ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"314"> ner aussi - tôt que les ouvriers qui ont travaillé au premier, sont parvenus en B. Ce second apprêt se commencera en A, comme le premier; c'est la même colle, employée seulement beaucoup plus forte, il n'y faut ajoûter que peu d'eau. On l'applique de la même maniere, avec les mêmes vergettes que le premier, mais avecbeaucoup plus de ménagement; la trop grande quantité rendroit le fil cassant: les vergettes de peluche la distribueront également & avec oeconomie. On aura soin de faire sécher les fils sous la vergette, & de mouvoir les baguettes avec encore beaucoup plus de soin qu'au premier apprêt.

Ces deux apprêts rendent le coton si beau, si uni, qu'il ressemble à de longs cheveux. Il faut veiller, en les donnant, à ne pas fatiguer le coton à force de le frotter: il séchera très - vîte. L'adresse dans ce travail est de prévenir le moment où il va sécher, & dans cet instant un coup de vergette sépare les uns des autres tous les fils qui en sont touchés. Un second les humecte trop, & les colle de rechef.

Les Indiens enduisent alors leurs cotons d'huile; mais j'estime qu'il faut laisser ce soin au tisserand, qui le prendra à mesure qu'il tramera sa toile. L'huile qui séjourne sur les apprêts, paroît les affoiblir; c'est pour cette raison qu'il faut lui préférer le suif neuf, qui les assouplit & ne les affoiblit point.

Du métier. Le métier differe peu de celui où l'on fait la toile, excepté que les parties qui le composent, sont proportionnées à la foiblesse du sil de coton qu'on y travaille. On s'en sert, comme de tous les autres métiers, à faire de la toile, excepté que l'ensuple de derriere est retenue avec deux contrepoids A A, Pl.IV. suivant la méthode des ouvriers en soie; & qu'au contraire celle de devant est retenue aux deux chevilles, suivant l'usage des toiliers. Il a paru à l'usage, que les contrepoids faisoient une résistance plus égale, & qu'on en proportionnoit sacilement l'effort au besoin. BB, B B, les ensuples sont de sapin; elles ont quelque grosseur, parce qu'il est essentiel que tout ce qui résiste au coton, ait l'avantage de lui résister sans le rompre. La chaîne se peut monter avec deux, quatre ou six lames, C, suivant la finesse de la toile qu'on veut fabriquer.

On suppose que la mousseline qu'on veut fabriquer, ait une aulne de large, & qu'elle soit en compte de quarante; elle aura quatre mille fils dans la chaîne, de la largeur d'une aulne, suivant l'usage des fabriques de Normandie. Si on ne met que deux fils par chaque dent du peigne, le métier n'aura que deux lames, & chacune portion deux mille fils. Lorsque le métier travaillera, deux mille fils baisseront sur une seule ligne, & deux mille monteront sur une même ligne; mais comme un si grand nombre de fils cause de l'embarras dans une chaîne de coton très - fine, on se sert de quatre lames au lieu de deux: ainsi chacune d'elles aura mille fils sur une même ligne. Ces lames étant les unes devant les autres, diminuent l'embarras de moitié dans le jeu de la chaîne, & par conséquent aussi l'effort que le coton avoit à supporter.

Mais comme une mousseline fine faite en quarante, ne seroit pas suffisamment garnie en chaîne, si on n'y mettoit que quatre mille dans un compte en quarante, les Indiens ont imaginé de mettre trois fils en chaque dent du peigne; par - là ils font entrer six mille fils dans un peigne de compte en quarante; & pour les faire agir sans autres grands embarras, ils ont recours à six lames, dont trois baissent tandis que les trois autres levent. Chacune d'elles fait mouvoir mille fils; par ce moyen on n'est point obligé d'avoir des peignes de compte en 60, qui seroient si serrés que le coton ne pourroit y agir sans se fatiguer, & même sans se briser: il est par conséquent de tout avantage de faire toûjours ces peignes plus vuides que pour quelqu'autre ouvrage que ce puisse être, quand ils en devroient être plus foibles.

