ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"147"> sur la loi judaïque, & comment cette dispense auroit été achetée de tout le sang de Jesus - Christ. On veut que le Juif qui vivoit sous une loi plus caractérisée par la crainte que par l'amour, fût obligé d'aimer son Dieu; & l'on dispensera de cette obligation le Chrétien qui vit sous une loi plus caractérisée par l'amour que par la crainte. Haec est, dit Saint Augustin (lib. contra adimant. Manich. cap. xvij.), haec est brevissima & apertissima differentia duorum Testamentorum, timor & amor: illud ad veterem, hoc ad novum hominem perunet. Ce que le même pere explique ainsi dans son ouvrage, de morib. Ecclesiae, c. xxviij. n°. 56. Quanquam utrumque (timor & amor) sit in utroque (Testamento), praevalet tamen in vetere timor, amor in novo. Or, selon les attritionnaires, ce n'est plus le Juif qui est esclave, mais le Chrétien; puisque l'amour est fait pour le Juif, & la crainte pour le Chrétien. On nous a done trompés, quand on nous a dit tant de fois que la crainte étoit l'apanage de la loi judaique, comme l'amour est l'ame de la loi évangélique. Dans la théologie des atuitionnaires, c'est tout le contraire. N'est - done pas plus conforme à la doctrine des peres & à la raison, de penser que le même sentiment qui justifie le Chretien avec le sacrement, justifioit le Juif sans sacrement; & que tout l'avantage que le premier a sur le second, c'est que les graces qui forment ce sentiment, coulent plus abondamment pour l'un que pour l'autre; & que la rémission qui 'obtient par le ministere des clés est plus pleine & plus parfaite, que celle que méritoit l'amour du Juif destitu de la vertu & de l'essicace du sacrement. Quoi qu'en disent quelques scholast ques, ils ne persuade<-> ont jamais que Dieu ait exige du Juif, pour se réconcilier avec lui, des dispositions plus parfaites qu'il n'en exige du Chrétien; tandis que d'une main libérale il verse sur le dernier des graces qu'il ne dispensoit au premier qu'avec une espece de reserve. Ne donnons point cet avantage aux Juifs, qu'ils ayent l'amour pour partage, tandis que nous nous bornerons à Être les esclaves de la crainte, qui, quelque bonne & chaste qu'on la suppose, est toûjours iné<-> ieure à l'amour. Avec plus de graces qu'eux, il nous conviendroit mal de ne pas autant aimer Dieu, pour obtenir le pardon de nos fautes. Cette facilité de l'obtenir, que les attritionnaires regardent comme une suite de la loi évangélique à laquelle nous appartenons, ne consiste pas précisément en ce que Dieu demande moins de nous que du Juif; mais plûtôt en ce qu'il nous accorde beaucoup plus de graces qu'aux circoncis. Penser autrement, ce sercit rabbaisser le Christianisme au - dessous du Judaïsme même; puisqu'une religion est d'autant plus parfaite, qu'elle ramene davantage à l'amour qui en fait toute la perfection; Non colitur Deus nisi amando, dit quelque part S. Augustin. Ce seroit même outrager la justice de Dieu, puisqu'on supposeroit qu'il exige plus de celui à qui il accorde moins. Donc s'il étoit ordonné au Juif d'aimer Dieu s'il vouloit se reconcilier avec lui, il l'est peut - être encore plus au Chrétien qui se trouve favorisé d'un plus grand nombre de graces.

Mais si suivant les principes des attritionnaires le précepte de l'amour de Dieu n'oblige pas dans le moment même où le pécheur pénitent sollicite la clémence & la miséricorde divine; dans quelle circonstance donc, dans quel tems, selon eux, ce précepte oblige - t - il?

