ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"269"> cheval qui a le ventre trop gros, ce qui est un signe de paresse. Avoir de l'haleine & du fond, se disent communément des chevaux qu'on employe à courir, quand ils résistent long - tems à cet exercice sans s'essouffler, & qu'ils le peuvent recommencer souvent sans se fatiguer. Avoir des reins ou du rein, se dit d'un cheval vigoureux, ou de celui dont les reins se font sentir au cavalier, parce qu'ils ont des mouvemens trop durs & trops secs. Avoir le nez au vent, se dit d'un cheval qui leve toûjours le nez en - haut; c'est un défaut qui provient souvent de ce que le cheval ayant les os de la ganache serrés, a de la peine à bien placer sa tête: ce défaut vient aussi quelquefois de ce qu'il a la bouche égarée, c'est - à - dire déreglée. Avoir l'éperon fin, se dit d'un cheval fort sensible à l'éperon, & qui s'en apperçoit pour peu qu'on l'approche. Avoir de la tenue à cheval, se dit du cavalier qui y est ferme & ne se déplace point, quelques mouvemens irréguliers que le cheval fasse. Avoir du vent, se dit d'un cheval poussif. (V)

Corps de Rang (Page 4:269)

Corps de Rang, terme de Perruquier; ce sont des tresses qui se cousent au dessus des tournans, en allant depuis les temples jusqu'à la nuque. Voyez l'art. Perruque.

Corps (Page 4:269)

Corps, (Manufact. en soie.) c'est l'assemblage de toutes les mailles attachées aux arcades: Voyez Arcades & Velours.

Corps (Page 4:269)

Corps; c'est, chez les Tailleurs, la partie d'un habit qui couvre depuis le cou jusqu'à la ceinture: ainsi ils disent un corps de pourpoint; doubler un habit dans le corps.

Quoique nous ayons rapporté un grand nombre d'acceptions différentes du mot corps, nous ne nous flatons pas de n'en avoir omis aucune; mais celles qui précedent suffisent pour donner une idée de l'étendue dans la langue, de ce mot qui désigne une chose qui en a tant dans la nature.

CORPULENCE (Page 4:269)

CORPULENCE, sub. f. (Medecine.) l'état d'une personne trop grasse. Voyez Chair & Graisse.

La corpulence revient à ce que les Medecine appellent obésité, & qu'on appelle communément graisse.

Etmuller la définit une telle augmentation & des membres & du ventre, que les fonctions du corps en sont empêchées, particulierement le mouvement & la respiration.

Boerhaave remarque que la corpulence ou l'obésité ne consiste pas dans l'augmentation des solides, mais dans leur distension extraordinaire, causée par l'abondance des humeurs qu'ils contiennent. Voyez Solide, &c.

La corpulence ou la graisse vient d'un sang loüable, abondant, huileux, doux, cortenant moins de sel que l'ordinaire.

Une telle constitution du sang n'occasionne qu'une foible fermentation, il s'en fait plus qu'il ne s'en dissipe; la lymphe qui paroît la matiere propre de la nutrition, garde plus long - tems sa consistance visqueuse; & par ce moyen adhere en plus grande quantité aux différentes parties du corps. Ajoûtez qu'il y a plus de graisse séparée du sang, qu'il ne s'en peut déposer naturellement dans les cellules adipeuses; de - là le corps grossit considérablement, & les parties s'étendent quelquefois jusqu'à un volume monstrueux.

La corpulence est occasionnée par tout ce qui tempere & adoucit le sang, & qui le rend moins acide & moins salin; tel est le manque d'exercice & de mouvement, une vie indolente, trop de sommeil, des alimens fort nourrissans, &c. On la prévient & on la guérit par les causes contraires, & particulierement par l'usage de boissons & d'alimens salins & acides.

La corpulence est la cause de plusieurs maladies, particulierement de l'apoplexie; elle passoit pour infâme parmi les Lacédémoniens.

Etmuller affirme qu'il n'y a point de meilleur remede contre une graisse excessive, que le vinaigre squillitique. Borelli recommande de mâcher du tabac, ce dont Etmuller dissuade, de peur que cela ne mene à la consomption. Sennert fait mention d'un homme qui pesoit 600 livres, & d'une fille de 36 ans qui en pesoit 450. On dit que Chiapin Vitellis marquis de Cerona, général Espagnol, très - connu de son tems pour sa corpulence excessive, se réduisit, en bûvant du vinaigre, à un tel degré de maigreur, qu'il pouvoit tourner sa peau plusieurs fois autour de lui: on peut douter de ce dernier fait. Chambers.

