ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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CORDE
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CORDE, s. f. (Géom.) ligne droite qui joint les
deux extrémités d'un arc. Voyez Arc. Ou bien c'est
une ligne droite qui se termine par chacune de ses
extrémités à la circonférence du cercle, sans passer
par le centre, & qui divise le cercle en deux parties
inégales qu'on nomme segmens: telle est A B, Planche géomét. fig. 6. Voyez Segment.
La corde du complément d'un are est une corde
qui soûtend le complément de cet arc, ou ce dont
il s'en faut que cet arc ne soit un demi - cercle. Voyez
Complement.
La corde est perpendiculaire à la ligne C E, tirée
du centre du cercle au milieu de l'arc dont elle est
corde; & elle a, par rapport à cette droite, la même
disposition que la corde d'un arc à tirer des fleches,
a par rapport à la fleche. C'est ce qui a servi
de motif aux anciens géometres pour appeller cette
ligne corde de l'arc, & l'autre fleche du même arc.
Le premier de ces noms s'est conservé, quoique le
second ne soit plus si fort en usage. Ce que les anciens
appelloient fleche, s'appelle maintenant sinus
verse. Voyez Fleche & Sinus.
La demi - corde B o du double de l'arc est ce que
nous appellons maintenant sinus droit de cet arc;
& la partie o E du rayon, interceptée entre le sinus
droit B o & l'extrémité E du rayon, est ce qu'on
nomme sinus verse. Voyez Sinus.
La corde d'un angle & la corde de son complément
à quatre angles droits ou au cercle entier,
sont la même chose; ainsi la corde de 50 degrés &
celle de 310 degrés sont la même chose.
On démontre, en Géométrie, que le rayon C E
qui coupe la corde B A en deux parties égales au
point D, coupe de même l'arc correspondant en
deux parties égales au point E, & qu'il est perpendiculaire
à la corde A B, & réciproquement: on
démontre de plus, que si la droite N E coupe la
corde A B en deux parties égales & qu'elle lui soit
perpendiculaire, elle passera par le centre, & coupera
en deux parties égales l'arc A E B, aussi bien
que l'arc A N B. On peut tirer de - là plusieurs
corollaires utiles: comme 1°. la maniere de diviser
un arc A B en deux parties égales; il faut pour cela
tirer une perpendiculaire au milieu D de la corde
A B, & cette perpendiculaire coupera en deux parties
égales l'arc donné A B.
2°. La maniere de décrire un cercle qui passe par
trois points donnés quelconques, A, B, C, fig. 7.
pourvû qu'ils ne soient pas dans une même ligne
droite.
Décrivez pour cela des points A & C, & d'un
même rayon des ares qui se coupent en D, E; & des
points C, B, & encore d'un même rayon, décrivez
d'autres arcs qui se coupent en G & H: tirez les droites
D E, G H, & leur intersection I sera le centre
du cercle cherché qui passe par les points A, B, C.
Démonstration. Par la construction la ligne E I a
tous ses points à égale distance des extrémités A, C
de la ligne A C; c'est la même chose de la ligne G I
par rapport à C B: ainsi le point I d'intersection
étant commun aux deux lignes E I, G I, sera également éloigné des trois points proposés A, C, B; il
pourra donc être le centre d'un cercle, que l'on fera
passer par les trois points A, C, B.
Ainsi prenant trois points dans la circonférence
d'un cercle ou d'un arc quelconque, on pourra toûjours
trouver le centre, & achever ensuite la circonférence.
De - là il s'ensuit aussi, que si trois points d'une circonférence
de cercle conviennent ou coïncident
avec trois points d'un autre, les circonférences totales
coïncident aussi; & ainsi les cercles seront
égaux, ou le même. Voyez Circonférence &
Cercle.
Enfin on tire de - là un moyen de circonscrire un
cercle à un triangle quelconque.
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La corde d'un arc A B, fig. 6. & le rayon C E étant
donnés, trouver la corde de la moitié A E de cet arc. Du
quarré du rayon C E, ôtez le quarré de la moitié
A D de la corde donnée A B, le reste sera le quarré
de o C; & tirant la racine quarrée, elle sera égale
à C D: on la soustraira du rayon E C, & il restera
D E: on ajoûtera les quarrés de A D & de E D, &
la somme sera le quarré de A E; dont tirant la racine,
on aura la corde de la moitié A E.
Ligne des cordes, c'est une des lignes du compas
de proportion. Voyez Compas de proportion.
Wolf & Chambers. (E)
Corde
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* Corde, s. f. ouvrage du Cordier. C'est un corps
long, flexible, résistant, rond, composé de filamens
appliqués fortement les uns contre les autres
par le tortillement. Il y a des - cordes de plusieurs especes,
qu'on distingue par leur grosseur, leur fabrication,
leurs usages & leurs matieres.
On peut faire des cordes avec le lin, le coton, le
roseau, l'écorce de tilleul, la laine, la soie, le chanvre,
&c. mais celles de chanvre sont les plus communes
de toutes; elles ont plus de force que celles de
roseau & d'écorce d'arbre, & les autres matieres ne
sont pas assez abondantes pour qu'on en pût faire
toutes les cordes dont on a besoin dans la société,
quand il seroit démontré par l'expérience que ces
cordes seroient meilleures que les autres.
Des cordes de chanvre. On fait avec le chanvre
quatre sortes de cordes; les unes qui sont composées
de brins, & qu'on ne commet qu'une fois, comme
le merlin & le bitord, voyez Bitord & Merlin;
d'autres qui sont composées de torons, & qu'on ne
commet qu'une fois, comme les aussieres à deux,
trois, quatre, cinq & six torons, voyez Aussieres
& Torons, Il y en a de composées d'aussieres, &
commises deux fois; on les appelle grelins, voyez
Grelins. On peut commettre des grelins ensemble,
& la corde qui en proviendra sera commise trois fois,
& s'appellera archigrelins, voyez Archigrelins.
Il y a encore une espece de corde plus menue par un
bout que par l'autre, qu'on appelle par cette raison
corde en queue de rat, voyez pour cette corde & pour
la fabrication des précédentes, l'article Corderie.
