ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"254"> font & vendent les alenes: aussi les appelle - t - on quelquefois Aleniers.

Il y a des alenes de plusieurs sortes: les alenes à joindre, sont celles dont les Cordonniers se servent pour coudre les empeignes avec les cartiers; l'alene à premiere semelle est plus grosse que celle à joindre; & l'alene à derniere semelle, encore davantage. Voyez les figures de six sortes d'alenes, fig. 22. & suivantes du Cordonnier - Bottier. Ces alenes des Cordonniers sont des especes de poinçons d'acier très aigus, polis, & courbés de différentes manieres, selon le besoin. Ils sont montés sur un manche de buis. Voyez la fig. 37. qui représente une alene montée. On tient cet outil de la main droite, & on perce avec le fer des trous dans les cuirs pour y passer les fils qu'on veut joindre ensemble. Ces fils sont armés de soie de cochon, qui leur sert de pointe: ils sont au nombre de deux, que l'on passe dans le même trou, l'un d'un sens, & l'autre de l'autre. On serre le point en tirant des deux mains; savoir de la main gauche, après avoir tourné le fil un tour ou deux sur un cuir qui environne la main, & qu'on appelle manicle. Voyez Manicle. Son usage est de garantir la main de l'impression du fil: de la main droite on entortille l'autre fil deux ou trois fois autour du colet du manche de l'alen; ce qui donne le moyen de les tirer tous deux fortement.

ALENTAKIE (Page 1:254)

* ALENTAKIE (Géog.) Province de l'Esthonie, sur le Golfe de Finlande.

ALENTÉJO (Page 1:254)

* ALENTÉJO, (Géog.) Province de Portugal, située entre le Tage & la Guadiana.

ALEOPHANGINES (Page 1:254)

ALEOPHANGINES, adj. (en Pharmacie.) Ce sont des pilules qu'on prépare de la maniere suivante.

Prenez de la canelle, des clous de girofle, des petites cardamomes, de la muscade, de la fleur de muscade, du calamus aromatique, carpobalsamum, ou fruit de baume, du jonc odorant, du santal jaune, du galanga, des feuilles de roses rouges, une demi - once de chaque. Réduisez le tout grossierement en poudre; tirez - en une teinture avec de l'esprit - de - vin dans un vaisseau de terre bien fermé; vous dissoudrez dans trois pintes de cette teinture du meilleur aloès une livre. Vous y ajoûterez du mastic, de la myrrhe en poudre, une demi - once de chaque; du safran, deux gros; du baume du Pérou, un gros: vous donnerez à ce mêlange la consistance propre pour des pilules, en faisant évaporer l'humidité superflue, sur des cendres chaudes. Pharmacop. de Londres. (N)

ALEP (Page 1:254)

* ALEP, (Géog.) grande ville de Syrie, en Asie, sur le ruisseau Marsgras ou Co. Long. 55. lat. 35. 50.

Le commerce d'Alep est le même que d'Alexandrette, qui n'est, à proprement parler, que le port d'Alep. Les pigeons y servent de couriers; on les instruit à ce voyage, en les transportant d'un de ces endroits dans l'autre, quand ils ont leurs petits. L'ardeur de retrouver leurs petits, les ramene d'Alep à Alexandrette, ou d'Alexandrette à Alep, en trois heures, quoiqu'il y ait vingt à vingt - cinq lieues. La défense d'aller autrement qu'à cheval d'Alexandrette à Alep, a été faite pour empêcher par les frais le Matelot de hâter la vente, d'acheter trop cher, & de fixer ainsi le tau des marchandises trop haut. On voit à Alep des Marchands François, Anglois, Hollandois, Italiens, Arméniens, Turcs, Arabes, Persans, Indiens, &c. Les marchandises propres pour cette échelle, sont les mêmes que pour Smyrne. Les retours sont en soie, toile de coton, comme amanblucies, anguilis, lizales, toiles de Beby, en Taquis, à Jamis, & indiennes, cotons en laine ou filés, noix de galle, cordoüans, savons, & camelots fort estimés.

