ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"243"> d'environ un pié; alors on pourra les mettre en pepiniere, où il faudra les conduire comme les plants de poirier. Après y avoir passé quatre années, ils auront communément quatre piés de haut, & il leur faudra bien encore autant de tems pour qu'ils soient en état d'être transplantés à demeurant. Ainsi en supposant même qu'on ait aidé ces plants par une culture bien suivie, on ne peut guere compter de les avoir un peu forts que dix ou douze ans après les avoir semés.

Mais comme le cormier reussit à la transplantation peut - être mieux qu'aucune autre espece d'arbre, le plus court moyen de s'en procurer quelques plants, sera d'en faire arracher dans les bois: par - là on s'épargnera bien du tems; car ils souffriront la transplantation quoique fort gros. J'en ai vû réussir dans les plantations de M. de Buffon, en ses terres de Bourgogne, qui avoient plus d'un pié de tour, & au moins ving - cinq de hauteur Tout cet acquis de volume ne dispense pas d'attendre encore une di<-> aine d'années pour les voir donner du fruit. Mais quoique ces arbres reprennent très - aisément à la transplantation, que l'on ne s'imagine pas pour cela qu'il n'y ait qu'à en garnir des terreins incultes pour avoir tout à coup une forêt; on y seroit fort trompé: la premiere année ils y feroient des merveilles, il est vrai; mais les deux ou trois années suivantes leur accroissement diminueroit de plus en plus, jusqu'au point qu'enfin ils ne pousseroient qu'au pié, & qu'alors il faudroit les recéper. Il faut donc à ces arbres transplantes une demi culture, telle qu'ils peuvent la trouver dans les vignes, les enclos, les terres labourables, &c. Mais quand le cormier est venu de semence dans l'endroit même, il réussit presque par - tout sans aucune culture.

On peut greffer cet arbre sur le poirier & sur le pommier, ou il reprend bien rarement; sur le coignassier, suivant le conseil d'Evelyn; & particulierement sur l'aubepin, où il réussit très - bien, au rapport de Porta. Comme le cormier se trouve plus fréquemment en Italie que nulle autre part, on peut s'en rapporter à cet auteur qui étoit Napolitain. Cet arbre peut aussi servir de sujet pour la greffe du poirier, qui y réussit difficilement; du coignassier & de l'aubepin, qui y prennent mieux, mais qui sont des objets indifférens.

Les cormes ne laissent pas d'avoir quelqu'utilité: on peut en manger dans le milieu de l'automne, aussitôt que la grande âpreté du suc de ce fruit a été altérée par la fermentation qui en occasionne la pourriture. Les pauvres gens de la campagne en font quelquefois de la boisson; & même ils font moudre de ces fruits secs avec leur blé, lorsqu'il est chargé d'yvraic, pour en atténuer les mauvais effets. Voyez Corme.

Le bois du cormier est rougeâtre, compacte, pesant, & extrèmement dur; d'une grande solidité, d'une forte résistance, & de la plus longue durée; aussi est - il très - recherché pour quantité d'usages. Il est excellent pour la menuiserie, pour faire des poulies, des visses de pressoir, des poupées de tour, des jumelles de presse, & pour toutes les menues garnitures des moulins. Il est très - propre à recevoir la gravure en bois. Les Armuriers s'en servent pour la monture de quelques armes; & les Menuisiers le préferent pour les manches & les garnitures d'affutage de leurs outils. Ce bois est rare, & sort cher; quoiqu'on puisse employer la plus grande partie des branches du cormier, parce qu'il est sans aubier.

Voici les différentes especes ou variétés du cormier les plus connues jusqu'à présent.

Le cormier franc. G'est celui que l'on trouve le plus communément dans les enclos & dans les héritages.

Le cormier à fruit en forme de poire.

Le cormier à fruit en façon d'auf. Les fruits de ces deux dernieres especes sont les plus âpres & les plus austeres de tous.

Le cormier à fruit rouge. Ce fruit est plus gros & d'un meilleur goût que ceux des especes précédentes.

