ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"470"> tenir des lettres de grace du prince, tel qu'un homicide que l'on a commis involontairement ou à son corps défendant.

Crime grave, est un crime qui est de qualité à mériter une punition rigoureuse.

Crime ordinaire. Voyez ci devant Crime extraordinaire.

Crime parfait, est celui qui a été consommé, à la différence du crime imparfait; qui n'a été que projetté ou exécuté seulement en partie. Voyez ce qui est dit ci - devant des crimes en général, & comment on punit la volonté.

Crime prescrit, est celui dont la peine est remise par le laps de 20 ans sans poursuites contre le coupable. Voyez Prescription.

Crime privé: chez les Romains on distinguoit tous les crimes en publics & privés; les premiers étoient ceux qui regardoient le public, & dont la poursuite étoit permise à toutes sortes de personnes, quoique non intéressées, cuilibet è populo; au lieu que les crimes privés étoient ceux qui ne regardoient que les particuliers, & dont la poursuite n'étoit permise par les lois qu'à ceux qui y étoient intéressés, & à qui la réparation en étoit dûe. Tous crimes & délits étoient réputés privés, à moins que la loi ne les déclarât publics; mais on regardoit alors comme crime public un mariage prohibé. Parmi nous on ne qualifie ordinairement de crimes, que ceux qui blessent le public; ceux qui n'intéressent que des particuliers ne sont ordinairement qualifiés que de délits. Toutes personnes sont reçûes à dénoncer un crime public, mais il n'y a que les parties intéressées ou le minis<-> ere public qui puisse en rendre plainte & en poursuivre la vengeance. A l'égard des crimes ou délits privés, les parties intéressées sont les seules qui puissent en demander la réparation.

Crime public. Voyez ci - devant Crime privé.

Crimen repetundarum; c'est ainsi qu'on appelloit chez les Romains, le crime de concussion. Voy. Concussion.

Crime simple, est opposé à crime double. Voyez cidevant Crime double. (A)

CRIMÉE (Page 4:470)

CRIMÉE, (Géog. mod.) vaste contrée de la Tartarie. Les anciens l'ont connue sous le nom de Chersonese Scythique, ou Taurique, ou Cimmerienne, ou Pontique, parce qu'elle avance dans le Pont - Euxin ou la mer Noire, qui la borne au couchant, au midi, & partie à l'orient. On voit en ce pays - là des ruines des villes grecques, & quelques monumens des Genois, qui subsistent encore au milieu de la desolation & de la barbarie. Les habitans sont Mahométans; ils sont gouvernés par un han, que nous appellons kam, nommé par la porte Ottomanne, qui le dépose, dit M. de Voltaire, si les Tartares s'en plaignent, & encore plûtôt s'il en est trop aimé. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

CRIMINEL (Page 4:470)

CRIMINEL, (Jurisprud.) est celui qui est atteint & convaincu de quelque crime. On confond quelquefois le terme de criminel avec celui d'accusé; on en trouve plusieurs exemples dans les anciennes ordonnances; cependant c'est improprement que les accusés sont qualifiés de criminels avant leur condamnation, n'etant point jusques - là convaincus du crime qu'on leur impute, ni jugés criminels.

Il paroît par le concile de Carthage en 395, & par le sixieme de Constantinople, qu'on administroit alors aux criminels, même eondamnés à mort, les sacremens de pénitence & de l'eucharistie. Les conciles d'Agde & de Wormes, & le second de Mayence, & celui de Tibur, tenus en 506, 770, 848, & 1035, ordonnent de communier les criminels. Alexandre IV. ordonna la même chose. Clement V, en 1411, leur accorda seulement la confession. Sous les papes Pie IV, Pie V, & Grégoire XIII, les peres as<cb-> femblés à Rome déciderent que puisque les conciles commandent de confesser ceux qui s'accusent simplement de leurs péchés, & de les communier quand ils en ont un sincere repentir, on ne doit pas non plus le refuser à ceux à qui leurs péchés attirent une mort violente. Cependant en France il n'étoit point d'usage d'accorder, même la confession, aux criminels condamnés à mort, jusqu'à Charles VI, qui ordonna qu'on leur offriroit le sacrement de pénitence avant de sortir de prison: on tient que ce fut à la persuasion de Pierre de Craon; mais l'ordonnance dit seulement que ce fut à la persuasion de son frere & de ses oncles, par l'avis de son conseil & de quelques conseillers du parlement & du châtelet. On exécutoit autrefois les criminels les dimanches & fêtes de même que les autres jours.

