ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"153"> embrassoit tant de fonctions importantes, qu'elle conduisoit aux premieres dignités de l'etat.

Ils avoient près d'eux des scribes ou contrôleurs des finances que l'on choisissoit entre les personnes d'une fidélité reconnue, tellement que ceux mêmes qui avoient été consuls tenoient à honneur de remplir cette place.

Du tems de Néron, on ôta aux questeurs la garde du thrésor public & des registres, pour la donner à des préfets qui avoient été préteurs. On appella le préfet du thrésor ou des finances proefectus aerarii; il y en avoit un particulier pour les vivres, appellé proefectus annonoe.

Sous Constantin & ses successeurs, les préfets prirent, comme tous les autres officiers de l'empire, le titre de comites, d'où l'on a fait en notre langue celui de comte: il y en avoit trois pour les finances.

Le premier & le plus considérable qui avoit le titre de comes sacrarum largitionum, étoit le gardien des deniers publics, & le dispensateur des liberalités que le prince faisoit sur ces deniers.

Le second appellé comes rerum privatarum, avoit soin des biens particuliers du prince, c'est - à - dire qui lui étoient propres, & qui passoient à ses enfans par succession.

Le troisieme enfin appellé comes sacri patrimonii, avoit la surintendance des revenus que l'état donnoit à l'empereur pour l'entretien de sa maison, & pour soûtenir d'une maniere convenable la dignité impériale. Voyez l'article Comte.

Le gouvernement des finances étoit ainsi distribué chez les Romains, lorsque nos rois jetterent les fondemens de la monarchie françoise; ils n'établirent pour les finances aucuns officiers sous les titres de questeurs, ni de présets ou comtes; mais comme les empereurs avoient pour le gouvernement de leur maison un premier officier appellé magister palatii, les rois de la premiere & de la seconde race établirent à leur imitation un maire du palais, lequel réunissoit en sa personne la surintendance des armes, celle de la justice, & celle des finances.

Il avoit sous lui pour la garde du thrésor, c'est - à - dire des revenus du domaine, un thrésorier royal dont il est fait mention dans Grégoire de Tours, lib. I.

Au commencement de la troisieme race, la dignité de maire du palais fut supprimée, & sa fonction partagée entre trois différens officiers. Le connétable eut le commandement des armes, le chancelier la surintendance de la justice, & le thrésorier celle du thrésor ou domaine qui formoit alors le principal revenu du roi.

Il y eut un tems que le thrésor du roi étoit déposé au temple où plusieurs de nos rois faisoient leur demeure, entr'autres Philippe - le - Bel. La garde du thrésor étoit alors confiée à un des chevaliers templiers, qui se qualifioit thrésorier du roi au temple.

Il n'y avoit d'abord qu'un seul thrésorier du roi: dans la suite il en fut établi un second, puis un troisieme, & par succession de tems le nombre en fut encore augmenté.

Celui qui étoit au - dessus des thrésoriers s'appelloit le souverain des thrésoriers. C'est ainsi qu'il est nommé dans une ordonnance de Philippe - le - Bel du 3 Janvier 1316; on l'appella depuis le grand thrésorier.

Il y avoit dès - lors au thrésor du roi un contrôleur appellé clerc du thrésor, qui tenoit un registre où il marquoit l'origine & le prix de toutes les monnoies apportées au thrésor; il en rapportoit chaque jour l'état au souverain des thrésoriers.

La fonction de ce contrôleur approchoit en quelque sorte de celle du contrôleur général des finances, si ce n'est que le premier n'avoit aucune inspection sur les deniers extraordinaires, pour lesquels il y avoit un receveur & un contrôleur particulier; dans la suite, lorsque l'on établit un contrôleur général des finances, le contrôleur du thrésor n'étoit plus qu'un simple officier de la chambre des comptes dont la fonction étoit de vérifier les debentur, & de poursuivre les comptables pour les restes de leurs comptes; mais les debentur n'ayant plus lieu, & la poursuite des comptables ayant été attribuée au contrôleur général des restes, le contrôleur du thrésor a été supprimé par édit du mois d'Août 1669.

Apres la mort tragique de Jean de Montaigu, qui étoit grand thrésorier sous Charles VI. cet office fut supprimé, & l'on créa en sa place, en la même année 1409, celui de grand général souverain gouverneur de toutes les finances, avec cette différence que celui - ci n'eut plus le maniement des finances, comme l'avoit auparavant le grand thrésorier.

Cette commission fut remplie successivement par différens magistrats, & autres personnes distinguées. En 1413, c'étoit Henri de Marle premier président au parlement & chancelier de France, avec Juvénal des Ursins chancelier du duc de Guyenne fils aîné du roi: l'année suivante ce fut le duc de Guyenne lui - même qui exerça seul cette commission; en 1424, c'étoit Louis de Luxembourg évêque de Terouane & président des comptes, &c.

