doit être fort gai, & se bat à deux tems. (S)

ALLER (Page 1:282)

ALLER de l'avant, (Marine.) c'est marcher par l'avant ou la proue du vaisseau.

Aller (Page 1:282)

Aller en droiture. (Marine.) Voyez Droiture.

Aller (Page 1:282)

Aller à bord. (Marine.) Voyez Bord.

Aller (Page 1:282)

Aller au cabestan. (Marine.) Voyez Cabestan.

Aller (Page 1:282)

Aller à la sonde. (Marine.) Voyez Sonde.

Aller (Page 1:282)

Aller à grasse bouline, (Marine.) c'est cingler sans que la bouline du vent soit entierement halée. Voyez Bouline grasse.

Aller (Page 1:282)

Aller au plus près du vent, (Marine.) c'est cingler à six quarts de vent près de l'aire ou rumb d'où il vient; par exemple, si le vent est nord, on pourroit aller à l'ouest - nord - ouest, & changeant de bord à l'est - nord - est.

Aller (Page 1:282)

Aller proche du vent, approcher le vent, (Marine.) c'est se servir d'un vent qui paroît contraire à la route, & le prendre de biais, en mettant les voiles de côté par le moyen des boulines & des bras.

Aller (Page 1:282)

Aller de bout au vent, (Marine.) se dit d'un vaisseau qui est bon boulinier, & dont les voiles sont bien orientées, de sorte qu'il semble aller contre le vent, ou de bout au vent. Un navire travaille moins ses ancres & ses cables, lorsqu'étant mouillé il est de bout au vent, c'est - à - dire qu'il présente la proue au lieu d'où vient le vent.

Aller (Page 1:282)

Aller vent largue, (Marine.) c'est avoir le vent par le travers, & cingler où l'on veut aller sans que les boulines soient halées.

Aller (Page 1:282)

Aller entre deux écoutes, (Marine.) c'est aller vent en poupe.

Aller (Page 1:282)

Aller au lof, (Marine.) Voyez Lof.

Aller (Page 1:282)

Aller à la bouline. (Marine.) Voyez Bouline.

Aller (Page 1:282)

Aller à trait & à rame. (Marine.) Voyez Rame.

Aller (Page 1:282)

Aller à la dérive. (Marine.) Voyez Derive & Deriver. Se laisser aller à la dérive; aller à Dieu & au tems; à mâts & à cordes ou à sec, c'est serrer toutes les voiles & laisser voguer le vaisseau à la merci des vents & des vagues; ou bien c'est aller avec toutes les voiles & les vergues baissées à cause de la fureur du vent.

Aller (Page 1:282)

Aller avec les huniers, à mi - mât. (Marine.) Voyez Hunier.

Aller (Page 1:282)

Aller terre à terre, (Marine.) c'est naviger en côtoyant le rivage. Voyez Ranger la coste. (Z)

Aller (Page 1:282)

Aller en traite. Voyez Traite.

Aller (Page 1:282)

Aller à l'épée, (Escrime.) on dit d'un escrimeur qu'il bat la campagne, qu'il va à l'épée, quand il s'ébranle sur une attaque, & qu'il fait de trop grands mouvemens avec son épée pour trouver celle de l'ennemi. C'est un défaut dans un escrimeur d'aller à l'épée, parce qu'en voulant parer un côté, il en découvre un autre.

Aller (Page 1:282)

Aller, (Manége.) se dit des allures du cheval; aller le pas, aller le trot, &c. Voyez Allures. On dit aussi en terme de Manége, aller étroit, lorsqu'on s'approche du centre du Manége: aller large, lorsqu'on s'en éloigne: aller droit à la muraille, c'est conduire son cheval vis - à - vis de la muraille, comme si l'on vouloit passer au - travers. On dit en termes de Cavalerie, aller par surprise, lorsque le cavalier se sert des aides trop à coup, de façon qu'il surprend le cheval au lieu de l'avertir; aller par pays, signifie, faire un voyage, ou se promener à cheval; aller à toutes jambes, à toute bride, à étripe cheval, ou à tombeau ouvert, c'est faite courir son cheval aussi vîte qu'il peut aller. On dit du cheval, aller par bonds & par sauts, lorsqu'un cheval par gaieté ne fait que sauter, au lieu d'aller une allure réglée. Cette expression a une autre signification en terme de Manége. Voyez Sauter. Aller à trois jambes, se dit d'un cheval qui boite; aller de l'oreille, se dit d'un cheval qui fait une inclination de tête à chaque pas. (V)

Aller (Page 1:282)

Aller de bon tems, terme des Véneurs; l'on dit les véneurs alloient de bon tems, lorsque le Roi arriva, ce qui signifie qu'il y avoit peu de tems que la bête etoit passée.

