ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"739"> on tâche de l'empêcher de le prolonger, & de lui disputer le plus long tems qu'on le peut les places d'armes. Les fougasses y doivent être employées avec succès, & répétées un grand nombre de fois, si le terrein le permet. Lorsque l'assiégeant a une fois bien établi son logement, & qu'il le soûtient avec attention, il ne lui faut plus que du tems pour l'étendre & se rendre entierement maître du chemin couvert. Les chicannes des assiégés ne peuvent qu'en retarder la prise, sans pouvoir l'empêcher absolument.

Ces sortes d'attaques de vive force sont extrèmement meurtrieres, & leur succès n'est pas toûjours certain. Les alliés, qui en 1708 attaquerent le chemin couvert de Lille de cette maniere, y eurent plus de 2000 hommes de tués & 2667 blessés; & ils ne pûrent se loger que sur deux angles saillans, qui ne se trouverent pas défendus d'un si grand nombre de troupes que les autres. En 1713 M. le maréchal de Villars fit attaquer de même le chemin couvert de Fribourg; il vint à bout de s'y établir par la grande valeur des troupes qu'il y employa: mais cette action coûta 1500 hommes tués ou blessés. Le seul régiment d'Alsace y perdit ses quatre capitaines de grenadiers, & il eut 643 hommes tant tués que blessés. La méthode de se rendre maître du chemin couvert par la sape, est infiniment moins meurtriere & plus sûre; & suivant M. le maréchal de Vauban, elle ne peut guere retarder la prise du chemin couvert que de quatre ou cinq jours.

Supposons présentement que l'ennemi prenne le parti de s'emparer du chemin couvert par la sape, & qu'il éleve des cavaliers de tranchée pour plonger dans le chemin couvert: il faut en retarder l'exécution par toutes les chicannes que l'on pourra imaginer; car lorsque ces cavaliers sont bien établis, le séjour du chemin couvert devient trop dangereux. Il faut par des fourneaux arrêter l'ennemi à chaque pas, le fatiguer par un grand feu, & ne lui abandonner le terrein que pié, à pié, en se défendant derriere chaque traverse, & dans les places d'armes autant qu'on peut le faire sans trop s'exposer, & que la retraite n'est point coupée.

Défense des breches, (Page 4:739)

Défense des breches, c'est la résistance qu'on fait à l'ennemi, pour l'empêcher d'y monter & de se rendre maître de l'ouvrage dont il s'est ouvert l'entrée par les mines ou par le cancn; ou bien c'est la maniere de résister à l'assaut de l'ennemi. Voyez Assaut.

On peut empêcher l'ennemi de monter à l'assaut, s'il est en état de le faire avant qu'on soit préparé à le recevoir, en entretenant un grand feu au pié des breches, avec des artifices & toutes sortes de matieres combustibles.

A Turin, les ennemis firent par ce moyen différer l'assaut pendant plusieurs jours, aux pieces du front de l'attaque. On doit, lorsque l'ennemi se présente au pié de la breche, lui jetter une grande quantité de grenades, de sacs à poudre, pour mettre du desordre parmi ses troupes: des bouteilles de terre ou de verre remplies de poudre, entortillées de quatre ou cinq bouts de mêche allumée, peuvent aussi faire beaucoup de mal à l'assiégeant. On peut encore semer ou répandre une grande quantité de poudre sur la breche, lorsque l'ennemi est prêt de monter à l'assaut, & y jetter, lorsqu'il y monte, des mêches allumées ou des charbons ardens pour mettre le feu à cette poudre; la flamme s'élevera d'abord & pourra brûler & mettre hors de combat un grand nombre de ceux qui se trouveront sur la breche. Il est bon de jetter aussi dans la breche quantité de herses à longues pointes, c'est - à - dire piquées par des clous dont les pointes s'élevent beaucoup de la herse: pour que l'ennemi ne puisse pas les ôter, il faut les atta<cb-> cher avec des chaînes, ou au moins avec de grosses cordes. Il faut aussi être munis de chausse - trapes, en semer la breche, & avoir quantité de chevaux - defrise & des hérissons de la longueur des breches; ce sont des grosses poutres ou des arbres armés de pointes fort longues, attachés avec des chaînes ou des cordes, ensorte que si le canon en rompt une, ils soient retenus par les autres. On les fait rouler sur les breches avec des rouleaux; ils dérangent beaucoup l'ennemi en tombant sur lui lorsqu'il monte à l'assaut. Des bombes attachées aussi avec des bouts de chaînes, pour ne les laisser aller que jusqu'aux endroits où l'on peut le plus endommager l'ennemi, sont aussi excellentes. On leur met des fusées beaucoup plus courtes qu'à l'ordinaire, afin que leur effet se fasse plus promptement. Les fascines goudronnées, les barils foudroyans, tout doit être employé pour empêcher l'ennemi de s'établir sur la breche.

