ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"214"> Roch, aux Barnabites, aux petits Peres, &c. Ces consoles renversées sont ainsi pratiquées sur le devant d'un portail pour cacher les arcboutans élevés fur les bas côtés d'une Eglise, & servant à soûtenir les murs de la neffe. (P)

AILERON (Page 1:214)

AILERON, c'est le nom que l'on donne dans les carrieres d'ardoises à une petite piece. Planche d'ardoise, figure 11. qui sert de support à la partie du seau qu'on appelle le chapeau. Voyez l'article Ardoise & Engin.

Ailerons (Page 1:214)

Ailerons du nez. Voyez Nez.

AILESBURY (Page 1:214)

AILESBURY, (Géog.) ville d'Angleterre, dans le Bukinghamshire, sur la Tamise, Long. 16. 49. lat. 51. 50.

AILETTES ou ALETTES (Page 1:214)

AILETTES ou ALETTES. s. f. terme de Cordonnerie, ce sont deux morceaux de cuir minces, parés dans leur pourtour, que les Cordonniers cousent aux parties latérales internes de l'empeigne du soulier pour la renforcir en cet endroit. Les ailettes sont cousues comme l'empeigne avec les semelles. Elles s'étendent depuis le paton jusqu'à l'origine du quartier. Elles sont prises en devant entre l'empeigne & le paton. On doit observer de bien parer toutes ces pieces, puisque la moindre inégalité dans l'intérieur du soulier est capable d'incommoder le pié, dont les parties latérales sont celles qui s'appliquent aux ailettes.

AILURES, ILOIRES (Page 1:214)

AILURES, ILOIRES, s. f. ce sont deux solivaux que l'on place sur le pont du vaisseau, portés sur les barrots, faisant un quarré avec ces barrots, & ce quarré est l'ouverture nommée écoutille. Voyez Iloires. (Z)

AIMABLE (Page 1:214)

* AIMABLE Orphée, c'est, en terme de Fleuriste, un oeillet panaché de cramoisi & de blanc, qui vient de l'Ille. Sa fleur n'est pas bien large: mais elle est bien tranchée. Sa feuille & sa tige sont d'un beau verd; il abonde en marcottes.

AIMANT (Page 1:214)

AIMANT, s. m. pierre ferrugineuse assez semblable en poids & en couleur à l'espece de mine de fer qu'on appelle en roche. Elle contient du fer en une quantité plus ou moins considérable, & c'est dans ce métal uni au sel & à l'huile que réside la vertu magnétique plûtôt que dans la substance pierreuse. Cette pierre fameuse a été connue des Anciens; car nous savons sur le témorgnage d'Aristote, que Thalès, le plus ancien Philosophe de la Grece, a parlé de l'aimant: mais il n'est pas certain que le nom employé par Aristote soit celui dont Thalès s'est servi. Onomacrite qui vivoit dans la LX. Olympiade, & dont il nous reste quelques Poësies sous le nom d'Orphée, est celui qui nous fournit le plus ancien nom de l'aimant; il l'appelle MAGNHTH. Hippocrate (lib. de sterilib. mulier.) a désigné l'aimant sous la périphrase de la pierre qui attire le ser LIO HTI TO\N SIDHRON A'RW=A'CE.

Les Arabes & les Portugais se servent de la même périphrase, que Sextus Empiricus a exprimée en un sel mot SIDHRAGWGO. Sophocle, dans une de ses pieces qui n'est pas venue jusques à nous, avoit nomme l'aimant *LYDIA LIO, pierre de Lydie. Hesychius nous a conservé ce mot aussi bien que *LYDIXH\ LIO, qui en est une variation. Platon, dans le Timée appelle l'aimant *H'RAXLE'IA LIO, pierre d'Héraclée, nom qui est un des plus usités parmi les Grecs.

Aristote a fait plus d'honneur que personne à l'aimant, en ne lui donnant point de nom; il l'appelle H'LIO, la pierre par excellence. Themipius s'exprime de même. Théophraste avec la plûpart des anciens, a suivi l'appellation déjà établie de XIO *HRIXLIIX.