Il est bon de les entendre eux - mêmes sur cette matiere. « Quand est - on obligé d'avoir affection actuellement pour Dieu, dit un d'entre eux? Suarez dit que c'en est assez si on l'aime avant l'article de la mort, sans déterminer aucun tems; Vasquez, qu'il suffit encore à l'article de la mort; d'autres, quand on reçoit le baptême; d'autres, quand on est obligé d'être contrit; d'autres, les jours de fête: mais notre pere Castro Palao combat toutes ces opinions - là, & avec raison. Hurtado de Mendoza prétend qu'on y est obligé tous les ans, & qu'on nous traite bien favorablement encore de ne nous y obliger pas plus souvent. Mais notre pere Coninck croit qu'on y est obligé en trois ou quatre ans; & Filiutius dit qu'il est probable qu'on n'y est pas obligé à la rigueur tous les cinq ans. Et quand donc? Il le remet au jugement des fages ». Ce sont les termes d'Escobar.

Un de ses confreres, le P. Antoine Sirmond, balance ainsi les divers sentimens des casuistes sur le précepte de l'amour de Dieu. « Saint Thomas dit qu'on est obligé d'aimer Dieu aussitôt après l'usage de raison: c'est un peu bientôt. Scotus chaque dimanche: sur quoi fondé? D'autres quand on est griévement tenté: oüi, en cas qu'il n'y eût que cette voie de fuir la tentation. Sotus, quand on reçoit un bienfait de Dieu: bon, pour l'en remercier. D'autres à la mort: c'est bien tard. Je ne crois pas non plus que ce soit à la réception de quelque sacrement; l'attrition y suffit avec la confession, si on en a la commodité. Suarez dit qu'on y est obligé en un tems: mais en quel tems? Il vous en fait juge, & il n'en sait rien. Or ce que ce docteur n'a pas sû, je ne sai qui le sait.

Tels sont les excès où conduit le probabilisme; & quand il n'auroit que ce seul défaut, d'avoir introduit dans la Théologie une opinion aussi monstrueuse que l'est celle qui, dépouillant l'attrition de l'amour, la rend suffisante pour le sacrement de pénitence, c'en seroit assez pour l'exterminer de toutes les écoles.

Au reste ce seroit une injustice criante que de penser ou de dire que les sentimens de ces particuliers soient la théologie unanime de la société dont ils étoient membres. Les plus célebres théologiens de ce corps, Laynez, Claude le Jai, Salmeron, qui assisterent au concile de Trente, Canisius, Edmond Auger, Maldonat, le cardinal Tolet, le P. Petau, & c. ont tous reconnu la nécessité de quelque amour, au moins commencé, joint à l'attrition, pour la rendre suffisante dans le sacrement de pénitence; & ni Cheminais ni Bourdaloue, ne favorisent la morale relâchée. Voyez Probabilisme.

On doit à la vérité ce témoignage aux Jansénistes, d'avoir assez bien vengé les droits de l'amour divin contre les principes relâchés de ces casuistes attritionnaires. Mais ces Jansénistes si fiers contre les Jésuites, quand il s'agit de l'amour de Dieu, n'ont - ils rien eux - mêmes à se reprocher sur cet article? C'est ce qu'il faut examiner en peu de mots.

C'est un principe reçu dans la théologie des Jansénistes, qu'il n'y a que deux principes de nos actions, savoir l'amour de charité qui rapporte tout à Dieu, & l'amour de cupidité qui rapporte tout à nous - mêmes. De ce principe je conclus avec les Jansénistes, que toute action qui ne procede pas de la charité a nécessairement sa source dans la cupidité, qui l'infecte & la rend vicieuse. Un autre principe non moins intime, ni moins essentiel au systeme des Jansénistes; c'est que toute grace, quelque forme qu'elle prenne dans un coeur, est elle - même l'amour de charité, & qu'elle en teint, s'il est permis de parler ainsi, toutes les actions qu'elle nous fait produire. Or cette grace, de l'aveu des Jansénistes, ne produit jamais en nous un amour de Dieu dominant sur celui des créatures, toutes les fois qu'elle se trouve aux prises avec une cupidité qui lui est supérieure en degrés. Voyez Délectation relative. D'un autre côté, elle produit toûjours en nous un commencement d'amour de charité, quoiqu'inférieur en degrés à la cupidité; parce que la grace, dans leurs [p. 148] principes, agit toûjours selon toute l'énergie de ses forces présentes. Voyez Délectation.

