ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"577"> déboursés qui auroient été faits par le seigneur ou le vassal; celui qui a succombé ne doit point d'autres dépens que ces déboursés: mais s'ils plaidoient en un autre tribunal, celui qui succomberoit pourroit être condamné en tous les dépens. Basnage, sur le tit. de jurisdict. art. 35. (A)

CURIE (Page 4:577)

CURIE, s. f. (Hist. rom.) en latin curia; portion d'une tribu chez les anciens Romains.

Romulus divisa le peuple Romain en trois tribus, qui formerent trente curies, parce que chaque tribu fut composée de dix curies, c'est - à - dire de mille hommes. Les cérémonies des fêtes se faisoient dans un lieu sacré destiné à chaque curie, dont le prêtre ou le sacrificateur s'appella curion, à sacris curandis, parce qu'il avoit soin des sacrifices. Le peuple s'assembloit par curies dans la place de Rome appellée comitium, pour y gérer toutes les affaires de la république. Il ne se prenoit aucune résolution, soit pour la paix, soit pour la guerre, que dans ces assemblées. C'est là qu'on créoit les rois, qu'on élisoit les magistrats & les prêtres, qu'on établissoit des lois, & qu'on administroit la justice. Le roi de concert avec le sénat, convoquoit ces assemblées, & décidoit par un sénatus - consulte du jour qu'on devoit les tenir, & des matieres qu'on y devoit traiter. Il falloit un second sénatus - consulte pour confirmer ce qui y avoit été arrêté. Le prince ou premier magistrat présidoit à ces assemblées, qui étoient toûjours précédées par des auspices & par des sacrifices, dont les patriciens étoient les seuls ministres.

Les curies subsisterent dans toutes leurs prérogatives jusqu'à Servius Tullius, qui ayant trouvé par son dénombrement la république accrue d'un très grand nombre de citoyens capables de porter les armes, les partagea en six classes générales, & composa chaque classe d'un nombre plus ou moins grand de centuries. Il établit en même tems, & du consentement de la nation, qu'on recueilleroit à l'avenir les suffrages par centuries, au lieu qu'ils se comptoient auparavant par têtes. Depuis lors les assemblées par curies ne se firent guere que pour élire les flamines, c'est - à - dire les prètres de Jupiter, de Mars, de Romulus; comme aussi pour l'élection du grand curion & de quelques magistrats subalternes. De cette maniere les affaires importantes de la république ne se déciderent plus d'ordinaire que par centuries. Nous en exposerons la maniere dans le supplément de cet Ouvrage au mot Centurie, parce que cette connoissance est indispensable pour entendre l'histoire romaine, qui de toutes les histoires est la plus intéressante. Cependant le peuple chercha toûjours à faire par curies les assemblées qu'on avoit coûtume de faire par centuries, & à faire par tribus, qui leur donnoient encore plus d'avantage, les assemblées qui se faisoient par curies. Ainsi quand l'on établit en faveur du peuple les nouvelles magistratures de tribuns & d'édiles, le peuple obtint qu'il s'assembleroit par curie pour les nommer; & quand sa puissance fut affermie, il obtint qu'ils seroient nommés dans une assemblée par tribus. Voyez Tribu.

Varron dérive le mot curie du latin cura, soin, comme qui diroit une assemblée de gens chargés du soin des affaires publiques, ou qui se tient pour en prendre soin; & cette étymologie me paroît la plus vraissemblable de toutes.

Quand les curies, curioe, furent abolies, le nom curia passa au lieu où le sénat se tenoit; & c'est peut - être de - là qu'est venu le mot de cour, que nous employons pour signifier tout corps de juges & de magistrats. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

CURIEUX (Page 4:577)

CURIEUX, s. m. (Hist. anc.) curiosus; officier de l'empire romain sous les empereurs du moyen âge, commis pour empêcher les fraudes & les malversations, sur - tout en ce qui regardoit les postes & les voitures publiques, & pour donner avis à la cour de tout ce qui se passoit dans les provinces.

