ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"236"> peut déduire d'aucune des propriétés dont nous venons de parler. C'est pour cela que M. Boyle a composé un Traité exprès, intitulé Conjectures sur quelques propriétés de l'air encore inconnues. Les phénomenes de la flamme & du feu dans le vuide portent à croire, selon cet auteur, qu'il y a dans l'air une substance vitale & singuliere, que nous ne connoissons pas, en conséquence de laquelle ce fluide est si nécessaire à la nutrition de la flamme. Mais quelle que soit cette substance, il paroît en examinant l'air qui en est dépouillé, & dans lequel conséquemment la flamme ne peut plus subsister, qu'elle y est en bien petite quantité en comparaison du volume d'air qui en est imprégné, puisqu'on ne trouve aucune altération sensible dans les propriétés de cet air. Voyez Flamme.

D'autres exemples qui servent à entretenir ces conjectures, font les sels qui paroissent & qui s'accroissent dans certains corps, qui n'en produiroient point du tout ou en produiroient beaucoup moins s'ils n'étoient pas exposés à l'air. M. Boyle parle de quelques marcassites tirées de dessous terre, qui etant gardées dans un endroit sec, se couvroient assez vîte d'une efflorescence vitriolique, & s'égrugeoient en peu de tems en une poudre qui contenoit une quantité considérable de couperose, quoique vraissemblablement elles fussent restées en terre plusieurs siécles sans se dissoudre. Ainsi la terre ou la mine d'alun & de quantité d'autres minéraux, dépouillée de ses sels, de ses métaux & autres substances, les recouvre avec le tems. On observe la même chose du fraisi dans les forges, Voyez Mine, Fer, &c.

M. Boyle ajoûte, que sur des enduits de chaux de vieilles murailles, il s'amasse avec le tems une efflorescence copieuse d'un qualité nitreuse dont on tire du salpetre. Le colcothar de vitriol n'est point naturellement corrosis, & n'a de lui - même aucun sel: mais si on le laisse quelque tems exposé à l'air, il donne du sel, & beaucoup. Voyez Colcothar.

Autre preuve qui constate ces propriétés cachées de l'air; c'est que ce fluide, introduit dans les médicamens antimoniaux, les rend émétiques, propres à causer des foiblesses de coeur & des brûlemens d'entrailles; & qu'il gâte & pourrit en peu de tems des arbres déracinés qui s'étoient conservés sains & entiers pendant plusieurs siecles qu'ils étoient restés sur pié. Voyez Antimoine.

Enfin les soies dans la Jamaïque se gâtent bien - tôt, si on les laisse exposées à l'air, quoiqu'elles ne perdent pas toûjours leur couleur; au lieu que quand on ne les y expose pas, elles conservent leur force & leur teinture. Le taffetas jaune porté au Bresil y devient en peu de jours gris - de - fer, si on le laisse exposé à l'air; au lieu que dans les boutiques il conserve sa couleur. A quelques lieues au - delà du Paraguai, les hommes blancs deviennent tannés: mais dès qu'ils quittent cette contrée, ils redeviennent blancs. Ces exemples, outre une infinité d'autres que nous ne rapportons point ici, suffisent pour nous convaincre que nonobstant toutes les découvertes qu'on a faites jusqu'ici sur l'air, il reste encore un vaste champ pour en faire de nouvelles.

Par les observations qu'on a faites sur ce qui arrive, lorsqu'après avoir été saigne dans des rhûmatismes on vient à prendre du froid, il est avéré que l'air peut s'insinuer dans le corps avec toutes ses qualités, & vicier toute la masse du sang & des autres humeurs. Voyez Sang.

Par les paralysies, les vertiges & autres affections nerveuses que causent les mines, les lieux humides & autres, il est évident que l'air chargé des qualités qu'il a dans ces lieux, peut relâcher & obstruer tout le système nerveux. Voyez Humidité, &c. Et les coliques, les fluxions, les toux & les consomp<cb-> tions que produit un air humide, aqueux & nitreux, font bien voir qu'un tel air ecapable de gâter & de dépraver les parties nobles, &c. Voyez l'article Atmosphere.