Pline, sur un passage mal entendu de ce Philosophe, a crû que la pierre de touche, coticula, qui entre ses autres noms a celui de *LYDH\ LIO, avoit de plus celui d'*H'RAXLEIA, commun avec l'aimant: les Grecs & les Latins se sont aussi servis du mot SIDHRI TI tiré de SIDHRO, fer, d'où est venu le vieux nom Fraitçois pierre ferriere. Enfin les Grecs ont diversifié le nom de MAGNHTH en diverses facons: on trouve dans Tzetzès MAGNHSSA LIO, dans Achilles Tatius MAGNHSIA; MAGNHTI dans la plûpart des Auteurs; MAGNITI dans quelques - uns, aussi bien qu'OLO MAGNITH, par la permutation de H en I, familiere aux Grecs dès les premiers tems; & MAGNH, qui n'est pas de tous ces noms le plus usité parmi eux, est prosque le seul qui soit passé aux Latins.

Pour ce qui est de l'origine de cette dénomination de l'aimant, elle vient manifestement du lieu où l'aimant a d'abord été découvert. Il y avoit dans l'Asie mineure deux villes appellées Magnetie: l'une auprès du Méandre; l'autre, sous le mont Sypile: cette derniere qui appartenoit particulierement à la Lydie, & qu'on appelloit aussi Héraclée, selon le témoignage d'AElius Dionysius dans Eustathe, étoit la vraie patrie de l'aimant. Le mont Sypile étoit sans doute fécond en métaux, & en aimant par conséquent; ainsi l'aimant appellé magnes du premier lieu de sa découverte, a conservé son ancien nom, comme il est arrivé à l'acier & au cuivre, qui portent le nom des lieux où ils ont été découyerts: ce qu'il y a de singulier, c'est que le plus mauvais aimant des cinq especes que rapporte Pline, étoit celui de la Magnésie d'Asie mineure, premiere patrie de l'aimant, comme le meilleur de tous étoit celui d'AEthiopie.

Marbodaeus dit, que l'aimant a été trouvé chez les Troglodytes, & que cette pierre vient aussi des Indes. Isidore de Seville dit, que les Indiens l'ont connu les premiers; & après lui, la plûpart des auteurs du moyen & bas âge appellent l'aimant lapis Indicus, donnant la patrie de l'espece à tout le genre.

Les anciens n'ont guere connu de l'aimant que sa propriété d'attirer le fer; c'étoit le sujet principal de leur admiration, comme l'on peut voir par ce beau passage de Pline: Quid lapidis rigore pigrius? Ecce sensus manusque tribuit illi natura. Quid ferri duritie pugnacius? Sed cedit & patitur mores: Trahitur namque à magnete lapide, domitrixque illa, rerum omnium materia ad inane nescio quid currit, atque ut propiùs venit, assistit teneturque, & complexu hoeret. Plin. Liv. XXXVI. cap. xvj.

Cependant, il paroît qu'ils ont connu quelque chose de sa vertu communicative; Platon en donne un exemple dans l'Ion, où il décrit cette fameuse chaîne d'anneaux de fer suspendus les uns aux autres, & dont le premier tient à l'aimant. Lucrece, Philon, Pline, Calien, Némesus, rapportent le même phénomene; & Lucrece fait de plus mention de la propagation de la vertu magnétique au - travers des corps les plus durs, comme il paroît dans ces vers:

Exultare etiam Samothracia ferrea vidi, Et ramenta simul ferri furere intus ahenis In scaphiis, lapis hic magnes cum subditus esset.

Mais on ne voit par aucun passage de leurs écrits qu'ils aient rien connu de la vertu directive de l'aimant: on ignore absolument dans quel tems on a fait cette découverte, & on ne sait pas même au juste quand est - ce qu'on l'a appliquée aux usages de la navigation.

