ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Danse de l'Hymen (Page 4:627)

Danse de l'Hymen. Une troupe legere de jeunes garçons & de jeunes filles couronnés de fleurs exécutoient cette danse dans les mariages, & ils exprimoient par leurs figures, leurs pas, & leurs gestes, la joie vive d'une noce. C'est une des danses qui étoient gravées, au rapport d'Homere, sur le bouclier d'Achille. Il ne faut pas la confondre avec les danses nuptiales dont on parlera plus bas; celle - ci n'avoit que des expressions douces & modestes. Voy. sur cette danse & son origine le I. tome du traité de la danse. (B)

Danse des Matassins (Page 4:627)

Danse des Matassins ou des Bouffons. Elle étoit une des plus anciennes danses des Grecs. Les danseurs étoient vêtus de corcelets; ils avoient la tête armée de morions dorés, des sonnettes aux jambes, & l'épée & le bouclier à la main: ils dansoient ainsi avec des contorsions guerrieres & comiques, sur des airs de ces deux genres. Cette sorte de danse a été fort en usage sur nos anciens théatres: on ne l'y connoît plus maintenant, & les délices des Grecs sont de nos jours relégués aux marionnettes. Thoinot Arbeau a décrit cette danse dans son Orchesographie. (B)

Danse memphitique (Page 4:627)

Danse memphitique. Elle fut, dit - on, inventée par Minerve, pour célébrer la victoire des dieux & la défaite des Titans. C'étoit une danse grave & guerriere, qu'on exécutoit au son de tous les instrumens militaires. Voyez Memphitique. (B)

Danses militaires (Page 4:627)

Danses militaires. On donnoit ce nom à toutes les danses anciennes qu'on exécutoit avec des armes, & dont les figures peignoient quelques évolutions militaires. Plusieurs auteurs en attribuent l'invention à Castor & Pollux; mais c'est une erreur qui est suffisamment prouvée par ce que nous avons déjà dit de la danse armée. Ces deux ieunes héros s'y exercerent sans doute avec un succès plus grand que les autres héros leurs contemporains; & c'est la cause de la méprise.

Ces danses furent fort en usage dans toute la Grece, mais à Lacédémone sur - tout; elles faisoient partie de l'éducation de la jeunesse. Les Spartiates alloient toûjours à l'ennemi en dansant. Quelle valeur ne devoit - on pas attendre de cette foule de jeunes guerriers, accoûtumés dès l'enfance à regarder comme un jeu les combats les plus terribles! (B)

Danse nuptiale (Page 4:627)

Danse nuptiale. Elle étoit en usage à Rome dans toutes les noces: c'étoit la peinture la plus dissolue de toutes les actions secretes du mariage. Les danses lascives des Grecs donnerent aux Romains l'idée de celle - ci, & ils surpasserent de beaucoup leurs modeles. La licence de cet exercice fut poussée si loin pendant le regne de Tibere, que le sénat fut forcé de chasser de Rome par un arrêt solennel tous les danseurs & tous les maîtres de danse.

Le mal étoit trop grand sans doute lorsqu'on y appliqua le remede extrème, il ne servit qu'à rendre cet exercice plus piquant: la jeunesse Romaine prit la place des danseurs à gages qu'on avoit chassés; le peuple imita la noblesse, & les sénateurs eux - mêmes n'eurent pas honte de se livrer à cet indigne exercice. Il n'y eut plus de distinction sur ce point entre les plus grands noms & la plus vile canaille de Rome. L'empereur Domitien enfin, qui n'étoit rien moins que délicat sur les moeurs, fut forcé d'exclure du sénat, des peres conscripts qui s'étoient avilis jusqu'au point d'exécuter en public ces sortes de danses. (B)

Danse pyrrhique (Page 4:627)

Danse pyrrhique; c'est la même que celle que l'on nommoit armée, que Pyrrhus renouvella, & dont quelques auteurs le prétendent l'inventeur. Voyez Danse armée. (B)