Le cormier à fruit rougeâtre. Ce fruit est aussi gros que celui de l'arbre qui précede, mais inférieur pour le goût.

Le cormier à petit fruit rouge. Ce fruit est moins moelleux & plus tardif que ceux des autres especes; aussi n'est - il pas trop bon à manger.

Le cormier à fruit très - petit. Quoique le fruit de cet arbre soit le plus petit de tous, il est assez agréable au goût.

Le cormier du Levant à feuille de frêne.

Le cormier du Levant à gros fruit jaunâtre. Ces deux dernieres especes sont si rares, qu'on ne les connoît encore que sur le récit de Tournefort, qui les a trouvées dans le voyage qu'il a fait au Levant.

Le cormier sauvage ou le cormier des oiseleurs. Cette espece est très - différente de celles qui précedent, sur - tout des sept premieres, qui ne sont que des variétés occasionnées par la différence des climats ou des terreins. Ce cormier ne fait pas un si grand arbre que tous les autres: il donne de bien meilleure heure au printems de plus grandes feuilles, & d'une verdure plus tendre & plus agréable. Ses fleurs disposées en ombelle, sont plus blanches, plus hatives, & plus belles; elles ont même une odeur qui est supportable de loin. Il y a encore plus de différence dans le fruit de cet arbre; ce sont des baies d'un rouge vif & jaunâtre, qui se font remarquer en automne: quoiqu'elles soient desagreables au goût, & nuisibles à l'estomac, elles sont si recherchées de quelques oiseaux qui en font leurs délices, que cet arbre les attire, & sert particulierement à les piper. Il croît plus promptement, se multiplie plus aisément, & donne bien plûtôt du fruit. Il résiste dans des climats froids, & jusque dans la Laponie. Il vient dans presque tous les terreins; il se plaît également dans les fonds marécageux, & sur la crête des montagnes. On peut même tirer quelque parti de cet arbre pour l'agrément: il montre tout des premiers, & des le mois de Mars, une verdure complette, qui jointe à ses fleurs en grands ombelles qui paroissent à la fin d'Avril, & à la belle apparence de ses fruits en automne, doit lui mériter d'avoir place dans les plus jolis bosquets.

On peut le multiplier de graines qu'il faut semer au mois d'Octobre, & qui leveront au printems suivant; ou bien par sa greffe, que j'ai vû réussir parfaitement sur l'aubepin, si ce n'est que par ce moyen l'arbre ne s'éleve guere qu'à douze ou quinze piés; ce qui est fort au - dessous du volume qu'il peut acquérir lorsqu'il est venu de semence. M. Miller dit en avoir vû dans quelques contrées d'Angleterre qui avoient près de quarante piés de hauteur sur deux piés de diametre, mais que dans d'autres endroits cet arbre ne s'élevoit qu'à vingt piés. Sa tige est menue, fort droite, & d'une belle écorce unie où la couleur fauve domine. Son bois est fort estimé pour le charronnage & poui d'autres usages, parce qu'il est tout de coeur, & presqu'aussi dur que celui du cormier ordinaire.

La plûpart des auteurs françois qui ont traité de l'Agriculture, ont souvent donné au cormier le nom de sorbier, & ont employé ces deux noms indifféremment en traitant du cormier. Ne s'entendroit - on pas mieux par la suite si on ne donnoit le nom de cormier qu'aux neuf premieres especes que j'ai rapportées, & si on appliquoit particulierement le nom de sorbier à la derniere espece, qui se distingue des autres par des différences si sensibles? (c) [p. 244]

CORMIERE, CORNIERE, ou ALLONGE DE (Page 4:244)

CORMIERE, CORNIERE, ou ALLONGE DE POUPE, (Marine.) c'est une piece de bois de l'atriere, qui étant assemblée avec le bout supérieur de l'étambord, forme le bout de la poupe. Elle est posée sur la courbe de l'étambord. Voyez, Marine, Pl. IV. fig. 1. n° 12. la situation de cette piece. Voyez Allonge de Poupe. (Z)