Il y a toute apparence que le hasard a fait découvrir à quelqu'un que l'aimant mis sur l'eau dans un petit bateau se dirigeoit constamment Nord & Sud, & qu'un morceau de fer aimanté avoit la même proprieté: qu'on mit ce fer aimanté sur un pivot afin qu'il pût se mouvoir plus librement: qu'ensuite on imagina que cette découverte pourroit bien être utile aux navigateurs pour connoître le midi & le septentrion lorsque le tems seroit couvert, & qu'on ne verroit aucun astre; enfin qu'on substitua la boussole ordinaire à l'aiguille aimantée pour remédier aux [p. 215] dérangemens occasionnés par les secousses du vaisseau. Il paroît au reste que cette découverte a été faite avant l'an 1180. Voyoz l'article Aiguille, où l'on traite plus particulierement de cette découverte.

I. Des Poles de l'aimant, et de savertu directive .

Chaque aimant a deux poles dans lesquels réside la plus grande partie de sa vertu: on les reconnoît en roulant une pierre d'aimant quelconque dans de la limaille de fer; toutes les parties de cette limaille qui s'attachent à la pierre se dirigent vers l'un ou l'autre de ces poles, & celles qui sont immédiatement dessus sont en ces points perpendiculairement hérissées sur la pierre: enfin la limaille est attirée avec plus de force & en plus grande abondance sur les poles que par - tout ailleurs. Voici une autre maniere de connoître les poles; on place un aimant sur un morceau de glace polie, sous laquelle on a mis une feuille de papier blanc: on répand de la limaille peu à peu sur cette glace autour de l'aimant, & on frappe doucement sur les bords de la glace pour diminuer le frottement qui empêcheroit les molécules de limaille d'obéir aux écoulemens magnétiques: aussi - tôt on apperçoit la limaille prendre un arrangement régulier, tel qu'on l'observe dans la figure, dans lequel la limaille se dirige en lignes courbes AEB, AEB, (Pl. Phys. fig. 58.) à mesure qu'elle est éloignée des poles, & en lignes droites AA, BB, à mesure qu'elle s'en approche; ensorte que les poles sont les points où convergent toutes ces différentes lignes courbes & droites.

Maintenant on appelle axe de l'aimant, la ligne droite qui le traverse d'un pole à l'autre; & l'équateur de l'aimant est le plan perpendiculaire qui le partage par le milieu de son axe. Or cette propriété de l'aimant d'avoir des poles est comme essentielle à tous les aimants; car on aura beau casser un aimant en tant de morceaux que l'on voudra, les deux poles se trouveront toujours dans chaque morceau. Cette polerité de l'aimant ne vient point, comme on l'a cru, de ce que les mines de l'aimant sont dirigées nord & sud; car il est très - certain que ces mines affectent comme les autres toute sorte de direction, & nommément il y a dans le Devo ishire une mine d'aimant, dont les veines sont dirigées de l'est à l'ouest, & dont les poles se trouvent aussi dans cette direction: mais les poles de l'aimant ne doivent point être regardés comme deux points si invariables qu'ils ne puissent changer de place: car M. Boyle dit, qu on peut changer les poles d'un petit morceau d'aimant en les appliquant contre les poles plus vigoureux d'une autre pierre; ce qui a été confirmé de nos jours par M. Gwarin Knight, qui peut changer à volonté les poles d'un aimant naturel, par le moyen des barreaux de fer aimantés.

On a donné aux poles de l'aimant les mêmes noms qu'aux poles du monde, parce que l'aimant mis en liberté, a la propriété de diriger toùjours ses poles vers ceux de notre globe; c'est - à - dire, qu'un aimant qui flotte librement sur une eau dormante, ou qui est mobile sur son centre de gravité, ayant son axe parallele à l'horison, s'arrêtera constamment dans une situation telle, qu'un de ses poles regarde toûjours le nord, & l'autre le midi: & si on le dérange de cette situation, même en lui en donnant une directement contraire, il ne cessera de se mouvoir & d'osciller jusqu'à ce qu'il ait retrouvé sa premiere direction. On est convenu d'appeller pole austral de l'aimant, celui qui se tourne vers le nord, & pole boréal celui qui se dirige vers le sud. Le méridien magnétique est le plan perpendiculaire à l'aimant suivant la longueur de son axe, qui passe par conséquent par les poles.