Cela posé, voici le raisonnement qu'on peut former contre les Jansénistes. Lorsque la grace qui nous porte à l'amour de charité (c'est même la nature de toutes les graces, dans le système des Jansénistes, puisqu'ils disent que dans la loi d'amour, elles ne coulent que pour enflammer tous les coeurs); lors donc que cette grace tombe malheureusement sur une cupidité qui lui est supérieure en degrés, l'a mour qu'elle produit dans un coeur est bien un véritable amour de charité, un amour surnaturel; mais cet amour qu'elle allume est inférieur à l'amour des créatures, ouvrage de la cupidité, dans le même rapport & dans la même proportion que la grace l'est à la cupidité: donc il peut y avoir un amour de charité, un amour surnaturel, qui pourtant ne domine pas dans le coeur sur celui des créatures. Or, demandera - t - on aux Jansénistes, le S. Esprit qui est l'auteur de tout ordre, peut - il nous inspirer un amour qui dans notre ame balanceroit Dieu avec la créature? Est ce donc aimer Dieu d'un amour surnaturel, d'un amour que le S. Esprit allume lui - même, que d'aimer quelque chose plus que Dieu? Un amour qui ne peut qu'être injurieux à Dieu, peut - il donc étre son ouvrage? J'aimerois autant qu'on me soûtînt qu'on peut avoir une foisurnaturelle, qui ne s'étende pas à tous les articles révélés, que de me dire qu'on peut avoir un amour surnaturel, qui ne place pas Dieu dans notre coeur au - dessus de toutes les créatures. C'est le sentiment de tous les théologiens orthodoxes, que tout véritable amour de Dieu est un amour de préférence; ce que l'école exprime en ces termes, omnis verus Dei amor est appretiativè summus: c'est - à - dire que le plus leger souffle de l'amour que le S. Esprit nous inspire, nous fait aimer Dieu plus que toutes les créatures. Tout autre amour est indigne de Dieu, & ne peut être l'ouvrage de la grace.

Si vous demandez maintenant à un homme éclairé, & qui n'est ni entraîné par l'intérêt d'un corps, ni fasciné par l'esprit de parti, ce qu'il pense sur l'étendue du grand précepte de l'amour; il vous répondra qu'il en pense ce que vous en pensez vous - même, pourvù que vous aimiez Dieu. Donnez - moi un coeur qui aime, vous dira - t - il, un coeur où domine l'amour de Dieu; ce coeur ne pourra contenir au - dedans de lui - même l'amour qui le dévorera. Cet amour se diversifiera en une infinité de manieres; il prendra la forme des actions les plus indifférentes; il se peindra dans mille objets qui échappent à ceux qui n'aiment pas; il s'échauffera par les obstacles qui l'empêchent de se réunir avec le Dieu qui en allume les flammes. Mais, ajoûterez - vous, en quel tems le coeur aimera - t - il? On vous répondra avec la même impartialité: est - ce donc - là un langage qu'on doive tenir à un coeur plein de son amour? Etudions ses devoirs, non dans les livres des Cafuistes qui n'auroient jamais dû assujettir au calcul les actes d'amour envers Dieu, mais bien plûtôt dans ceux que rend à son époux une femme vertueuse & fidele, qui brûle pour lui d'un feu chaste & légitime; cet amour que la nature & le devoir allument dans deux coeurs est une image, quoiqu'imparfaite, de celui que le S. Esprit verse dans ceux qu'il se plaît à enrichir de ses graces.

Mais enfin, ajoûterez - vous, quel est donc le sentiment le plus sûr & le plus suivi sur la contrition & sur l'attrition? Celui du clergé de France exprimé en ces termes: Haec duo imprimis ex sacrosanctâ synodo tridentinâ monenda & docenda esse duximus: primum ne quis putet in utroque sacramento (baptismi & poenitentioe) requiri ut praeviam contritionem eam, quoe sit charitate perfecta, & quae cum voto sacramenti, an<cb-> tequam actio suscipiatur, hominem Deo reconciliet: alterum, ne quis putet in utroque sacramento securum se esse, si praeter sidei ac spei actus, non incipiat diligere Deum, tamquam omnis justitioe fontem; d'où il s'ensuit que la contrition parfaite n'est pas une disposition nécessaire pour la réception du sacrement de pénitence, & que l'attrition est suffisante, pourvû qu'elle soit accompagnée d'un commencement d'amour.