Par rapport à ce qui concerne la faculté que peuvent avoir les criminels, de disposer de leurs biens avant ou après leur condamnation, & la confiscation de leurs biens, voyez aux mots Accusés, Condamnation, Condamné, Confiscation, & Mort civile .

Criminel d'état, est celui qui a commis quelque crime contre l'état, tel que le crime de trahison, &c. Voyez ci - devant Crime d'état.

Criminel de lese - majesté. Voyez ci - devant Crime de lese - majesté.

Assesseur criminel, est une espece de conseiller qui assiste au jugement des procès criminels, avec le lieutenant criminel & autres juges. Henri III, par édit du mois de Juin 1586, créa dans chaque baillage, prevôté, sénéchaussée, & siége présidial du royaume, un lieutenant particulier assesseur criminel, avec titre de conseiller du roi, & rang & séance après le lieutenant criminel & le lieutenant particulier civil. Ces offices furent supprimés en 1588, & rétablis par Henri IV. au mois de Juin 1596.

Chambre criminelle. Voyez au mot Chambre.

Grand - criminel. Voy. au mot Procès - criminel.

Greffe criminel. Voyez au mot Greffe.

Greffier criminel. Voyez au mot Greffier.

Interrogatoire des criminels. Voyez Interrogatoire.

Juge criminel. Voyez au mot Juge.

Justice criminelle. Voyez au mot Justice, & aux mots Procès & Procedure criminelle

Lieutenant criminel.                     Voyez au mot
Lieutenant criminel de robe courte.  Lieutenant.

Matieres criminelles. Voyez Procès criminel.

Petit criminel. Voyez Procès criminel.

Procédure criminelle. Voy. aux mots Procédure & Procès.

Procès criminel. Voyez au mot Procès.

Registres criminels. Voyez Registres.

Tournelle criminelle. Voyez Tournelle. (A)

CRIMNON (Page 4:470)

CRIMNON, s. m. (Pharmacie.) espece de farine grossiere, tirée du froment & du zea, dont on faisoit des bouillies.

Hippocrate ordonne quelquefois en boisson l'eau où l'on aura fait macérer ou boüillir le crimnon; cette boisson passoit pour rafraichissante.

CRIN (Page 4:470)

CRIN, s. m. On appelle ainsi ces grands poils qui sont attachés tout le long du cou, de même que ceux qui forment la queue du cheval: on dit qu'un cheval a tous ses crins, lorsqu'on ne lui a coupé ni la queue ni les crins du cou: on noiie, on tresse, & on natte les crins, ou pour l'embellissement du cheval, ou pour les accoûtumer à rester du côté que l'on veut: on coupe les crins depuis la tête jusqu'à la moitié du cou, pour que celui - ci paroisse moins gros & plus dégagé. Faire le crin, c'est recouper au bout de quelque tems le crin de l'ecolure qui a été coupé, lorsqu'il devient trop long. Faire les oreilles ou faire le crin des oreilles, c'est couper le poil tout [p. 471] au - tour du bord des oreilles. Se tenir aux crins, se dit lorsque le cavalier se sentant peu ferme, prend les crins du cou avec la main lorsqu'un cheval saute, de peur qu'il ne le jette par terre. On dit vendre un cheval crins & queue, pour dire le vendre très - cher. (V)

Crin (Page 4:471)

Crin, (Corderie.) On distingue deux sortes de crin, l'un qui est droit & tel qu'il sort de dessus l'animal; l'autre qu'on appelle crin crépi, c'est - à - dire du crin qui a été cordé, & qu'on a fait boüillir pour le friser.