Si l'on fabriquoit des cordes de coton, de crin,
de brins, &c. on ne s'y prendroit pas autrement que
pour celles de chanvre; ainsi on peut rapporter à
cette main - d'oeuvre tout ce qui concerneroit celle
de ces cordes. Mais il n'en est pas de même des cordes
qu'on tire de substances animales, comme les cordes
à boyau, les cordes de nerfs, les cordes d'instrumens
de musique, &c. celles - ci demandent des préparations
& un travail particuliers: nous en allons traiter
séparément.
Des cordes à boyau, ou faites de boyaux mis en filets,
tortillés & unis avec la presle. Il y en a de deux
especes; les unes grossieres, qu'on employe soit à
fortifier, soit à mouvoir des machines: nous en
avons donné la fabrication à l'article Boyaudier,
voyez Boyaudier. Elle se réduit au lavage, premiere
opération. Ce lavage consiste à démêler à
terre les boyaux; ce qui se fait avec quelque précaution,
pour ne pas les rompre. A la seconde opération
on les jette dans un baquet d'eau claire; on
les lave réellement, & le plus qu'il est possible. A
la troisieme on les vuide dans un autre baquet; à
la quatrieme on les tire de ce baquet, & on les
gratte en les faisant passer sous un couteau qui n'est
tranchant que vers la pointe. Cette opération se fait
sur un banc plus haut que le baquet d'un bout, &
appuyé sur le baquet par le bout qui est plus bas:
à la cinquieme on coupe les boyaux grattés, par les
deux bouts & de biais, & on les jette dans une autre
eau: à la sixieme on les en tire un à un, & on les
coud avec une aiguille enfilée de filamens enlevés
de la surface du boyau. On observe, pour empêcher
la grosseur de la couture, que les biais des coupures
se trouvent en sens contraires, c'est - à - dire l'une en
dessus & l'autre en dessous. A la septieme on noue
chaque longueur à un lacet qui tient à une cheville
fixe, & l'on attache l'autre bout aux nelles du roüet,
voyez
Nelle, Rouet, Lacet
, &c. A la huitieme
on tord le boyau au roüet jusqu'à un certain point,
on en tord toûjours deux à la fois: on a des brins
de presle; on entrelace ces brins de presle entre les
deux boyaux; on les serre entre cette presle, & on
tire sur toute leur longueur la presle serrée, en les
frottant fortement. A la neuvieme on leur donne plus
de tors; on les frotte avec un frottoir; on les épluche ou l'on enleve leurs inégalités avec un couteau
ordinaire, & on leur donne le troisieme & dernier
tors. A la dixieme, on les détache des nelles; on les
attache par un autre lacet à une autre cheville; on
les laisse sécher; on les détache quand ils sont secs;
on coupe la partie de chaque bout qui a formé les
noeuds avec les lacets; on les endouzine, on les
engrossit, & la corde est faite. Il faut travailler le
boyau le plus frais qu'il est possible; le délai en été
le fait corrompre; en tout tems il lui ôte de sa qualité.
Il ne faut jamais dans cette manoeuvre employer
d'eau chaude, elle feroit crisper le boyau. Il y
a quelqu'adresse dans le travail de ces cordes, à estimer
juste leur longueur, ou ce que le boyau perdra
dans ses trois tors. On n'a jusqu'à présent fait des
cordes à boyau que de plusieurs boyaux cousus. Le
sieur Petit Boyaudier, qui a sa manufacture au Croissant rue Mou>fetard, prétend en fabriquer de bonnes
de toute longueur, & sans aucune couture. Nous
avons répeté ici la maniere de travailler le boyau,
parce qu'en consultant plusieurs ouvriers, on trouve
souvent une grande différence, tant dans la maniere
de s'exprimer que dans celle d'opérer, & qu'il
importe de tout savoir en ce genre, afin de connoître
par la comparaisonde plusieurs mains - d'oeuvres,
quelle est la plus courte & la plus parfaite. Voyez
Endouziner, Engrossir, &c.
Des cordes à boyau propres à la Lutherie. On dit
qu'il ne se fabrique de bonnes cordes d'instrumens
qu'en Italie, celles qui viennent de Rome passent
pour les meilleures; on les tire par paquets assortis,
composés de 60 bottes ou cordes, qui sont toutes
pliées en sept ou buit plis. On les distingue par numéro,
& il y en a depuis le n°. 1. jusqu'au n°. 50.
Ce petit art qui contribue tant à notre plaisir, est un
des plus inconnus: les Italiens ont leur secret, qu'ils
ne communiquent point aux étrangers. Les ouvriers
de ce pays qui prétendent y entendre quelque
chose, & qui font en effet des cordes d'instrumens,
que les frondeurs jugeront assez bonnes pour la
musique qu'on y compose, ont aussi leurs secrets
qu'ils gardent bien, sur - tout quand ils sont consultés.
Voici tout ce que nous en avons pû connoître avec
le secours de quelques personnes qui n'ont pû nous
instruire selon toute l'étendue de leur bonne volonté.
