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ALLEGORIE (Page 1:280)
ALLEGORIE, s. f. (Littérat.) figure de Rhétorique par laquelle on employe des termes qui, pris à la lettre, signifient toute autre chose que ce qu'on veut leur faire signifier. L'allégorie n'est proprement autre chose qu'une métaphore continuée, qui sert de comparaison pour faire entendre un sens qu'on n'exprime point, mais qu'on a en vûe. C'est ainsi que les Orateurs & les Poëtes ont coûtume de représenter un état sous l'image d'un vaisseau, & les troubles qui l'agitent sous celle des flots & des vents déchainés; par les Pilotes, ils entendent les Souverains ou les Magistrats; par le port, la paix ou la concorde. Horace fait un pareil tableau de sa patrie prête à être replongée dans les horreurs d'une guerre civile, dans cette belle ode qui commence ainsi:
O navis, reserent in mare te novi Fluctus, &c.
La plûpart des Théologiens trouvent l'ancien Testament plein d'allégories & de sens typiques qu'ils rapportent
au nouveau: mais on convient que le sens allégorique, à moins qu'il ne soit fondé sur une tradition
constante, ne forme pas un argument sur comme
le sens littéral. Sans cette sage précaution, chaque
fanatique trouveroit dans l'Ecriture dequoi appuyer
ses visions. En effet c'est en matiere de religion
surtout, que l'allégorie est d'un plus grand usage. Philon le Juif a fait trois livres d'allégories sur l'histoire
des six jours. Voyez
Les Payens eux - mêmes faisoient grand usage des
allégories, & cela avant les Juifs; car quelques - uns de
leurs Philosophes voulant donner des sens raisonnables
à leurs fables & à l'histoire de leurs dieux, prétendirent
qu'elles signifioient toute autre chose que
ce qu'elles portoient à la lettre; & de là vint le mot
d'allégorie, c'est - à - dire un discours qui, à le prendre
dans son sens figuré
M. de la Nause dans un discours sur l'origine & l'antiquité de la cabale, inséré dans le tome IX. de l'Académie des Belles - Lettres, prétend que ce n'étoit point pour se cacher, mais pour se mieux faire entendre, que les Orientaux employoient leur style figuré, les Egyptiens leurs hiéroglyphes, les Poetes leurs images, & les Philosophes la singularité de leurs discours, qui étoient autant d'especes d'allégories. En ce cas il faudra dire, que l'explication étoit plus obscure que le texte, & l'expérience le prouva bien; car
C'étoit de quelques Juifs récemment convertis,
tels qu'Ebion, que cette maniere de raisonner s'étoit
introduite parmi les Chrétiens. Philon, comme nous
l'avons déjà dit, & plusieurs autres Docteurs Juifs
s'appliquoient à ce sens figuré, flatteur pour certains
esprits par la nouveauté & la singularité des découvertes
qu'ils s'imaginent y faire. Quelques Auteurs
des premiers siecles du Christianisme, tels qu'Origene, imiterent les Juifs & expliquerent aussi l'ancien &
le nouveau Testament par des allégories. Voyez
Quelques Auteurs, & entre autres le P. le Bossu,
ont pensé que le sujet du Poëme épique n'étoit qu'une
maxime de morale allégoriée, qu'on revêtoit d'abord
d'une action chimérique, dont les acteurs étoient A
& B; qu'on cherchoit ensuite dans l'histoire quelque
fait intéressant, dont la vérité mise avec le fabuleux
pût donner au Poëme quelque vraissemblance, &
qu'ensuite on donnoit des noms aux acteurs, comme
Achille, Enée, Renaud, &c. Voyez ce qu'on doit penser
de cette prétension sous le mot
ALLEGORIQUE (Page 1:280)
ALLEGORIQUE, adj. (Théol.) ce qui contient
une allegorie. Voyez
Ils subdivisent le sens mystique en allegorique, tropologique & anagogique.
Le sens allégorique est celui qui résulte de l'application d'une chose accomplie à la lettre, mais qui n'est pourtant que la figure d'une autre chose: ainsi le serpent d'airain élevé par Moyse dans le desert pour guérir les Israëlites de leurs plaies, représentoit dans un sens allégorique Jesus - Christ élevé en croix pour la rédemption du genre humain.
Les anciens Interpretes de l'Ecriture se sont fort attachés aux sens allégoriques. On peut s'en convaincre en lisant Origene, Clément d'Alexandrie, &c. mais ces allégories ne sont pas toûjours des preuves concluantes, à moins qu'elles ne soient indiquées dans l'Ecriture même, ou fondées sur le concert unanime des Peres.
Le sens allégorique proprement dit, est un sens mystique qui regarde l'Eglise & les matieres de religion.
Tel est ce point de doctrine que S. Paul explique
dans son Epître aux Galates: Abraham duos filios habuit,
unum de ancillâ, & unum de liberâ: sed qui de
ancillâ, secundum carnem natus est; qui autem de liberâ,
per repromissionem: quoe sunt per
ALLEGRANIA (Page 1:280)
* ALLEGRANIA, (Géog.) petite isle d'Afrique, l'une des Canaries, au nord de la Gracieuse, au nord - ouest de Rocca, & au nord - est de Sainte - Claire.
