ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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CONVOI (Page 4:169)

* CONVOI, s. m. (Hist. anc. & mod.) c'est le transport du corps, de la maison au lieu de sa sepulture. Après que le corps avoit été gardé le tems convenable, qui étoit communément de sept jours, un hérault annonçoit le convoi à peu - près en ces termes: « Ceux qui voudront assister aux obseques de Lucius Titius, fils de Lucius, sont avertis qu'il est tems d'y aller; on emporte le corps hors de la maison ». Les parens & les amis s'assembloient; ils étoient quelquefois accompagnés du peuple, lorsque le mort avoit bien mérité de la patrie. On portoit les gens de qualité sur de petits lits appellés lectiques, ou hexaphores, ou octaphores, selon le nombre de ceux qui servoient au transport. Les gens du commun étoient placés sur des sandapiles ou brancards à quatre porteurs. Le feretrum paroît être le genre, & le lectique & la sandapile les especes. Les porteurs s'appelloient vespillones. Le mort avoit le visage découvert; on le lui peignoit quelquefois: s'il étoit trop difforme, on le couvroit. Dans les anciens tems le convoi se faisoit de nuit. Cette coûtume ne dura pas toûjours chez les Romains, & ne fut pas générale chez les anciens. A Sparte quand les rois mouroient, des gens à cheval annonçoient partout cet événement; les femmes s'écheveloient, & frappoient nuit & jour des chauderons, dont elles accompagnoient le bruit de leurs lamentations. Chaque maison étoit obligée de mettre un homme & une [p. 170] femme en deuil. Au lieu de bierre les Spartiates se servoient d'un bouclier. Les Athéniens célebroient les funérailles avant le lever du soleil. Les joueurs de flûte précedoient le convoi en joüant l'ialemos, ou le chant lugubre que les Latins appelloient noenia. Comme on avoit multiplié à l'excès le nombre de ces joueurs de flûte, il fut restreint à dix; ils étoient entremêlés de saltinbanques qui gesticuloient & dansoient d'une maniere comique; mais cela n'avoit lieu qu'aux convois de gens aisés, & dont la vie avoit été heureuse. Cette marche étoit éclairée de flambeaux & de cierges; les pauvres allumoient seulement des chandelles. On faisoit accompagner le mort des marques de ses dignités & de ses exploits; il y étoit lui - même représenté en cire au milieu de ses ayeux, dont on portoit les images en buste sur de longues piques: ces images étoient tirées de la salle d'entrée, & on les y replaçoit. Si le mort avoit commandé les armées, les légions étoient du convoi, elles y tenoient leurs armes renverfées; les licteurs y tenoient aussi les faisceaux renversés: les affranchis y avoient la tête couverte d'un voile de laine blanc: les fils étoient à la tête, le visage voilé: les filles y assistoient les piés nuds & les cheveux épars. Chez les Grecs les hommes & les femmes de la cérémonie se couronnoient. Mais il paroìt que l'ajustement des funérailles a varié; on s'y habilla de noir, on s'y habilla aussi de blanc. Quelquefois on se déchiroit. On loüoit des pleureuses qui fondoient en larmes en chantant les loüanges du mort; elles se tiroient aussi les cheveux, ou elles se les coupoient, & les mettoient sur la poitrine du mort. Si le mort étoit sur un char, il y eut un tems où l'on coupoit la criniere aux chevaux. Quand la doueur étoit violente, on insultoit les dieux, on lançoit des pierres contre les temples, on renversoit les autels, on jettoit les dieux Lares dans la rue. A Rome, si le défunt étoit un homme important, le convoi se rendoit d'abord aux rostres; on l'exposoit à la vûe du peuple: son fils, s'il en avoit un qui fût en âge, haranguoit; il étoit entouré des images de ses ayeux, à qui on rendoit des honneurs très - capables d'exciter la jeunesse à en mériter de pareils: de - là on alloit au lieu de la sépulture. Voyez Sépulture, Enterrement, Mort, Bucher , &c.

Nos convois tenant beaucoup du caractere de notre religion, n'ont point cet air d'ostentation des convois du paganisme. Cette triste cérémonie se fait diversement dans les différentes sectes du Christianisme. Parmi les catholiques, des prêtres précédés de la croix viennent prendre le corps qui est suivi des parens, amis & connoissances, & le portent au lieu de sa sépulture. Voyez Enterrement.

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