Lorsqu'après avoir bien reconnu les poles & l'axe d'un aimant, on le laisse flotter librement sur un liége, le vaisseau dans lequel il flotte étant posé sur une méridienne exactement tracée, on s'appercevra que les poles de l'aimant ne regardent pas précisément ceux du monde, mais qu'ils en déclinent plus ou moins à l'est ou à l'ouest, suivant les différens lieux de la terre où se fait cette observation. Cette déclinaison de l'aimant varie aussi chaque année, chaque mois, chaque jour, & même à chaque heure dans le même lieu. V. l'article Aiguille, où l'on en traite plus particulierement.

Pareillement, fi l'on fait nager sur du mercure un aimant sphérique, après en avoir bien reconnu l'axe & les poles, il se dirigera d'abord à peu près nord & sud: mais on remarquera aussi que son axe s'inclinera d'une maniere constante; ensorte que dans nos climats le pole austral s'incline, & le pole boréal s'éleve, & au contraire dans l'autre hémisphere. Cette inclinaison varie aussi dans tous les lieux de la terre & dans tous les tems de l'année, comme on peut le voir à l'article Aiguille, où l'on en parle plus amplement.

Les poles de l'aimant sont, comme nous l'avons dit précédemment, des points variables que nous sommes quelquefois les maîtres de produire à volonté, & sans le secours d'aucun aimant; comme nous verrons qu'il est facile de le faire par les moyens que nous exposerons dans la suite: car lorsqu'on coupe doucen ent & sans effort un aimant par le milieu de son axe, chacume de ses parties a constamment deux poles, & devient un aimant complet: les parties qui étoient contiguës sous l'équateur avant la section, & qui n'étoient rien moins que des poles, le sont devenues, & même poles de différens noms; ensorte que chacune de ces parties pouvoit devenir égaiement pole boréal ou pole austral, suivant que la section se seroit faite plus près du pole austral ou du pole boréal du grand aimant. & la même chose arriveroit à chacune de ces moitiés, si on les coupoit par le milieu de la même maniere. Voyez Pl. physiq. fig. 66.

Mais si au lieu de couper l'aimant par le milieu de son axe AB, on le coupe suivant sa longueur, (Pl. physiq. fig. 67.) on aura pareillement 4 poles aa, bb, dont ceux du même nom seront dans chaque partie, du même côté qu'ils étoient avant la section, à la reserve qu'il se sera formé dans chaque partie un nouvel axe ab, ab, parallele au premier, & plus ou moins rentré au - dedans de la pierre, suivant qu'elle aura naturellement plus de force magnétique.

II. De la vertu attractive de l'aimant. . I. De l'attraction réciproque de deux aimans, & de la répulsion.

Le phénomene de l'attraction réciproque de deux aimans, d'un aimant & d'un morceau de fer, ou bien de deux fers aimantés, est celui de tous qui a le plus excité l'admiration des anciens Philosophes, & qui a fait dire à quelques - uns que l'aimant etoit animé. En effet qu'y a - t - il de - plus singulier que de voir deux aimansse porter l'un versl'autre comme par sympathie; s'approcher avec vitesse comme par empressement; s'unir par un côté déterminé au point de ne se laisser séparer que par une force considérable; témoigner ensuite dans une autre situation, une haine réciproque qui les agite tant qu'ils sont en présence; se fuir avoc autant de vitesse qu'ils s'étoient recherchés, & n'être tranquilles que lorsqu'ils sont fort éloignés l'un de l'autre? Ce sont cependant les circonstances du phénomene de l'attraction & de la répulsion de l'aimant, comme il est facile de s'en convaincre par l'expérience sinvante.

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.