Lorsque l'ennemi, franchissant tous ces obstacles, se présente enfin au haut de la breche, on met le feu aux fourneaux pratiqués sous la breche pour la faire sauter, & l'on place des chevaux - de - frise sur toute la largeur de la breche. Les troupes se mettent derriere, où elles continuent de faire un grand feu sur l'ennemi, pendant qu'il fait ses efforts pour pénétrer dans l'ouvrage; & lorsqu'il commence à y pénétrer, le premier rang des troupes qui le défendent, & que l'on doit avoir armé de faux emmanchées de revers, de pertuisannes ou hallebardes, doit tomber sur l'ennemi, & en faire un grand carnage, étant soûtenues des autres troupes: mais enfin si l'ennemi à force de monde trouve le moyen de faire abandonner la breche, on se retire dans le retranchement, d'où l'on fait encore sur lui un feu très - violent: & lorsqu'on le voit en état de forcer ce retranchement, on fait retirer dans la place les canons & autres munitions qu'on peut encore y avoir; & cnfin si l'on a des fourneaux, on les fait sauter en se retirant, pour causer toute la perte & tout le dérangement qu'on peut à l'ennemi.

Une chose qui mérite bien de l'attention, & qui peut beaucoup servir à faire trouver de la difficulté à l'ennemi pour monter à l'assaut ou s'établir sur la breche par le moyen de la sape, c'est d'avoir attention de déblayer les décombres de la breche. On le peut dans le fossé sec assez facilement: à l'égard du fossé plein d'eau, l'entreprise est plus difficile; mais aussi dans ce dernier cas, la breche est plus aisée à défendre que dans le premier, parce que l'ennemi qui ne peut arriver au pié que par le pont de fascines pratiqué dans le fossé, lequel pont n'a guere que dix ou douze piés de large, ne peut pas se présenter sur la breche avec un aussi grand front que dans le fossé sec, ce qui donne plus de facilité de le repousser aux troupes qui défendent l'ouvrage attaqué.

Défense (Page 4:739)

Défense des petites Villes & des Chateaux. On se trouve souvent dans la nécessité, à la guerre, de soûtenir de petits postes qui n'ont nulles fortifications, mais qui servent à garder des passages pour la sûreté des convois ou munitions de guerre & de bouche, qu'on fait venir pour l'armée, ou à empêcher l'ennemi d'approcher du lieu où l'armée est campée, ou enfin qui servent de retraite aux troupes pendant le quartier d'hyver, & qui sont à portée de pouvoir se rassembler promptement & aisément lorsqu'il en est besoin.

Lorsque l'on se trouve enfermé dans un tel lieu, où l'on peut être insulté d'un moment à l'autre, on doit d'abord s'assûrer des portes, & travailler pour en défendre l'approche à l'ennemi. Pour cet effet, il faut construire une petite demi - lune de terre vis - à - vis la porte d'entrée, & une autre devant celle de sortie; s'il y a d'autres portes, il faut les faire murer. Si le lieu n'a pas de fossé, ou qu'il en ait de fort [p. 740] mauvais, on peut les mettre en état, & même, lorsqu'il y a une assez grande quantité de monde dans le lieu, y ajoûter un bon chemin couvert.