Danse du premier jour de Mai (Page 4:627)

Danse du premier jour de Mai. A Rome & dans toute l'Italie, plusieurs troupes de jeunes citoyens des deux sexes sortoient de la ville aupoint du jour; elles alloient en dansant au son des instrumens champêtres, cueillir dans la campagne des rameaux verds; elles les rapportoient de la même maniere dans la ville, & elles en ornoient les portes des maisons de leurs parens, de leurs amis; & dans les suites, de quelques personnes constituées en dignité. Ceux - ci les attendoient dans les rues, où on avoit eu le soin de tenir des tables servies de toutes sortes de mets. Pendant ce jour tous les travaux cessoient, on ne songeoit qu'au plaisir. Le peuple, les magistrats, la noblesse confondus & réunis par la joie générale, sembloient ne composer qu'une seule famille; ils étoient tous parés de rameaux naissans: être sans cette marque distinctive de la fête, auroit été une espece d'infamie. Il y avoit une sorte d'émulation à en avoir des premiers; & de - là cette maniere de parler proverbiale en usage encore de nos jours, on ne me prend point sans verd.

Cette fête commencée dès l'aurore & continuée pendant tout le jour, fut par la succession des tems poussée bien avant dans la nuit. Les danses, qui n'étoient d'abord qu'une expression naïve de la joie que causoit le retour du printems, dégénérerent dans les suites en des danses galantes, & de ce premier pas vers la corruption, elles se précipiterent avec rapidité dans une licence effrénée. Rome, toute l'Italie étoient plongées alors dans une débauche si honteuse, que Tibere lui - même en rougit, & cette fête fut solemnellement abolie. Mais elle avoit fait des impressions trop profondes: on eut beau la défendre, après les premiers momens de la promulgation de la loi, on la renouvella, & elle se répandit dans presque toute l'Europe. C'est là l'origine de ces grands arbres ornés de fleurs, qu'on plante dès l'aurore du premier jour de Mai dans tant de villes, au - devant des maisons de gens en place. Il y a plusieurs endroits ou c'est un droit de charge.

Plusieurs auteurs pensent que c'est de la danse du premier jour de Mai que dériverent ensuite toutes les danses baladoires frondées par les peres de l'Eglise, frappées d'anathème par les papes, abolies par les ordonnances de nos rois, & séverement condamnées par les arrêts des parlemens. Quoi qu'il en soit, il est certain que cette danse réunit à la fin tous les différens inconvéniens qui devoient réveiller l'attention des empereurs & des magistrats. (B)

Danse des Saliens (Page 4:627)

Danse des Saliens. Numa Pompilius l'institua en l'honneur du dieu Mars. Ce roi choisit parmi la plus illustre noblesse, douze prêtres qu'il nomma saliens, du sautillage & pétillement du sel qu'on jettoit dans le feu lorsqu'on brûloit les victimes. Ils exécutoient leur danse dans le temple pendant le sacrifice & dans les marches solennelles qu'ils faisoient dans les rues de Rome, en chantant des hymnes à la gloire de Mars. Leur habillement d'une riche broderie d'or, étoit couvert d'une espece de cuirasse d'airain: ils portoient le javelot d'une main & le bouclier de l'autre.

De cette danse deriverent toutes celles qui furent instituées dans les suites pour célebrer les fêtes des dieux. (B)

Danse théatrale (Page 4:627)

Danse théatrale. On croit devoir donner cette dénomination aux danses différentes que les anciens & les modernes ont portées sur leurs théatres. Les Grecs unirent la danse à la Tragédie & à la Comédie, mais sans lui donner une relation intime avec l'action principale; elle ne fut chez eux qu'un agrément presqu'étranger. Voy. Intermede.