On se pourvoit de boyaux grêles de moutons,
qu'on nettoye, dégraisse, tord & seche de la maniere
qui suit. On a un baquet plein d'eau de fontaine,
on y jette les boyaux comme ils sortent du
corps de l'animal; on ne peut les garder plus d'un
jour ou deux, sans les exposer à se corrompre: au
reste cela dépend de la chaleur de la saison, le mieux
est de les nettoyer tout de suite. Pour cet effet on
les prend l'un après l'autre par un bout, de la main
droite, & on les fait glisser entre le pouce & l'index,
les serrant fortement. On les vuide de cette maniere;
& à mesure qu'ils sont vuidés, on les laisse tomber
dans l'eau nette. On leur réitere cette opération
deux fois en un jour, en observant de les agiter
dans l'eau de tems en tems pendant cet intervalle,
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a>n de les mieux laver; on les passe ensuite dans de
nouvelle eau de fontaine, pour y macérer pendant
deux ou trois jours, selon la chaleur du tems: chacun
de ces jours on les racle deux fois, & on les
change d'eau trois fois. Pour les racler on les étend
l'un après l'autre sur une planche ou banc incliné au
bord du baquet, on a un morceau de roseau divisé
longitudinalement; il faut que les côtés de la division
ne soient pas tranchans, mais ronds. C'est avec
ce roseau qu'on les ratisse, & qu'on parvient à les
dépouiller de l'épiderme grasse qui les rend opaques;
on les fait passer dans des eaux nouvelles à
mesure qu'on les ratisse: alors le boyau est nettoyé,
& le voilà en état d'être dégraissé. Les ouvriers font
un premier secret de la maniere dont ils dégraissent
les boyaux; mais il est constant qu'indépendamment
de leur secret, si l'on n'apporte les plus grandes
précautions au dégraissage des boyaux, les cordes
n'en vaudront rien. Il faut préparer une lessive que
les ouvriers appellent eau - forte, & qui s'employe au
quart forte, au tiers forte, demi - forte, trois quarts
forte, & toute forte. Pour la faire on a un vaisseau
de grais ou cuve de pierre contenant demi - barrique,
ou le poids de 250 liv. d'eau; on la remplit d'eau,
on y jette environ deux livres & demie de cendres
gravelées, qu'on y remue bien avec un bâton. N'y
met - on que cela? Il y en a qui prétendent qu'il y
entre de l'eau d'alun en petite quantité; mais on ne
sait, par la maniere dont ils s'expriment, si l'eau
d'alun sert avant le dégraissage, si elle entre dans la
lessive du dégraissage, si elle y entre seule, ou en
mêlange avec la cendre gravelée, ou si cette façon
d'eau d'alun ne se donne pas après le dégraissage
même avec la cendre gravelée. Quoi qu'il en soit,
on a des tinettes ou terrines de grais, qui peuvent
tenir environ dix livres d'eau; on met les boyaux
par douzaines dans ces vaisseaux; on prend dans la
cuve environ deux livres & demie de lessive: quelle
que soit cette lessive, on la verse dans la tinette sur
les boyaux, & on acheve de la remplir avec de
l'eau de fontaine: on dit qu'alors les boyaux sont
dans la lessive au quart, ce qui - signifie que le liquide
dans lequel ils trempent, est composé d'une partie
de lessive & de trois parties d'eau de fontaine. On
les laisse blanchir dans cette eau une demi - journée
dans un lieu frais; on les en retire l'un après l'autre,
pour leur donner la façon suivante. On a à l'index
une espece d'ongle de fer blanc qu'on met au doigt
comme un dé à coudre; on nomme cet instrument
dégraissoir. On applique le pouce contre le bord de
son calibre, à son extrémité, & l'on presse le boyau
contre ce bord, tandis qu'on le tire de la main droite:
on le jette, au sortir de cette opération, dans une
autre tinette ou terrine, dont la lessive est au tiers
forte, c'est - à - dire de deux parties d'eau de fontaine,
sur une partie de lessive. On revient à cette manoeuvre
du dégraissoir quatre à cinq fois, & elle dure
deux ou trois jours, suivant la chaleur de la saison.
Chaque demi - journée on augmente la force de la
lessive. Les boyaux se dégraissent plus promptement
en été qu'en hyver. Les augmentations de la lessive
en hyver sont du quart au tiers, du tiers au demi,
du demi aux trois quarts, des trois quarts à l'eau
toute forte; & en été du quart au demi, du demi
aux trois quarts, & des trois quarts à l'eau toute
forte. Dans le premier cas, les degrés d'eau se
donnent en trois jours, & en deux jours dans le second;
mais tantôt on abrege, tantôt on prolonge
cette opération: c'est à l'expérience de l'ouvrier à
le déterminer. Il faut avoir grande attention à ne
point écorcher les boyaux avec le dégraissoir. Le
dégraissage se fait sur un lavoir haut de deux piés &
demi, large de deux, & long d'environ dix ou douze,
suivant l'emploi de la fabrique; il est profond
d'environ six pouces, & les eaux peuvent s'en écouler aux deux bouts par les ouvertures, & au moyen
de la pente qu'on y a pratiquée. Après ce dégraissage,
au sortir des lessives que nous avons dites, on
en a une autre qu'on appelle double - forte; elle est
composée de la même quantité d'eau de fontaine,
c'est - à - dire de 250 livres ou environ; mais on y
met cinq livres de cendres gravelées. Je demanderai
encore: n'y met - on que cela? & l'on sera bien fondé
à avoir sur cette lessive double forte, les mêmes
doutes que sur la lessive simple forte. Au reste, on
est bien avancé vers la découverte d'une manoeuvre,
quand on connoît les expériences qu'on a à
faire. On laisse les boyaux dans cette seconde lessive
une demi - journée, une journée entiere, & même
davantage, selon la saison, & toûjours par douzaines,
& dans les mêmes tinettes ou terrines de grais.
On les en tire, pour passer encore une fois sur le dégraissoir
de fer, d'où on les jette dans de l'eau fraiche;
les boyaux sont alors en état d'être tordus au
roüet. On les tire de l'eau; il est encore incertain si
cette eau est pure, ou si elle n'est pas un peu chargée
d'alun, & tout de suite on les double. Les gros
boyaux servent à faire les grosses cordes, les boyaux
plus petits & plus clairs servent à faire les cordes
plus petites; mais il est bon de savoir qu'on ne les
tord presque jamais simples; la plus fine chanterelle
est un double. On les fait environ de cinq piés &
demi, ou huit pouces. Chaque boyau en fournit
deux. Il peut arriver que le boyau double n'ait pas
la longueur requise pour la corde. Alors on en prend
deux qu'on assemble de cette maniere >; on
porte un des bouts à un émerillon du roüet; on passe
le boyau doublé sur une cheville de la grosseur du
doigt, qui est fichée dans un des côtés d'un chassis,
à quelque distance de l'émerillon, & qui fait partie
d'un instrument appellé le talart ou l'attelier. Il faut
observer que le bout de la corde qui est à l'émerillon,
a aussi sa cheville, & que cette cheville est passée
dans le crochet de l'émerillon. Si la corde est trop courte
pour cet intervalle, on l'allonge, comme on l'a indiqué
plus haut, en assemblant l'un des deux boyaux
avec un autre boyau plus long; s'il y a du superflu,
on le coupe, & l'on tord le boyau en douze ou quinze
tours de roüet. La roüe du roüet a trois piés de
diametre, & les bobines qu'elle fait mouvoir ont
deux pouces. On détache les deux petites chevilles,
l'une de l'émerillon, l'autre du côté du chassis, &
on les transporte dans des trous faits exprès à l'autre
extrémité du talart placé à côté du roüet. Le talart
est un chassis de bois de sapin long de deux aunes,
large de deux; à l'une de ses extrémités il y a vingt
trous garnis d'autant de chevilles de la grosseur du
doigt, & à l'autre quarante plus petites: ainsi un
boyau tord pour un instrument de musique, & tendu
sur le talart, a ses deux extrémités attachées, l'une
à une des petites chevilles des quarante, & l'autre
à une des vingt grosses. Voyez Planche V. de Corderie.