Si le poste ne mérite pas qu'on fasse ce travail, ou que l'on n'ait pas assez de monde pour pouvoir le soûtenir, il ne faut au moins rien négliger pour n'être point surpris dans le poste. Il faut ensuite relever les murailles dans les endroits où elles sont démolies ou abattues, & veiller exactement à ce qu'il n'approche aucun parti ennemi pour reconnoître le lieu.

Il faut pendant le jour faire rouler des patrouilles dans les environs du poste; garder avec grande attention toutes ses avenues; faire la ronde toutes les nuits avec grande attention, & ne laisser, sous aucun prétexte, approcher personne des portes afin d'empêcher qu'on y attache le petard. S'il y a quelques petites tours auprès des portes, comme il est d'usage d'y en avoir, il faudra y percer des crénaux pour pouvoir tirer sur le petardier en cas de besoin, & faire feu sur ceux qui approcheront de la porte. Lorsqu'on a lieu de craindre d'être petardé, & qu'on n'a ni le loisir ni le monde nécessaire pour construire quelques petits dehors de terre vis - à - vis les portes, on doit mettre derriere la porte une grande quantité de terre & de fumier mêlé avec de la terre, ce qui diminue l'effet du pétard.

Il faut aussi dans ces sortes de cas avoir une grande provision de chevaux - de - frise, ou ce qui seroit la même chose, avoir de grands arbres dont les grosses branches soient coupées en pointes. On s'en servira en cas de besoin, pour se retrancher contre l'ennemi & pour l'empêcher de pénétrer dans le lieu.

La sentinelle qui est au - dessus de la porte doit, pendant la nuit, prêter l'oreille avec la plus grande attention pour écouter tout ce qui se passe dehors: & comme l'ennemi prend ordinairement des nuits fort obscures, où il fait beaucoup de vent, pour s'emparer par surprise des portes dont il s'agit; on pourroit pour plus grande sûreté mettre quelques tourtereaux ou autre composition d'artifice vis - à - vis les portes pour éclairer pendant la nuit. Par cette précaution il seroit fort difficile à l'ennemi de parvenir à faire attacher le petard aux portes. S'il y a des machicoulis au - dessus de la porte, comme il y en a èncore assez communément dans les anciens châteaux, la sentinelle doit avoir auprès d'elle de fort grosses pierres, qu'elle doit jetter sur le petardier pour tâcher de l'écraser. Lorsqu'on prend toutes ces précautions, il est bien difficile d'être forcé par une petite troupe dans les lieux dont il s'agit ici.

Si l'on craint que l'ennemi veuille tenter de se rendre maître du lieu par l'escalade, il faut, lorsque le lieu est entouré de simples murailles, disposer tout - autour de grosses poutres pour les faire tomber sur les échelles lorsque l'ennemi montera dessus, lesquelles le feront tomber dans le fossé. On doit aussi avoir des crocs ou des fourches, pour pousser les échelles en - bas, avec ceux qui sont dessus.

Des créneaux ou meurtrieres placées dans différens endroits du mur, ne peuvent que faire un très bon effet dans ces sortes d'occasions. Des artifices aussi préparés pour jetter dans le fossé sur ceux qui s'apprêtent à monter à l'escalade, sont d'un grand usage en pareil cas: lorsqu'on est bien préparé pour recevoir l'ennemi, il est bien difficile que son entreprise puisse lui réussir.

