ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"546"> tent sont d'un beau bleu. En distillant la dissolution du cuivre dans l'esprit de nitre, il passera une liqueur d'un beau verd, & le résidu de la distillation sera un sel inflammable. Si on joint de l'huile de vitriol à la même dissolution, & qu'on distille, il passera des gouttes fort pesantes d'une liqueur verte. Si on fait évaporer jusqu'à moitié la dissolution de cuivre dans l'esprit de nitre, & que tandis qu'elle est encore chaude, on y verse une certaine quantité d'huile de vitriol, & qu'on y ajoûte trois fois autant de mercure que d'huile de vitriol, après qu'on aura distillé à grand feu pour faire passer toute la liqueur, on aura un sublimé d'un très - beau rouge: si on réitere ce travail à plusieurs reprises, en faisant dissoudre de nouveau le résidu dans de l'esprit de nitre, & remettant du mercure pour la sublimation, le cuivre sera, dit - on, à la fin entierement détruit, & du résidu on pourra en tirer un vrai sel métallique. Voyez l'alchymia denudata. En joignant du sel marin à la dissolution de cuivre dans de l'esprit de nitre, elle jaunit.

L'esprit de sel marin dissout le cuivre; dans cette dissolution l'effervescence est considérable, mais la dissolution est lente: elle produit des crystaux soyeux ou par bouquets, qui sont d'un beau verd, & qui attirent l'humidité de l'air. Ce sel neutre est propre à colorer en verd les feux d'artifice; pour peu qu'on en mette dans un brasier, la flamme conserve longtems une couleur d'arc - en - ciel très - vive.

Le cuivre se dissout dans l'acide du vinaigre, mais il faut pour cela que ce métal soit dans un état de division, comme dans l'oes ustum. Cette dissolution donne des crystaux verds, qu'on nomme crystaux de verdet. Pour les faire il ne s'agit que de mettre du verd - de gris & du vinaigre dans une bassine de cuivre. On fait bouillir ce mêlange. Quand le mouvement d'effervescence est passé, on filtre la liqueur, & on la fait évaporer: par ce moyen on a des crystaux, sans courir les mêmes risques que si on faisoit digérer le vinaigre & le verd - de - gris dans des matras fermés. Voyez l'art. Verd - de - gris. En mettant en distillation les crystaux de verdet, on obtient le vinaigre radical, ou le prétendu alkahest de Zwelfer.

Le cuivre qui a été mis en dissolution dans un acide quelconque, peut être précipité sous sa forme naturelle par le moyen du fer. Il n'est donc question que de tremper du fer dans la dissolution, & pour lors le cuivre se met à la place du fer qui se dissout, & le fer paroît enduit de particules cuivreuses: c'est ce que quelques gens ont voulu faire passer pour une transinutation, tandis que ce n'est qu'une précipitation, ou plûtôt une révivification du cuivre.

Les alkalis fixes agissent sur le cuivre, de même que les acides, & la dissolution en est bleuâtre: les alkalis volatils rendent la dissolution d'un bleu plus foncé. Rien n'est plus propre à indiquer la présence du cuivre, que l'alkali volatil. En effet, quelque petite que soit la portion de ce métal contenue dans une liqueur, l'alkali volatil en développe sur le champ la couleur. Un phénomene très - digne d'attention, c'est que si on met de la limaille de cuivre dans une phiole qu'on remplisse ensuite d'esprit de sel ammoniae; si on bouche ce vaisseau, on ne remarquera aucune couleur dans la liqueur; mais dès qu'on débouchera la phiole, & qu'on ôtera une partie de la liqueur pour donner passage à l'air, on lui verra prendre une couleur bleue très - vive & très belle. Cela prouve que pour que la dissolution du cuivre se fasse dans l'alkali volatil, il faut le contact de l'air. Un autre phénomene, c'est que le cuivre qui a été dissous par un acide, peut être précipité ou non précipité à volonté par les alkalis fixes & volatils. Si on veut que la précipitation se fasse, il faut n'en mettre qu'un peu; si on veut qu'il ne se fasse point de précipité, il n'y a qu'à y mettre une trop grande quantité d'alkali: pour lors l'alkali redissout le cuivre sur le champ, & le précipité disparoit. Cette expérience est de M. Roüelle.

