ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"312"> plus fin qu'il lui est possible, parce que la finesse lui sera sûrement payée comme la longueur. On juge en même tems de l'égalité du fil; car l'inégalité des portées en poids avertira de l'inégalité du fil en grosseur.

La fileuse ayant placé tout son fil sur l'ourdissoir, il s'agit de maintenir les encroix en tirant sa chaîne hors de dessus les chevilles. [omission: other; to see, consult fac-similé version]

Cette figure représente une chaîne ourdie, à laquelle on a observé les portées C D. Ayez un gros fil de coton dont vous vous servirez à attacher l'encroix 1, 2, en faisant passer votre fil par 2 & revenir en 1; noüez - le ensuite sur cet encroix sans le serrer aucunement; conduisez - le en 4, puis le passant sous l'encroix, ramenez - le en 3; conduisez le de 3 en 6, & le ramenez par - dessous l'encroix de 6 en 5; conduisez - le de 5 en 8, & le ramenez par - dessous l'encroix de 8 en 7; conduisez - le de 7 en 9, & le ramenez par - dessous l'encroix de 9 en 8, & continuez ainsi jusqu'à ce que vous soyez au dernier des encroix, où vous l'attacherez. Il est essentiel de laisser de la liberté à tous ces encroix, pour que la chaîne hors de dessus l'ourdissoir ne soit gênée en aucun endroit. Pour conduire facilement le fil autour de tous les encroix, on se sert d'une aiguille de bois semblable à celle de faiseur de failets à pêcher.

Un autre avantage d'une chaîne ainsi disposée; c'est de pouvoir donner toute sorte d'apprêt à ce coton, le teindre de toutes les couleurs, & même le blanchir, sans craindre, ou de l'endommager, ou d'en perdre dans ces opérations. La chaîne dessus l'ourdissoir a la figure d'une véritable chaîne, dont tous les maillons sont représentés par autant d'écheveaux qui ont deux centaines: il n'en coûte à la fileuse pour faire cette sorte de chaîne, qu'un peu plus du tems qu'elle employeroit à mettre son fil de coton en écheveaux par le moyen ordinaire.

Cette chaîne est portée au fabriquant, qui en paye la valeur sur le nombre des fils qu'il connoît par les encroix C D, sur la longueur qui lui est pareillement connue par celle de l'ourdissoir, sur la finesse du fil qu'il peut distinguer par pieces de comparaison, & par la facilité qu'il acquiert avec l'usage & le tems, de juger à l'oeil de la perfection du fil.

Le fabriquant pourvû de nombre de ces chaînes provenant de diverses fileuses qu'il peut avoir à son service, en dispose pour les différentes opérations de son métier. Il destine pour trame celui qui est le moins parfait, & les assortit suivant leurs qualités & finesses. Celui qu'on destine à la teinture est levé sur trois quarts d'aulne de tour, pour de toute une chaîne ne former qu'une seule piece. Mais comme cette longue piece seroit encore sujette à se mêler dans l'opération, on passe en encroix des fils de coton très - gros, en tous les tours, pour les partager entr'eux comme on a fait pour partager les portées. Après cette précaution, le coton peut supporter toute sorte de teinture sans se mêler, se trop crépir, ou même recevoir aucun dommage considérable. On peut même le blanchir. Ces cotons étant ou teints ou blanchis, on déplie les chaînes, & on les étend aux chevilles de l'ourdissoir, pour les dresser, les allonger, & les mettre au même état qu'elles étoient avant ces différentes opérations.

Outre la nécessité d'ourdir les chaînes de coton de cette maniere, à cause de leur délicatesse, on doit sentir ici l'oeconomie qu'il y a à s'y conformer: combien ne faudroit - il pas de tems pour devider le coton mêlé, crépi, collé par la teinture? Il seroit sûrement haché, s'il n'étoit soûtenu par les encroix; & le déchet occasionné sur un fil aussi fin qui auroit passé par de pareilles opérations, de quelle quantité ne seroit - il pas?