M. Desaguliers a imaginé une machine pour changer l'air de la chambre d'une personne malade, en en chassant l'air impur, & y en introduisant du frais par le moyen d'une roue qu'il appelle roue centrifuge, sans qu'il soit besoin d'ouvrir ni porte, ni fenêtre; expédient qui seroit d'une grande utilité dans les mines, dans les hôpitaux & autres lieux semblables, où l'air ne circule pas. On a déja pratiqué quelque chose de semblable à Londres, pour évacuer de ces lieux l'air échauffé par les lumieres & par l'haleine & la sueur d'un grand nombre de personnes, ce qui est très - incommode, surtout dans les grandes chaleurs. Voyez Transact. Philos. n°. 437. p. 41.

M. Hales a imaginé depuis peu une machine très propre à renouveller l'air. Il appelle cette machine le ventilateur. Il en a donné la description dans un ouvrage qui a été traduit en François par M. de Mours, Docteur en Medecine, & imprimé à Paris il y a peu d'années. Voyez Ventilateur.

Air (Page 1:236)

Air inné, est une substance aërienne extrèmement subtile, que les Anatomistes supposent être enfermée dans le labyrinthe de l'oreille interne, & qui sert selon eux à transmettre les sons au sensorium commune. Voyez Labyrinthe, Son, Ouie

Mais par les questions agitées dans ces derniers tems au sujet de l'existence de cet air inné, il commence à être fort vraissemblable quecet air n'existe pas réellement.

Machine à pomper l'air. Voyez Machine pneumatique. (O)

Air (Page 1:236)

Air, (Théol.) L'air est souvent désigné dans l'Ecriture sous le nom de ciel; les oiseaux du ciel pour les oiseaux de l'air. Dieu fit pleuvoir du ciel sur Sodome le soufre & le feu; c'est - à - dire, il fit pleuvoir de l'air; que le feu descende du ciel, c'est - à - dire de l'air. Moyse menace les Israélites des effets de la colere de Dieu, de les faire périr par un air corrompu: percutiat te Dominus aere corrupto; ou peut - être par un vent brûlant qui cause des maladies mortelles, ou par une sécheresse qui fait périr les moissons. Battre l'air, parler en l'air, sont des manieres de parlesitées même en notre langue, pour dire parler sans jugement, sans intelligence, se fatiguer en vain. Les puissances de l'air, (Ephes. xj. 2.) sont les démons qui exercent principalement leur puissance dans l'air, en y excitant des tempêtes, des vents & des orages. Genes. xix. 24. IV. Reg. j. 10. Deut. xxij. 22. I. Cor. ix. 24. xiv. 9. Dict. de la Bibl. du P. Calmet, tom. I. A. pag. 89. (G)

Air (Page 1:236)

* Air. Les Grecs adoroient l'air, tantôt sous le nom de Jupiter, tantôt sous celui de Junon. Jupiter régnoit dans la partie supérieure de l'atmosphere, Junon dans sa partie inférieure. L'Air est aussi quelquefois une divinité qui avoit la lune pour femme & la rosée pour fille. Il y avoit des divinations par le moyen de l'air; elles consistoient ou à observer le vol & le cri des oiseaux, ou à tirer des conjectures des météores & des cometes, ou à lire les évenemens dans les nuées ou dans la direction du tonnerre. Ménelas dans Iphigénie atteste l'air témoin des paroles d'Agamemnon: mais Aristophane traite d'impiété ce serment d'Euripide. Plus on considere la religion des Payens, plus o la trouve favorable à la Poësie; tout est animé, tout respire, tout est en image; on ne peut faire un pas sans rencontrer des choses divines & des dieux, & une foule de cérémonies agréables à peindre: mais peu conformes à la raison.