Cet emploi rendoit les curieux redoutables, & leur donnoit le moyen de faire beaucoup plus de mal qu'ils n'en empêchoient; ce qui fit qu'Honorius les cassa dans quelques parties de l'empire, l'an 415 de J. C.

Ce nom revient à - peu - près à ce que nous appellerions contróleurs. On les appelloit curieux du mot cura, soin, quod curis agendis & evectionibus cursus publici inspiciendis operam darent. Dictionn. de Trévoux & Chambers.

Académie des curieux de la Nature, voyez Académie. Voyez aussi Curiosité. (G)

Curieux (Page 4:577)

Curieux, adj. pris subst. Un curieux, en Peinture, est un homme qui amasse des desseins, des tableaux, des estampes, des marbres, des bronzes, des médailles, des vases, &c. ce goût s'appelle curiosité. Tous ceux qui s'en occupent ne sont pas connoisseurs; & c'est ce qui les rend souvent ridicules, comme le seront toûjours ceux qui parlent de ce qu'ils n'entendent pas. Cependant la curiosité, cette envie de posséder qui n'a presque jamais de bornes, dérange presque toûjours la fortune; & c'est en cela qu'elle est dangereuse. Voyez Amateur. (R)

CURIGA (Page 4:577)

CURIGA, (Géog. mod.) ville & royaume d'Asie dans la presqu'île de l'Inde, en - deçà du Gange, sur la côte de Malabar, tributaire du roi de Calicut.

CURION (Page 4:577)

CURION, s. m. (Hist. anc.) curio; chef & prêtre d'une curie. Voyez Curie.

Romulus ayant divisé le peuple romain en trois tribus & en trente curies, dont chacune étoit de cent hommes, donna à chaque curie un chef, qui étoit le prêtre de cette curie, & qu'on appella curio, & flamen curialis.

C'étoit lui qui faisoit les sacrifices de la curie, qui s'appelloient curionies, curionia: sa curie lui donnoit quelque somme d'argent pour cela. Cette pension ou ces appointemens s'appelloient curionium.

C'étoit chaque tribu qui choisissoit son curion. Mais tous ces curions avoient un supérieur & un chef, un curion général qui étoit à la tête du corps & qui gouvernoit les autres. On l'appelloit grand curion, curio maximus. Celui - ci étoit élu par toutes les curies assemblées dans les comices, qu'on nommoit curiata. Voyez Comices.

Toutes ces institutions furent faites par Romulus, & confirmées par Numa, au rapport de Denis d'Halicarnasse.

Quelques auteurs disent qu'il y avoit deux curions dans chaque curie. Dictionn. de Trév. & Chambers.

Jule Capitolin no mme aussi curions certains crieurs publics, qui dans les jeux & les spectacles lisoient les requêtes que les comédiens adressoient au prince ou au peuple. (G)

CURIOSITÉ (Page 4:577)

CURIOSITÉ, sub. f. (Mor. Arts & Scienc.) desir empressé d'apprendre, de s'instruire, de savoir des choses nouvelles. Ce desir peut être loüable ou blâmable, utile ou nuisible, sage ou fou, suivant les objets auxquels il se porte.

La curiosité de connoître l'avenir par le secours des sciences chimériques, que l'on imagine qui peuvent les dévoiler, est fille de l'ignorance & de la superstition. Voyez Astrologie & Divination.

La curiosité inquiete de savoir ce que les autres pensent de nous, est l'effet d'un amour - propre desordonné. L'empereur Adrien qui nourrissoit cherement cette passion dans son coeur, devoit être un malheureux mortel. Si nous avions un miroir magique, qui nous découvrît sans cesse les idées qu'ont sur notre compte tous ceux qui nous environnent, il vaudroit mieux le casser que d'en faire usage. Contentons-nous d'observer la droiture dans nos actions, sans chercher curieusement à pénétrer le jugement qu'en [p. 578] portent ceux qui nous observent, & nous remplirons notre tâche.