CORPUSCULAIRE (Page 4:269)

CORPUSCULAIRE, adj. (Physique.) c'est ainsi qu'on appelle cette physique qui cherche la raison des phénomenes dans la configuration, la disposition, & le mouvement des parties des corps. En voici une idée un peu plus étendue. La physique corpusculaire suppose que le corps n'est autre chose qu'une masse étendue, & n'y reconnoît rien que ce qui est renfermé dans cette idée, c'est - à - dire une certaine grandeur jointe à la divisibilité des parties, où l'on remarque une figure, une certaine situation, du mouvement & du repos, qui sont des modes de la substance étendue. Par - là on prétend pouvoir rendre raison des propriétés de tous les corps, sans avoir recours à aucune forme substantielle, ni à aucune qualité qui soit distincte de ce qui résulte de l'étendue, de la divisibilité, de la figure, de la situation, du mouvement, & du repos. Cette physique ne reconnoît aucunes especes intentionnelles, ni aucuns écoulemens par le moyen desquels on apperçoive les objets. Les qualités sensibles de la lumiere, des couleurs, du chaud, du froid, des saveurs, ne sont dans les corps que la disposition des particules dont ils se trouvent composés, & en nous, que des sensations de notre ame, causées par l'ébranlement des organes.

Ce sont - là les opinions de Descartes, mais il a des précurseurs dans l'antiquité.

Leucippe & Démocrite furent les premiers qui enseignerent dans la Grece la physique corpusculaire; Epicure l'apprit d'eux, & la perfectionna tellement qu'à la fin elle prit son nom, & qu'on l'appella la philosophie d'Epicure.

Il y a eu divers philosophes, qui, sans suivre l'athéisme de Démocrite, soutenoient que toutes choles etoient composées de corpuscules, comme Ecphantus, Heraclide, Asclepiade, & Métrodore de Chio. En général tous les Atomistes qui ont vêcu avant Démocrite & Leucippe, ont joint la créance d'une divinité avec la doctrine des atomes; de sorte qu'on peut dire d'eux ce que Sidoine Apollinaire a dit d'Arcésilas:

Post hos, Arcesilas, divinâ mente paratam Conjicit hanc molem, confectam partibus illis Quas atomos vocat ipse leves.

Les anciens considérant l'idée qu'ils avoient de l'ame & ce qu'ils connoissoient dans le corps, trouvoient qu'ils pouvoient concevoir distinctement deux choses, qui sont les principales de tout ce qu'il y a dans l'univers. L'une est la matiere, qu'ils regardoient comme incapable de soi - même d'agir; & l'autre est une faculté agissante. Duo quoerenda sunt, dit Ciceron, unum quoe materia sit ex quâ quoeque res efficiatur, alterum quoe res sit quoe quidque efficiat. On prouve la même chose par Séneque & par l'auteur du livre de placitis philosophorum, qui est parmi les oeuvres de Plutarque.

Bien loin que la philosophie corpusculaire mene à l'athéisme, elle conduit au contraire à reconnoître des êtres distincts de la matiere. En effet, la physique corpusculaire n'attribue rien au corps que ce qui [p. 270] est renfermé dans l'idée d'une chose impénétrable & étendue, & qui peut être conçu comme une de ses modifications, comme la grandeur, la divisibilité, la figure, la situation, le mouvement & le repos, & tout ce qui résulte de leur différente combinaison; ainsi cette physique ne sauroit admettre que la vie & la pensée soient des modifications du corps; d'où il s'ensuit que ce sont des propriétés d'une autre substance distincte du corps. Cette physique ne reconnoissant dans les corps d'autre action que le mouvement local, & le mouvement étant nécessairement l'effet de l'action d'un être différent du corps mû, il s'ensuit qu'il y a quelque chose dans le monde qui n'est pas corps; sans quoi les corps dont il est composé n'auroient jamais commencé à se mouvoir. Selon cette philosophie on ne peut pas expliquer les phénomenes des corps par un pur méchanisme, sans admettre des causes différentes de ce méchanisme, & qui soient intelligentes & immatérielles. Il est évident par les principes de la même philosophie, que nos sensations elles - mêmes ne sont pas des effets matériels, puisqu'il n'y a rien dans les corps qui soit semblable aux sensations que nous avons du chaud, du froid, du rouge, du doux, de l'amer, &c. D'où il s'ensuit que ce sont des modifications de notre ame, & que par conséquent elle est immatérielle. Enfin il est aussi clair par cette philosophie, que les sens ne sont pas juges de la vérité, même à l'égard des corps, puisque les qualités sensibles dont ils paroissent revêtus n'y sont nullement; ainsi il faut qu'il y ait en nous quelque chose de supérieur aux sens, qui juge de leurs rapports & qui distingue ce qui est véritablement dans le corps de ce qui n'y est pas. Ce ne peut être que par une faculté supérieure, qui se donne à elle - même les mouvemens qu'elle veut, c'est - à - dire qui est immatérielle.