Air, Manieres (Page 1:236)

* Air, Manieres, considérés grammaticalement. L'air semble être né avec nous; il frappe à la premiere vûe. Les manieres sont d'éducation. On plaît par l'air; on se distingue par les manieres. L'air pré<pb-> [p. 237] vient; les manieres engagent. Tel vous déplaît & vous éloigne par son air, qui vous retien & vous charme ensuite par ses manieres. On se de un air; on affecte des manieres. On compose son air; on étudie ses manieres. Voyez les Synonymes François. On ne peut être un fat sans savoir se donner un air & affecter des manieres; pas même peut - être un bon Comédien. Si l'on ne sait composer son air & étudier ses manieres, on est un mauvais courtisan; & l'on doit s'éloigner de tous les états où l'on est obligé de paroître différent de ce qu'on est.

Air (Page 1:237)

Air se dit en Peinture de l'impression que fait un tableau, à la vûe duquel on semble réellement respirer l'air qui regne dans la nature suivant les différentes heures du jour: frais, si c'est un soleil levant qu'il représente; chaud, si c'est un couchant. On dit encore qu'il y a de l'air dans un tableau, pour exprimer que la couleur du fond & des objets y est diminuée selon les divers degrés de leur éloignement: cette diminution s'appelle la perspective aërienne. On dit aussi air de tête: tel fait de beaux airs de tête. On dit encore attraper, saisir l'air d'un visage, c'est - à - dire le faire parfaitement ressembler. En ce cas l'air sembleroit moins dépendre de la configuration des parties, que de ce qu'on pourroit appeller le geste du visage. (R)

Air (Page 1:237)

Air en Musique, est proprement le chant qu'on adapte aux paroles d'une chanson ou d'une petite piece de Poësie propre à être chantée; & par extension on appelle air la chanson même. Dans les Opéra on donne le nom d'airs à tous les morceaux de musique mesurés, pour les distinguer du récitatif qui ne l'est pas; & généralement on appelle air tout morceau de musique, soit vocale, soit instrumentale, qui a son commencement & sa fin. Si le sujet est divise entre deux parties, l'air s'appelle duo, si entre trois, trio, &c.

Saumaise croit que ce mot vient du Latin oera; & M. Burette est de son opinion, quoique Menage combatte ce sentiment dans son étymologie de la langue Françoise.

Les Romains avoient leurs signes pour le rythme, ainsi que les Grecs avoient les leurs; & es signes, tirés aussi de leurs caracteres numériques, se nommoient non - seulement numerus, mais encore oera, c'est - à - dire nombre, ou la marque du nombre; numeri nota, dit Nonius Marcellus. C'est en ce sens qu'il se trouve employé dans ce vers de Lucile:

Hoec est ratio? perversa oera? summa subducta improbè? Et Sextus Rusus s'en est servi de même. Or quoique ce mot oera ne se prît originairement parmi les Musiciens que pour le nombre ou la mesure du chant, dans la suite on en fit le même usage qu'on avoit fait du mot numerus; & l'on se servoit d'oera pour désigner le chant même: d'où est venu le mot François air, & l'Italien aria pris dans le même sens.

Les Grecs avoient plusieurs sortes d'airs qu'ils appelloient nomes, qui avoient chacun leur caractere, & dont plusieurs étoient propres à quelques instrumens particuliers, à peu près comme ce que nous appellons aujourd'hui pieces ou sonates.

La musique moderne a diverses especes d'airs qui conviennent chacune à quelque espece de danse dont ils portent le nom. Voyez Menuet, Gavotte, Musette, Passepié, Chanson , &c. (S)

Air (Page 1:237)

Air, (Jardinage.) On dit d'un arbre qu'il est planté en plein vent ou en plein air, ce qui est synonyme. Voyez Air. (K)

Air (Page 1:237)

Air, en Fauconnerie; on dit l'oiseau prend l'air, c'est - à - dire, qu'il s'éleve beaucoup.

Air (Page 1:237)

* Air ou Ayr, (Géog.) ville d'Ecosse à l'embou<cb-> chure de la riviere de son nom. Long. 14. 40. lat. 56. 22.