La dissolution du cuivre dans l'alkali volatil, fournit une preuve des plus convainquantes de la grande divisibilité de la matiere. Boyle ayant dissous un grain de cuivre dans de l'esprit de sel ammoniac, & ayant ensuite mêlé cette dissolution avec 28534 grains d'eau pure, ce grain de cuivre teignit en bleu 10557 pouces cubes; & comme un pouce a, selon lui, 216000000 particules visibles, il s'ensuit qu'un grain de cuivre peut être divisé en 227880000 parties visibles.

Le cuivre peut s'amalgamer avec le mercure, mais il faut pour cela qu'il soit en limaille, & qu'on le fasse rougir au feu: alors on triture le mélange. Cet amalgame se fait aussi par la voie humide. Le cuivre dissous dans un acide, est précipité par le mercure, qui le trouvant dans un état de division, fait union avec lui. Par exemple, on prend parties égales de vitriol bleu & de mercure; on met ce mélange à bouillir dans du vinaigre dans un vaisseau de fer: par - là il se fait un amalgame du mercure avec le cuivre, qu'on a voulu faire passer pour une transmutation du cuivre en argent; mais dans cette opération l'acide attaque le vaisseau de fer & lâche le cuivre, qui pour lors s'unit au mercure. Borrichius prétend que par l'amalgame le cuivre est décomposé, & n'est plus réductible.

Plusieurs chimistes fondés sur quelques analogies ont prétendu que le cuivre contient une portion arsénicale & saline qui est intimement unie à sa terre, & que c'est la raison de la facilité qu'il a à se dissoudre dans toutes les liqueurs, & des mauvais effets qu'il produit lorsqu'on le prend intérieurement. Quoi qu'il en soit de ce sentiment, il est certain que le cuivre est un poison très - dangereux; en effet les ouvriers qui travaillent le cuivre sont sujets à l'asthme & à la phthisie; cela vient des particules cuivreuses répandues dans leurs atteliers qu'ils respirent continuellement: d'ailleurs le cuivre est un violent émétique; il excite de cruelles nausées, & donne à l'estomac des secousses épouvantables accompagnées de douleurs très - aigues & de spasmes, parce qu'il est très - corrosif. Malgré ces mauvaises qualités, quelques medecins en ont vanté l'usage médicinal interne dans certains cas. Boerhaave entr'autres a beaucoup célebré la teinture du cuivre faite par l'alkali volatil comme un puissant remede contre l'hydropisie. D'autres ont attribué de grandes vertus à la teinture de venus, c'est du cuivre dissous dans le vinaigre & précipité par de l'alkali volatil; en évaporant cette dissolution, on a des crystaux bleus qui donnent cette couleur à de l'esprit - de - vin rectifié. Mais malgré ces éloges, l'usage du cuivre pris intérieurement doit toûjours être regardé comme très - suspect, & par conséquent il faut absolument le bannir de la Pharmacie: il n'en est pas de même de l'usage extérieur; on regarde les préparations cuivreuses comme propres à nettoyer les ulceres & les plaies, à les dessecher, à ronger les chairs baveuses, & à les faire cicatriser, &c.

