ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"292"> que, le mêlent avec un peu d'huile des quatre semences froides; d'autres dissolvent de ce baume dans de l'esprit de vin ou de l'eau de la reine d'Hongrie: ensuite elles jettent cette dissolution dans de l'eau de lys, & en font une espece de lait virginal.

Voici la meilleure maniere de préparer ce baume cosmetique, suivant M. Geoffroy.

Prenez baume de la Mecque, huile d'amandes douces nouvellement tirée, de chacune parties égales; mêlez ces drogues avec soin dans un mortier de verre, pour en faire une espece de nutritum, sur trois drachmes duquel vous verserez, après l'avoir mis dans un matras, six onces d'esprit - de - vin; laissez - le en digestion jusqu'à ce que vous en ayez extrait une teinture suffisante. Séparez cette teinture de l'huile, & mettez - en une once dans huit onces de fleurs de féves, ou autre analogue, vous aurez un excellent cosmétique laiteux.

Il faut bien se garder de confondre ces sortes de préparations cosinétiques innocentes, avec celles qu'on compose de plomb, de céruse, de vinaigre de Saturne, de magistere, de fleurs de bismuth & autres de cette nature, qui font à la vérité les plus beaux blancs du monde, mais qui par leurs parties salines, venéneuses, arsénicales, indélébiles, alterent & gâtent le teint sans remede.

Comme on blanchit les fleurs de jacynthe bleues, en les passant à la fumée de soufre, cette expérience a fait imaginer qu'on pourroit par le même secours rendre blanche la peau brune & basanée; mais les personnes qui s'en servent pour les mains & les bras, n'en éprouvent point de succès. A l'égard du visage, si ce moyen étoit pratiquable sans affecter les yeux & la poitrine, il ne manqueroit pas de pâlir les joues & les levres, & de les rider en même tems.

Il est donc très - important de n'employer aucun de tous ces dangereux fards cosmétiques, qui plombent la peau, la dessechent, la minent, & produisent finalement les mauvais effets dont parle la Bruyere, quand il dit que « si les dames étoient telles naturellement qu'elles le deviennent par artifice, c'est - à - dire qu'elles perdissent très - promptement la fraicheur de leur teint; qu'elles eussent le visage aussi gâté qu'elles se le rendent par la peinture dont elles se fardent, elles seroient inconsolables. » Par M. le chevalier de Jaucourt.

COSMIQUE (Page 4:292)

COSMIQUE, adj. (Géog.) se dit de ce qui appartient à la Cosmographie, ou qui a rapport au monde en général. (O)

Cosmique (Page 4:292)

Cosmique, se dit, en Astronomie, du lever d'une étoile dans certaines circonstances. Une étoile se leve cosmiquement, quand elle se leve avec le soleil, ou avec le degré de l'écliptique où est le soleil. Voyez Lever.

Le coucher cosmique arrive lorsqu'une étoile se couche dans le même tems que le soleil se leve. Voy. Coucher & Heliaque.

Selon Kepler, se lever ou se coucher cosmiqument, c'est sculement s'élever sur l'horison ou des - cendre dessous. Voyez Achronique. Chambers. (O)

Cosmiques. (Page 4:292)

Cosmiques. (Qualités) Façon de parler dont M. Boyle se sert pour désigner certaines qualités des corps résultantes de la construction générale de l'Univers. Voyez Qualité.

Quoiqu'en considérant les qualités des corps, nous n'examinions ordinairement que la faculté que chaque corps a d'agir sur un autre, ou que la propriété qu'il a de subir l'action d'un autre corps avec lequel une communication réciproque d'impressions fait observer qu'il a une relation mamfeste; cependant, selon M. Boyle, un corps peut avoir quelques attributs, & être sujet à certains changemens, non pas sunplement par rapport à ces qualités qui parois<cb-> sent lui être évidemment inhérentes, ni par les relations qu'il a avec les autres corps, mais en conséquence de la constitution du système général du Monde, de laquelle il pourroit résulter plusieurs agens insensibles, qui par des moyens inconnus pourroient agir puissamment sur les corps que nous considérons, y produire des changemens, & lés rendre capables d'en produire sur les autres corps; de sorte que ces changemens devroient être attribués plûtôt à l'action de quelques agens insensibles, qu'à celle des autres corps avec lesquels on observeroit que le corps en question auroit un certain rapport. Ainsi plusieurs corps étant placés ensemble dans quelque espace supposé au - delà des bornes de l'Univers, ils retiendroient, selon M. Boyle, plusieurs des qualités dont ils sont doüés présentement, & ils pourroient en perdre quelques - unes & en acquérir d'autres. Mais si on les remettoit à leurs premieres places dans l'Univers, ils reprendroient leurs propriétés & dispositions primitives, dépendantes de la forme du système général ou du Monde. Ce sont ces qualités ou propriétés que M. Boyle appelle systématiques ou cosmiques. Chambers.