AIRAIN ou CUIVRE JAUNE (Page 1:237)

AIRAIN ou CUIVRE JAUNE, s. m. (Chim.) c'est un métal factice composé de cuivre fondu avec la pierre de calamine qui lui communique la dureté & la couleur jaune. Voyez Métal, Cuivre.

On dit que les Allemands ont possédé long - tems le fecret de faire ce métal. Voici présentement comment on le prépare. On mêle avec du charbon de terre de la pierre calamine calcinée & réduite en poudre: on incorpore ces deux substances en une seule masse par le moyen de l'eau; ensuite quand cela est ainsi préparé, on met environ sept livres de calamine dans un vase à fondre qui doit contenir environ quatre pintes, & on y joint à peu près cinq livres de cuivre: on met le vase dans une fournaise à vent de huit piés de profondeur, & on l'y laisse environ onze heures, au bout duquel tems l'airain est formé. Quand il est fondu, on le jette en masses ou en bandes. Quarante - cinq livres de calamine crue, trente livres étant brûlée ou calcinée, & soixante livres de cuivre, font avec la calamine cent livres d'airain. Du tems d'Erker, fameux Métallurgiste, soixante & quatre livres de cuivre ne donnoient par le moyen de la calamine, que quatre - vingts - dix livres d'airain.

Airain qui autrefois ne signifioit que le cuivre, & dont on se sert présentement plus particulierement pour signifier le cuivre jaune, se dit encore du métal dont on fait des cloches, & qu'on nomme aussi bronze. Ce métal se fait le plus communément avec dix parties de cuivre rouge & une partie d'étain; on y ajoûte aussi un peu de zinc.

L'airain de Corinthe a eu beaucoup de réputation parmi les Anciens. Le consul Mummius ayant saccagé & brûlé Corinthe 146 ans avant J. C. on dit que ce précieux métal fut formé de la prodigieuse quantité d'or, d'argent & de cuivre dont cette ville étoit remplie, & qui se fondirent ensemble dans cet incendie. Les statues, les vases, &c. qui étoient faits de ce métal, étoient d'un prix inestimable. Ceux qui entrent dans un plus grand détail, le distinguent en trois sortes: l'or étoit le métal dominant de la premiere espece; l'argent de la seconde; & dans la troisieme, l'or, l'argent & le cuivre, étoient en égale quantité.

Il y a pourtant une difficulté au sujet du cuivre de Corinthe; c'est que quelques Auteurs disent que ce métal étoit fort recherché avant le sac de Corinthe par les Romains, ce qui prouveroit que le cuivre de Corinthe n'étoit point le produit des métaux fondus confusément dans l'incendie de cette ville, & que les Corinthiens avoient possédé particulierement l'art de composer un métal où le cuivre dominoit, & qu'on nommoit pour cela cuivre de Corinthe. V. Cuivre.

L'airain ou cuivre jaune est moins sujet à verdir que le cuivre rouge: il est aussi plus dur, c'est de tous les métaux le plus dur: c'est ce qui a fait qu'on s'en est servi pour exprimer la dureté; on dit un siecle d'airain, un front d'airain, &c. Les limes qui ne peuvent plus servir à l'airain sont encore bonnes pour limer le fer; ce qui prouve que le fer est moins dur que l'airain. (M)

AIRE (Page 1:237)

AIRE, area, s. f. Une aire est proprement une surface plane sur laquelle on marche. Voyez Plan.

Le mot Latin area, d'où vient aire, signifie proprement le lieu où l'on bat le blé; il est dérivé de arere, être sec.

Aire (Page 1:237)

Aire, en Géometrie, est la surface d'une figure rectiligne, curviligne ou mixtiligne, c'est - à - dire l'espace que cette figure renferme. Voyez Surface, Figure, &c.

Si une aire, par exemple un champ, a la figure d'un quarré dont le côté soit de 40 piés, cette aire

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