Ourdissage des chaînes par le fabriquant. L'ourdissoir du fabriquant ne differe en rien de celui de la fileuse, il est de même longueur & du même nombre de fils; & si l'ouvrier se borne à fabriquer des toiles blanches, ou toutes d'une même couleur, il ne lui faut qu'un rang de chevilles, non plus qu'à la fileuse. Mais s'il s'agit d'ourdir des toiles de couleurs differentes, il faut mettre à l'ourdissoir autant de rangs de chevilles qu'il entre de diverses couleurs dans le dessein de la toile, & un rang de plus pour recevoir toutes les couleurs mises en ordre pour fournir les raiyures de la chaîne.

    Fil blanc.
    Fil rouge.
    Fil bleu clair.
    Fil bleu fcncé.
[omission: other; to see, consult fac-similé version]

Cette figure représente un ourdissoir à cinq rangs de chevilles, pour ourdir une toile ou des mouchoirs de quatre couleurs différentes.

Les chaînes teintes & bien dressées, sont posées sur l'ourdissoir, ainsi qu'il a été dit; & le rang du milieu sert à recevoir les fils de coton que l'on prendra des autres rangs pour former des raiyons, jusqu'à ce que la chaîne soit complette.

Il y a beaucoup moins d'embarras à ourdir les mousselines ou têtes raiyées sans couleur. Il suffit de rassembler sur un rang des chevilles de l'ourdis<cb-> soir, un nombre suffisant de fils de même finesse.

L'on observe toûjours de maintenir les encroix, tels qu'ils ont été pratiqués originairement par la fileuse sur le premier ourdissoir.

Lorsque la chaîne blanche, ou de couleurs mêlées, est complette, on passe de longues baguettes au lieu & place des chevilles de l'ourdissoir, à mesure que l'on retire cette chaine des chevilles de l'ourdissoir, pour la mettre en état de recevoir les apprêts. Ces baguettes doivent être plus longues que la toile ne doit être large. Pour une mousseline d'une aulne de [p. 313] largeur, elles doivent avoir au moins 4 1/2 piés; il les faut rondes, d'un demi - pouce de diametre, d'un bois blanc qui ne communique au coton aucune couleur, lorsqu'elles sont mouillées; légeres comme le saule, égales en grosseur d'un bout à l'autre; unies, légerement cirées, & sur - tout sans aucun éclat qui puisse accrocher les fils de coton.

La chaîne passée sur les baguettes, ayez un grand équarri de bois, tel qu'il vous plaira, comme vous le voyez en 1, 2, 3, 4. [omission: other; to see, consult fac-similé version]

Les pieces de cet équarri doivent être en angle en - dessus, e'est - à - dire que la coupe en doit être de cette figure , afin que les baguettes qui portent sur l'angle supérieur, éprouvent peu de frottement, & obéissent facilement aux contrepoids 00000, 00000, qui sent aux deux extrémités.

Cet équarri doit être soûtenu horisontalement sur des piquets fichés en terre, sans nombre déterminé, mais à la hauteur de 3 1/2 ou 4 piés, selon la commodité des ouvriers; il doit avoir en longueur 3 piés plus que la chaîne de 34 aulnes, & en largeur quelques pouces moins que la longueur des baguettes: il faut qu'il soit dans un endroit couvert, parce que les apprêts ne peuvent supporter ni le grand sec ni la pluie.

La chaîne ourdie & mise sur les baguettes, est placée sur cet équarri; les baguettes doivent porter sur cet équarri par les extrémités A A, B B, & même passer un peu au - delà, pour n'être pas déplacées au moindre accident. On étend sur cet outil la chaîne qu'on veut apprêter avec toutes les baguettes; on distribue egalement tous les fils sur la longueur des baguettes: manoeuvre à laquelle on est beaucoup aidé par les portées qui sont en C, D. Alors on met des contrepoids aux deux extrémités de cette chaîne en 00000, 00000, qui tirent également la chaîne par les deux bouts, & l'obligent à s'allonger à mesure qu'on lui donne les apprêts. Il est encore essentiel de maintenir les baguettes par couples, au moyen de bouts de fils de laiton contournés en , comme on voit celui - ci. Ces S accrochent les deux baguettes, on en met deux à chaque couple de baguettes; sans ces petits instrumens, les baguettes se dérangent, relâchent par endroits la chaîne tendue, & rendent le travail difficile & imparfait.