Par ce qui vient d'être dit, on a dû reconnoître que le métier devoit marcher à deux marches D, parce qu'il s'agit de fabriquer une toile unie, sans aucune croisiere.

Ce n'est pas encore assez d'avoir partagé l'embarras des fils de la chaîne en six parties, pour la faire agir plus facilement dans le travail du tisserand; il faut encore oeconomiser les espaces dans le fil des lisses des lames E, en se servant d'un fil délié, fort, parfaitement uni, & exempt de tout duvet étranger; le succès est attaché à cette précaution, M. Jore a fait faire à cet usage un fil de soie, retors exprès, de neuf fils de soie, d'organcin de Piémont, le plus parfait qu'il a pûtrouver; & de cette soie retorse d'abord par trois fils; & trois de ces fils mis en un, il a fait ses lisses; & l'expérience lui a démontré que rien ne pouvoit remplacer cette soie, ni soie de Grenade, ni fil de quelqu'espece qu'on le choisît.

De ce qui vient d'être dit du nombre des lames & du nombre des fils de la chaîne, à faire entrer dans un peigne en quarante, l'ouvrier doit juger de la maniere de passer ses fils en lisse & en peigne, pour mettre son métier en état de travailler.

Ce métier monté de sa chaîne, n'a de l'ensuple B de devant à l'ensuple B de derriere, que trois piés, parce que la chaîne ne se peut travailler sur une plus grande longueur à la fois; cette longueur même ne pourroit résister au travail, si elle n'étoit soûtenue par des baguettes que l'on passe dans les encroix qui sont derriere les lisses, suivant l'usage ordinaire de tous les tisserands.

De la trame. On a dit ci - devant que l'on choisissoit le fil de coton le moins parfait pour tramer la toile. Pour l'employer on le met sur l'ourdissoir, sans lui donner aucun apprêt: une femme ou un enfant en prend le bout, pour en former des canettes. Cette opération consiste à faire précisément ce qu'a fait la fileuse en ourdissant la chaîne.

La canette est un petit bout de roseau long d'un pouce à 14 lignes, que l'on passe sur une broche de fer, de sorte qu'il ne puisse tourner sur la broche. Cette broche est appuyée sur un pivot, de maniere qu'elle ne puisse s'échapper de l'endroit où elle est posée. On donne de la main à la broche un mouvement de rotation sur elle - même; en conséquence le sil de coton attaché au roseau, se roule sur le tuyau de roseau appellé canette. A mesure que le fil se dévide, l'ouvriere avance le long de l'ourdissoir jusqu'au bout, & revient sur ses pas jusqu'à ce que la canette soit chargée de trois longueurs de l'ourdissoir, qui valent cent ou cent deux aulnes de fil. Cette broche n'est point un instrument particulier au travail du coton, elle est en usage parmi les dévideuses en soie; on pourroit y suppléer par un petit roüet leger & prompt.

On voit par la longueur du coton qui se trouve mesurée sur les canettes, combien il en entre par chaque aulne de toile; précaution très - utile pour connoître la valeur de la toile, & très - fûre pour prévenir les supercheries des ouvriers.

Lorsqu'il s'agit d'employer les trames, il faut les bien imbiber d'eau, pour que le fil soit plus en état de soûtenir l'effort de la navette. On employe l'eau bouillante, sans quoi elle ne pénétreroit pas jusqu'au fond; on ébue ces canettes pour en ôter la trop grande quantité d'eau, & on les employe mouillées.

Le tisserand met une de ces canettes dans une navette F, plus basse & moins ouverte que les navettes ordinaires, pour n'être pas obligé de forcer le pas, c'est - à - dire pour n'être pas obligé d'ouvrir considérablement la chaîne pour passer la navette, Le fil [p. 315] passé & rangé en place, donne par son humidité de la souplesse aux fils de la chaîne, en humectant les apprêts dont ils sont enduits.