CORMORANT (Page 4:244)

CORMORANT, s. m. (Hist. nat. Ornithol.) corvus aquaticus: oiseau aquatique qui est de la grosseur d'un oie, & dont toute la face supérieure est de couleur brune mêlée d'un peu de verd obscur & luisant. Le ventre & la poitrine sont blancs, & il y a dans chaque aile environ trente grandes plumes dont la pointe est cendrée, de même que dans les plumes du second rang qui recouvrent les grandes. La queue s étend au - de - là des piés; elle est composée de quasorze fortes plumes; quand on les étend elle s'arrondit dans sa circonférence, & se voûte par - dessous. Le bec est crochu à l'extrémité, & a trois pouces & demi de longueur; la piece supérieure est noire, & ses bords sont tranchans; ceux de l'inférienre sont larges & applatis, & la base de cette piece est revêtue d'une membrane jaunâtre. La langue est fort petite. Les yeux sont situés plus près des angles de la bouche dans le cormorant, que dans la plûpart des autres oiseaux. L'iris est de couleur cendrée. Les cuisses sont fortes, courtes, épaisses, larges, & applaties, au moins quand cet oiseau est jeune. Les ongles sont noirs; les pattes sont de la même couleur, & couvertes d'écailles disposées en forme de mailles: il y a quatre doigts, & tous sont dirigés en avant; ils sont réunis ensemble par une membrane noire; le doigt extérieur est le plus long, & l'intérieur est le plus court; le bord intérieur de l'ongle du doigt du milieu est dentelé. Ces oiseaux nichent non - seulement sur les rochers du bord de la mer, mais aussi sur des arbres; ce qui est particulier au grand & au petit cormorant, entre tous les oiseaux qui ont une membrane aux piés.

On a mis sous le nom de petit cormorant un oiseau désigné par les noms de gracculus palmipes Arist. & de corvus aquaticus minor. Il differe du grand cormorant par les caracteres suivans. Le petit cormorant est plus petit; le ventre est brun - roussâtre; il n'y a que douze plumes dans la queue; la peau qui est à la base du bec n'est pas de la même couleur jaune que dans le grand cormorant; enfin le bec est plus long & plus mince, &c. Willughby; Ornit. Voyez Oiseau.

Le pere Le Comte dit qu'on éleve à la Chine les cormorans à la pêche; que le pêcheur en a sur les bords d'un bateau jusqu'à cent; qu'au signal qu'on leur donne ils partent tous, & se dispersent sur un étang; qu'ils apportent tout le poisson qu'ils peuvent attraper, & qu'on leur serre l'oesophage avec une corde pour les empêcher de le manger. Voyez dans nos Planches d'oiseaux (Hist. nat.) la figure du cormorant. (I)

CORNAC (Page 4:244)

CORNAC, s. m. (Hist. mod.) c'est ainsi que les Indiens appellent un conducteur d'éléphant. Il est placé sur le cou de l'animal: il a deux crochets; le petit lui sert communément; il en frappe legerement l'éléphant au front, où ces coups lui entretiennent une plaie toûjours ouverte; il n'employe le grand crochet que quand il est rétif ou en chaleur. Voyez les voy. de Dish, & le dictionn. de Trév.

CORNACHINE (Page 4:244)

CORNACHINE, s. f. (Pharmac.) poudre de cornachine; c'est un purgatif composé d'antimoine diaphorétique, de diagrede, & de creme de tartre, mêlés en parties égales.

CORNADOS (Page 4:244)

CORNADOS, s. m. (Comm.) petite monnoie de cours en Espagne; c'est la quatrieme partie du maravedis. Voyez Maravedis.