ALEPH (Page 1:254)

ALEPH, C'est le nom de la premiere lettre de l'alphabet Hébreu, d'où l'on a formé l'alpha des Syriens & des Grecs; ce nom signifie Chef, Prince, ou mille. On trouve quelques Pseaumes & quelques autres ouvrages dans l'Ecriture, qui commencent par aleph, & dont les autres versets continuent par les lettres suivantes de l'alphabet. Il n'y a en cela aucun mystere; mais ces pieces s'appellent acrostiches, parce que tous les vers qui les composent, commencent par une lettre de l'alphabet, selon l'ordre & l'arrangement qu'elles tiennent entre elles dans l'ordre grammatical. Ainsi dans le Pseaume Beati immaculati in viâ, les huit premiers vers commencent par aleph, les huit suivans par beth; & ainsi des autres. Dans le Pseaume 110. Consitebor tibi, Domine, in toto corde meo, ce vers commence par aleph; ce qui suit, in concilio justorum & congregatione, commence par beth, & ainsi de suite. Dans les Lamentations de Jérémie, il y a deux chapitres, dont la premiere strophe seulement commence par aleph, la seconde par beth; & ainsi des autres. Le troisieme chapitre a trois versets de suite qui commencent par aleph; puis trois autres qui commencent par beth, & les Hébreux ne connoissent point d'autres vers acrostiches que ceux - là. Voyez Acrostiche.

Les Juifs se servent aujourd'hui de leurs lettres, pour marquer les chifres: aleph, vaut un; beth, deux; ghimel, trois; & ainsi des autres. Mais on ne voit pas qu'anciennement ces caracteres aient eu le même usage: pour le reste, on peut consulter les grammaires Hébraiques. On en a depuis peu imprimé une en François à Paris chez Colombat, en faveur de ceux qui n'entendent pas le Latin: pour les Latines, elles sont très - communes. On peut consulter ce que nous dirons ci - après, sous les articles de Langues Hébraiques, de Grammaire, de Points voyelles, de Lettres, &c. (G)

ALERIONS (Page 1:254)

ALERIONS, s. m. pl. terme de Blason, sorte d'aiglettes qui n'ont ni bec ni jambes. Voyez Aiglette. Menage dérive ce mot de aquilario, diminutif d'aquila. Il n'y a pas plus de cent ans qu'on les nomme alérions, & qu'on les représente les ailes étendues sans jambes & sans bec. On les appelloit auparavant simplement, par leur nom aiglettes.

L'alérion représenté ne paroît différent des merlettes, qu'en ce que celles - ci ont les ailes serrées, & sont représentées comme passantes; au lieu que l'alérion est en pal, & a l'aile étendue; outre que la merlette a un bec & que l'alérion n'en a pas. Voyez Merlette. (V)

ALERON (Page 1:254)

ALERON, s. m. (Soierie.) Voyez Aleiron. On dit aleron dans la manufacture de Paris; & l'on dit aleiron dans celle de Lyon.

ALERTE (Page 1:254)

* ALERTE, cri de guerre, par lequel on appelle les soldats à leur devoir.

ALÉSÉ (Page 1:254)

ALÉSÉ, adj. (Hydraul.) se dit des parois ou côtés d'un tuyau qui sont bien limés, c'est - à - dire, dont on a abattu tout le rude. (K)

Alésé (Page 1:254)

Alésé, terme de Blason; il se dit de toutes les pieces honorables, comme d'un chef, d'une fasce, d'une bande, qui ne touchent pas les deux bords ou les deux flancs de l'écu. De même, la croix ou le sautoir qui ne touchent pas les bords de leurs quatre extrémités, sont dits alésés. Il porte d'argent à la fasce alésée de gueules.