L'ouvrier doit travailler à pas ouvert, c'est - à - dire qu'il doit faire entrer le fil dans l'endroit où il doit rester, en tenant le pié appuyé sur la marche D; & changer le pas, le peigne appuyé sur le même fil joignant la toile fabriquée, autrement il s'exposeroit à briser nombre de fils.

Il est bon de travailler ces toiles, sur - tout lorsqu'elles sont fines, dans des endroits un peu humides, & où la chaleur du soleil ne pénetre pas. Lorsque le tisserand reprend son ouvrage, apres l'avoir quitté quelques momens, il doit passer un linge humide ou une éponge, ou autre chose semblable, sur son ouvrage à l'endroit où il a cessé de travailler, pour assouplir les apprêts en cet endroit. Il doit aussi tenir sur son métier, pendant son absence, un linge humide par la même raison.

Les chaînes se passent en lisse & dans le peigne, de la même maniere que les autres ouvriers en toile & en soie le pratiquent; on s'aide des mêmes outils, mais il se trouve de la difficulté à manier avec les doigts les fils rompus qu'il faut réparer, soit lorsqu'on apprête la chaîne, soit tandis qu'on trame sa toile. Les doigts, en passant entre les fils du coton, y causeroient souvent du dommage; pour le prévenir on se sert d'un crochet fait d'une aiguille de moyenne grosseur; on la fait rougir pour la détremper, on lui donne cette forme; on fait entrer la tête de cette aiguille dans un petit bâton de 4 pouces de longueur, & gros comme une paille. Cet outil accroche les fils rompus, les dégage des fils de la chaîne, & les met à portée d'être renoüés sans endommager les autres.

Lorsque la toile est fabriquée, on la fait tremper vingt - quatre houres, & on la lave à l'eau chaude pour en faire sortir les apprêts; on lui donne ensuite une légere lessive, puis on la met environ un mois sur l'herbe pendant l'été: elle se trouve alors suffisamment blanche, si elle est fine; si elle est commune, on lui donne une seconde lessive, & on la met encore quelque tems sur l'herbe, jusqu'à ce qu'elle soit suffisamment blanche. Lorsque la saison ne permet pas de mettre les toiles sur l'herbe, il faut toûjours en faire sortir les apprêts, qui les pourroient endommager en peu de tems, & qui les exposeroient à être rongées par les rats.

Il reste à dire quelque chose des mousselines raiyées, comme celles qui nous viennent des Indes. Ces raiyures se font avec deux fils au lieu d'un, passés ensemble en lisse & en peigne, de sorte que quatre de ces fils vont dans la même dent. Ces fils doivent encore être plus gros que les autres qui composent le reste de la chaîne; mais si ces fils etoient roulés tous ensemble sur la même ensuple, il arriveroit que leur grande disproportion de grosseur formeroit des monticules sur l'ensuple, qui feroient tirer certains fils & relâcheroient les autres. Pour prévenir cet inconvénient, on met la chaîne qui doit former les raiyons sur une ensuple particuliere; c'est pour cette raison qu'on voit la place de trois au métier, savoir deux derriere pour les deux chaînes, & l'autre devant pour recevoir l'ouvrage fabriqué.

On se sert d'un temple, ou comme on dit dans les manufactures de Lyon, tempia, pour maintenir la largeur de la toile égale à la largeur du peigne, dans l'endroit où on la trame, ainsi que le pratiquent les autres tisserands.

Les mousselines fines sont bien les ouvrages les plus délicats & les plus beaux qui se fassent avec le coton filé, mais ce ne sont pas les seuls qu'on en fasse; nous avons déjà parlé des bas; il nous reste à achever en partie l'énumération, en nommant les camisoles, couvertures, tapisseries, futaines, autres toiles que les mousselines, une infinité d'étoffes où le coton se trouve tissu ave la soie, le fil, & d'autres matieres.