CORNAGE (Page 4:244)

CORNAGE, s. m. (Jurisprud.) ou droit de cornage, est une redevance annuelle qui est dûe à quelques seigneurs, principalement dans le Berri, pour chaque boeuf qui laboure dans leur seigneurie, par ceux qui sement du blé d'hyver: le seigneur châtelain de Berri, ressort de Bourges, perçoit ce droit en blé; il prétend aussi un droit pour les petits blés ou blés de Mars, qui se sement au printems. Dans la coûtume de troy locale de Berri, ce droit de cornage est de quatre parisis par couple de boeufs. Voyez aussi la coûtume de Châteaudun, tit. ij. art. 2. Galland dit qu'au cartulaire de S. Denis de Nogent - le - Rotrou, il y a une lettre de Hugues vicomte de Châteaudun, de l'an 1168, qui fait mention d'un droit de cornesage, cornesagium, qui appartient au vicomte, sur ce que chaque habitant du bourg du Saint - Sepulcre vend hors de ce bourg; mais il ne paroît pas que ce droit se paye pour chaque boeuf, ni par conséquent que ce soit, comme il le dit, la même chose qu'en quelques contrées de Champagne on appelle droit de cornage, lequel se paye par les roturiers a proportion des bêtes à corne trahiantes; c'est pourquoi il est appellé dans les anciens titres boagium, bovagium. Au cartulaire de Champagne est un accord de l'an 1216, entre les religieux de S. Denis & leurs hommes de B . . . où ce droit est appellé en latin garbagium, & en françois cornage à B . . . & à C . . . Dans la même province de Champagne, le seigneur de Rets a un droit de cornage qui est tel, que les habitans lui doivent par an pour chaque animal de trois ans, excepté les taureaux, au jour de S. Jean, trois deniers, & pour chaque boeuf trayant, seu trahens, douze deniers. On donne encore ailleurs différens noms à ce même droit; en Lorraine & dans le Barrois, on l'appelle droit d'assise; & dans le vicomté de Lautrec, droit de bladade; au duché de Thoars, droit de fromentage.

Tenir du Roi par cornage, c'est - à - dire à la charge de corner ou donner du cor pour avertir. Il en est parlé au liv. II. des tenures, chap. viij. à savoir ès marches de Scotlant en la frontiere d'Angleterre, pour avertir à cor & à cri public que les Ecossois ou autres ennemis viennent ou veulent entrer en Angleterre, qui est un service de sergenterie; mais c'est un service de chevalier, quand aucun tient d'autre seigneur que du Roi par tel service de cornage. Voyez le glossaire de M. de Lauriere, au mot cornage. (A)

CORNALINE (Page 4:244)

CORNALINE, s. f. (Hist. nat. Minéralog.) carneolus, corneolus; pierre fine demi - transparente de même nature que l'agate, mais de couleur plus vive & de pâte plus fine. Le caractere distinctif de la cornaline est le rouge vif, de sorte qu'on peut aisément la distinguer des autres pierres rouges, telles que certaines agates & certains jaspes. La cornaline en differe autant par sa couleur, que le carmin differe du minium. D'ailleurs, on ne pourroit pas confondre la cornaline avec le jaspe, quelque rouge qu'il fût, puisque la premiere est demi - transparente, & que l'autre est opaque. Il y auroit plus de difficulté à distinguer la cornaline de certains morceaux d'agates qui sont rouges ou rougeâtres, parce que ces deux pierres ont à - peu - près le même degré de transparence; mais le rouge de l'agate n'est jamais qu'un rouge lavé & éteint, en comparaison de celui de la cornaline, qui est toûjours net & vif. La cornaline est susceptible de toutes les teintes de rouge pur; & elle est d'autant plus belle & plus estimée, que l'intensité de sa couleur est plus grande. Les cornalines les plus parfaites approchent, pour ainsi dire, du grenat pour la couleur, & même en quelque sorte pour la transparence, après les avoir placées entre l'oeil & la lumiere: mais ces belles cornalines sont bien rares. On dit que ce sont des cornalines de la vieille roche, & on prétend qu'elles se trouvoient en Perse, & qu'on n'en connoît plus à présent les carrieres: ce qu'il y a de certain, c'est que la plûpart des cornali<pb->

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