On établit dans la suite deux intendans des finances, & au - dessus d'eux un surintendant.

Le premier qui eut ce titre fut Jacques de Sembiançay en 1518. Cette place a été remplie successivement par les personnes les plus qualifiées, des premiers magistrats, des grands seigneurs, des maréchaux de France, des ducs, des cardinaux, des princes même.

L'office de surintendant fut supprimé une premiere fois en 1549, ensuite rétabli; supprimé une seconde fois en 1594, rétabli en 1596; & enfin supprimé pour la troisieme fois en 1661.

Les gouverneurs des finances; & après eux, les intendans & surintendans ont toûjours eu des contrôleurs pour vérifier ce qu'ils arrêtoient.

Au mémorial de la chambre des comptes coté h, foi. 122. du 8 Août 1419, on voit que deux maîtres des comptes furent commis & établis généraux contrôleurs sur toutes les finances.

Etienne Chevalier étoit contrôleur des finances sous Charles VII. Voyez M. Henault, abrégé chronol.

On voit aussi au cinquieme journal coté Q R, II. part. fol. 210. du 28 Novembre 1506, que Jacques le Roi contrôleur gènéral demanda à messieurs des comptes d'être conservé dans sa fonction de mettte les bons sur les rôles des officiers comptans par rôles.

Sous le regne de François I, ceux qui avoient la garde du thrésor ayant pris le titre de thrésoriers de l'épargne, leurs contrôleurs furent pareillement nommés contrôleurs de l'épargne: ils avoient une clé de l'épargne ou thrésor. On trouve au mémorial II. D, fol. 249, v°. la création & provision de deux contrôleurs de l'épargne qui étoient des clercs - auditeurs de la chambre des comptes: ce qui y fut registré le 7 Juin 1527, à la charge que dans six mois ils opteroient.

Henri II. établit pareillement en 1547 deux contrôleurs de l'épargne, l'un pour suivre la cour, & l'autre pour demeurer à Paris: mais dans la suite ce dernier demeura sans fonction; il ne fut pourtant supprimé que par édit du mois d'Octobre 1554, portant création d'un seul office de contrôleur général des finances, dont fut pourvû André Blondet, à condition seulement qu'il auroit à ses dépens un commis attaché à sa charge.

Me Guillaume de Marillac fut créé en 1568 conseiller & contrôleur général des finances; c'est la premiere fois que le titre de conseiller fut donné àu con<pb-> [p. 154] trôleur général; l'année suivante on lui donna aussi des lettres d'intendant des finances.

L'office de contrôleur général des finances fut supprimé en 1573, & uni aux quatre charges d'intendant des finances.

On trouve en 1574, que les quatre contrôleurs généraux qui exerçoient conjointement, étoient Jean Lecamus, Claude Marcel, Benoît Milon, & Olivier Lefevre.

En 1581 c'étoit le sieur Miron, & en 1588 le sieur Betremole.

En 1594 Henri IV. ayant supprimé l'office de surintendant des finances après la mort de M. d'O qui en etoit pourvû, établit un conseil des finances & huit offices d'intendans contrôleurs généraux des sinances, qui furent remplis par Charles de Sardaigne, le S Marcel, Jacques Vallée, Louis Guibert, Octavien - Louis d'Atigny, Louis Picot, Jean de Vienne, & Pierre Pireque: on en trouve deux autres en 1595, savoir les sieurs Perot & Sublet. Cet arrangement subsista jusqu'en 1596, que ces huit intendans & contrôleurs généraux furent supprimés, la charge de sur - intendant rétablie en faveur de M. de Rony avec un seul contrôleur général par commission.

Le premier fut le sieur de Saldagne, auquel en 1599 succéda Jean de Vienne sieur d'Incarville, qui prêta serment entre les mains de M. le chancelier: il eut pour successeur le sieur Duret en 1603.

Le président Jeannin eut cette commission en 1611, le sieur Barbin en 1616, M. de Maupeou intendant des finances en 1618, & le sieur de Castille en 1619; ce fut ce dernier qui introduisit les billets de l'épargne les plus anciens de tous les effets royaux.

M. de Champigny fut commis au contrôle général en 1623; ses lettres sont registrées sans prestation de serment.

Simon Marion président au grand conseil lui succéda en 1626.

Les choses demeurerent en cet état jusqu'en 1629, que le sieur de Castille intendant des finances fut commis avec les sieurs de Chevry, Sublet, Malier & Duhoussay, pour faire chacun pendant une partie de l'année le contrôle général.

Le sieur Chevry fut commis seul en 1633, & le sieur Corbinelly lui succéda en 1636.