On ne sauroit douter que tous les corps dont cet Univers est composé, ne forment un système qui est un, & dont les parties sont dépendantes les unes des autres, & ont entr'elles des relations qui résultent de l'harmonie du tout. Certainement quelques - uns de ces corps déplacés pourroient perdre ces relations, & changer par conséquent de propriétés à certains égards. Mais tout ce que nous pouvons dire là - dessus se réduit à des choses bien générales & bien vagues; parce que nous sommes fort ignorans sur les propriétés de la matiere, & sur l'ensemble de cet univers que nous habitons. Un seul phénomene, un seul fait bien vû & bien développé instruit plus que toutes ces conjectures hasardées, que nous ne serons jamais à portée de vérifier, & qui, sans éclairer les Philosophes, exercent leur imagination & leur oisiveté. Newton, sans s'épuiser en raisonnemens sur le système d'un autre univers, a fait plus de découvertes qu'aucun autre philosophe dans le système de celui que nous habitons. Ne cherchons point ce que les corps pourroient être dans un monde imaginaire; contentons - nous d'ignorer ce qu'ils sont dans celui - ci. (O)

COSMOGONIE (Page 4:292)

COSMOGONIE, s. f. (Physiq.) est la science de la formation de l'Univers. Ce mot est formé de deux mots grecs, XO/S2MOS2, monde,, GINOMAI, je nais. La Cosmogonie differe de la Cosmographie, en ce que celle - ci est la science des parties de l'Univers, supposé tout formé, & tel que nous le voyons; & elle differe de la Cosmologie, en ce que celle - ci raisonne sur l'état actuel & permanent du Monde tout formé; au lieu que la Cosmogonie raisonne sur l'état variable du Monde dans le tems de sa formation. Voyez Cosmologie.

De quelque maniere qu'on imagine la formation du Monde, on ne doit jamais s'écarter de deux grands principes: 1° celui de la création; car il est clair que la matiere ne pouvant se donner l'existence à elle - même, il faut qu'elle l'ait reçue: 2° celui d'une intelligence suprème qui a présidé non - seulement à la création, mais encore à l'arrangement des parties de la matiere en vertu duquel ce Monde s'est formé. Ces deux principes une fois posés, on peut donner carriere aux conjectures philosophiques, avec cette attention pourtant de ne point s'écarter dans le système qu'on suivra de celui que la Genèse nous indique que Dieu a suivi dans la formation des différentes parties du Monde.

Ainsi un chrétien doit rejetter tout système de Cosmogonie, par exemple, où les poissons seroient existans avant le soleil; parce que Moyse nous apprend [p. 293] que le soieil fut fait le quatrieme jour, & les poissons le cinquieme. Mais on auroit tort de taxer d'impiété un physicien qui penseroit que les poissons ont habité le globe avant l'homme, puisqu'il est écrit que l'homme ne fut créé que le dernier. Ainsi l'auteur d'une gazette périodique a sottement accusé l'illustre secrétaire de l'académie des Sciences d'avoir dit que les poissons ont été les premiers habitans duglobe; car cela est très - conforme au récit de Moyse.

C'est encore une chose qu'il est très - permis de soûtenir, suivant le rêcit même de Moyse, que le chaos a existé avant la séparation que Dieu a faite de ses différentes parties. Voyez l'article Chaos.

Il doit être très - permis de dire avec Descartes, que les planetes, & la terre en particulier, ont commencé par être des soleils qui se sont ensuite encroûtés, parce que le récit de Moyse n'a rien de contraire à cette supposition. La Physique peut la réprouver; mais la religion l'abandonne à nos disputes. Il doit être permis de dire que la formation de ce Monde n'a dépendu que du mouvement & de la matiere différemment combinés; parce que Dieu auteur seul de la matiere & du mouvement n'a employé certainement que ces deux principes pour l'arrangement du Monde; mais les a employés avec une intelligence dont lui seul est capable, & qui seule est une preuve de son existence. On doit donc être extrèmement reservé à taxer d'irréligion les philosophes qui proposent un système de Cosmogonie, lorsque ce systeme peut s'accorder avec le récit de Moyse; & il ne faut pas craindre qu'on leur donne par - là trop d'avantage. Dans le système de Newton, par exemple, l'impulsion une fois donnée aux planetes, & l'attraction supposée, le système du Monde doit subster en vertu des seules lois du mouvement. Il semble d'abord que ce système favorise l'Athéisme, en ce qu'il ne suppose autre chose qu'un premier mouvement imprimé, dont tout le reste est une suite, & qu'il n'a pas recours à l'action continue de l'Être supreme. Mais qui a pû donner ce premier mouvement, & qui a établi les lois en vertu desquelles il se conserve? Ne sera - ce pas toûjours l'être suprème? Il en est ainsi des autres. La philosophie de Démocrite qui attribuoit tout au hasard & au concours fortuit des atomes, étoit impie; mais une physique qui, en réduisant tout au mouvement différemment combiné & à des lois simples & générales, explique la formation de l'Univers, est très - orthodoxe, quand elle commence par reconnoître Dieu pour auteur seul de ce mouvement & de ces lois. V. Création, Mouvement, Percussion , &c.

