ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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CORNEE (Page 4:250)

CORNEE, s. f. (Anat.) La tunique la plus externe, la plus épaisse, & la plus forte du globe de l'oeil, est la cornée, qui renferme toutes les autres parties dont ce globe est composé. Elle tire son origine de la dure - mere, qui enveloppe le nerf optique aussitôt qu'il passe du cerveau dans l'orbite. Etant arrivée à l'oeil, elle s'étend & forme comme une sphere. Parvenue à la partie antérieure de l'oeil, elle devient plus mince, plus souple, & transparente; alors elle n'est plus si dure, & elle se jette davantage en - dehors. Tandis qu'elle est opaque, on lui donne le nom de sclérotique; mais dès qu'elle devient transparente par - devant, elle porte celui de cornée: c'est pourquoi les Anatomistes la divisent en deux portions; une grande, appellée cornée opaque ou sclérotique; & une petite, nommée cornée transparente, située antérieurement, & qui n'est qu'un petit segment de sphere.

Je dis que la cornée transparente est un petit segment de sphere, mais je dois dire, pour parler plus exactement, qu'elle fait portion d'un sphéroide un peu allongé; ce qui est une suite nécessaire de la disposition des muscles droits qui compriment l'oeil selon la direction de son axe, & qui le tirent en même tems vers le fond de l'orbite, conformément aux observations de M. Petit medecin, qui a beaucoup travaillé sur la figure & sur les dimensions des parties de l'oeil. Selon cet habile homme, la cornée transparente est une portion de sphere, dont le diametre est ordinairement de 7, 7 1/4 ou 7 1/2 lignes; sa corde est de 5, 5 3/4 ou 5 1/2 lignes, & son épaisseur est le plus souvent de 2/12 ou 3/12 d'une ligne. Voyez l'hist. de l'ac. des Sc. an. 1728. Le savant P. Scheiner a connu, il y a plus d'un siecle, que la cornée n'étoit pas sphérique, car il la compare au sommet d'un sphéroïde parabolique ou hyperbolique.

La cornée opaque est composée de plusieurs couches étroitement collées ensemble; son tissu est dur, compacte, semblable à une espece de parchemin: elle est comme percée vers le milieu de la portion postérieure de sa convexité où elle porte le nerf optique, & elle est assez épaisse dans cet endroit; son épaisseur diminue par degrés vers la portion opposée: cette épaisseur a d'espace en espace quelques petits vaisseaux sanguins; elle est encore traversée d'une maniere particuliere par des filets de nerfs, qui entrant dans sa convexité à quelque distance du nerf optique, se glissent dans l'épaisseur de la tunique, & pénetrent sa concavité vers la cornée transparente. Voyez l'épltre xiij de Ruysch.

La cornée transparente qu'on nomme simplement la cornée, en donnant le nom de sclérotique en particulier à l'autre portion, est pareillement composée de plusieurs couches ou lames très - intimement unies ensemble: elle est une continuation de la sclérotique ou cornée opaque, quoique d'un tissu différent: ce tissu se gonfle par la macération dans l'eau froide.

La convexité de cette portion est un peu saillante au - delà de la convexité de la cornée opaque, dans les uns plus, dans les autres moins; de sorte qu'elle paroît comme le segment d'une petite sphere ajoûté au segment d'une sphere plus grande: la circonférence de sa convexité n'est pas circulaire comme celle de sa concavité, mais un peu transversalement ovale; car la portion supérieure & la portion inférieure de la circonférence, sont obliquement terminées dans leur épaisseur: cette obliquité est à la vérité plus apparente dans le boeuf & le mouton, que dans l'homme.

La cornée transparente est percée d'un grand nombre de pores imperceptibles, par lesquels suinte continuellement une liqueur ou sérosité subtile qui s'évapore à mesure qu'elle sort. On s'en peut assûrer én pressant un oeil d'abord après la mort, l'ayant bien essuyé auparavant: alors on verra sensiblement une rosée très fine s'accumuler peu - à - peu jusqu'à former de petites gouttelettes. Elle se trouve aussi dans ceux qui meurent sans fermer les paupieres, & elle ternit quelquefois la cornée au point de faire presque disparoître la prunelle. Voyez les mém. de l'acad. des Sc. an. 1721. pag. 320.

C'est cette rosée qui produit sur les yeux des moribonds une espece de pellicule glaireuse très - délicate, qui se fend en plusieurs écailles quand on y touche, & que l'on emporte facilement en essuyant la cornée; voilà pourquoi l'on dit d'ordinaire: cee homme va mourir, car sa vûe est déjà obscurcie. En effet, dans cet état, les sphincters des vaisseaux étant extrèmement relâchés, la lymphe qui les abreuve, perce les pores de la cornée transparente, & s'y amasse. Stenon semble être le premier qui a connu la porosité de cette membrane. Disons un mot de son usage.

L'éminence sphérique de la cornée transparente excédant celle du globe, fait que les rayons qui rejaillissent de chaque petite partie des objets, se brisent en s'approchant chacun de la perpendiculaire de leur rentrée plus qu'ils ne feroient sans cette éminence; & continuant leur route en cette disposition par l'humeur aqueuse, il en passe un plus grand nombre par la prunelle qui, sans cette réfraction, tomberoient sur l'iris. Selon que cette éminence est saillante ou déprimée, c'est - à - dire selon qu'elle fait partie d'un plus grand ou d'un moindre cercle, on voit les objets ou plus petits, ou plus gros, ou de plus loin, ou de plus près.

Au reste, la cornée est sujette à plusieurs accidens, à des pustules, des phlyctenes, des ulceres, & en particulier à cet abcès que les Grecs ont nommé hypopyon. Voyez ce mot. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Cornée, (Page 4:250)

Cornée, (Artificier.) c'est ainsi que les Artificiers nomment une cuillerée de matiere combustible, qu'on verse dans le cartouche avec une espece de cuilliere cylindrique de corne, de cuivre, ou de fer - blanc, dont la capacité est proportionnée à la grosseur de la fusée, & au diametre intérieur du cartouche, pour ne mettre à chaque reprise de la charge qu'on doit battre & fouler à coups de maillet, que la quantité convenable, pour qu'elle le soit fortement & également. Dict. de Trév. (V)

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