Cela fait, des femmes & quelques tisserands nettoyent la chaîne de tout ce qui peut s'y rencontrer de superflu, coton inutile, ordures, &c. remettent l'ordre entre les fils, renoüent ceux qui sont rompus, & étendent la chaîne au moyen des contrepoids dont ils lui font doucement sentir l'action.

Les Indiens y font moins de façon; ils se contentent de planter en terre un bout des baguettes, & de former ainsi une espece de haie avec la chaîne & les baguettes, le long desquelles les ouvriers se distribuent pour ranger & remettre en ordre les fils; travail d'autant plus long pour eux, qu'ils fatiguent beaucoup leur fil, en faisant tremper les chaînes long - tems avant que de les mettre en oeuvre: ils les foulent aux piés & les battent, pour les mettre en état de prendre facilement l'apprêt: opérations qui endommagent toutes le fil de coton. Nous y suppléons nous, en faisant débouillir le fil à mesure que la fileuse le file.

Premier apprêt. On peut y employer trois sortes de colle; l'une est faite de cartilages & de ligamens de boeuf, mais la meilleure est celle qui se prépare avec la pâte de froment long - tems pourrie, & aigrie par la force du levain. Cette colle est tres - gluante, & l'expérience a prouvé qu'elle étoit préférable à celle qui se tire de la pâte du ris, & dont les Indiens font usage. Les apprêts que l'on donne avec cette derniere colle, sont trop secs. On met une quantité de cette colle de froment dans une eau douce, comme celle de pluie, de riviere ou de mare, en quantité suffisante, pour cue l'eau soit un peu gluante sous le doigt. Cette eau etant bien chaude, on en imbibe la chaîne de coton tendue sur l'équarri, avec deux especes de pelotes de pluche de laine qui servent de vergettes: elles ressemblent à celles dont les chapeliers lustrent leurs chapeaux: elles sont remplies de crin frisé, & couvertes de pluche. Un ouvrier en tient une à chaque main; l'une pour donner l'apprêt en - dessus, & l'autre pour donner l'apprêt en - dessous. Il faut au moins quatre personnes pour donner cet apprêt, deux à chaque lisiere de la toile. Les deux premiers imbiberont la chaîne de cette colle, sans aucun ménagement; ils en doivent mettre par - tout avec abondance, de maniere pourtant qu'il n'y ait que peu ou point de superflu qu'ils ne puissent enlever d'abord avec la main ou leurs vergettes. Les deux autres ouvriers suivront les premiers de très - près avec leurs vergettes; & frottant continuellement la chaîne jusqu'à ce qu'elle soit seche, ils empêcheront les fils de se coller ensemble en séchant.

Il faut observer 1°. de donner tous les apprêts de même sens, c'est - à - dire de commencer toûjours par A; de s'avancer successivement vers B, sans jamais revenir de B en A: 2°. que conséquemment, lorsque l'on aura poussé sa vergette à une certaine distance en allant de A vers B, il faut la relever pour la porter en A, si besoin est; en sorte que la vergette ne soit jamais mûe à contre - sens sur la chaîne: 3°. que l'apprêt soit donné également en - dessus & en - dessous: 4°. qu'il faut faire avancer & reculer les baguettes de quelques pouces en donnant l'apprêt, afin que les vergettes enlevent la colle qui pourroit s'attacher aux baguettes, & qu'ils empêchent les fils de coton d'y prendre & de se coller les uns aux autres, sur - tout aux encroix.

On comprend facilement que ces vergettes, ou plutôt ces pelotes couvertes de pluche, sont très propres à passer entre les fils de la chaîne, les séparer les uns des autres, & les enduire de colle; & qu'en continuant de les frotter avec de nouvelles vergettes moins humides que les premieres, jusqu'à ce qu'ils soient secs, ces fils ne peuvent plus se coller les uns aux autres. Il faudra encore veiller sur - tout qu'ils ne s'attachent aux encroix & aux baguettes.

Second apprêt. Le second apprêt peut se donner sans changer la chaîne de position; on peut le don<pb->

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