Dans toutes ces sortes de défenses on suppose qu'il ne s'agit point de résister à un corps d'armée considérable, mais à des détachemens particuliers, qui n'ont ni canon ni mortiers pour battre le lieu dont ils veulent s'emparer. En se défendant comme on vient de le dire, on oblige l'ennemi, ou d'abandonner le projet de prendre le poste, ou d'y revenir avec plus d'appareil, ce qui doit lui causer beaucoup de retardement, & le mettre souvent hors d'état d'exécuter son dessein. Elem. de la guerre des sieges, tome III. (Q)

Défense (Page 4:740)

Défense. On dit en terme de Blason, qu'un hérisson est en défense, pour dire qu'il est roulé & en peloton, comme il a coutume de se rouler pour empêcher qu'on le prenne. (V)

Défenses (Page 4:740)

Défenses ou Boute - hors. (Marine.) Ce sont des bouts de mâts, longs de quinze à vingt piés, que l'on attache en saillie à l'avent ou à l'arriere du vaisseau pendant le combat, pour repousser & éloigner un brûlot, ou empêcher qu'un autre vaisseau ne puisse vous aborder. On peut s'en servir dans un mouillage pour empêcher le choc d'un vaisseau qui dériveroit sur un autre.

On donne aussi ce nom à des bouts de mâts, de cables, ou de cordes qu'on laisse pendre le long des côtés du vaisseau, pour empêcher l'effet du choc contre un autre bâtiment; au lieu de bouts de cables, on se sert quelquefois de fagots qu'on laisse pendre le long du flanc.

Les petits bâtimens se servent ordinairement de bouts de cables pour défenses. Voyez Cordes de défenses.

Défenses pour chaloupes. Ce sont des pieces de bois endentées deux à deux ou trois à trois sur les préceintes du vaisseau, & qui servent à conserver les chaloupes contre les préceintes & les têtes des chevilles de fer quand on les embarque, ou quand il faut les mettre à l'eau. Voyez le Dict. de Trév. (Z)

Défense, (Page 4:740)

Défense, (Couvreurs.) est une corde à laquelle ces ouvriers s'attachent lorsqu'ils vont sur quelque toict où il y a du danger: il se dit aussi d'une corde au bout de laquelle ils suspendent une latte, & la laissent pendre de dessus les toicts pour avertir les passans dans la rue qu'ils travaillent sur la maison.

Défense; (Page 4:740)

Défense; on appelle en Manege défense d'un cheval, la maniere dont il résiste à ce qu'on demande de lui.

Défenses, (Page 4:740)

Défenses, (Venerie.) Ce sont les grandes dents d'en bas du sanglier.

DÉFENSEURS (Page 4:740)

DÉFENSEURS, s. m. plur. (Hist. eccles.) nom d'office & de dignité qui a été fort en usage autrefois dans l'Eglise & dans l'empire.

C'étoient des personnes chargées par état de veiller au bien public, de protéger les pauvres & les lheureux, & de défendre les intérêts & les causes des églises & des monasteres. Voyez Protecteur.

Le concile de Chalcédoine, can. 2. appelle le défenseur de l'Eglise E)XXLHSI/EXDIXOS2 ou simplement E)XDIXOS2 Codin de offic. auloe Constantinopol. parle des défenseurs du palais, ainsi que Bollandus, Act. des SS. Janv. tom. I. pag. 501. Il y avoit encore un défenseur du royaume, defensor regni, des defenseurs des villes, defensores civitatis, des défenseurs du peuple, defensores plebis, ceux qui connoissoient des causes civiles jusqu'à certaine somme, & même des criminelles dans les faits qui n'étoient pas importans. Les donations, les testamens, & autres actes de cette nature, se passoient par - devant eux, & ils avoient à cet effet leurs greffiers & leurs archives. On trouve aussi des défenseurs des pauvres, des orphelins, des veuves, &c. désignés nommément dans les anciens auteurs.

Quant à ceux des églises, on en rapporte l'origine à l'an 420 ou 23. Il en est fait mention dans le 42. canon du concile d'Afrique. Chaque église patriarchale commença à avoir son défenseur: celle de Rome avoit en particulier des défenseurs du patrimoine de S. Pierre, & le pape S. Grégoire y créa sept défenseurs régionnaires; un pour chaque quartier de Rome: usage qui passa depuis à toutes les autres églises, & s'est perpétué jusqu'aujourd'hui sous d'autres noms, tels que ceux d'avoüé, de vida<pb->

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