ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"245"> nes, & peut - être toutes, sont orientales. La netteté de la couleur suppose toûjours dans les pierres une pâte fine; celle de la cornaline ne differe guere de la pâte de l'agate que par la couleur; & il y a des cornalines dont le rouge, quoique vif, est si pâle, qu'on le reconnoît à peine; il est délayé dans cette matiere blanche & laiteuse qui fait la pâte de l'agate, de la calcédoine, de la sardoine, & de la cornaline; & lorsque la teinte de rouge est très - foible, il est difficile, & quelquefois impossible, de distinguer si elle est composée de rouge ou d'orangé; & quelquefois la teinte n'est en effet ni rouge ni orangée; de même que dans le spectre solaire il se trouve tel espace qui n'est ni rouge ni orangé, mais qui participe également au rouge & à l'orangé. Il y a donc telle pierre dont la teinte foible est équivoque entre le rouge de la cornaline & l'orangé de la sardoine: on ne sait si cette pierre est cornaline ou sardoine; & reallement elle n'est ni l'une ni l'autre relativement à ces dénominations; mais on pourroit dire qu'elle sercit l'une & l'autre, puisqu'elle a les caracteres spécisiques de la cornaline & de la sardoine à égal degré. Voyez Sardoine.

Ce défaut de la nomenclature est commun à tous les systemes de distributions méthodiques en histoire naturelle, voyez Méthode; aussi les Nomenclateurs sont rarement d'accord ensemble pour l'application des noms; les uns donnent des noms différens à une même chose, les autres réunissent plusieurs choses différentes sous le même nom. Par exemple, la cornaline & la sardoine sont deux pierres différentes par la couleur, puisqu'il est certain que l'une est rouge & que l'autre est orangée; & si on ne reconnoissoit pas la différence de couleur pour un caractere spécifique dans les pierres fines, on viendroit à confondre non - seulement la cornaline avec la sardoine, mais encore ces deux pierres avec l'agate & la calcedoine, car elles sont toutes de même pâte, & elles ne different les unes des autres, d'une maniere apparente, que par la couleur. Cependant M. Wallerius dans sa Minéralogie, fait de l'agate blanche, de l'agate ordinaire, de la calcedoine & de la corraline, quatre especes différentes, tandis qu'il confond la sardoine avec la cornaline dans une même espece sous les noms de carncolus, sardion, sarda, saraus. Il est évident que le premier appartient à la cornaline, & les trois autres à la sardoine; mais cet auteur n'est pas le seul qui ait fait cette équivoque: la plûpart des nomenclateurs ont plus étudié les noms que les choses. Dans la distribution des noms on erre souvent lorsqu'on ne consulte que des descriptions incomplettes, telles que le sont le plus grand nombre de celles que nous avons en histoire naturelle; & la multiplicité des noms pour une même chose, rend toùjours l'application de ces noms très - difficile & fort incertaine, même pour ceux qui connoissent parfaitement les choses. L'ouvrage de M. Wallerius étoit très - pénible & supposoit une grande érudition pour rassembler tous les noms synonymes que les anciens, & même les modernes, ont donné à chacun des minéraux en particulier. Ce travail sera très utile & épargnera bien des recherches aux Naturalistes; mais nous en étions privés avant que M. le baron d'Holbach eût pris la peine de traduire de l'allemand en françois le livre de M. Wallerius, Minéralogie ou description générale des substances du regne minéral, &c. Paris, 1753. 2. vol. in - 8°. M. d'Holbach a fait plus, il a ajouté les noms françois aux noms grees, latins, &c. il faut s'être occupé des détails de l'histoire naturelle, pour connoître toute l'utilité de cette nomenclature françoise, & pour sentir toute la difficulté qu'il y avoit à l'établir. Il a fallu suppléer des noms qui manquoient dans notre langue, & déterminer la signification & les acceptions de ceux dont on ne connoissoit que les sons. Ce travail ne peut être que le fruit d'une grande connoissance des minéraux, & d'un zele constant & éclairé pour l'avancement de la Minéralogie.

Cornaline onyce, cornaline aillée, cornaline herborisée. Les caracteres & les différences de ces especes de cornalines sont les mêmes que dans l'agate, en supposant le rouge vif & toutes ses nuances sur un fond blanc ou blanchâtre. La cornaline herborisée est plus belle & plus estimée que l'agate herborisée, parce que le rouge vif sur un fond blanc a plus d'éclat que le noir; d'ailleurs les différentes teintes de rouge sont fort agréables dans les cornalines herborisées. Il arrive quelquefois que la matiere étrangere qui forme les ramifications, a plus d'épaisseur dans le tronc & dans le corps des tiges de ces especes de branchages qu'à leurs sommets, alors le degré de couleur est proportionné à l'épaisseur de la matiere colorante; ainsi le tronc & le corps des tiges des ramifications est d'un rouge brun, & même tirant sur le noir, tandis que les sommets, c'est - à - dire les extrémités des rameaux sont d'une couleur roussâtre, & même d'un rouge vif. Les gens qui aiment le merveilleux s'imaginent reconnoître par cette différence de couleur au sommet des ramifications, les fleurs de la petite mousse ou de la petite plante qu'ils supposent être dans la pierre.