La physique corpusculaire a encore divers avantages. Voici les deux principaux: 1°. elle rend le monde corporel intelligible, puisque le méchanisme est une chose que nous entendons, & qu'hors cela nous ne concevons rien distinctement dans le corps. Dire qu'une chose se fait par le moyen d'une forme ou d'une qualité occulte, n'est autre chose que dire que nous ne savons pas comment elle se fait, ou plutôt c'est faire l'ignorance où nous sommes de la cause d'un effet, la cause de cet effet - là, en la déguisant sous les termes de formes & de qualités. On conçoit encore clairement que le froid, le chaud, &c. peuvent être des modifications de notre ame, dont les mouvemens des corps extérieurs sont des occasions. Mais on ne sauroit comprendre que ce soient des qualités des corps mêmes, distinctes de la disposition de leurs particules. 2°. L'autre avantage de la physique corpusculaire, c'est qu'elle prépare l'esprit à trouver plus facilement la preuve de l'existence des substances corporelles, en établissant une notion distincte du corps. Il faut que celui qui veut prouver qu'il y a quelque chose dans le monde outre les corps, détermine exactement les propriétés des corps, autrement il prouveroit seulement qu'il y a quelque chose outre un certain je ne sais quoi qu'il ne connoît pas, & qu'il appelle corps. Ceux qui rejettent la philosophie corpusculaire composent les corps de deux substances, dont l'une est la matiere destituée de toute forme, par conséquent incorporelle; l'autre est la forme, qui étant sans matiere est aussi immatérielle. Par - là on confond si fort les idées de ce qui est matériel & immatériel, qu'on ne peut rien prouver concernant leur nature.

Le corps lui - même devient incorporel; car tout ce qui est composé de choses immatérielles, est nécessairement immatériel, & ainsi il n'y auroit rien du tout de corporel dans la nature. Au lieu que la philosophie corpusculaire établissant une notion dis<cb-> tincte du corps, montre clairement jusqu'où ses opérations peuvent s'étendre, où celles des substances immatérielles commencent, & par conséquent qu'il faut de nécessité que ces dernieres existent dans le monde.

Il faut cependant avoüer qu'on abuse très - souvent de cette philosophie; écoutons M. Wolf là - dessus. In scriptis eorum qui philosophiam corpuscularem excoluêre, multum inest veritatis, etsi circa prima rerum materialium principia erraverint autores. Non tamen ideò probamus promiscuè quoe ab autoribus philosophioe corpuscularis traduntur: nihil enim frequentius est, quàm ut figuras & molem corpusculorum ad libitum fingant, ubi eas ignorantes in ipsis phoenomenis acquiescere debebant. Exempli gratiâ, nemo hucusque explicuit qualia sint aëris corpuscula, etsi certum sit per eorum qualitates elasticitatem aëris explicari. Deficiunt hactenus principia, quorum ope certè quid de iis colligi datur. Quamobrem in phoenomeno acquiescendum erat quod scilicet aër possit comprimi, & continuò se se per majus spatium expandere nitatur. Enim verò non desunt philosophi qui cùm corpuscula principia essendi proxima corporum observabilium esse agnoscant, elaterem quoque aëris per corpuscula ejus - explicaturi, figuras aliasque qualitates pro arbitrio fingunt, etsi nullo modo demonstrare possint corpusculis aëris convenire istiusmodi figuras & qualitates, quales ipsis tribuunt. Minimè igitur probamus, si quis philosophus corpuscularis sapere velit ultra quod intelligit. Absit autem ut philosophioe corpusculari tribuamus quod philosophi est vitium. Deinde philosophi corpusculares in universum omnes hactenus in eo peccant, quod prima rerum materialium principia corpuscula esse existiment; M. Wolf parle ici en Leibnitien: il ajoûte: Et plerique etiam à veritate oberrant dum non alias in corpusculis qualitates quàm mechanicas agnoscunt. Il n'y a qu'à lire tous les écrits que la fameuse baguette divinatoire a occasionnés, pour achever de se convaincre des abus dont la physique corpusculaire est susceptible. Wolf, Cosmol. §. 236. in schol. Cet article est de M. Formey.

CORPUSCULE (Page 4:270)

CORPUSCULE, s. m. en Physique, diminutif de corps, terme dont on se sert pour exprimer les particules ou les petites parties des corps naturels. Voy. Particule & Corps.

Tout corps est composé d'une quantité prodigieuse de corpuscules. Ces corpuscules eux - mêmes sont des corps, & sont composés par la même raison d'autres corpuscules plus petits, ensorte que les élemens d'un corps ne paroissent être autre chose que des corps. Mais quels sont les élemens primitifs de la matiere? c'est ce qu'il est difficile de savoir. Voyez les articles Corps & Configuration. Aussi l'idée que nous nous formons de la matiere & des corps, selon quelques philosophes, est purement de notre imagination, sans qu'il y ait rien hors de nous de semblable à cette idée. Ces difficultés ont fait naître le système des monades de M. Leibnitz. Voyez Monades & Leibnitianisme.

M. Newton a donné une méthode pour déterminer par la couleur des corps la grosseur des corpuscules qui constituent les particules qui les composent, ou plutôt le rapport de la grosseur des particules d'un corps d'une certaine couleur à celle des particules d'un corps d'une autre couleur. Il ne faut cependant regarder cette méthode que comme conjecturale. Voyez Couleur. (O)

CORRE ou CORRET (Page 4:270)

* CORRE ou CORRET, subst. m. terme de Pêche usité dans le ressort de l'amirauté de Boulogne, sorte de filet. Voici la description de la pêche du corre ou corret, ou picot à poche.

L'instrument que les pêcheurs nomment corre ou corret, peut être regardé comme un rets de picots à poche ou sac. Lorsque la marée est tres - basse, les pêcheurs font à pié la pêche avec ce filet; si les eaux

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