b est le baquet où s'égoutte l'eau; d est une table
avec rebords qui reçoit l'eau, & qui par sa pente &
ses gouttieres conduit l'eau dans le baquet; c, c sont
des treteaux qui la soûtiennent; u, rangées de chevilles
où l'on attache les cordes quand on les tord;
a, a, a, a, est un chassis oblong, de deux aulnes
sur une de ses dimensions, & de deux piés & demi
sur l'autre; x, sont des trous à recevoir les chevilles
des cordes, lorsqu'elles sont tordues; z, corde
que l'on tord à l'aide d'une roüe & de deux poulies,
avec un petit crochet k, auquel on adapte la cheville
qui doit remplir un des trous du chassis quand
la corde sera torse. Mais la manoeuvre que nous venons
de décrire ne suffit pas pour donner à la corde
l'élasticité convenable, & lui faire rendre du son;
il y a, dit on, encore un autre secret. C'est ce<pb->
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sui - là sur - tout qu'il faudroit obtenir des ouvriers.
Ne consiste - t - il que dans la manoeuvre suivante?
nous l'ignorons. Lorsque le talart est garni de
boyaux tords, on les frotte les uns après les autres
avec des cordes de crin; on passe dessus la corde de
crin cinq ou six fois de suite, ce qui acheve de les
dégraisser & de les dégrossir en les arrondissant.
Lorsque chaque boyau ou corde aura été frottée
ainsi à deux reprises de la corde de crin, & qu'on la
trouvera fort nette, on portera le talart tout garni
de ses cordes, dans une étuve proportionnée à sa
grandeur, c'est - à - dire d'un peu plus de deux aulnes
de long, & d'environ une demi - aulne pour ses autres
dimensions; on les y laissera tendues pendant
cinq ou six jours, pour y sécher lentement à la vapeur
du soufre, & y prendre de l'élasticité. L'étuve
est échauffée par un peu de feu de charbon, qu'on
y introduit dans un réchaud sur lequel on jette deux
onces de fleur de soufre. Cet ensoufrement se donne
toûjours en mettant le talart dans l'étuve, & se répete
deux jours après. On a soin de tenir l'étuve
fermée, afin que la fumée du soufre ne s'échappant
point, produise son effet. Au bout de cinq à six jours
on sort les talarts de l'étuve; on frotte chaque corde
avec un peu d'huile d'olive; on les plie à l'ordinaire,
apres les avoir coupées de la longueur de deux aulnes
aux deux extrémités du talart. C'est de la même
maniere que se préparent les grosses cordes à boyau,
avec cette différence qu'on apporte un peu moins
de précautions pour les dégraisser, qu'on les tord &
file comme le chanvre; qu'on y employe les boyaux
les plus communs, & qu'on les laisse plus long - tems
à l'étuve. Nous n'avons pû nous procurer des connoissances
plus étendues sur cet objet. Peut - être n'y
a - t - il rien de plus à savoir, peut - être aussi n'est - ce là
que le gros de l'art, que ce dont les ouvriers ne se cachent
point, & n'avons - nous rien dit des tours de
main particuliers, des préparations singulieres, &
des manoeuvres requises pour la perfection des cordes. Au reste, celui qui portera ces instructions préliminaires
dans un attelier, y acquérera d autant
plus facilement les autres, si en effet il en reste quelques - unes à suppléer; car j'ai toûjours remarqué que
les ouvriers se livroient facilement aux gens dont
ils espéroient tirer quelque lumiere. On ne trouvera
que le roüet, le chassis & le talart dans nos planches,
parce que les autres instrumens n'ont rien de
particulier. Le roüet est, comme on voit, un roüet
de cordier; le talart n'est qu'un chassis ordinaire,
& le lavoir se connoît assez facilement sur ce que
nous en avons dit; une table commune y suppléeroit.
Ce sont les noeuds qu'on fait aux cordes, quand
les boyaux sont trop courts, qui ordinairement les
rendent fausses, par l'inégalité qu'ils occasionnent.
Quand on choisit des cordes d'instrumens, il faut
d'abord prendre les plus claires, les plus rondes &
les plus égales, & ensuite faire tendre par quelqu'un
la corde de la longueur convenable pour l'instrument,
en la tirant par les deux bouts; se placer en
face du jour, & la pincer. Si en la pinçant on n'apperçoit
dans ses oscillations que deux cordes, c'est
une preuve certaine qu'elle est juste; si on en apperçoit
trois, cette preuve qu'elle est fausse n'est pas
moins assurée. Cette seconde apparence peut venir
de ce que toutes les parties de la corde n'arrivent pas
en même tems à la situation horisontale, & qu'elle
oscille en deux tems différens. On tord deux cordes
à la fois, quoiqu'on n'en voye qu'une dans le dessein,
où l'on n'a pû en montrer davantage.
Des cordes de nerfs, ou, pour parler plus exactement,
de tendons ou de ligamens. Les anciens, qui
faisoient grand usage de ces cordes dans leurs machines
de guerre, désignoient en général les veines, arteres,
tendons, ligamens, nerfs, par le mot de nerf,
& ils appelloient corde de nerf, une corde filée de ligamens.
Ils ont ordonné de choisir entre les tendons,
ceux des cerfs & des boeufs; & sur ces animaux
les tendons les plus exercés, comme ceux du
col dans les boeufs, & ceux de la jambe du cerf.
Mais comme il est plus facile de se pourvoir de ceuxlà
que de ceux - ci, c'est de cette matiere qu'on a fait
à Paris les premieres cordes de nerfs, sous les ordres
& la direction de M. le comte d'Herouville, qui fut
engagé dans un grand nombre d'expériences sur cet
objet, par l'exactitude & l'étendue de ses recherches
sur tout cé qui appartient à l'Art militaire. Voici
comment ces cordes ont été travaillées. On prend
chez le boucher les tendons des jambes, on les fait
tirer le plus entiers & le plus longs qu'il est possible.