Les Romams suivirent d'abord l'exemple des Grecs jusqu'au regne d'Auguste; il parut alors deux hommes extraordinaires qui créerent un nouveau genre, & qui le porterent au plus haut degré de perfection. Il ne fut plus question à Rome que des spectacles de Pilade & de Bayle. Le premier, qui [p. 628] étoit né en Cilicie, imagina de représenter par le seul secours de la danse, des actions fortes & pathétiques. Le second, né à Alexandrie, se chargea de la représentation des actions gaies, vives & badines. La nature avoit donné à ces deux hommes le génie & les qualités extérieures; l'application, l'étude, l'amour de la gloire, leur avoient développé toutes les ressources de l'art. Malgré ces avantages nous ignorerions peut - être qu'ils eussent existé, & leurs contemporains auroient été privés d'un genre qui fit leurs délices, sans la protection signalée qu'<-> Auguste accorda à leurs théatres & à leurs compositions.

Ces deux hommes rares ne furent point remplacés; leur art ne fut plus encouragé par le gouvernement, & il tomba dans une dégradation sensible depuis le regne d'Auguste jusqu'à celui de Trajan, où il se perdit tout - à - fait.

La danse ensevelie dans la barbarie avec les autres arts, reparut avec eux en Italie dans le quinzieme siecle; l'on vit renaître les ballets dans une fête magnifique qu'un gentilhomme de Lombardie nommé Bergonce de Botta, donna à Tortone pour le mariage de Galéas duc de Milan avec Isabelle d'Arragon. Tout ce que la poësie, la musique, la danse, les machines peuvent fournir de plus brillant, fut épuisé dans ce spectacle superbe; la description qui en parut étonna l'Europe, & piqua l'émulation de quelques hommes à talens, qui profiterent de ces nouvelles lumieres pour donner de nouveaux plaisirs à leur nation. C'est l'époque de la naissance des grands ballets, voyez Ballet, & de l'opera, voyez Opera. (B)

Danse d'Animaux (Page 4:628)

Danse d'Animaux. Voyez Ballet. (B)

Danse de Saint Weit (Page 4:628)

Danse de Saint Weit, selon les Allemans, ou de S. Guy, selon les François, chorea sancti Viti, (Medec.) est une espece de maladie convulsive qui a été connue premierement en Allemagne, où elle a reçû le nom sous lequel nous venons de la désigner; & ensuite en Angleterre, en France. Sennert en fait mention dans son troisieme tome, liv. VI. part. 2. c. jv. il la regarde comme une espece de tarantisme. C'est ce que font aussi Horstius, lib. II. de morb. cap. Bellini, de morb. cap. Messonier, traité des malad. extr. Nicolas Tulpius rapporte une observation de cette maladie dans son recueil, liv. I. Sydenham la décrit très - exactement (ce que ne font pas les autres auteurs cités) dans la partie de ses ouvrages intitulée Schedula monit. de novoe febris ingressu. Il en dit encore quelque chose pour la curation dans ses processus integri, &c. L'illustre professeur de Montpellier, M. de Sauvages, dit dans ses nouvelles classes de maladies, l'avoir observée dans une femme de cinquante ans.

Tous ceux qui parlent de cette maladie, conviennent qu'elle est très - rare; mais ils ne conviennent pas tous des mêmes accidens qui l'accompagnent. On suivra ici la description qu'en donne l'Hippocrate anglois, qui dit avoir vû au moins cinq personnes qui en étoient atteintes, & qui en ont été guéries par ses soins.