On en remit quatre en 1637, savoir les sieurs Macré, Duhoussay, Cornuel, & le sieur d'Hemery.

Ce dernier fut commis seul en 1638 pour cette fonction; le sieur Duret lui succéda en 1639.

Peu de tems après les intendans des finances furent rétablis jusqu'au nombre de douze, tant en titre que par commission, & le 25 Février 1641 il fut donné une commission à Me Jacques Tubeuf pour la charge d'intendant & contrôleur général des finances.

Au mois de Novembre 1643 l'office de contrôleur général fut rétabli en titre: le sieur d'Hemery en fut pourvû à la charge de prêter serment, avec séance & voix déliberative avant les maîtres clercs (les maîtres des comptes). M. le Camus lui succéda en 1649.

Claude Menardeau & Antoine Camus le furent conjointement en 1656.

Après la paix des Pyrenées, faite en 1659, le roi remboursa tous les intendans des finances & les reduisit à l'ancien nombre de deux, qui depuis 1660 jusqu'en 1690 exercerent par commission, le roi ayant laissé à la disposition du contrôleur général d'employer sous ses ordres telles autres personnes qu'il voudroit choisir, qui, sans avoir la qualité d'intendans des finances, ne laissoient pas d'en remplir une partie des fonctions.

A la mort du cardinal Mazarin, arrivée le Mars 1661, il y avoit un sur - intendant des finances, deux intendans, & deux contrôleurs généraux, qui étoient les sieurs le Tonnelier de Breteuil & Hervard. Le roi créa une troisieme charge d'intendant pour M. Colbert.

La disgrace de M. Fouquet sur - intendant des finances, donna lieu à l'édit du 15 Septembre 1661, qui supprima cette charge pour la troisieme fois, & depuis elle n'a point été rétablie; au moyen dequoi le contrôleur général est devenu le chef de toutes les finances.

M. Colbert (J. B.) régit d'abord les finances en qualité d'intendant jusqu'au 15 Avril 1663, qu'il prit celle de contrôleur général, le roi ayant remboursé les deux charges de contrôleurs généraux qui subsistoient alors, pour faire M. Colbert seul contrôleur général par commission, & ayant en même tems attribué à cette qualité une place de conseiller au conseil royal des finances.

Tel est le dernier état par rapport à cette place, qui est devenue une des plus importantes du royaume, tant par la suppression des autres contrôleurs généraux, que par celle de sur - intendant.

Le contrôleur général est, comme on voit présentement, ce qu'étoient chez les Romains les questeurs, les préfets, & les comtes du thrésor & des finances; il tient aussi la place des grands - thrésoriers, des gouverneurs généraux & sur - intendans qui avoient autrefois en France la direction générale des finances; il réunit en sa personne leurs fonctions & celles de leurs contrôleurs.

M. Colbert, l'un des plus grands génies qu'ait eu la France, donna encore à cette place un nouveau lustre par la profonde capacité & le zele avec lesquels il en remplit les fonctions.

Il fut reçu en la chambre des comptes le 9 Novembre 1667, avec séance & voix déliberative en toutes affaires; droit que ses successeurs ont aussi conservé; & il fut le premier qui, sans être ordonnateur, régit les finances en chef jusqu'à sa mort arrivée le 6 Septembre 1683.

Personne n'ignore combien son ministere fut glorieux & utile pour la France; non - seulement il reforma les abus qui s'étoient glissés dans l'administration des finances, il rétablit la marine & le commerce, fit fleurir les sciences & les arts, & procura l'établissement de plusieurs académies.

Les bornes de cet article ne nous permettant pas de nous étendre sur chacun des successeurs de M. Colbert, nous ne ferons ici qu'indiquer l'époque de leur ministere.

Claude le Peletier succéda à M. Colbert jusqu'au mois de Septembre 1689; après lui ce fut Louis Phelypeaux de Pontchartrain, qui remplit cette place jusqu'au mois de Septembre 1699, qu'il fut élevé à la dignité de chancelier de France.

Michel de Chamillard lui succéda en la place de contrôleur général jusqu'au 14 Février 1708; il fut créé de son tems (en Juin 1701) deux directeurs généraux des finances, avec le droit d'entrer & rapporter au conseil royal, mais avec subordination au contrôleur général, auquel ils étoient obligés de rendre compte des affaires qu'ils devoient rapporter; ces deux directeurs furent supprimés en 1708.

Nicolas Desmarets fut ensuite contrôleur général jusqu'au mois de Septembre 1715.

Depuis ce tems, la direction & administration des finances fut exercée par le conseil royal des finances, & les fonctions de contrôleur général, dont la place étoit vacante, furent exercées par MM. Philippe - Joseph Perrotin de Barmont & Pierre Soubeyran, tous deux gardes des registres du contrôle général, en vertu d'une ampliation de pouvoir qui

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