Ils se tirent de l'animal assommé, quand il est encore
chaud. On les expose dans des greniers; on fait ensorte
qu'ils ne soient point exposés au soleil, de peur
qu'ils ne sechont trop vîte, & qu'ils ne durcissent
trop. Il ne faut pas non plus que l'endroit soit humide,
& qu'ils puissent souffrir de la gelée en hyver;
ces accidens les feroient corrompre. Il y a aussi un
tems propre à prendre pour les battre: quand ils
sont trop secs, ils se rompent; quand ils sont trop
frais, on en épure la graisse. Il faut éviter ces deux
extremes. Avant que de les battre, il en faut séparer
les deux bouts qui sont trop durs & trop secs: le
reste d'ailleurs s'en divisera plus facilement sous le
marteau. Le nerf ou ligament n'est filé fin qu'autant
que ses extrémités se divisent facilement, ce qui ne
peut arriver quand on lui laisse les deux bouts qui
sont durs & secs comme du bois.
Les outils de cette espece de corderie se réduisent
à un marteau de fer, une pierre & un peigne. Le
bloc de pierre doit être un cube, dont la surface
polie du côté qu'il doit servir, ait huit à dix pouces
en quarré. Le marteau peut peser une demi - livre,
& le peigne a huit ou dix dents éloignées les unes
des autres d'environ six lignes, & toutes dans la
même direction. Le ligament ne doit point être dépouillé
de ses membranes; on les bat ensemble jusqu'à ce qu'on s'apperçoive que la membrane est entierement
séparée des fibres. Sept à huit ligamens
battus & fortement liés ensemble, suffisent pour
faire une poignée; on passe la poignée dans les dents
du peigne: cette opération en sépare la membrane,
& divise les fibres les unes des autres. Le point le
plus important dans tout ce qui précede, est de bien
battre, c'est de - là que dépend la finesse du nerf. Si
le nerf n'est pas assez battu, on a beau le peigner;
on l'accourcit en en rompant les fibres, sans le rendre
plus fin. Le seul parti qu'il y ait à prendre dans
ce cas, est de l'écharpir avec les mains, en séparant
les fibres des brins qui ont résisté au peigne, pour
n'avoir pas été suffisamment travaillés sous le marteau.
Quant au cordelage de cette matiere, il n'a rien
de particulier. On file le nerf comme le chanvre,
& on le commet soit en aussiere, soit en grelin. V.
l'article Corderie. Avant que de se servir de ces
cordes, il faut les faire tremper dans l'huile la plus
grasse: elles sont très - élastiques & très - fortes. Voici
une expérience dans laquelle M. d'Herouville a fait
comparer la force d'une corde de chanvre, d'une
corde de crin, & d'une corde de nerf. On prit le nerf
le plus long qu'on put trouver; on le peigna avec
beaucoup de douceur; on en fila du fil de carret;
on prit six bouts de ce fil, de neuf piés chacun; on
les commit au tiers, c'est - à - dire que ces neuf piés
se réduisirent à six dans le commettage. Cette corde
se trouva de quinze lignes de circonférence, & tout - à - fait semblable à une corde de chanvre très - parfaite
qui avoit servi à quelques expériences de M. Duhamel sur la résistance des cordes, & qui avoit été faite
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du chanvre d'Italie le mieux choisi. On tint aussi
toute prête une corde de crin de même poids, &
commise au même point que la corde de nerf, mais
qui se trouva de dix - huit lignes de circonférence.
On fit rompre ces cordes, & l'on éprouva que la corde de nerf étoit une fois plus forte que celle de crin,
& d'un sixieme plus que la corde de chanvre la plus
parfaite. La corde de nerf soûtint 780 livres avant
sa rupture. On remarqua qu'en s'allongeant par les
charges successives qu'on lui donnoit, les pertes que
faisoit son diametre étoient à - peu - près en même raison
que les accroissemens que prenoit sa longueur,
& qu'après la rupture elle se restitua exactement à
sa longueur & grosseur premieres.
On a substitué ces cordes aux ressorts des chaises
de poste & d'autres voitures, & elles y ont très - bien
réussi. Elles n'ont pas encore toute la vogue qu'elles
méritent & qu'elles obtiendront, parce qu'il en est
dans ce cas comme dans une infinité d'autres; on
consulte toûjours des ouvriers intéressés à faire prévaloir
les anciens usages. C'est à un serrurier qui
fait des ressorts qu'on s'adresse pour savoir si les cordes de nerfs sont ou ne sont pas meilleures que les
ressorts. M. de Lanore, dont M. le comte d'Herouville s'est particulierement servi, soit à recueillir ce
que les anciens tacticiens grecs & latins avoient écrit
des catapultes, ballistres, & autres machines de
guerre auxquelles ils employoient les cordes de nerf,
soit à fabriquer les premieres, en a obtenu le privilége
exclusif; & il seroit à souhaiter que les ouvriers
allassent prendre des instructions chez un homme à
qui cet objet est très - bien connu, ils s'épargneroient
aussi à eux - mêmes tout le tems & le travail qu'on
perd nécessairement en essais.
On dit que ces cordes sont facilement endommagées
par l'humidité, mais on peut les en garantir en
très - grande partie par des fourreaux: on présume
qu'une lessive, telle que celle que les ouvriers en
cordes à boyau, soit pour machines, soit pour instrumens
de musique, donnent à leurs boyaux avant
que de les tordre, pourroit ajoûter & à l'élasticité
& à la durée des cordes de nerf, si on faisoit passer
par cette lessive le nerf, soit avant que de le battre,
soit après qu'il est battu & peigné. Pourquoi ne suppléeroit - elle pas au roüir du chanvre, en séparant
la membrane des fibres, de même que le roüir separe
l'écorce de la chenevote. C'est à l'expérience
à confirmer ou détruire cette idée qui nous a été
communiquée par un homme que sa fortune & son
état n'empêchent point de s'occuper de la connoissance
& de la perfection des Arts; ainsi qu'il vient
de le prouver par quelques vûes qu'il a communiquées
au public sur le tirage des voitures; c'est
de la même personne que nous tenons le dessein
du roüet des faiseurs de cordes d'instrumens de
musique, & des éclaircissemens sur l'art de les fabriquer.
