ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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CREUSET (Page 4:460)

CREUSET, subst. m. (Chimie.) Le creuset est un vaisseau de terre, dont la forme la plus ordinaire est celle d'un gobelet (voyez la Planche.), qui est employé par les Chimistes pour exécuter diverses opérations qui demandent un feu violent, & des vaisseaux ouverts ou qu'on n'est pas obligé de fermer très - exactement. Les opérations qui s'exécutent dans les creusets ordinaires, sont la fusion & la calcination des sels, la fixation du nitre par différentes matieres, la susion, la calcination, la réduction, la cementation & l'alliage des substances métalliques, la vitrification de leurs chaux, la préparation des régules, la combinaison du soufre avec les substances alkalines, la formation du soufre artificiel, la fusion des terres & des pierres, &c.

Les creusets employés dans quelques arts chimiques, qui s'occupent de quelqu'une des opérations que nous venons d'indiquer, sont des creusets de cette espece; tels sont les creusets des Verreries, ceux dont on se sert pour la préparation du cuivre jaune, &c. Voyez Verrerie & Cuivre jaune.

On donne des formes partculieres aux creusets qu'on employe dans les essais des mines, & qu'on appelle, à cause de cet usage, creusets d'essai. Voyez Essai.

Les qualités essentielles d'un bon creuset, sont celles - ci: il doit résister au plus grand feu sans se casser & sans se fendre; il ne doit rien fournir aux matieres que l'on traite dedans; & enfin il ne doit pas être pénétré par ces matieres, & les laisser échapper àtravers ses pores, ou à - travers des trous sensibles qu'elles se pratiquent dans leurs parois & dans leur fond.

La matiere la plus propre à former des creusets qui réunissent dans le plus grand nombre de cas les trois conditions que nous venons d'assigner, est une excellente terre glaise, purisiée de toute terre calcaire, & mêlée d'un peu de sable. Cette matiere étant bien préparée, & cuite avec soin, prend une dureté considerable, & ses parties se lient par une sorte de demi - vitrification.

La terre cuite réduite en poudre, celle des fragmens de vieux creusets, par exemple, mêlée à de la bonne argille, fournit un mêlange tres - propre à donner de bons creusets.

Mais ce n'est proprement qu'à l'expérience aveugle & au tatonnement qu'on doit les meilleurs creusets qu'on employe dans les laboratoires, & ce n'est presque que par ce moyen que l'on peut encore raisonnablement tenter de les perfectionner.

On prévient facilement l'inconvénient qui pourroit dépendre de ce qu'un creuset seroit sujet à casser ou à se fendre, en l'échauffant & le laissant réfroidir avec précaution; ce n'est que dans un petit nombre de cas qu'il peut nuire, comme fournissant quelque principe aux matieres qu'il contient (je ne connois guere de changement essentiel observé qui dépende de cette cause, que la réduction du plomb opérée par la craie dans une expérience de M. Pott, d'après laquelle cet habile chimiste a condamné la prétention de quelques auteurs qui avoient écrit qu'un morceau de craie creux, étoit un excellent creuset pour tenir en fonte le verre de plomb); mais le grand défaut des creusets ordinaires, c'est d'être entamés, pénétrés, & percés par certaines substances, entre lesquelles le sel marin, l'alkali fixe ordinaire, & le verre de plomb sont les plus connues; ensorte que tenir long tems le sel marin, le sel de tartre, & le verre de plomb en fonte, c'est - là l'éloge éminent pour un creuset.

Les creusets d'Allemagne, & sur - tout ceux de Hesse, ont été long tems fameux parmi les Chimistes de toutes les nations; nous ne nous en servons presque plus en France, parce que nous en avons de meil<cb-> leurs. Les creusets ordinaires des fournalistes de Paris sont généralement bons pour toutes les opérations ordinaires; mais ils ne tiennent pas long tems les sels & les verres de plomb, épreuve que les creusets d'Allemagne ne soûtiennent pas non plus. Les meilleurs creusets d'Allemagne n'ont pû résister à certains mélanges très - fusibles, que M. Pott a traité dans ces vaisseaux (voyez la Lithogeognosie.); il y a apparence que les nôtres ne seroient pas plus propres aux mêmes expériences.