Les cornalines servent aux mêmes usages & se trouvent dans les mêmes endroits que les agates orienta les. Voyez Agate, Pierres fines. (I)

CORNARISTES (Page 4:245)

* CORNARISTES, s. m. pl. (Hist. ecclés.) disciples de Theodore Cornhert, enthousiaste, hérétique & secrétaire des états de Hollande. On peut dire de cet homme, factus est sagittarius, & manus ejus contrà omnes: il sembloit que sa crainte fût de n'être pas persecuté. Il n'étoit d'accord avec aucun religionnaire. Il écrivoit & disputoit en même tems & contre les Catholiques, & contre les Luthériens, & contre les Calvinistes Il prétendoit que toutes les communions avoient grand besoin d'une réforme; mais il ajoûtoit que sans une mission soutenue par des miracles, personne n'étoit en droit de s'en mêler, les miracles étant les seules preuves à la portée de tout le monde qu'un homme annonce la vérité. Son avis étoit donc qu'en attendant l'homme aux miracles, on se réunît tous sous une forme d'interim; qu'on lût aux peuples le texte de la parole de Dieu sans commentaire, & que chacun en pensât comme il lui conviendroit. Il croyoit qu'on pouvoit être bon Chrétien sans être membre d'aucune église visible; aussi ne communiquoit - il avec personne, ce qui étoit fort conséquent dans un homme mécontent de tout le monde. Il se déclara un peu plus ouvertement contre le Calvinisme que contre aucune autre façon de penser. La protection du prince d'Orange mettant sa personne à couvert des violences auxquelles les sectaires qui l'environnoient se seroient portés volontiers, ils furent obligés de s'en tenir aux injures; mais en revanche ils lui en dirent beaucoup, selon l'usage.

CORNE (Page 4:245)

CORNE, s. f. (Hist. nat. des Insect.) pointe fine, dure, sans articulation, qui sort ordinairement de la tête des insectes.

La Nature a donné des cornes dures à quelques insectes, tout comme elle en a donné à divers quadrupedes. Ces cornes différent des antennes, en ce qu'elles n'ont point d'articulations. Plusieurs insectes n'ont qu'une corne qui est placée sur la tête & s'éleve directement en - haut, ou se recourbe en arriere comme une faucille. Nos Naturalistes en ont donné des figures: mais il y a aussi des insectes qui ont deux cornes placées au - devant de la tête, s'étendant vers les côtés, ou s'élevant en ligne droite. Ces cornes sont ou courtes, unies, & un peu recourbées en - dedans comme des faucilles, ou elles sont branchues [p. 246] comme celles du cerf - volant. Quelquefois elles sont égales en longueur, & d'autres fois elles sont plus grandes l'une que l'autre.

L'on trouve aussi des insectes qui ont trois de ces cornes qui s'élevent perpendiculairement; tels sont, par exemple, les cornes de l'énena du Brésil. Voyez la description de cet insecte dans Marcgrave, hist. Brasil. l. VII. c. ij.

Tous les insectes ne portent pas leurs cornes à la tête; car on en voit qui les ont des deux côtés des épaules près de la tête.

Enfin, dans quelques insectes elles sont immobiles, & mobiles dans d'autres. Ceux - ci peuvent par ce moyen serrer leur proie comme avec des tenailles, & ceux - là écarter ce qui se trouve en leur chemin.

Il regne à tous ces égards des variétés infinies sur le nombre, la forme, la longueur, la position, la structure, les usages des cornes dans les diverses especes d'insectes. Nous devons au microscope une infinité de curieuses observations en ce genre; mais comme il n'est pas possible d'entrer dans ce vaste détail, nous renvoyons le lecteur aux ouvrages de Leuwenhoek, de Swammerdam, de M. de Reaumur, de Frisch, Lessers, & autres savans Naturalistes. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Corne, (Page 4:246)

Corne, s. f. (Physiol.) partie dure & solide qui naît sur la tête de quelques animaux à quatre piés.

Le tissu de ce corps dur & solide paroît être un composé de plusieurs filets, qui naissent par étages de toute la surface de la peau qui est sous la corne. Tous ces filets étant réunis, colés, & soudés ensemble par une humeur visqueuse qui les abreuve, forment autant de cornets de différente hauteur, qui sont enchâssés les uns dans les autres, & prolongés jusqu'à la pointe de la corne, d'où vient que cette pointe composée de toutes ces enveloppes est fort solide, & que plus on approche de la base où ces cornets finissent par étages, plus on voit que l'épaisseur & la dureté de la corne diminuent.