Après ces observations, nous n'entrerons point dans le détail des différens systèmes des anciens & des modernes sur la formation du Monde, tous ces systèmes étant des hypothèses purement conjecturàles, & plus ou moins heureuses, à proportion qu'elles sont plus ou moins appuyées sur les faits & sur les lois de la méchanique; nous en exposerons les principaux à l'article Terre. Car c'est principalement la formation de ce globe que nous habitons qui est l'objet de la Cosmogonie. (O)

COSMOGRAPHE (Page 4:293)

COSMOGRAPHE, adj. pris subst. se dit d'une personne versée dans la Cosmographie. Voyez Cosmographie. Les anciens qui nioient l'existence des antipodes, étoient de mauvais Cosmographes. Voyez l'article Antipodes, où nous avons exposé l'affaire de Virgile, & que nous rappellons ici, parce qu'il nous paroît que nous y avons discuté avec exactitude le jugement que le pape Zacharie porta en cette occasion, & répondu d'avance aux mauvaises objections qu'on nous a faites là - dessus. (O)

COSMOGRAPHIE (Page 4:293)

COSMOGRAPHIE, s. f. description du monde, ou science qui enseigne la construction, la figure, la disposition, & le rapport de toutes les parties qui composent l'Univers. Voyez Monde. Ce mot vient du grec XO/AMOS2, monde, & GRA/FW, je décris.

La Cosmographie differe de la Cosmologie, en ce que celle - ci raisonne sur la construction & la formation de l'Univers, au lieu que la Cosmographie en est seulement la description historique.

La Cosmographie dans sa définition générale embrasse, comme l'on voit, tout ce qui est de l'objet de la Physique. Cependant on a restraint ce mot dans l'usage à désigner la partie de la Physique qui s'occupe du système général du monde. En ce sens la Cosmographie a deux parties; l'Astronomie, qui fait connoître la structure des cieux & la disposition des astres, voyez Astronomie; & la Géographie, qui a pour objet la description de la Terre, voyez Géographie.

Quoique nous donnions dans les différens articles de cette Encyclopédie le détail des différens points du systeme du monde, nous allons ici exposer ce système sort en abregé, pour en présenter l'idée générale à ceux qui n'en sont pas instruits, nous réservant à entrer dans un plus grand détail aux articles dont il s'agit. Voyez Copernic, Planete, &c.

Le Soleil est au centre de notre système. C'est un globe lumineux, environ un million de fois gros comme la Terre; il tourne sur son axe en 25 jours; on y voit des taches qui disparoissent. Voyez Soleil, Tache, &c.

Mercure tourne autour du Soleil en trois mois; on ne sait s'il tourne sur lui - même. Son diametre est 1/300 de celui du Soleil; sa distance au Soleil la plus grande est de 5137 diam. de la Terre, la plus petite de 3377. Voyez Mercure.

Venus a un diametre qui est le 1/100 de celui du Soleil. Elle tourne sur son axe, selon quelques - uns, en 24 jours, selon d'autres en 24 heures. Sa plus grande distance est de 8008 diam. terr. la moindre de 7898. Voyez Venus.

La Terre est dans sa plus grande distance à 11187 diam. & dans la plus petite à 10813. Elle tourne en 24 beur. sur son axe, & cet axe a outre cela un mouvement conique, dont la révolution est de 25000 ans; il fait un angle de 66° 1/2 avec l'écliptique. V. Ecliptique, Precession des Equinoxes, Terre

Mars tourne sur lui - même en 25 heures, & autour du Soleil en deux ans; sa plus grande distance est de 18315 diam. de la Terre, & la moindre de 15213; son diametre est de 1/170 de celui du Soleil. V. Mars.

Jupiter tourne en 10 heures sur son axe, & autour du Soleil en douze ans; son diametre est 1/9 de celui du Soleil, sa plus grande distance est de 59950 diam. terr. sa moindre de 54450. Voyez Jupiter.

Saturne tourne en trente ans autour du Soleil; on ignore s'il tourne sur son axe. Sa plus grande distance est de 110935 diam. terr. sa moindre de 98901, Voyez Saturne.

Outre ces six planetes principales, il en est de secondaires ou satellites. La Lune est satellite de la Terre; elle tourne autour d'elle - même & autour de la Terre en un mois; elle est éloignée de nous de 30 diametres de la Terre. Son diametre est le 1/4 de diam. de la Terre. Voyez Lune, Satellite.

Jupiter a de même quatre satellites, & Saturne cinq. De plus, cette derniere planete a un anneau très - singulier. Voyez Anneau. Les éclipses des satellites sont d'une grande utilité pour les longitudes. Voyez Longitude.

Notre Terre est couverte de deux grands fluides: l'un est la mer, dans lequel l'action de la Lune & du Soleil cause un flux & reflux continuel; l'autre est l'air, dans lequel on a remarqué beaucoup de propriétés. Voyez Mer, Marée, Air &c.

La lumiere des planetes, matte & foible en comparaison de celle du Soleil, leurs phases, leurs ta<pb->

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