M. Rouelle a éprouvé depuis quelques années, que les petits pots de grais dans lesquels on porte à Paris le beurre de Bretagne, & qu'on trouve chez tous les Potiers sous le nom de pots à beurre, étoient les plus excellens creusets qu'on pût employer, & qu'ils pouvoient remplir les desirs de plusieurs chimistes, qui ayant des prétentions sur le verre de plomb, se sont plaints de n'avoir point de vaisseaux qui le pûssent long tems tenir en fonte. Voyez Plomb.

Quelques chimistes ont employé des treusets doubles, c'est - à - dire, un creuset emboîté juste dans un autre creuset, pour exposer à un feu long tems continué des mélanges difficiles à contenir; M. Pott a eu recours avec succès à cet expédient. Voyez la Lithogeognosie.

On fait une espece de descensum en plaçant l'un sur l'autre deux creusets, dont le supérieur a le fond percé de plusieurs trous, & adapté exactement à l'ouverture de l'inférieur; cet appareil est principalement employé à retirer l'antimoine de sa mine. Voyez Antimoine, Distillation & Descensum.

On se sert très - commodément d'un creuset comme d'une capsule à bain de sable, dans plusieurs opérations, par exemple, dans la sublimation en petit. V. Sublimation. (b)

Creuset (Page 4:460)

Creuset, c'est une partie du fourneau des grosses forges. Voyez Grosses Forges.

CREUSON (Page 4:460)

CREUSON, sub. m. (Comm.) écu ou piastre de Milan; il vaut cinq livres dix - sept soldis du pays.

CREUSSEN (Page 4:460)

CREUSSEN, (Géog. mod.) ville d'Allemagne, dans la Franconie, au marggraviat de Culmbach, sur les confins du haut Palatinat.

CREUSURE (Page 4:460)

CREUSURE, s. f. (Horlogerie.) nom que les Horlogers & d'autres ouvriers donnent en général à des cavités, mais sur tout à celles qui sont un peu grandes, & dont le fonds est plat; tel est dans une montre simple celle de la platine des piliers du côté du cadran, & qui sert à contenir les roües de la cadrature, la barrette, &c. Les creusures servent en général dans les montres à contenir des roües, qui par la disposition du calibre, ne pourroient pas se trouver au - dessus du plan des platines. Voyez Platine, &c. (T)

CREUTZ (Page 4:460)

CREUTZ, (Géog. mod.) ville royale de l'Esclavonie, sur la riviere de Hun, capitale d'un comté de même nom, situé entre la Save & la Drave.

Il y a encore une ville de même nom dans la basse Hongrie, près d'Odenbourg.

CREUTZBERG (Page 4:460)

CREUTZBERG, (Géog. mod.) ville d'Allemagne dans la Thuringe, sur les frontieres du pays de Hesse, sur le Werra.

CREUTZBOURG (Page 4:460)

CREUTZBOURG, (Géog. mod.) ville d'Allemagne, dans la Silésie, à la principauté de Brieg, sur la Trinnitz. Il y a une autre ville du même nom en Livonie, dans la province de Letten.

CREUTZENACH (Page 4:460)

CREUTZENACH, (Géog. mod.) ville d'Allemagne, au palatinat du Rhin, sur la Nave. Long. 25. 16. lat. 49. 64.

CREUX (Page 4:460)

CREUX, adj. & subst. Creux, adjectif, est synonyme à profond; creux, substantif, est synonyme à cayité. Ces mots sont d'un usage fort étendu dans les [p. 461] Arts; on dit, en Musique, d'un chanteur qu'il a du creux, lorsque sa voix descend fort bas; en Fonderie, de l'intérieur d'un moule; en Architecture, de l'espace vuide d'une colonne, &c.