ALLEGRE ou ALEGRE (Page 1:280)
* ALLEGRE ou ALEGRE, ville de France en [p. 281]
ALLEGRO (Page 1:281)
ALLEGRO, terme de Musique. Ce mot écrit à la
tête d'un air, désigne, du lent au vîte, le troisieme
des quatre principaux degrés de mouvement établis
dans la Musique Italienne. Allegro est un adjectif Italien qui signifie gai; & c'est aussi l'expression d'un
mouvement gai & animé, le plus vif de tous après
le presto. Voyez
Le diminutif allegretto indique une gaieté plus modérée, un peu moins de vivacité dans la mesure. (S)
ALLELUIA, ou ALLELUIAH, ou HALLELUIAH (Page 1:281)
ALLELUIA, ou ALLELUIAH, ou HALLELUIAH, expression de joie que l'on chante ou que l'on récite dans l'Eglise à la fin de certaines parties de l'office divin. Ce mot est Hébreu, ou plûtôt composé de deux mots Hébreux; savoir, >, hallelu, & >, Ja, qui est une abbréviation du nom de Dieu >, Jehova, qui tous deux signifient laudate Dominum; en sorte qu'en notre langue, alleluia veut dire proprement loüez le Seigneur.
S. Jérôme prétend que le dernier mot dont est composé alleluia, n'est point une abbréviation du nom de Dieu, mais un de ses noms ineffables; ce qu'il prouve par divers passages de l'Ecriture, où à la place de laudate Dominum, comme nous lisons dans la version Latine, les Hébreux lisent alleluia; remarque qui n'infirme pas le sens que nous avons donné à ce mot.
Le même Pere est le premier qui ait introduit le mot alleluia dans le service de l'Eglise: pendant longtems on ne l'employoit qu'une seule fois l'année dans l'Eglise Latine; savoir, le jour de Pâques: mais il étoit plus en usage dans l'Eglise Greque, où on le chantoit dans la pompe funebre des SS. comme S. Jérome le témoigne expressément en parlant de celle de sainte Fabiole: cette coùtume s'est conservee dans cette Eglise, où l'on chante même l'alleluia quelquefois pendant le Carême.
S. Grégoire le grand ordonna qu'on le chanteroit de même toute l'année dans l'Eglise Latine; ce qui donna lieu à quelques personnes de lui reprocher qu'il étoit trop attaché aux rits des Grecs, & qu'il introduïsoit dans l'Eglise de Rome les cér>monies de celle de Constantinople: mais il répon>it que tel avoit été autrefois l'usage à Rome, même lor>que le Pape Damase, qui mourut en 384. introduisit la coûtume de chanter l'alleluia dans tous les offices de l'année. Ce decret de S. Grégoire fut tellement reçu dans toute l'Eglise d'Occident, qu'on y chantoit l'alleluia même dans l'office des Morts, comme l'a remarqué Baronius dans la description qu'il fait de l'enterrement de sainte Radegonde. On voit encore dans la Messe Mosarabique, attribuée à S. Isidore de Séville, cet introït de la Messe des défunts: Tu es portio mea, Domine, alleluia, in terrâ viventium, alleluia.
Dans la suite l'Eglise Romaine supprima le chant de l'alleluia dans l'office & dans la Messe des Morts, aussi - bien que depuis la Septuagésime jusqu'au graduel de la Messe du Samedi - saint, & elle y substitua ces paroles, laus tibi, Domine, rex oeternoe glorioe; comme on le pratique encore aujourd'hui. Et le quatrieme Concile de Tolede dans l'onzieme de ses canons, en fit une loi expresse, qui a été adoptée par les autres Eglises d'Occident.
S. Augustin dans son Epitre 119. ad Januar. remarque qu'on ne chantoit l'alleluia que le jour de Pâques & les cinquante jours suivans, en signe de joie de la résurrection de Jesus - Christ: & Sozomene dit que dans l'Eglise de Rome on ne le chantoit que le jour de Pâques. Baronius, & le Cardinal Bona, se sont déchaînés contre cet Historien pour avoir avancé ce fait: mais M. de Valois dans ses Notes sur cet
Curvorum hinc chorus helciariorum
Responsantibus
C'étoit en effet la coûtume des premiers Chrétiens que de sanctifier leur travail par le chant des hymnes & des pseaumes. Bingham, orig. ecclesiast. tom. VI. Lib. XIV. c. xj. >. 4. (G)
Alleluia (Page 1:281)
Alleluia (Page 1:281)
l'Alleluia (Page 1:281)
ALLEMAGNE (Page 1:281)
* ALLEMAGNE, (Geog.) grand pays situé au milieu de l'Europe, avec titre d'Empire; borné à l'est par la Hongrie & la Pologne; au nord par la mer Baltique & le Danemarc; à l'occident par les Pays - bas, la France & la Suisse; au midi par les Alpes ou l'Italie, & la Suisse. Il a environ 240. lieues de la mer Baltique aux Alpes, & 200. du Rhin à la Hongrie. Il est divisé en neuf cercles, qui sont l'Autriche, le bas Rhin, le haut Rhin, la Baviere, la haute Saxe, la basse Saxe, la Franconie, la Souabe, & la Westphalie. Lon. 23 - 37. lat. 46 - 55.
C'est un composé d'un grand nombre d'Etats souverains
& libres, quoique sous un chef commun.
On conçoît que cette constitution de gouvernement
établissant dans un même Empire une infinité de frontieres
différentes, supposant d'un lieu à un autre
des lois différentes, des monnoies d'une autre espece,
des denrées appartenantes à des maîtres différens,
&c. on conçoit, dis - je, que toutes ces circonstances
doivent mettre beaucoup de variété dans le commerce.
En voici cependant le général & le principal
à observer. Pour encourager ses sujets au commerce,
l'Empereur a établi le port franc sur la mer
Adriatique, par des Compagnies tantôt projettées,
tantôt formées dans les Pays - bas; par des priviléges
particuliers accordés à l'Autriche, à la Hongrie,
à la Boheme (Voyez Next page
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