La curiosité de certaines gens, qui sous prétexte d'amitié & d'intérêt s'informent avidement de nos affaires, de nos projets, de nos sentimens, & qui suivant le poëte,

Scire volunt secreta domûs, atque inde timeri;

cette curiosité, dis - je, de saisir les secrets d'autrui par un principe si bas, est un vice honteux. Les Athéniens étoient bien éloignés de cette bassesse, quand ils renvoyerent à Philippe de Macédoine les lettres qu'il adressoit à Olympias, sans que les justes allarmes qu'ils avoient de sa grandeur, ni l'espérance de découvrir des choses qui les intéressassent, pût les persuader de lire ses dépêches. Marc Antonin brûla des papiers de gens qu'il suspectoit, pour n'avoir, disoit - il, aucun sujet fondé de ressentiment contre personne.

La curiosité pour toutes sortes de nouvelles, est l'apanage de l'oisiveté; la curiosité qui provient de la jalousie des gens mariés est imprudente ou inutile; la curiosité . . . . . Mais c'est assez parler d'especes de curiosités déraisonnables; mon dessein n'est pas de parcourir toutes celles de ce genre: j'aime bien mieux me fixer à la curiosité digne de l'homme, & la plus digne de toutes, je veux dire le desir qui l'anime à étendre ses connoissances, soit pour élever son esprit aux grandes vérités, soit pour se rendre utile à ses concitoyens. Tâchons de développer en peu de mots l'origine & les bornes de cette noble curiosité.

L'envie de s'instruire, de s'éclairer, est si naturelle, qu'on ne sauroit trop s'y livrer, puisqu'elle sert de fondement aux vérités intellectuelles, à la science & la sagesse.

Mais cette envie de s'éclairer, d'étendre ses lumieres, n'est pas cependant une idée propre à l'ame, qui lui appartienne dès son origine, qui soit indépendante des sens, comme quelques personnes l'ont imaginé. De judicieux philosophes, entre autres M. Quesnay, ont démontré (Voyez son ouvrage de l'econ. anim.) que l'envie d'étendre ses connoissances est une affection de l'ame qui est excitée par les sensations ou les perceptions des objets que nous ne connoissons que très - imparfaitement. Cette idée nous fait non - seulement appercevoir notre ignorance, mais elle nous excite encore à acquérir, autant qu'il est possible, une connoissance plus exacte & plus complete de l'objet qu'elle représente. Lorsque nous voyons, par exemple, l'extérieur d'une montre, nous concevons qu'il y a dans l'intérieur de cette montre diverses parties, une organisation méchanique, & un mouvement qui fait cheminer l'aiguille qui marque les heures: de - là naît un desir qui porte à ouvrir la montre pour en examiner la construction intérieure. La curiosité ne peut donc être attribuée qu'aux sensations & aux perceptions qui nous affectent, & qui nous sont venues par la voie des sens.

Mais ces sensations, ces perceptions, pour être un peu fructueuses, demandent un travail, une application continuée; autrement nous ne retirerons aucun avantage de notre curiosité passagere; nous ne découvrirons jamais la structure de cette montre, si nous ne nous arrêtons avec attention aux parties qui la composent, & dont son organisation, son mouvement, dépendent. Il en est de même des sciences; ceux qui ne font que les parcourir légerement, n'apprennent rien de solide: leur empressement à s'instruire par nécessité momentanée, par vanité, ou par légereté, ne produit que des idées vagues dans leur esprit; & bientôt même des traces si légeres seront effacées.