Creux (Page 4:461)

Creux, s. m. (Marine.) Les marins appellent le creux, la profondeur d'un vaisseau, & c'est la distance qu'il y a entre le dessus de la quille & le dessus du bau du premier pont, non compris le bouge de ce bau. Voyez Planche V. de Marine, fig. 1. où la ligne X X désigne le creux.

Le creux se fait ordinairement des neuf vingtiemes du bau, c'est - à - dire d'une dixieme partie moindre que sa moitié, & quelquefois d'une douzieme.

D'autres constructeurs font cette profondeur exactement égale à la moitié du bau ou de la largeur, & cela afin de rendre plus élevée au - dessus de la surface de l'eau la premiere batterie, & l'empêcher d'être noyée.

La hauteur du premier pont vers le milieu du navire se trouve fixée par le creux; mais comme on donne ordinairement un peu de relevement au pont à l'avant & l'arriere, il en résulte que le creux est plus grand en ces endroits qu'au milieu; & la différence du tirant d'eau augmente encore beaucoup le creux de l'arriere, & diminue celui de l'avant; mais quand on parle du creux d'un vaisseau, c'est du creux du milieu ou vis - à - vis le maitre gabary dont il s'agit. Car le creux de l'arriere est le creux du milieu, plus la tonture du pont, & encore la moitié de la différence du tirant d'eau; le creux de l'avant est le même que celui de l'arriere, moins toute la différence du tirant d'eau. Ce qu on vient de voir est tiré des savans traités de MM. Bouguer & Duhamel, sur la construction des vaisseaux, auxquels on peut avoir recours si l'on a besoin de quelques détails plus particuliers sur cet article. (Z)

Creux d'une voile (Page 4:461)

Creux d'une voile, (Marine.) c'est l'enfoncement que le vent fait dans la voile lorsqu'il souffle & l'enfle. (Z)

CREZEAU (Page 4:461)

CREZEAU, s. m. (Manus. en laine.) espece de grosse serge à deux envers, & à poil des deux côtés; il y en a de gros & de fins; de blancs & de colorés

CRI

CRI, CLAMEUR (Page 4:461)

CRI, CLAMEUR, (Synon. Giamm.) le dernier de ces mots ajoûte à l'autre une idée de ridicule par son objet ou par son excès. Le sage respecte le cri public, & méprise les clameurs des sots. (O)

Cri d'armes (Page 4:461)

Cri d'armes ou cri de guerre, (Hist. mod. & Art milit.) On appelloit ainsi certaines paroles en usage chez nos premiers François & chez les autres peuples de l'Europe pour animer les soldats au combat, ou pour se faire connoitre dans les batailles & dans les tournois.

On trouve dans l'antiquité des traces de cette coûtume, & sur - tout bien expressement dans l'Ecriture au livre des Juges, chap. vij. où Gédeon donna pour mot ou pour cri de guerre, aux soldats qu'il menoit contre les Madianites ces paroles, Domino & Gedeoni, au Seigneur & à Gédeon.

Parmi les modernes, le cri de guerre étoit une suite de la banniere, c'est - à - dire que nul n'étoit reconnu pour gentilhomme de nom, d'armes, & de cri, s'il n'avoit droit de lever banniere, l'un & l'autre servant à mener des troupes à la guerre & à les rallier. Dans les batailles, les bannerets faisoient le cri, desorte que dans une armée il y avoit autant de cris qu'il y avoit de bannieres ou enseignes. Mais outre ces cris particuliers, il y en avoit un géneral pour toute l'armée, & c'étoit celui du général ou du roi quand il s'y trouvoit en personne. Quelquefois il y avoit deux cris généraux dans une même armée, lorsqu'elle étoit composée de deux différentes nations. Ainsi dans la bataille donnée entre Henri de Transtamare & Pierre le Cruel, en 1369, les Espagnols du parti de Henri crierent Castille au roi Henri, & les François auxiliaires, commandés par Bertrand du Guesclin, prirent pour cri, Notre - Dame, Guesclin. Le cri général se faisoit unanimement par tous les soldats en même tems à l'instant de la mêlée, tant pour implorer l'assistance du ciel, que pour s'animer au combat les uns les autres; & les cris particuliers servoient aux soldats à s'entre - connoître, & aux chefs à démêler leurs soldats, à les tenir serrés autour de leur banniere, ou à les rallier en cas de besoin. Dans les tournois, c'étoient les hérauts d'armes qui faisoient le cri lorsque les chevaliers étoient prêts d'entrer en lice. Le cri de la famille appartenoit toûjours à l'aîné; & les puînés ne prenoient le cri de leur maison, qu'en y ajoûtant le nom de leur seigneurie.