Si l'on prend une corne sciée selon sa longueur, après l'avoir fait boüillir, on voit l'os qui soutient la corne, lequel se trouve aussi scié selon sa longueur; & l'on remarque au - dedans de cet os diverses cellules revêtues d'une membrane parsemée d'un très grand nombre de vaisseaux. Si pour lors on détache de l'os la corne qui le couvre, on voit paroître sur la surface extérieure de la peau qui est entrée dans la corne & l'os, les racines d'une infinité de membranes arrangées par étages, d'où les diverses couches de la corne ont pris leur origine. On apperçoit encore que la surface intérieure de la corne est percée par autant d'étages de petites cavités qui répondent à ses mammelons, lesquels ont quantité de vaisseaux qui portent la nourriture dans tout l'intérieur des couches de la corne. Enfin l'accroissement & le gonflement de la tige des cornes des cerfs, justifient qu'elles ne sont que les productions des mammelons de la peau.

Les sillons qui paroissent sur les cornes lorsqu'elles sont dépouillées de leur peau, semblent formés par le gonflement des veines & des arteres parsemées dans la peau qui couvroit les cornes, & ces vaisseaux sont enflés & tendus par l'affluence perpétuelle du sang qui y aborde, de la même maniere qu'on voit au - dedans du crane des sillons tracés par les vaisseaux de la dure - mere. Aux animaux dont les cornes ne tombent pas, l'apophyse de l'os du front qui sert de premiere base à la corne, & le péricrane qui la couvre, croissent & font croître la corne par plusieurs couches qui s'appliquent les unes aux autres, & qui forment une croûte.

L'ingénieux & industrieux Malpighi a le premier dévoilé, avant l'année 1675, (voy. ses épitres, p. 21.) l'origine, l'accroissement, & la structure de la corne des animaux: ensuite l'illustre du Verney exposa le même méchanisme dans une lettre écrite à M. le P. Cousin, insérée dans le Journal des savans du 3 Mai 1689; & c'est aussi d'après leurs principes qu'on peut expliquer la formation de ces excroissances qu'on voit naître quelquefois en certains endroits du corps de l'homme, & que l'on appelle improprement des cornes.

De ces excroissances, on en a fait dans tous les tems des cornes de bélier, blanches, grises, noires, de toutes sortes de longueur & de figure monstrueuse; car qu'est - ce que l'amour du merveilleux n'a pas enfanté? qu'est - ce que la crédulité n'a pas adopté? Si l'on en croit quelques écrivains, l'imagination seule a même produit des cornes; témoin l'histoire que fait Valere Maxime (lib. V. ch. vj.) du préteur Cippus, qui pour avoir assisté le jour avec grande affection au combat des taureaux, & avoir eu en songe toute la nuit des cornes en tête, les produisit bien - tôt sur son front par la force de son imagination. Nos auteurs modernes ne sont pas exempts de contes de cette espece.

Ce qu'il y a de vrai, quoique le cas soit encore fort rare, c'est qu'il vient quelquefois dans quelques parties du corps, sur le front par exemple, une excroissance ou élevation longue, dure, ronde, & pointue, qui ressemble à une corne. Le cas le plus singulier de cette difformité, est celui d'un paysan, dont parlent nos historiens, & Mézeray en particulier.

Au pays du Maine, dit - il, en l'année 1599, il se trouva un paysan nommé François Trouillu, âgé de 35 ans, portant à la tête une corne qui avoit percé dès l'âge de sept ans. Elle étoit cannelée en lignes droites, & se rabattoit en - dedans comme pour rentrer dans le crane ... Ce paysan s'étoit retiré dans les bois pour cacher cette difformité monstrueuse, & y travailloit aux charbonnieres.... Un jour que le maréchal de Lavardin alloit à la chasse, ses gens ayant vû ce paysan qui s'enfuyoit coururent après; & comme il ne se découvroit point pour saluer leur maître, ils lui arracherent son bonnet, & ainsi apperçurent cette corne. Le maréchal fit venir cet homme à la cour, le présenta à Henri IV, & il fut donné en spectacle dans Paris à tout le monde. Desesperé de se voir promener comme un ours, il en conçut tant de chagrin qu'il en mourut bien - tôt après.

M. de Thou, qui a été témoin de ce fait, ajoûte (liv. CXXIII.) que cette corne placée au côté droit du front, s'étendoit en se recourbant vers le côté gauche, desorte que la pointe retomboit sur le crane, & l'auroit blessé si on ne l'eût coupée de tems en tems; alors il ressentoit de grandes douleurs, comme aussi lorsque les spectateurs la touchoient un peu rudement. On éprouve de même les douleurs les plus vives lorsque l'ongle d'un des doigts du pié en se recourbant rentre dans la chair.

Il paroît assez que toutes ces sortes d'excroissances ont la même origine, & ne sont que des productions des mammelons de la peau. On pourroit, suivant les apparences, prévenir de telles difformités dans le commencement; car comme elles s'annoncent d'abord par une petite grosseur qui fait soulever la peau, & qui résiste au toucher, en frottant souvent cette grosseur avec de l'esprit - de - sel, la racine de l'excroissance se dessécheroit & tomberoit d'elle - même.

Les auteurs d'observations rapportent divers exemples de ces sortes d'excroissances cornuës nées aux extrémités des orteils & des doigts, & en effet leur structure & celle des ongles ont ensemble beaucoup d'affinité; cependant il faut convenir que dans les cornes des animaux il ne regne point la même uniformité que dans les ongles; les cornes des animaux

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