ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"542"> endroit où on la sasse: ce qui reste sur le crible se lave; pour cet effet on a un baquet de fer percé par le bas de trous d'une ligne de diametre. On jette dans ce baquet ce qui est resté de mine sur le crible, & l'on plonge le baquet dans une cuve d'eau. On donne ce lavage à toute la mine nouvellement triée, & l'on répand sur une table les morceaux de mine lavés.

Quant à ce qui a passé à - travers les mailles du crible dans le premier sassement, on y revient: on a un autre crible dont les mailles sont de six à sept lignes en quarré; on le charge de cette mine, & on la sasse pour la seconde fois; ce qui reste sur le crible est jetté dans le baquet, lavé dans la cuve, comme on l'a pratiqué après le premier sassement, & répandu sur une seconde table.

On travaille ensuite ce qui a passé à - travers le second crible au second sassement, en le sassant une troisieme fois à - travers un troisieme crible qui a les mailles d'un quart de pouce. On met ce qui reste sur ce troisieme crible, dans une espece de sebille dont le fond est garni d'un petit treilli de fil - de - fer très - serré. Un ouvrier secoue cette sebille dans la cuve; par ses secousses, mouvemens & tours de poignet, il parvient à élever à la surface les parties pierreuses, qu'il separe du reste en les prenant par pincées. Les parties métalliques qui occupent le fond de la sebille, vont à la fonderie; les pierreuses sont envoyées au bocard pour y être écrasées de nouveau.

On a donc des gros morceaux de mine lavée sur une table, des moindres morceaux sur une autre table, une poussiere qui s'est précipitée dans la cuve au lavage, & des parties pierreuses qu'on envoye au bocard ou pilon, comme nous l'avons dit. Quant à la poussiere qui s'est précipitée dans l'eau de la cuve pendant le lavage, on la porte au lavoir. Voyez un de ces instrumens Pl. IV. de Métallurg. Voici ce qu'on fait des morceaux exposés sur les tables.

Ces morceaux de mine sont triés par des filles & par des petits garçons instruits à cette manoeuvre. Dans ce triage, tout ce qui est purement métallique va à la fonderie; ce qui est tout pierreux est rebuté; ce qui est mêlé de pierre & de métal, passe au maître trieur.

Le maître trieur casse ces morceaux, & tâche de séparer exactement le pierreux du métallique. S'il rencontre des morceaux où le mélange de la pierre & de la mine lui paroisse intime, il les écrase, & rejette ce qui est purement pierreux; le reste est criblé, lavé à la sebille, & séparé en deux parties, dont l'une va au bocard, & l'autre à la fonderie.

Cela fait, le triage est achevé, & l'on porte à la fonderie tout ce qui doit y aller.

De la calcination ou du grillage. Entre les mines il y en a qui, avant que d'être mises au fourneau, ont besoin de cette préparation: d'autres peuvent s'en passer. Pour les distinguer, & s'assûrer si la mine exige une calcination préliminaire, on cherche à découvrir par l'essai, si elle n'est point arsénicale, sulphureuse ou martiale. Le fer donne lieu à des porcs ou cochons. On appelle porcs ou cochons, des masses qui se figent aux fourneaux de fusion, & qui n'ayant pris au feu qu'une espece de mollesse, & ne pouvant entrer dans une fusion parfaite, les obstruent, & font qu'on est obligé de recommencer l'opération. D'ailleurs ces porcs tiennent du cuivre; mais quand la mine a été grillée, il ne s'en fait plus: le grillage a disposé une partie du fer à se vitrifier, & le fer calciné coule & se vitrifie facilement à l'aide de certains mêlanges.

Les mines qui ont besoin d'être grillées ou calcinées, le sont dans un fourneau fort simple, & tel qu'on en voit un au bas de la Pl. II. de Métallurgie, fig. 4. & l'on procede au grillage de la maniere sui<cb-> vante au Tillot en Lorraine. On fait un lit de buches dans les séparations du fourneau A; on répand sur ce lit les gros morceaux de mine, puis les morceaux moins gros, & ensuite la poussiere: on allume le feu, on l'entretient pendant vingt - quatre, trente, trente - six heures de suite. Le grillage se réitere communément une ou deux fois; il y a des mines qu'on grille jusqu'à huit: il y en a aussi qu'on grille beaucoup moins. Lorsque la mine est grillée, elle passe au fourneau voisin, qu'on appelle fourneau de fonderie, ou fourneau à manche.

De la fonderie. La mine grillée ou non grillée se traite d'abord dans le fourneau B, Métallurgie, Pl. V. fig. 1. on y voit en entier ce fourneau, dont on a donné les coupes & la construction détaillée, Pl. V I. de Métallurgie, fig. 1. 2. 3. 4. La figure 1. représente une coupe sur la longueur; la figure 2. une autre coupe sur la profondeur; la fig. 3. les évents pratiqués au terrein plein; la figure 4. la vûe intérieure du fourneau.