Mais le roi Charles VII. ayant établi des compagnies d'ordonnance vers l'an 1450, & dispensé les bannerets d'aller à la guerre accompagnés de leurs vassaux, l'usage du cri d'armes a été aboli; il ne s'est conserve que dans les armoiries, auxquelles on joint souvent le cri de la maison. Le cri le plus ordinaire des princes, des chevaliers, & des bannerets, étoit leur nom; quelques uns ont pris le nom des maisons dont ils étoient sortis; d'autres celui de certaines villes, parce qu'ils en portoient la banniere; ainsi le comte de Vendome crioit Chartres: des princes & seigneurs très - considérables ont crié leurs noms ou ceux de leurs villes principales avec une espece d'éloge, ainsi le comte de Hainaut avoit pour cri, Hainaut au noble comte; & le duc de Brabant, Louvain au rich duc. La seconde maniere de cri, étoit celui d'invocation; les seigneurs de Montmorenci crioient Dieu aide, & ensuite Dieu aide au premier chrétien; parce qu'un seigneur de cette maison reçut, dit - on, le premier le bâteme après le roi Clovis. La maison de Bauffremont, en Lorraine & en Bourgogne, avoit pour cri ces mots, Bauffremont, au premier chrétien, probablement pour une pareille raison. Les dues de Normandie crioient, Diez aye, Dam Diez aye, c'est - à - dire, Dieu nous aide, le Seigneur Dieu nous aide; car dans la seconde de ces formules, dam est pris pour dom, dominus, & non pour Notre Dame, ainsi que l'a pensé la Colombiere. Le duc de Bourbon crioit Notre - Dame, Bourbon; & le duc d'Anjou, S. Maurice. La troisieme espece étoit un cri de resolution, comme celui que prirent les croisés pour la conquête de la Terre - sainte sous Godefroi de Bouillon, Diez le volt, c'est - à - dire Dieu le veut. La quatrieme sorte de cri est celui d'exhortation, tel que celui du seigneur de Montoison de la maison de Clermont en Dauphiné, à qui le roi Charles VIII. cria à la recousse Montoison, ou celui des seigneurs de Tournon, au plus druz, c'est - à - dire au plus épais & au plus fort de la mélée. La cinquieme espece est celui de dsi, comme le cri des seigneurs de Chauvigni, chevaliers pleuvent, c'est - à - dire viennent en foule. La sixieme sorte de cri celui de terreur ou de courage, ainsi les seigneurs de Bar crioient au feu, au feu; & ceux de Guise, place à a banniere. La septieme espece est des cris d'évenement, comme celui des seigneurs de Prie, cant l'oiseaux, parce qu'un seigneur de cette maison avoit chargé l'ennemi dans un bois où chantoient des oiseaux. La derniere espece étoit le cri de ralliement, comme celui de Mont - joye S. Denis, c'est - à - dire ralliez - vous sous la banniere de saint Denis. Ducange, Dissert. xj. sur l'hist. de S. Louis. Le P. Menestrier, origine des armoiries.

Tous ces différens cris de guerre étoient bons dans les batailles avant l'invention de la poudre à canon & l'introduction des armes à feu. Malgré le cliquetis des armes & le bruit des combattans, on pouvoit encore quelquefois entendre ces différens signaux.

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