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CRAPAUD (Page 4:433)
CRAPAUD, s. m. animal amphibie Il y en a de deux sortes, le crapaud de terre, bufo rubeta, & le crapaud d'eau, rana palustris venenata.
Le crapaud de terre est plus gros que la grenouille;
il a le corps épais, le dos large, le ventre gonflé, &
il est si pesant, qu'il ne saute qu'à peine; & si lourd,
qu'il ne marche que fort lentement. La peau est dure,
couverte de tubercules, & de couleur livide, tachée
de jaune sur le ventre. Cet animal se retire dans des
lieux sombres & humides, & se cache dans des creux
infectés de fange & de puanteur: il se nourrit de vers,
d'insectes, de coquillages de terre. On a trouvé de
ces animaux renfermés dans des troncs d'arbres, &
même dans des blo>s de pierre, où ils devoient avoir
passé grand nombre d'années sans autre aliment que
l'eau qui pouvoit suinter à travers le bois ou la pierre.
Les crapauds s'accouplent & pondent des oeufs
comme les gienouilles, voyez
Le crapaud d'eau est plus petit que celui de terre. Rondelet a trouvé tant de ressemblance entre l'un & l'autre, qu'il n'a donné que la figure du crapaud d'eau, & qu'il y renvoye pour donner une idée de celle du crapaud de terre.
On donne encore le nom de crapaud à une sorte de grenouille que l'on trouve dans la terre & sous les fumiers; elle a le museau plus pointu & les jam<pb-> [p. 434]
Les crapauds passent communément pour des animaux
venimeux, sur - tout le crapaud de terre; on
prétend qu'il est plus dangereux, lorsqu'il habite
dans des lieux secs & froids. On a rapporté, dans
les éph. des cur. de la nat. Déc. 1. an. 1. qu'il étoit arrivé
de funestes accidens à des gens pour avoir manié
des pierres avec lesquelles on avoit écrasé des
crapauds. On dit que l'eau dans laquelle ces animaux
vivent & l'air qui les environne, sont un poison pour
les personnes qui se baignent dans cette eau, ou qui
respirent cet air; & que les fraises ou les autres plantes
qui sont infectées de la bave ou de l'urine du crapaud, produisent de mauvais effets lorsqu'on les
mange sans qu'elles ayent été lavées. On croit que
cet animal darde son urine lorsqu'il est poursuivi.
On raconte qu'un charlatan ayant reçû de cette urine
dans sa bouche, en mourut une demi - heure après,
quoiqu'il eût pris du contre - poison; & qu'une autre
personne eut les yeux fort malades, parce qu'il y
étoit tombé de l'urine du même animal. Eph. cent.
4. Il arriva à une autre de dangereux accidens, pour
avoir tenu la tête d'un crapaud dans sa bouche. Enfin on a aussi attribué une qualité venimeuse au sang
de cet animal, à ses oeufs lorsqu'on les avale, &c. Il
seroit inutile de rapporter ici tout ce qui a été écrit
des effets du venin des crapauds. Passions à d'autres
observations, qui jettent beaucoup d'incertitude sur
l'existence de ce prétendu venin. Voyez cependant
Les canards mangent souvent des crapauds, & les fourmis se nourrissent de ceux que l'on jette dans les fourmilieres, sans qu'il paroisse que ni les uns ni les autres en ressentent aucun mauvais effet. On a éprouvé que l'urine du crapaud, soit qu'on l'avale ou qu'on l'applique à l'extérieur, n'a aucune qualité venimeuse; on a même reconnu que cette urine étoit bonne pour les yeux dans certains cas, au lieu d'être nuisible. Eph. des cur. de la nat. Déc. 3. ann. 7. On prétend que les excrémens du crapaud sont diurétiques: on dit que des gens ont mangé de ces animaux sans en ressentir aucun mal, & qu'ils les ont trouvé d'aussi bon goût que les grenouilles.
Tant de faits rapportés pour & contre l'existence du venin des crapauds, prouvent au moins que cet animal est suspect, & qu'on doit le fuir jusqu'à ce que des épreuves plus exactes & mieux constatées ayent décidé la question. Si dans les climats tempérés les excrémens des crapauds sont corrosifs, il y a lieu de croire qu'ils peuvent être venimeux dans les pays chauds; & que le crapaud de Surinam, qui est appellé curucu au Bresil, est aussi dangereux qu'on l'a dit dans différentes relations; cet animal est une fois aussi gros que les crapauds de ce pays - ci; il a aux deux côtés de la tête des excroissances semblables à de grosses verrues; son urine & sa bave sont, dit - on, très - venimeux, mais sur - tout son sang, sa graisse & son fiel.
On a vû en Italie, aux environs d'Aquapendente,
un crapaud qui avoit plus d'un pié & demi de largeur,
& qui étoit plus gros que la tête d'un homme.
Eph. des cur. de la nat. Déc. 2. ann. 2. En effet il y
a dans plusieurs régions des crapauds beaucoup plus
gros que ceux de ce pays - ci: mais je crois que le crapaud de Surinam appellé pipa, est un des plus singuliers
de tous, en ce que les oeufs éclosent sur le dos
du mâle. Voyez
Crapaud, (Page 4:434)
Crapaud, (Page 4:434)
Il y en a qui prétendent que le crapaud réduit en poudre, soulage dans l'hydropisie; on l'ordonne depuis un scrupule jusqu'à deux; on fonde cette vertu sur une histoire singuliere. On raconte qu'une femme dont le mari étoit attaqué de cette maladie, l'en guérit en lui servant, on ne dit point à quelle sauce, des crapauds, auxquels elle supposoit au contraire une qualité venéneuse très - propre à la débarrasser de son hydropique.
On dit que le crapaud mort ou séché, s'enfle des humeurs peccantes qu'il attire, si on l'applique sous les aisselles, sur la tête, sur la région des reins, & sur les autres parties du corps, où ces humeurs pourront causer des embarras, obstructions, &c. Credat Judoeus.
Autre fable; c'est que si on le met mort ou vivant sur le lit d'une personne attaquée de quelque maladie maligne & venéneuse, il s'enflera du venin de la maladie par une espece d'attraction animale.
Crapaud - volant, (Page 4:434)
Crapaud, (Page 4:434)
Crapaud, (Page 4:434)
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