Aller d'assurance, se dit de la bête, lorsqu'elle va au pas, le pié serré & sans crainte.

Aller au gagnage, se dit de la bête fauve, (le cerf, le dain, ou le chevreuil) lorsqu'elle va dans les grains pour y viander & manger; ce qui se dit aussi du lievre.

Aller de hautes erres, se dit d'une bête passée il y a sept ou huit heures; ce lievre va de hautes erres.

Aller en quête, se dit du valet de limier lorsqu'il va aux bois pour y détourner une bête avec son limier.

Aller sur soi, se sur - aller, se sur - marcher, se dit de la bête qui revient sur ses erres, sur ses pas, en retournant par le même chemin qu'elle avoit pris.

Aller (Page 1:282)

Aller en galée, terme d'Imprimerie. Voyez Galée.

ALLEU (Page 1:282)

ALLEU, (franc) s. m. Jurisprud. fief possédé librement par quelqu'un sans dépendance d'aucun Seigneur. Voyez Allodial. Le mot alleu a été formé des mots alodis, alodus, alodium, aleudum, usités dans les anciennes lois & dans les anciens titres, qui tous signifient terre, héritage, domaine; & le mot franc, marque que cet héritage est libre & exempt de tout domaine. Mais quelle est l'origine de ces mots Latins eux - mêmes? C'est ce qu'on ne sait point. [p. 283]

Casseneuve dit qu'elle est aussi difficile à découvrir que la source du Nil. Il y a peu de langues en Europe à laquelle quelque étymologiste n'en ait voulu faire honneur. Mais ce qui paroît de plus vraissemblable à ce sujet, c'est que ce mot est François d'origine.

Bollandus définit l'alleu, proedium, seu quoevis possessio libera jurisque proprii, & non in feudum clientelari onere accepta. Voyez Fief.

Après la conquête des Gaules, les terres furent divisées en deux manieres, savoir en bénéfices & en alleus, beneficia & allodia.

Les bénéfices étoient les terres que le Roi donnoit à ses Officiers & à ses Soldats, soit pour toute leur vie, soit pour un tems fixe. Voyez Bénéfice.

Les alleus étoient les terres dont la propriété restoit à leurs anciens possesseurs; le soixante - deuxieme titre de la Loi Salique est de allodis: & là ce mot est employé pour fonds héréditaire, ou celui qui vient à quelqu'un, de ses peres. C'est pourquoi alleu & patrimoine sont souvent pris par les anciens Jurisconsultes pour deux termes synonymes. Voyez Patrimoine.

Dans les Capitulaires de Charlemagne & de ses successeurs, alleu est toûjours opposé à fief: mais vers la fin de la deuxieme race les terres allodiales perdirent leurs prérogatives; & les Seigneurs fieffés obligerent ceux qui en possédoient à les tenir d'eux à l'avenir. Le même changement arriva aussi en Allemagne. Voyez Fief & Tenure.

L'usurpation des Seigneurs fieffés sur les terres allodiales alla si loin, que le plus grand nombre de ces terres leur furent assujetties; & celles qui ne le furent pas, furent du moins converties en fiefs: delà la maxime que, nulla terra sine Domino, nulle terre sans Seigneur.

Il y a deux sortes de franc - alleu, le nobie & le roturier.

Le franc - alleu noble est celui qui a justice, censive, ou fief mouvant de lui; le franc - alleu roturier est celui qui n'a ni justice, ni aucunes mouvances.

Par rapport au franc - alleu, il y a trois sortes de Coûtumes dans le Royaume; les unes veulent que tout héritage soit réputé franc, si le Segneur dans la justice duquel il est situé, ne montre le contraire: tels sont tous les pays de droit écrit, & quelques portions du pays coûtumier. Dans d'autres le francalleu n'est point reçû sans titre; & c'est à celui qui prétend posséder à ce titre, à le prouver. Et enfin quelques autres ne s'expliquent point à ce sujet; & dans ces dernieres on se regle par la maxime générale admise dans tous les pays coûtumiers, qu'il n'y a point de terre sans Seigneur, & que ceux qui prétendent que leurs terres sont libres, le doivent prouver, à moins que la Coûtume ne soit expresse au contraire.