Cette maladie attaque les enfans des deux sexes depuis l'âge de dix ans jusqu'à l'âge de puberté: elle se fait connoître par les symptomes suivans. Le malade commence à boîter & à ressentir une foiblesse dans une des deux jambes, sur laquelle il a peine à se soûtenir; ce qui augmente au point qu'il la traîne après soi, comme font les innocens: il ne peut retenir quelques instans de suite dans la même situation, la main du même côté appliquée à sa poitrine, à ses flancs, ou à toute autre chose fixe; les contorsions convulsives de cette partie l'obligent à la changer sans cesse de place, quelqu'effort qu'il fasse pour la fixer. Lorsqu'il veut porter un verre à sa bouche, il fait mille gestes & mille contours, ne pouvant l'y porter en droite ligne, sa main étant écartée par la convulsion, jusqu'à ce que se trouvant à la portée de la bouche, il fixe le verre avec ses levres, & il avale tout d'un trait précipité la boisson qui y est contenue; ce qui fait un spectacle tristement risible, mais qui ne peut pourtant pas être appellé proprement une danse, même avec tous les symptomes réunis, tels qu'ils viennent d'être décrits.

Cette maladie a été vraissemblablement appellée danse de S. Weit, à cause d'une chapelle qui existoit, dit - on, proche d'Ulm en Allemagne, sous le nom de ce saint, que l'on alloit visiter avec grande dévotion, & dont on invoquoit l'intercession pour la guérison de ce mal, parce qu'on prétend qu'il en avoit été attaqué lui - même; & comme ce sont des jeunes gens qui y sont plus sujets que d'autres, il s'en rendoit un grand nombre à cette chapelle pendant le printems, qui mêloient le plaisir de la danse aux exercices de piété, dans une saison qui porte à la joie. Il s'en trouvoit parmi ceux - ci qui avoient la maladie convulsive; on les appelloit des danseurs, par dérision, à cause des secousses qu'ils éprouvoient dans les bras & dans les jambes, qui les faisoient gesticuler involontairement.

On doit conclure de l'exposition des accidens qui accompagnent cette maladie, qu'elle n'est pas une simple convulsion, mais qu'elle est compliquée avec une disposition à la paralysie; ce que l'on peut assûrer d'autant plus, que la danse de S. Weit a beaucoup de rapport avec le tremblement, & qu'il est connu des medecins qu'il y a deux especes de tremblemens, dont l'un est à demi - convulsif, & l'autre à demi - paralytique.

La maniere dont Cheyne traite cette maladie, semble confirmer ce sentiment. On doit d'autant plus déférer à celui de cet auteur, qu'il a eu plus d'occasions d'observer & de traiter cette affection singuliere, qui est plus commune parmi les Anglois que par - tout ailleurs.

On a attribué mal - à - propos la cause de cette maladie à un venin particulier, à une matiere contagieuse, virulente. On la trouve, cette cause, plus naturellement dans un vice de distribution du fluide nerveux, qui se fait inégalement, sans ordre & sans dépendance de la volonté, dans les muscles du bras, de la jambe, & de toutes les parties du côté affecté. Or cette distribution du fluide nerveux est tantôt plus considérable, mais inégalement faite, dans les muscles antagonistes; tantôt elle se fait, de même qu'auparavant, dans quelques - uns, pendant qu'elle diminue considérablement dans quelques autres; tantôt elle se fait moins dans tous les muscles de la partie, mais d'une maniere disproportionnée. De ces différentes combinaisons vicieuses il résulte une contraction déréglée & sans relâche des muscles du côté attaqué. Le vice topique des parties détermine l'affection plutôt d'un côté que d'un autre; savoir, la foiblesse des nerfs ou des muscles, ou une tension inégale de ces organes, soit que ces mauvaises dispositions doivent leur origine à un défaut de conformation ou à un vice inné, soit qu'elles viennent d'une cause accidentelle: tout ce qui peut y avoir donné lieu, doit être mis au nombre des causes éloignées de cette maladie: on peut les réduire à deux genres; savoir, à tout ce qui peut relâcher ou tendre outre mesure, de maniere cependant que l'une ou l'autre de ces causes fasse son effet irrégulierement & avec inégalité. Ces dispositions étant établies, les mauvais sucs fournis à la masse des humeurs par les premieres voies, suffisent souvent à déterminer la maladie, comme causes occasionnelles.

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