On charge ce fourneau avec un mélange de mine & de charbon de bois & de scories, en certaine proportion: ces scories sont de la fonte précedente: on met plus ou moins de charbon. La mine lavée demande plus de charbon que celle qui ne l'a pas été; il y a même des mattes à qui il en faut plus qu'à la mine ordinaire.

On remplit de ce mélange le fourneau jusqu'enhaut: on fait joüer les souflets. L'ouverture qu'on a pratiquée au bas du mur antérieur du fourneau, est toûjours libre. A mesure que la matiere fond, elle coule dans un reservoir qu'on appelle poche ou catin, qui est sous l'ouverture: cette poche est creusée dans un massif un peu élevé au - dessus du terrein. Quand il y a dans la poche une certaine quantité de matiere, les ouvriers en enlevent la partie supérieure, qui est vitreuse ou en scorie, avec un grand instrument de fer; ils la prennent en - dessous avec cette espece de pelle; elle est alors figée. Ils continuent d'enlever ces surfaces vitreuses & figées, jusqu'à ce que la poche soit pleine de matiere métallique.

Les poches sont saupoudrées & enduites d'un mélange de terre grasse & de charbon en poudre, qu'ils appellent brasque ou brasse. Lorsque la poche superieure est pleine, ils dégagent l'ouverture qui conduit de cette poche à une autre poche inférieure, & la matiere coule dans celle - ci.

Aussi - tôt que la matiere a coulé & que la poche supérieure est vuide, les ouvriers la réparent en l'enduisant d'une nouvelle couche de terre grasse mêlée de charbon: cette couche peut avoir environ deux pouces d'épais. On referme alors la communication de la premiere poche, casse ou catin (car ces trois mots sont synonymes), à l'inférieure.

Quand la matiere contenue dans la seconde poche, se refroidit, les ouvriers l'enlevent de la maniere suivante, & dans l'ordre que nous allons dire. Ils commencent par les couches supérieures qui sont scories: la scorie enlevée, ils aspergent la surface de la matiere restante, d'un peu d'eau, qui en fait prendre ou figer une certaine épaisseur: ils enlevent cette épaisseur; ils continuent d'asperger, de refroidir, & d'enlever des épaisseurs de matiere prise ou figée, jusqu'à ce que la casse en soit tout - à - fait épuisée, & ces especes de plaques s'appellent pierres de cuivre, ou mattes.

Du travail de la matte ou pierre de cuivre. On porte les mattes dans les fourneaux de calcination ou de grillage A, Pl. II. de Métallurgie, fig. 4. on les y calcine à cinq, huit, dix, vingt feux, selon le plus ou le moins de pureté de la matte. Cette pureté s'estime 1°. par l'usage & par la qualité de la mine: 2°. par la fusion premiere, seconde ou troisieme, [p. 543] dont elle est le produit. Calciner à un feu, c'est traiter une fois la matte de la maniere que nous avons dit, en parlant du grillage ou de la calcination, qu'on commençoit par traiter la mine qui avoit besoin d'être calcinée ou grillée: la griller à deux feux, c'est la passer d'une des séparations du sourneau A, dans une autre, & l'y traiter comme elle l'avoit été dans la précedente, & ainsi de suite.

On ne met qu'un lit de buches pour le premier grillage ou feu; on augmente la quantité de bois à mesure que le nombre des feux augmente, & avec raison: car plus la matte contient de soufre, plus il faut faire durer le feu, chauffer doucement, & user d'un feu qui n'aille pas si vîte.

Les mattes calcinées se fondent dans le fourneau B, Pl. v. de Métallurgie, fig. 1. avec cette seule différence, que les souflets vont moins vîte, & qu'on pousse moins le feu. La matiere coule du fourneau dans la premiere casse, de la premiere casse dans la seconde, d'où on l'enleve par plaques ou pains, comme nous l'avons décrit ci - dessus, & l'on a des secondes mattes & un peu de cuivre noir: ce cuivre noir est mis à part.

Ces secondes mattes se reportent encore au fourneau de grillage A, pour y être recalcinées, d'où elles reviennent ensuite pour être fondues au fourneau B. On les calcine cette fois au fourneau A à cinq ou six feux; & par cette nouvelle fusion au fourneau B, il vient une troisieme matte plus riche que la seconde, ainsi que la seconde étoit plus riche que la premiere, avec du cuivre noir. On obtient du reste une troisieme matte par la même manoeuvre que les mattes précédentes, & l'on met aussi à part le cuivre noir.

O reporte au fourneau de grillage ou de calcination, la troisieme matte, où elle essuie encore cinq à six feux; on la remet au sourneau de fusion, d'où il sort cette fois une matte riche, avec trois quarts de cuivre noir.

Telle est la suite des opérations de la fonderie ou fusion, & l'ordre dans lequel elles se succéderoient dans une mine & des fourneaux où l'on travailleroit pour la premiere fois; mais on procede autrement quand les fourneaux sont en train. Alor; on fond la mine & les différentes sortes de mattes dans un même fourneau B, dont le travail est ininterrompu. On commence par sondre les mattes, & entre les mattes on choisit les plus riches, pour les faire passer les premieres; on leur fait succéder les mattes les moins riches; à celles - ci, celles qui le sont moins encore, ou les mattes pauvres, & l'on finit par la mine.