L'Aubespine, d'azur au sautoir alésé d'or, accompagné de quatre billettes de même. (V)

ALÉSER (Page 1:254)

ALÉSER, dans l'Artillerie, c'est nettoyer l'ame d'une piece de canon, l'aggrandir pour lui donner le calibre qu'elle doit avoir. (Q)

Aléser (Page 1:254)

Aléser, terme d'Horlogerie, c'est rendre un trou circulaire fort lisse & poli, en y passant un alésoir. Voyez Alésoir. (T)

ALÉSOIR (Page 1:254)

ALÉSOIR, s. m. en terme de la Fonderie des Canons, est une machine assez nouvellement inventée, qui [p. 255] sert à forer les canons, & à égaliser leur surface intérieure.

L'alésoir est composé d'une forte cage de charpente ABCD, (Planche de la Fonderie des Canons) établie sur un plancher solide EE, élevé de huit ou dix piés au - dessus du sol de l'attelier. Cette cage contient deux montans à languettes FF, fortement fixés à des pieces de bois GG, qui portent par leurs extrémités sur les traverses qui assemblent les montans de la cage. On appelle ces montans à languettes coulisses dormantes. Leurs languettes, qui sont des pieces de bois de quatre pouces d'équarrissage, clouées sur les montans, doivent se regarder & être posées bien d'aplomb, & parallelement dans la cage; leur longueur doit être triple, ou environ, de celle des canons qu'on y veut aléser.

Sur ces coulisses il y en a deux autres à rainure 22, qui s'y ajustent exactement. Ce sont ces dernieres qui portent les moises 333, entre lesquelles la piece de canon H se trouve prise; ensorte que les deux coulisses à rainure, les moises & la piece de canon, ne forment plus qu'une seule piece au moyen des gougeons à clavettes ou à vis qui les unissent ensemble; ensorte que le tout peut couler entre les deux coulisses dormantes par des cordages & poulies mouflées K K K K, attachées au haut de l'alésoir & à la culasse de la piece de canon. Le bout des cordages va se rouler sur un treuil L, aux deux extrémités duquel sont deux roues dentées MM du même nombre de dents. Les tourillons du treuil sont pris dans des colets, pratiqués entre les montans antérieurs de la cage & des dosses 44 qui y sont appliquées. Voyez même Planche, fig. 2.

Les deux roues dont nous venons de parler, engrennent chacune dans une lanterne N N d'un même nombre de fuseaux. Ces lanternes sont fixées sur un arbre commun PP, dont les tourillons sont pris de même par des colets, formés par les deux montans de la cage & les dosses 5 qui y sont appliquées. Les parties de cet axe qui excedent la cage, sont des quarrés sur lesquels sont montées deux roues à chevilles OO, au moyen desquelles les ouvriers font tourner les lanternes fixées sur le même axe, & les roues dentées qui y engrennent; & par ce moyen, élever ou baisser les moises, les coulisses à rainares, & la piece de canon qui leur est assujettie par les cordages qui se roulent sur le treuil ou axe des roues dentées MM.

Sur le sol de l'attelier, directement au - dessous des coulisses dormantes, est fixé un bloc de pierre Q solidement maçonné dans le terre - plein. Cette pierre porte une crapaudine de fer ou de cuivre R, qui doit répondre directement aplomb au - dessous de la ligne parallele aux languettes des coulisses dormantes, & qui sépare l'espace qu'elles laissent entre - elles en deux parties égales. Nous appellerons cette ligne la ligne de foi de l'alésoir. C'est dans cette ligne qui est à plomb, que l'axe vrai de la piece de canon, dont la bouche regarde la crapaudine, doit se trouver, ensorte que le prolongement de cet axe, qui doit être parallele aux languettes des coulisses dormantes, passe par cette crapaudine.

Toutes ces choses ainsi disposées, & la machine bien affermie, tant par des contrevents que par des traverses qui unissent les montans à la charpente du comble de l'attelier, on présente le foret à la bouche du canon, s'il a été fondu plein, pour le forer, ou s'il a été fondu avec un noyau, pour faire sortir les matieres qui le composent. Le foret a (fig. 3.) est fait en langue de carpe, c'est - à - dire à deux biseaux; il est terminé par une boîte d, dans laquelle entre la partie quarrée b de la tige du foret, qui est une forte barre de ser, ronde dans la partie qui doit entrer dans le canon, & terminée en pivot par sa partie inférieu<cb-> re, laquelle porte sur la crapaudine R dont on a parlé.