Les connoissances intellectuelles sont donc à plus forte raison insensibles à ceux qui font peu d'usage de l'attention: car ces connoissances ne peuvent s'acquérir que par une application suivie, à laquelle la plûpart des hommes ne s'assujettissent guere. Il n'y a que les mortels formés par une heureuse éducation qui conduit à ces connoissances intellectuelles, ou ceux que la vive curiosité excite puissamment à les découvrir par une profonde méditation, qui puissent les saisir distinctement. Mais quand ils sont parvenus à ce point, ils n'ont encore que trop de sujet de se plaindre de ce que la nature a donné tant d'étendue à notre curiosité, & des bornes si étroites à notre intelligence. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

CURLANDE ou COURLANDE (Page 4:578)

CURLANDE ou COURLANDE, (Géog. mod.) province avec titre de duché, dans la Livonie, sous la protection de la Pologne. Il est borné par la Livonie, la Lithuanie, la Samogitie, & la mer Baltique. Ce pays se divise en deux parties, la Courlande & le Semigalle. Ce pays est fertile. Mittau en est la capitale.

CURLES (Page 4:578)

CURLES, terme de Cordier. Voyez Molettes.

CURMI (Page 4:578)

CURMI, s. m. (OEcon. rustiq.) boisson ancienne qui se fait avec l'orge, & qui a beaucoup de rapport avec la bierre. Elle est encore d'usage dans les contrées du Nord. Les anciens en bûvoient au lieu de vin: mais leurs medecins la regardoient comme mal saine.

CUROIR (Page 4:578)

CUROIR, s. m. (Agriculture.) c'est dans quelques endroits une serpe, dans d'autres un bâton dont le laboureur se sert pour dégager l'oreille de la charrue, de la terre qui s'y attache lorsqu'elle est grasse & humide.

CUROVIA (Page 4:578)

CUROVIA, (Géog. mod.) ville de la petite Pologne, dans le palatinat de Sendomir.

CURSEUR (Page 4:578)

CURSEUR, s. m. (Geom.) se dit d'une petite regle ou lame, ou pointe de cuivre ou d'autre matiere, qui glisse dans une fente ou coulisse pratiquée au milieu d'une autre lame ou regle, sur laquelle le curseur est toûjours à angles droits. Ainsi on appelle curseur une pointe à vis, qui s'enchâsse dans le compas à coulisse, & qu'on peut faire glisser à volonté le long du compas pour tracer de grands ou de petits cercles suivant le besoin. Voyez Compas à coulisse. (E)

Curseurs apostoliques (Page 4:578)

Curseurs apostoliques, (Hist. ecclés.) officiers de la cour de Rome, qui représentent les anciens curseurs dont l'histoire ecclésiastique fait mention, & qui du tems des persécutions portoient les lettres des évêques pour avertir les fideles de se trouver aux assemblées. Les curseurs apostoliques ont la fonction d'avertir les cardinaux, les ambassadeurs, & les princes du throne de se trouver aux consistoires, aux cavalcades, aux chapelles papales, selon la volonté du pape dont ils prennent les ordres qu'ils vont ensuite annoncer à qui il appartient, portant une robe violette & à la main un bâton d'épine. Chaque cardinal est obligé de leur donner audience sur le champ, debout & découvert; & les curseurs mettant un genou en terre, s'acquittent de leur message avec les formules accoûtumées; mais ils ne s'agenouillent pas devant les ambassadeurs ni devant les princes du throne. Ils intiment aussi les obseques d'un cardinal à tout le sacré collége & aux quatre ordres mendians. Les héritiers du cardinal leur donnent dix ducats, di camera, vingt - quatre livres de cire, & huit ducats di moneta. Chaque nouveau cardinal leur doit dix ducats di camera. Dans les cavalcades du pape ils accompagnent sa litiere, montés sur des mules, revêtus de leur robe violette, & portant une masse d'argent. Ils sont au nombre de dix - neuf, dont l'un exerce pendant trois mois l'office de maítre des curseurs, & c'est à lui seul que sont adressées toutes les com<pb->

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