La raison de cet ordre, c'est que le fourneau s'use, qu'il s'y forme, sur - tout au fond, des cavités, & qu'il vaut mieux que ces creux se remplissent de matre pauvre que de matte riche. Il arrive cependant dans la succession ininterrompue des fusions, que l'on a quelquefois dans les poches ou casses des mattes plus ou moins riches, & du cuivre noir; & il ne faut pas craindre que ces différens produits se confondent, & que l'on perde le fruit des calcinations: car les mattes riches étant plus pesantes que les autres, gagnent toûjours le fond de la casse, ensorte qu'on a dans les casses le cuivre noir, la matte riche, la matte moins riche, la matte pauvre, àpeu - près dans l'ordre des calcinations.

On observe toutefois dans les fourneaux de calcinations, de griller ensemble les mattes les moins riches. Il y a à ce procédê de l'oeconomie; car il ne faut pas plus de bois pour griller trente quintaux de matte, que pour n'en griller que cinq à six.

Conséquemment on a soin d'attendre qu'on ait beaucoup de mattes riches, & l'on en ramasse le plus qu'on peut, pour en faire le grillage à part, ou du moins on ne la confond qu'avec celle qui lui succede immédiatement en richesse.

Voici donc l'ordre des produits de toutes les différentes opérations: scories, matte pauvre, matte moyenne, matte riche, cuivre noir.

Le cuivre noir est l'état dernier auquel on tend par les calcinations & les fusions réitérées, à réduire toute la mine, en la faisant passer par ces états de mattes différentes.

Du raffinage du cuivre. Raffiner le cuivre, c'est le conduire de l'état de cuivre noir à celui de cuivre de rosette, ou c'est dissiper le reste de soufre qui le constitue cuivre noir.

Cette opération se fait au fourneau C, Planch. V. de Métallurg. fig. 2. qu'on y voit en entier, & dont on a représenté une coupe & l'intélieur, Plan. VI. de Métallurg. fig. 6. & les évents de son terre - plein, fig. 5. même Planche.

On commence par garnir la casse ou poche qui est au - dedans avec le mêlange de terre grasse & de charbon en poudre dont nous avons parlé plus haut. Après ce préliminaire, on la fait sécher avec du charbon, qu'on y entretient allumé pendant une ou deux heures.

Cela fait, il s'agit de travailler. Pour cet effet on remplit toute la casse de charbon de bois; on place sur ce charbon un pain de cuivre noir; on fait sur ce pain un lit de charbon; on met sur ce lit trois ou quatre pains, ensuite du charbon, puis lit sur lit des pains alternativement, du charbon, jusqu'à la concurrence de cent, cent vingt, cent cinquante, deux cents, deux cents cinquante, trois cents pains, suivant la grandeur de la casse, qui s'étend considérablement pendant le travail.

On chauffe. Les soufilets marchent à - peu - près pendant deux heures, au bout desquelles le raffineur trempe une verge de fer dans le cuivre qui a gagné le fond de la casse; c'est un essai: au sortir de la casse, il plonge sa baguette enduite d'une pellicule de cuivre, dans de l'eau froide; elle s'en détache; il en examine la couleur, & il juge à cette couleur si la matiere est ou n'est pas affinée. Cet essai se répete d'un moment à l'autre; car la matiere prend avec beaucoup de vîresse des nuances successives, différentes & perceptibles pour l'affineur.

Dans le cours de cette fusion, on décrasse la matiere, une, deux, trois, ou quatre fois; ce qui se fait en écartant le brasier qui nage à sa surface avec un rable, ou en se servant de cet instrument pour en enlever les ordures: ensuite on repousse le brasier, & l'on y substitue de nouveau charbon, s'il en est besoin.

Lorsque l'affineur s'est assûré par un dernier essai de la perfection de sa matiere & de son degré d'affinage, on écarte encore le charbon, on décrasse de nouveau, on balaye les bords de la casse; le cuivre paroît alors dans un état de fluidité très - subtile, sans toutefois bouillonner; il fremit seulement, il élance dans l'air une pluie de grains menus, qu'on peut ramasser en passant une pelle de fer à - travers cette espece de vapeur, à un pié ou environ au - dessus de la surface du fluide. Elle s'appelle fleurs de cuivre ou cendre de cuivre. Pour en arrêter l'effluvium, & empêcher la matiere de s'éparpiller ainsi, le fondeur asperge legerement la surface avec un balai chargé d'un peu d'eau. Pour faire cette aspersion sans péril, on laisse refroidir la surface du cuivre; cela est essentiel, car si l'on répandoit l'eau avant que la surface eut commencé à se figer, il se feroit une explosion considérable, capable de faire sauter l'attelier.

Lors donc que la surface commence à se consolider un peu, on a un petit baquet plein d'eau, on en jette une flaquée legere sur la surface du métal: cette eau bouillonne & disparoît en un moment; on a alors

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