Des cordes de cheveux. Les anciens ont aussi fait
filer des cordes de cheveux, dans des circonstances fâcheuses
qui les y déterminoient. Les dames de Carthage se couperent les cheveux, pour fournir des
cordes aux machines de guerre qui en manquoient.
Les femmes Romaines en firent autant dans une extrémité
semblable: maluerunt pudicissimoe matronoe,
deformato capite, liberè vivere cum maritis, quam hostibus,
integro decore, servire. Je ne cite que ces deux
exemples, entre un grand nombre d'autres que j'omets,
& dont je ne ferois qu'un éloge très - modéré
si je les rapportois, le sacrifice des cheveux me paroissant
fort au - dessous de ce que des femmes honnêtes
& courageuses ont fait en tout tems & font
encore tous les jours.
Les Méchaniciens se proposent sur les cordes en
général plusieurs questions, telles que les suivantes;
quelle est la force des cordes en elle - même? quel est
leur effet dans les machines? quelles sont leurs vibrations
quand elles sont frappées. Voyez là - dessus
les articles suivans.
Corde
(Page 4:208)
Corde, (Méchaniq.) Quelle est la force d'une
corde relativement à celle des fils dont elle est composée,
si on en prend la somme, en les éprouvant
séparément? Le tortillement ajoute - t - il à la force des
cordes ou la diminue - t - il? Voyez l'article Corderie.
Corde
(Page 4:208)
Corde, (Méchaniq.) De la résistance des cordes.
La résistance des cordes est fort considérable, & doit
par toutes sortes de raisons entrer dans le calcul de
la puissance des machines. M. Amontons remarque
dans les mém. de l'académie royale des Sciences,
1699,qu'une corde est d'autant plus difficile à courber
1°. qu'elle est plus roide & plus tendue par le poids
qu'elle porte: 2°. qu'elle est plus grosse: & 3°. qu'elle
est plus courbéc, c'est - à - dire qu'elle enveloppe un
plus petit cylindre.
Il rapporte des expériences qu'il a faites pour
s'assûrer des proportions dans lesquelles ces différentes
résistances augmentent; ces expériences apprennent
que la roideur de la corde occasionnée par
le poids qui la tire, augmente à proportion du poids,
& que celle qui vient de l'épaisseur de la corde augmente
à proportion de son diametre: enfin que celle
qui vient de la petitesse des poulies autour desquelles
elle doit être entortillée, est plus forte pour les
petites circonférences que pour les grandes, quoiqu'elle n'augmente pas dans la même proportion que
ces circonférences diminuent.
D'où il s'ensuit que la résistance des cordes dans
une machine, étant estimée en livres, devient comme
un nouveau fardeau qu'il faut ajoûter à celui que
la machine devoit élever: & comme cette augmentation
de poids rendra les cordes encore plus roides,
il faudra de nouveau calculer cette augmentation de
résistance. Ainsi on aura plusieurs sommes décroissantes,
qu'il faudra ajoûter ensemble comme quand
il s'agit du frottement, & qui peuvent se monter
très - haut. Voyez Frottement.
En effet, lorsqu'on se sert de cordes dans une machine,
il faut ajoûter ensemble toutes les résistances
que leurs roideurs produisent, & toutes celles que
le frottement occasionne; ce qui augmentera si considérablement
la difficulté du mouvement, qu'une
puissance méchanique qui n'a besoin que d'un poids
de 1500 liv. pour en élever un de 3000 liv. par le
moyen d'une moufle simple, c'est - à - dire d'une poulie
mobile & d'une poulie fixe, doit, selon M. Amontons, en avoir un de 3942 livres, à cause des frottemens
& de la résistance des cordes.
Ce que nous venons de dire des poulies doit servir
de regle dans l'usage des treuils, des cabestans,
&c. & des autres machines pour lesquelles on se sert
de cordes: si on négligeoit de compter leur roideur,
on tomberoit infailliblement dans des erreurs considérables,
& le mécompte se trouveroit principalement
dans les cas où il est très - important de ne se
point tromper, je veux dire dans les grands effets;
car alors les cordes sont nécessairement fort grosses
& fort tendues.
C'est d'après ce principe, qu'on examine dans les
mémoires de l'académie de 1739, quelle est la meilleure
maniere d'employer les seaux pour élever de
l'eau. Car il est certain que de la maniere dont on
les employe ordinairement, le poids de la corde s'ajoute
à celui du seau; de sorte que si le puits a 150
piés, par exemple, de profondeur, on aura un plus
grand effort à faire au commencement de l'action ou
de l'élevation du seau que vers la fin, parce qu'au
commencement on aura à soûtenir le poids dú seau,
plus celui de toute la corde, qui, si elle pese deux
livres par toise, en pesera 50 pour ce puits de 25
[p. 209]
toises de profondeur; augmentation très - considérable au poids du seau plein & sortant de l'eau, dont
il aura peut - être puisé 24 livres. Il est vrai que cette
premiere difficulté de l'élevation du seau ira toûjours
en diminuant, & sera nulle au bord du puits;
mais en ce cas l'action de l'homme qui tirera le seau
sera fort inégale; & dans cette supposition il est impossible
qu'il ne se fatigue pas trop, qu'il ne perde
du tems, & qu'il ne fasse moins qu'il n'auroit pû,
parce qu'il est presqu'impossible qu'il ne donne précisément
que ce qu'il faudra de force pour surmonter
à chaque instant la résistance décroissante du seau
& de la corde. Il seroit plus avantageux & plus commode
pour la puissance, d'avoir une machine qui
réduisît à l'égalité une action inégale par elle - même,
de sorte que l'on n'eût jamais à soûtenir que le même
poids, ou à employer le même effort quoique la
résistance de la corde fût toujours variable. Pour cela
le seul moyen est, que quand le poids de la corde sera
plus grand, ou ce qui est le même, quand il y aura
plus de corde à tirer, la puissance agisse par un plus
long bras de levier, plus long précisément à proportion
de ce besoin, & par conséquent il faudra que
les leviers soient toujours changeans & décroissans
pendant toute l'élevation du seau. C'est pourquoi il
faudra donner à la poulie dont on se servira, une
forme pareille à - peu - près à celle des fusées des montres,
qui sont construites sur le même principe, ou
plutôt il faudra que cette poulie soit comme un assemblage
de plusieurs poulies concentriques & inégales: on peut voir sur cette matiere un plus grand
détail dans l'hist. de l'Acad. de 1739, p. 51.