On ne peut rien dire du prix des cotons, soit filés soit en laine; le prix du coton en laine dépend de sa beauté & de l'abondance de la récolte; il faut encoré faire entrer en calcul la perfection de l'ouvrage, pour le prix du coton filé. Voyez Cotonnier; voyez aussi aux autres articles de ce Dictionnaire les differentes sortes d'étoffe de coton.

Coton, (Page 4:315)

Coton, (Jardinage.) duvet qu'on remarque à la surface de plusieurs fruits, tels que la pêche, &c.

Cotons, (Page 4:315)

Cotons, (Marine.) ce sont des pieces de bois dont on se sert à fortifier un mât, auquel on les joint étroitement. Voyez Jumelles. (Z)

COTONNEES (Page 4:315)

COTONNEES, adj. pris subst. (Comm.) petites étoffes fil & coton, qui se fabriquent en Hollande.

COTONNER (Page 4:315)

COTONNER, verb. act. il a deux significations chez les ouvriers; l'une, c'est garnir de coton cardé, ce qu'on pratique aux vêtemens qu'on veut rendre chauds; l'autre, c'est être couvert d'une espece de bourre, ce qui provient de mauvaise façon.

COTONNEUX (Page 4:315)

COTONNEUX, adj. (Jardinage.) se dit des fruits & légumes qui commençant à se passer, sont secs, molasses, sans goût, & mauvais à manger.

COTONNIER (Page 4:315)

COTONNIER, s. m. xilon, (Hist. nat. bot.) Voy. à l'article Coton, la description de ce genre de plante, & différentes observations, tant sur les arbres de ce nom, que sur la laine qu'ils donnent. On dit que la tige de celui qu'on cultive à Malte & plusieurs endroits du Levant, & qui est désigné dans les auteurs de Botanique par xilon herbaceum, J. B. ou cotonnier commun, s'éleve environ à trois ou quatre piés; qu'elle est droite, velue, ligneuse, & presque toûjours branchue; ses feuilles alternes & semblables, au haut de la plante, à celles du petit érable, moins fermes, plus velues & plus blanchâtres; au bas, arrondies & échancrées en quelques endroits; ses fleurs, placées aux extrémités des branches, de la grandeur & de la figure de celles de la mauve ordinaire, jaunes sur les bords & purpurines au fond, & que son pistil devient, quand la fleur est passée, un fruit gros comme une petite noix, & divisé en plusieurs cellules pleines d'une filasse blanche qu'on appelle coton, attachée à plusieurs graines. Ce cotonnier est annuel. Le xilon arboreum ou cotonnier atbre, est commun aux Indes & n'est point annuel; il a la tige haute de plusieurs piés; les branches longues, ligneuses, couvertes de feuilles alternes, & peu différentes de celles du riceri, excepté par la couleur & la consistance; la fleur jaune & de l'étendue de celle de la mauve appellée rose d'outre - mer; le fruit plus gros que celui du cotonnier précédent, & le coton & la graine tout - à - fait pareils à son coton & à sa graine.

On peut diviser ce dernier en trois espèces, qu'on distingue par la finesse de la laine & la disposition des graines dans la gousse. La premiere donne un coton commun dont on fait des matelas & des toiles ordinaires: la seconde, un coton très - blanc & extrèmement fin, propre aux ouvrages déliés; & la troisieme, un très - beau coton qu'on appelle à la Martinique coton de pierre, parce que les graines au lieu d'être éparses dans sa gousse, comme elle l'est aux autres, sout ammoncelées & si serrées les unes contre les autres qu'on a de la peine à les séparer, ensorte que toutes ensemble occupent le milieu du flocon.

On cultive aux Antilles une quatrieme espece de cotonnier, plus petite que les précédentes, quoique leur ressemblant à - peu - près par sa tige & ses feuilles; le coton en est très - fin & d'une belle couleur de chamois; on l'appelle coton de Siam; voyez l'article Coton; peut - être sa graine est - elle venue de Siam. On fait de sa laine des bas d'une extrème finesse. La cou<pb->

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