A trois ou quatre piés au - dessus de la crapaudine est fixée sur la tige du foret, qui est quarré en cet endroit, une forte boîte de bois ou de fer S, au - travers de laquelle passent les leviers ST que des hommes ou des chevaux font tourner. Au moyen de ce mouvement & de la pression de la piece de canon sur la pointe du foret, on vient à - bout de la percer aussi avant que l'on souhaite. Les parties que le foret détache, & qu'on appelle alésures, sont reçûes dans une auge V posée sur la boîte des leviers, ou suspendue à la partie inférieure des coulisses dormantes.

Lorsque la piece est forée assez avant, ce que l'on connoît lorsque la bouche du canon est arrivée à une marque faite sur la tige du foret, à une distance convenable de sa pointe, on l'éleve au moyen du rouage expliqué ci - devant, jusqu'à ce que le foret soit sorti de la piece. On démonte ensuite le foret de dessus sa tige, & on y substitue un alésoir ou équarrissoir à quatre couteaux. L'alésoir représenté, figure 3. est une boîte de cuivre D de forme cylindrique, au milieu de laquelle est un trou quarré, capable de recevoir la partie quarrée & un peu pyramidale B de la tige sur laquelle précédemment le foret étoit monté. Cette boîte a quatre rainures en queue d'aronde, paralleles à son axe, & dans lesquelles on fait entrer quatre couteaux d'acier trempé. Ces couteaux sont des barres d'acier C en queue d'aronde, pour remplir les rainures de la boîte. Ils entrent en coin par la partie supérieure, pour qu'ils ne puissent sortir de cette boîte, quoique la piece de canon les pousse en embas de toute sa pesanteur. Les couteaux doivent excéder de deux lignes, ou environ, la surface de la boîte, & un peu moins par le haut que par le bas, pour que l'alésoir entre facilement dans la piece de canon, dont on accroît l'ame avec cet outil, en faisant tourner la tige qui le porte comme on a fait pour forer la piece.

Après que cet alésoir a passé dans la piece, on en fait passer un autre de cinq couteaux, & on finit par un de six, où les surfaces tranchantes des couteaux sont paralleles à l'axe de la boîte, & seulement un peu arrondies par le haut pour en faciliter l'entrée. Cet alésoir efface toutes les inégalités que les autres peuvent avoir laissées, & donne à l'ame du canon la forme parfaitement cylindrique & polie qu'elle doit avoir.

Le canon ainsi alésé, est renvoyé à l'attelier des Cizeleurs où on l'acheve & repare. On y perce aussi la lumiere; & il en sort pour être monté sur son affut. Il est alors en état de servir, après néanmoins qu'il a été éprouvé. Voyez Canon.

On a pris le parti de fondre les canons solides, & de les forer & aléser à l'aide de cette machine, parce qu'on est sûr par ce moyen de n'avoir ni soufflures, ni chambres; inconvéniens auxquels on est plus exposé en les fondant creux par le moyen d'un noyau. Le premier alésoir a été construit à Strasbourg. On en fit long - tems un secret, & on ne le montroit point. Il y en a maintenant un à l'arsenal de Paris que tout le monde peut voir. Un seul alésoir suffit pour trois fourneaux; cette machine agissant avec assez de promptitude, elle peut forer autant de canons qu'on en peut fondre en une année dans un attelier.

Alésoir (Page 1:255)

Alésoir, outil d'Horlogerie, espece de broche d'acier trempé. Pour qu'un alésoir soit bien fait, il faut qu'il soit bien rond & bien poli, & un peu en pointe. Il sert à rendre les trous durs, polis & bien ronds. Ces sortes d'outils sont enmanchés comme une lime dans un petit manche de bois, garni d'une virole de cuivre. Leur usage est de polir intérieurement & d'accroître un peu les trous ronds dans les<pb->

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