Il s'ensuit de ce que nous avons dit sur la résistance
des cordes, 1°. qu'on doit préférer autant que faire
se peut les grandes poulies aux petites, non - seulement parce qu'ayant moins de tours à faire, leur axe
a moins de frottement, mais encore parce que les
cordes qui les entourent y souffrent une moindre courbure,
& ont par conséquent moins de résistance.
Cette considération est d'une si grande conséquence
dans la pratique, qu'en évaluant la roideur de la corde selon la regle de M. Amontons, on voit clairement
que si on vouloit enlever un fardeau de 800
livres avec une corde de 20 lignes de diametre, &
une poulie qui n'eût que 3 pouces, il faudroit augmenter
la puissance de 212 livres pour vaincre la
roideur de la corde, au lieu qu'avec une poulie d'un
pié de diametre cette résistance céderoit à un effort
de 22 livres, toutes choses d'ailleurs égales.
On peut juger par - là que les poulies moufflées,
c'est - à - dire les poulies multiples, ne peuvent jamais
avoir tout l'effet qui devroit en résulter suivant la
théorie. Car dans ces sortes de machines, les cordes
ont plusieurs retours; & quoique les puissances qui
les tendent chargent d'autant moins les axes qu'il y
a plus de poulies, cependant comme il n'y a point
de cordes parfaitement flexibles, on augmente leur
résistance en multipliant les courbures.
Cet inconvénient, qui est commun à toutes les
mouffles, est encore plus considérable dans celles
où les poulies rangées les unes au - dessus des autres
doivent être de plus en plus petites, pour donner
lieu aux cordes de se mouvoir sans se toucher & se
frotter. Car une corde a plus de peine à se plier quand
elle enveloppe un cylindre d'un plus petit diametre.
Ainsi les poulies moufflées, qui sont toutes de même
grandeur, sont en général préférables aux autres.
Les cordes qui sont le plus en usage dans la méchanique,
celles dont il s'agit principalement ici,
sont des assemblages de fils que l'on tire des végétaux,
comme le chanvre, ou du regne animal, comme
la soie, ou certains boyaux que l'on met en état
d'être filés. Si ces fibres étoient assez longues par
elles - mêmes, peut - être se contenteroit - on de les
mettre ensemble, de les lier en forme de faisceaux
sous une enveloppe commune. Cette maniere de
composer les cordes eût peut - être paru la plus simple
& la plus propre à leur conserver la flexibilité
qui leur est si nécessaire; mais comme toutes ces
matieres n'ont qu'une longueur fort limitée, on a
trouvé moyen de les prolonger en les filant, c'est - à - dire en les tortillant ensemble; le frottement qui
naît de cette sorte d'union est si considérable, qu'elles
se cassent plutôt que de glisser l'une sur l'autre:
c'est ainsi que se forment les premiers fils dont l'assemblage
fait un cordon; & de plusieurs de ces cordons
réunis & tortillés ensemble, on compose les
plus grosses cordes. On juge aisément que la qualité
des matieres contribue beaucoup à la force des cordes; on conçoit bien aussi qu'un plus grand nombre
de cordons également gros, doit faire une corde plus
difficile à rompre; mais quelle est la maniere la plus
avantageuse d'unir les fils ou les cordons? Voyez
là - dessus l'article Corderie.
Les cables & autres gros cordages que l'on employe,
soit sur les vaisseaux, soit dans les bâtimens,
étant toujours composés de plusieurs cordons, &
ceux - ci d'une certaine quantité de fils unis ensemble,
il est évident qu'on n'en doit point attendre
toute la résistance dont ils seroient capables s'ils ne
perdoient rien de leur force par le tortillement; &
cette considération est d'autant plus importante, que
de cette résistance dépend souvent la vie d'un très grand
nombre d'hommes.
Mais si le tortillement des fils en général rend les
cordes plus foibles, on les affoiblit d'autant plus qu'on
les tord davantage; il faut donc éviter avec soin
de tordre trop les cordes.
Lorsqu'on a quelque grand effort à faire avec plusieurs
cordes en même tems, on doit observer de les
faire tirer le plus également qu'il est possible; sans
cela il arrive souvent qu'elles cassent les unes après
les autres, & mettent quelquefois la vie en danger.
Voyez les leçons de Phys. expér. de M. l'abbé Nollet.