Il y a plusieurs sortes d'artisans qui se servent de crin pour les ouvrages de leur métier.

Le crin plat ou droit est employé par les Perruquiers, qui en font entrer dans les perruques. Les Luthiers s'en servent pour garnir les archets des instrumens de Musique, Les Boutonniers en font de fort beaux boutons; & les Cordiers en font des longes pour les chevaux, & des cordes pour étendre le linge.

Le crin crépi sert aux Selliers & aux Bourreliers; aux Selliers, pour garnir les carrosses, selles, & coussinets; aux Bourreliers, pour rembourrer les bâts des chevaux & des mulets, & les sellettes des chevaux de chaise & de charrette.

CRINIER (Page 4:471)

CRINIER, s. m. artisan qui prépare le crin, & le met en état d'être employé par les différens ouvriers qui s'en servent dans leurs ouvrages.

Il n'y a que les maîtres Cordiers qui ayent le droit de boüillir, crépir, & friser le crin.

CRINIERE (Page 4:471)

CRINIERE, s. f. (Marechallerie.) c'est la racine du crin qui est fur le haut de l'encolure du cheval. Les crinieres larges sont moins estimées que les autres. C'est un défaut, fur - tout aux chevaux de selle, que d'avoir une criniere large, parce qu'à moins que d'en avoir un soin extraordinaire, elle est sujette à la galle. Lorsque le cheval se cabre, on le prend aux crins ou à la criniere.

On appelle aussi criniere, une couverture de toile qu'on met sur les crins du cheval depuis le haut de la tête jusqu'au surfaix. Voyez Surfaix.

Elle a deux trous à l'une de ses extrémités pour passer les oreilles, d'où elle vient répondre & s'attacher au licou sur le devant de la tête, & de - là au surfaix sur le dos du cheval. Les Anglois donnent des crinieres aux chevaux pendant l'hyver; en France on ne s'en sert que dans les écuries. (V)

CRINONS (Page 4:471)

CRINONS, s. m. pl. (Hist. nat. Insectolog.) crinones, très - petits vers qui se trouvent dans le corps humain: on les appelle crinons, parce qu'il y en a plusieurs ensemble, qui forment un groupe qui ressemble en quelque sorte à un peloton de crin. Ils naissent aux bras, aux jambes, & principalement au dos des enfans à la mammelle. Ces vers étant vùs au microscope, paroissent avoir une grande queue & le corps gros. Les anciens ne les connoissoient pas, & Etmuller les a confondus avec ceux que l'on appelle petits dragons ou dragonneaux. Voyez de la gener. des vers dans le corps de l'homme, &c. par M. Andry. Voy. Dragonneau, Insecte. (I).

CRIOBOLE (Page 4:471)

CRIOBOLE, s. m. (Myth.) sacrifice qu'on faisoit d'un bélier, à Cybele. Voyez Taurobole.

CRIONERO (Page 4:471)

CRIONERO, (Géog. mod.) riviere d'Asie, en Natolie, qui prend sa source dans le mont Taurus.

CRIOPHORE (Page 4:471)

* CRIOPHORE, adj. épithete qu'on donnoit à Mercure qui avoit délivré de la peste les Thébains, qui, lorsqu'ils en furent attaqués ou menacés, porterent en honneur de ce dieu un bélier autour de leurs murailles, & célébrerent dans la suite en mémoire de leur conservation, une fête dans laquelle le jeune Thébain, de la figure la plus belle, faisoit le tour de la ville avec un agneau ou un bélier sur ses épaules.