Les usages du cuivre dans les arts & métiers sont très - connus; on en fait un grand nombre de vases & ustensiles, des canons, des planches pour la gravûre, des cordes pour les clavecins; il en entre dans les caracteres d'Imprimerie. En trempant le cuïvre & le travaillant au marteau, on peut le rendre presque aussi dur que l'acier, & en faire toutes sortes d'instrumens tranchans, comme avec le fer: il y a des preuves que les anciens se servoient de couteaux de sacrifices, de haches, &c. de cuivre. On en fait de la monnoie, & l'on allie une petite portion de cuivre aux [p. 547] especes d'or & d'argent, pour leur donner plus de consistence & pour empêcher qu'elles ne s'usent trop promptement: on en fait des statues & des ornemens. Il seroit fort heureux qu'on se bornât là; mais par un aveuglement impardonnable, on ne se sert que de cuivre pour faire la batterie & presque tous les ustensiles de la cuisine: malgré les inconvéniens facheux qui en résultent journellement, on continue toûjours à se servir d'un métal dont les dangers sont reconnus de tout le monde. On se croit en sûreté par l'étamage, sans faire attention qu'il y a de la témériré à ne mettre entre la mort & soi qu'une lame très mince d'une composition métallique très - dangereuse par elle - même: en effet, l'étain & le plomb qui servent à étamer les casseroles & les autres morceaux de batterie de cuisme, ne se dissolvent - ils point par les sels, les acides des plantes, le vinaigre, &c. & pour lors ne sont - ils point de vrais poisons? Joignez à cela qu'il faut un degré de feu si leger pour fondre l'étain & le plomb, qu'il est presqu'impossible de préparer un ragoût ou une sauce sans que l'étamage n'entre en fusion, ce qui donne aux matieres grasses la facilité d'agir & de dissoudre le cuivre qui en est recouvert.

Un abus pour le moins aussi dangereux & contre lequel tout bon citoyen devroit s'élever, c'est l'usage que font quelques apoticaires de mortiers de bronze pour préparer leurs médicamens & piler des drogues; on sent aisément que presque toutes les substances résineuses, grasses, &c. agissant sur le cuivre, & d'ailleurs les coups redoublés des pilons pouvant détacher des particules métalliques d'un pareil mortier, il résulte des dangers évidens de l'usage interne de médicamens ainsi préparés; c'est de - là qu'on voit souvent des remedes opérer d'une façon tout - à - fait contraire au but que s'est proposé celui qui les a ordonnés, & produire dans les malades des vomissemens, des spasmes, des nausées, & d'autres accidens fâcheux auxquels on n'avoit point lieu de s'attendre, & qui peuvent se terminer par la mort.

Il seroit donc bien à souhaiter que ceux qui sont dépositaires de l'autorité publique prissent ces abus en considération, & cherchassent à y remédier effieacement. Quiconque pourroit venir à bout de produire un changement si favorable à l'humanité, mériteroit qu'on lui élevât, du métal qu'il auroit fait proscrire, une statue, au pié de laquelle on mettroit OB CIVES SERVATOS; inscription mille fois plus glorieuse que celle qu'on pourroit graver sur la statue d'un conquérant, dont les armes victorieuses n'auroient fait que desoler une portion de l'univers.

On sait que le cuivre fait une partie très - considérable du commerce des Suédois: cette considération quelqu'importante qu'elle paroisse au premier coupd'oeil, n'a point empêché le gouvernement de proscrire l'usage du cuivre dans tous les hôpitaux & établissemens qui sont de son ressort: un exemple aussi généreux doit - il n'être point suivi par des nations moins intéressées que la Suede au commerce du cuivre? ( - )

Cuivre de Corinthe (Page 4:547)

Cuivre de Corinthe, (Métallurgie.) en latin as Corinthiacum, & par Virgile, Ephyreia ara. C'est cette fameuse & prétieuse composition métallique si vantée pour sa beauté, sa solidité, sa rareté, &c. qu'on préféroit à l'or même.

Il ne faut pas se persuader avec quelques modernes, sur le témoignage de Florus & autres historiens, que ce fût un alliage de cuivre, d'or, & d'argent qui se fit accidentellement lors de l'embrasement de Corinthe par l'armée Romaine, l'an de Rome 607, & 147 ans avant Jesus - Christ: c'est une pure fable qui ne mérite aucune croyance. Le cuivre de Corinthe étoit réellement une composition d'un mêlange de cuivre, d'or, & d'argent fait par art, & l'orichalque factice des anciens étoit suivant toute apparence une espece de cuivre de Corinthe; mais le secret de cette composition étoit déjà perdu un siecle avant la destruction d'Ephyra par les Romains. L'interprete Syriaque de la Bible prétend que les vases que Hiram donna à Salomon pour le temple étoient de cuivre Corinthien. Il semble qu'on peut recueillir de cette opinion, que le cuivre de Corinthe étoit en usage lorsque Salomon bâtit le temple, c'est - à - dire, plus de 900 ans avant la ruine de cette malheureuse ville.