Dans les Coûtumes même qui admettent le francalleu sans titre, le Roi & les Seigneurs sont bien fondés à demander que ceux qui possedent des terres en franc - alleu aient à leur en donner une déclaration, afin de connoître ce qui est dans leur mouvance, & ce qui n'y est pas. (H)

ALLEVURE (Page 1:283)

ALLEVURE, s. f. (Commerce.) petite monnoie de cuivre, la plus petite qui se fabrique en Suede: sa valeur est au - dessous du denier tournois; il faut deux allevûres pour un roustique. Voyez Roustique.

ALLIAGE (Page 1:283)

ALLIAGE, s. m. (Chimie.) signifie le mêlange de différens métaux. Alliage se dit le plus souvent de l'or & de l'argent qu'on mêle séparément avec du cuivre; & la différente quantité de cuivre qu'on mêle avec ces métaux, en fait les différens titres.

L'alliage de l'or & de l'argent se fait le plus souvent pour la monnoie & pour la vaisselle.

L'alliage de la monnoie se fait pour durcir l'or & l'argent, & pour payer les frais de la fabrique de la monnoie, & pour les droits des Princes. L'alliage de la vaisselle se fait pour durcir l'or & l'argent.

L'alliage est différent dans les différentes Souverainetés, par la différente quantité de cuivre avec laquelle on le fait. L'alliage de la monnoie d'argent d'Espagne differe de celui des monnoies des autres pays, en ce qu'il se fait avec le fer.

Tout alliage durcit les métaux; & même un métal devient plus dur par l'alliage d'un métal plus tendre que lui: mais l'alliage peut rendre, & il rend quelquefois les métaux plus ductiles, plus extensibles; on le voit par l'alliage de la pierre calaminaire avec le cuivre rouge, qui fait le cuivre jaune. De l'or & de l'argent sans alliage ne seroient pas aussi extensibles que lorsqu'il y en a un peu.

L'alliage rend les métaux plus faciles à fondre, qu'ils ne le sont naturellement.

L'alliage des métaux est quelquefois naturel lorsqu'il se trouve des métaux différens dans une même mine, comme lorsqu'il y a du cuivre dans une mine d'argent.

Le fer est très - difficile à allier avec l'or & l'argent: mais lorsqu'il y est une fois allié, il est aussi difficile de l'en ôter.

L'alliage du mercure avec les autres métaux se nomme amalgame. Voyez Amalgame. Lorsqu'on allie le mercure en petite quantité avec les métaux, qu'il ne les amollit point, & qu'au contraire il les durcit, on se sert aussi du terme d'alliage, pour signifier ce mêlange du mercure avec les métaux; & cet alliage se fait toûjours par la fusion, au lieu que l'amalgame se fait souvent sans fusion. Voyez Allier, Mercure. (M)

Tout le monde connoît la découverte d'Archimede sur l'alliage de la couronne d'or d'Hieron, Roi de Syracuse. Un ouvrier avoit fait cette couronne pour le Roi, qui la soupçonna d'alliage, & proposa à Archimede de le découvrir. Ce grand Géometre y rêva long - tems sans pouvoir en trouver le moyen; enfin étant un jour dans le bain, il fit réflexion qu'un corps plongé dans l'eau perd une quantité de son poids égale au poids d'un pareil volume d'eau. Voyez Hydrostatique. Et il comprit que ce principe lui donneroit la solution de son probleme. Il fut si transporté de cette idée, qu'il se mit à courir tout nud par les rues de Syracuse en criant, E'URH\KA, je l'atrouvé.

Voici le raisonnement sur lequel porte cette solution: s'il n'y a point d'alliage dans la couronne, mais qu'elle soit d'or pur, il n'y a qu'à prendre une masse d'or pur, dont on soit bien assûré, & qui soit égale au poids de la couronne, cette masse devra aussi être du même volume que la couronne; & par conséquent ces deux masses plongées dans l'eau doivent y perdre la même quantité de leur poids. Mais s'il y a de l'alliage dans la couronne, en ce cas la masse d'or pur égale en poids à la couronne, sera d'un volume moindre que cette couronne, parce que l'or pur est de tous les corps celui qui contient le plus de matiere sous un moindre volume; donc la masse d'or plongée dans l'eau, perdra moins de son poids que la couronne.

Supposons ensuite que l'alliage de la couronne soit de l'argent, & prenons une masse d'argent pur égale en poids à la couronne, cette masse d'argent sera d'un plus grand volume que la couronne, & par conséquent elle perdra plus de poids que la couronne étant plongée dans l'eau: cela posé, voici comme on résout le problème. Soit P le poids de la couronne, x le poids de l'or qu'elle contient, y le poids de l'argent, p le poids que perd la masse d'or dans l'eau,

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