CRIQUE (Page 4:471)

CRIQUE, s. m. (Marine.) on donne ce nom à un petit enfoncement que la mer fait dans la côte, où de petits bâtimens peuvent entrer & s'y mettre à l'abri de la tempête. (Z)

Criques (Page 4:471)

Criques. (Art milit.) sont des especes de fossés que l'on fait quelquefois dans les environs des places, pour en couper le terrein de différens sens, de maniere que l'ennemi ne puisse pas y conduire de tranchée. Ils sont ordinairement remplis d'eau.

« Lorsqu'il se rencontre des endroits où le terrein qu'on veut inonder se trouve sensiblement plus élevé que le niveau des eaux, on le coupe de tous les sens par des fossés nommés criques, qui communiquent à l'écluse la plus à portée de les remplir d'eau. S'il reste encore sur le même terrein des espaces dont l'ennemi puisse profiter pour l'établissement de ses batteries dans un tems de siége, on les occupe par des redoutes qui prennent des revers sur son travail, &c.». Architect. hydraulique, seconde partie, tom. II.

On avoit fait anciennement de ces criques à Dunkerque, pour couper un terrein, qui, ayant été marécageux, s'étoit ensuite desseché, & sur lequel l'ennemi auroit pû conduire une tranchée pour arriver à la place. Voyez la description de Dunkerque dans le premier vol. de la seconde partie de l'ouvrage que l'on vient de citer. (Q)

CRIQUET (Page 4:471)

CRIQUET, s. m. (Marechall.) On appelle ainsi un petit cheval de peu de valeur.

CRISE (Page 4:471)

CRISE, s. f. (Medecine.) Galien nous apprend que ce mot crise est un terme du barreau que les Medecins ont adopté, & qu'il signifie, à proprement parler, un jugement.

Hippocrate qui a souvent employé cette expression, lui donne différentes significations. Toute sorte d'excrétion est, selon lui, une crise; il n'en excepte pas même l'accuchement, ni la sortie d'un os d'une plaie. Il appelle crise tout changement qui arrive à une maladie. Il dit aussi qu'il y a crise dans une maladie, lorsqu'elle augmente ou diminue considérablement, lorsqu'elle dégénere en une autre maladie, ou bien qu'elle cesse entierement. Galien prétend, à - peu - pres dans le même sens, que la crise est un changement subit de la maladie en mieux ou en pis; c'est ce qui a fait que bien des auteurs ont regardé la crise comme une sorte de combat entre la nature & la maladie; combat dans lequel la nature peut vaincre ou succomber: ils ont même avancé que la mort peut à certains égards être regardée comme la crise d'une maladie.

La doctrine des crises étoit une des parties les plus importantes de la Medecine des anciens: il y en avoit à la verité quelques - uns qui la rejettoient, comme vaine & inutile; mais la plûpart ont suivi Hippocrate & Galien, dont nous allons exposer le systeme, avant de parler du sentiment des medecins qui leur étoient opposés, & de rapporter les différentes opinions des modernes sur cette partie de la Medecine pratique.

La crise, dit Galien, & d'après lui toute son école, est précedée d'un dérangement singulier des fonctions; la respiration devient difficile, les yeux deviennent étincelans; le malade tombe dans le délire, il croit voir des objets lumineux; il pleure, il se plaint de douleurs au - derriere du cou, & d'une impression fâcheuse à l'orifice de l'estomac; sa levre inférieure tremble, tout son corps est vivement secoüé: les hypocondres rentrent quelquefois, & les malades se plaignent d'un feu qui les brûle dans l'intérieur du corps, ils sont altérés: il y en a qui dorment ou qui s'assoupissent; & à la suite de tous ces changemens se montrent une sueur ou un saignement du nez, un vomissement, un devoiement, ou des tumeurs. Les efforts & les excrét ons sont proprement la crise; elle n'est, à proprement parler, qu'un

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