Sa rareté semble avoir été la principale cause de ce que son prix devint exorbitant. On en faisoit un si grand cas, qu'il passa en proverbe que ceux qui vouloient paroître plus habiles que les autres sur les Arts, flairoient la pureté du cuivre de Corinthe. C'est le sujet d'une des jolies épigrammes de Martial:

Consuluit nares an olerent oera Corinthum, Culpavit statuas, & Polyclete, tuas.

« Mon cher Polyclete, il a condamné vos statues parce qu'elles n'ont point à son nez l'odeur du cuivre de Corinthe».

Savot a parlé plus exactement de ce cuivre, que divers naturalistes. Il en établit, comme Pline, de trois especes; l'une où l'or étoit le métal dominant; l'autre où l'argent prédominoit; & la troisieme où l'or, l'argent, & le cuivre se trouvoient par égales portions. Nous imiterions peut - être fort bien ces diverses especes de cuivre de Corinthe, si nous voulions nous donner la peine d'allier ces trois métaux.

Les médailles qu'on nous donne aujourd'hui pour être de cuivre de Corinthe, n'en sont sûrement pas, suivant la remarque de Swedenborg. Celles qu'on connoît même pour être du tems d'Auguste, & qu'on range parmi le moyen bronze, sont de cuivre rouge. Il y en a aussi de cuivre jaune, parmi le grand & le moyen bronze. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

CUIVRE (Page 4:547)

CUIVRE. On appelle, en termes de Doreurs, ouvrage cuivré, une fausse dorure, c'est - à - dire une dorure avec du cuivre en feuille, employé de la même maniere que l'or fin.

CUIVREUX (Page 4:547)

CUIVREUX, adj. pris subst. (Teint.) se dit de l'écume qui paroît à la surface du bain de la cuve.

CUIVROT (Page 4:547)

CUIVROT, s. m. outil d'Horlogerie; c'est une petite poulie de laiton qui a un trou, pour entrer sur les tiges des différentes pieces que l'on veut tourner: les Horlogers en ont un grand nombre qui ont tous des trous de différentes grosseurs. Voyez Planche XIII. de l'Horlogerie, figure 26. qui représente un arbre garni de son cuivrot. C'est sur le cuivrot que passe la corde de l'archet, qui y fait un tour. Les forets & les fraizes ont aussi chacun leur cuivrot.

Cuivrot à vis, est un cuivrot à un très - grand trou, & une vis qui le traverse de la circonference à son centre. Par le moyen de cette vis on peut faire tenir ce cuivrot sur des tiges de toutes sortes de grosseurs, en la serrant plus ou moins: il y en a de cette espece qui ont une fente A, qui va du centre à la circonférence. Ils sont ordinairement d'acier; on s'en sert particulierement pour mettre sur les palettes d'une verge de balancier. Voyez Palette, Verge, &c. & les fig. 24. & 25. de la même Planche. Celles qui sont au - dessous, sont le plan desdits cuivrots, ainsi nommés parce qu'ils sont de cuivre. (T)

CUIZEAUX (Page 4:547)

CUIZEAUX, (Géog. mod.) petite ville de France dans la Bresse Châlonoise.

CUIZERY (Page 4:547)

CUIZERY, (Géog. mod.) petite ville de France dans la Bresse Châlonoise, sur la Seille.

CUL (Page 4:547)

CUL, s. m. (Anat.) le derriere, cette partie de l'homme qui comprend les fesses & le fondement. Co mot s'applique à plusieurs autres choses.

Cul d'Asne (Page 4:547)

Cul d'Asne, voyez Ortie de mer.

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