Cet amour commencé est - il un amour de charité ou un amour d'espérance? Le concile & l'assemblée de 1700, en se servant des termes incipiat diligere Deum, n'ont pas déterminé si c'est amour de charité ou d'amitié, si c'est amour de concupiscence ou d'espérance. Leur silence doit être la regle du nôtre. Pourrions - nous, sâns la présomption la plus criminelle, nous flatter d'expliquer ce que l'Eglise universelle & une portion distinguée de cette même Eglise n'ont pas jugé à propos de déclarer? Nous n'ignorons pas que plusieurs théologiens ont prétendu expliquer ces oracles: mais comme le sentiment pour lequel ils ont pris parti d'avance est toûjours celui auquel ils sont bien résolus d'adapter & de rapporter le sens des termes du concile & de l'assemblée du clergé, nous laissons au lecteur intelligent le soin de peser leurs explications pour décider si elles sont aussi justes qu'ils se l'imaginent. Voyez Tournely, traité de la pénit. tom. I. quest. jv. & v. & Witasse, traité de la pénit. quest. iij. sect. 1. 2. 3. art. 1. 2. 3. &c. (G)

CONTROLE (Page 4:148)

CONTROLE, s. m. (Jurisprud.) est un registre double que l'on tient de certains actes de justice, de sinances, & autres, tant pour en assûrer l'existence que pour empêcher les antidates. Ce terme contrôle a été formé des deux mots contre, rôle.

Les registres de contrôle en général ne sont point publics, c'est - à - dire qu'on ne les communique pas indifféremment à toutes sortes de personnes, mais seulement aux parties dénommées dans les actes, & à leurs héritiers, successeurs ou ayans cause; à la différence des registres des insinuations, qui sont destinés à rendre public tout ce qui y est contenu, & que par cette raison on communique à tous ceux qui le requierent. Voyez l'arrêt du conseil du 6 Fév. 1725.

Il y a plusieurs sortes de contrôles qui ont rapport à l'administration de la justice; tels que le contrôle des actes des notaires, celui des exploits, celui des dépens, & autres que l'on va expliquer dans les subdivisions suivantes, & au mot Contrôleur.

Contrôle des Actes ecclésiastiques (Page 4:148)

Contrôle des Actes ecclésiastiques, voy, ci - après Contrôle des Bénéfices.

Contrôle des Actes devant Notaire (Page 4:148)

Contrôle des Actes devant Notaire, voy. ci - après Contrôle des Notaires.

Contrôle des Actes sous seing privé, (Page 4:148)

Contrôle des Actes sous seing privé, voy. dans les subdivisions suivantes à l's.

Contrôle des Actes de voyage (Page 4:148)

Contrôle des Actes de voyage, voy. ci - apr. Contrôle des Greffes.

Contrôle des Amendes (Page 4:148)

Contrôle des Amendes, est le double registre que l'on tient de la recette des amendes qui se perçoivent pour différentes causes dans les tribunaux.

Contrôle des arrêts au Parlement (Page 4:148)

Contrôle des arrêts au Parlement, est un droit qui se perçoit pour l'expédition de chaque arrêt, à proportion du nombre de rôles qu'elle contient; le greffier en peau qui a fait l'expédition, la porte au contrôleur, lequel en fait mention sur un registre destiné à cet usage, & perçoit le droit de contrôle.

Contrôle des Aides (Page 4:148)

Contrôle des Aides, est le double registre que l'on tient de la recette des aides.

Contrôle des Bans de mariage (Page 4:148)

Contrôle des Bans de mariage, étoit un double registre que l'on tenoit ci - devant de la publication des bans de mariage; il fut établi par édit du mois de Septembre 1697, suivant lequel on devoit enregistrer tous les bans de mariage, soit qu'ils fussent en effet publiés ou obtenus par dispense, de maniere que les parties ne pouvoient se marier qu'<pb->

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.