(O)
Cordes
(Page 4:209)
Cordes, (Méchan.) De la tension des cordes. Si
une corde A B est attachée à un point fixe B (figure
45. Méchaniq.), & tirée suivant sa longueur par une
force ou puissance quelconque A, il est certain que
cette corde souffrira une tension plus ou moins grande,
seion que la puissance A qui la tire, sera plus ou
moins grande. Il en est de même, si au lieu du point
fixe B, on substitue une puissance égale & contraire
à la puissance A; il est certain que la corde sera d'autant
plus tendue, que les puissances qui la tirent seront
plus grandes. Mais voici une question qui a jusqu'ici fort embarrassé les Méchaniciens. On demande
si une corde A B, attachée fixement en B & tendue
par une puissance quelconque A, est tendue de la
même maniere qu'elle le seroit, si au lieu du point
fixe B, on substituoit une puissance égale & contraire
à la puissance A. Plusieurs auteurs ont écrit sur
cette question, que Borelli a le premier proposée. Je
crois qu'on peut la résoudre facilement, en regardant
la corde tendue A B, comme un ressort dilaté
dont les extrémités A, B, font également effort
pour se rapprocher l'une de l'autre. Je suppose donc
d'abord que la corde soit fixe en B, & qu'elle soit tendue
par une puissance appliquée en A, dont l'effort
soit équivalent à un poids de dix livres; il est certain
que le point A sera tiré suivant A D avec un effort
de dix livres: & comme ce point A, par l'hypothese,
est en repos; il s'ensuit que par la résistance de
la corde, il est tiré suivant A B avec une force de
dix livres, & fait par conséquent un effort de dix livres
pour se rapprocher du point B. Or le point B,
par la nature du ressort, fait le même effort de dix
livres suivant B A, pour se rapprocher du point A,
[p. 210]
& cet effort est soûtenu & anéanti par la résistance
du point fixe B. Qu'on ôte maintenant le point fixe
B, & qu'on y substitue une puissance égale & contraire
à A; je dis que la corde demeurera tendue de
même: car l'effort de dix livres que fait le point B,
suivant B A, sera soûtenu par un effort contraire de
la puissance B suivant B C. La corde restera donc
tendue, comme elle l'étoit auparavant: donc une
corde A B, fixe en B, est tendue par une puissance
appliquée en A, comme elle le seroit, si au lieu du
point B, on substituoit une puissance égale & contraire
à la puissance A. Voyez Tension. (O)
Cordes
(Page 4:210)
Cordes, (Vibrations des) Méchaniq. Si une corde
tendue A B (fig. 71. Méchanique.), est frappée en
quelqu'un de ses points, par une puissance quelconque,
elle s'éloignera jusqu'à une certaine distance
de la situation A B, reviendra ensuite, & fera des
vibrations comme un pendule qu'on tire de son
point de repos. Les Géometres ont trouvé les lois de
ces vibrations. On savoit depuis long - tems par l'expérience
& par des raisonnemens assez vagues, que
toutes choses d'ailleurs égales, plus une corde étoit
tendue, plus ses vibrations étoient promptes; qu'à
égale tension, les cordes faisoient leurs vibrations
plus ou moins promptement, en même raison qu'elles
étoient moins ou plus longues; de sorte que deux
cordes, par exemple, étant de la même grosseur, également tendues, & leurs longueurs en raison de 1
à 2, la moins longue faisoit dans le même tems un
nombre de vibrations double du nombre des vibrations
de l'autre; un nombre triple, si le rapport des
longueurs étoit celui d'1 à 3, &c. M. Taylor célebre
géometre Anglois, est le premier qui ait démontré
les différentes lois des vibrations des cordes avec
quelque exactitude, dans son savant ouvrage intitulé,
methodus incrementorum directa & inversa, 1715;
& ces mêmes lois ont été démontrées encore depuis
par M. Jean Bernoulli dans le tome II. des mémoires
de l'académie impériale de Petersbourg. On n'attend pas
sans doute de nous que nous rapportions ici les théories
de ces illustres auteurs, qu'on peut voir dans
leurs ouvrages, & qui ne pourroient être à la portée
que d'un très - petit nombre de personnes. Nous
nous contenterons de donner la formule qui en résulte,
& au moyen de laquelle tout homme tant
soit peu initié dans le calcul pourra connoître facilement
les lois des vibrations d'une corde tendue.
Avant que d'exposer ici cette formule, il faut
remarquer que la corde fait des vibrations en vertu
de l'élasticité que sa tension lui donne. Cette élasticité fait qu'elle tend à revenir toûjours dans la situation
rectiligne A B; & quand elle est arrivée à
cette situation rectiligne, le mouvement qu'elle a
acquis, en y parvenant, la fait repasser de l'autre
côté, précisément comme un pendule. V. Pendule.
Or cette force d'élasticité peut toûjours être comparée
à la force d'un poids, puisqu'on peut imaginer
toûjours un poids qui donne à la corde la tension
qu'elle a. Cela posé, si on nomme L la longueur
de la corde, M la masse de la corde ou la quantité
de sa matiere, P la force du ressort de la corde, ou
plûtôt un poids qui représente la force avec laquelle
la corde est tendue; D la longueur d'un pendule donné,
par exemple, d'un pendule à secondes, p le
rapport de la circonférence d'un cercle à son diametre,
le nombre des vibrations faites par la corde durant
une vibration du pendule donné D, sera exprimé
par [omission: formula; to see, consult fac-similé version].
De - là il s'ensuit, 1° que si les longueurs L, & les
masses M de deux cordes sont égales, les nombres de
leurs vibrations en tems égaux seront comme
[omission: formula; to see, consult fac-similé version], ou (à cause que D est le même pour tous
les deux) comme [omission: formula; to see, consult fac-similé version], c'est - à - dire comme les ra<cb->
cines des nombres qui expriment le rapport des tensions.
2°. Que si les tensions P & les longueurs L
font égales, les nombres des vibrations en tems égal
seront comme [omission: formula; to see, consult fac-similé version], c'est - à - dire en raison inverse
des racines des masses, & par conséquent en raison
inverse des diametres, si les cordes sont de la même
matiere. 3°. Que si les tensions P sont les mêmes,
& que les cordes soient de la même matiere & de la
même grosseur, les nombres des vibrations en tems
égaux seront en raison inverse des longueurs; car
ces nombres de vibrations seront alors comme
[omission: formula; to see, consult fac-similé version]; or quand les cordes sont de même grosseur
& de même matiere, les masses M sont comme les
longueurs L, dont [omission: formula; to see, consult fac-similé version] est alors comme [omission: formula; to see, consult fac-similé version],
ou comme [omission: formula; to see, consult fac-similé version].
Il est visible qu'on peut déduire de la formule générale
[omission: formula; to see, consult fac-similé version], autant de theoremes qu'on voudra
sur les vibrations des cordes. Ceux que nous venons
d'indiquer suffisent pour montrer la route qui
y conduit.
Les mêmes géometres dont nous avons parlé, ne
se sont pas contentés de déterminer les vibrations de
la corde tendue A B; ils ont cherché aussi quelle est
la figure que prend cette corde, en faisant ses vibrations;
& voici, selon eux, quelle est la nature de la
courbe A C B que forme cette corde. Soit D le point
de milieu de A B, C D la distance du point de milieu
C de la corde au point B, dans un instant quelconque: ayant décrit le quart de cercle C E du rayon
C D, soit pris par - tout F N à l'arc correspondant
C M comme D B est à l'arc C E, le point N sera à
la courbe C B; desorte que la courbe A C B que
forme la corde tendue, est une coube connue par
les Géometres sous le nom de courbe des arcs ou compagne de la cycloïde extrêmement allongée. Voy.
Compagne de la Cycloïde
& Trochoïde.
MM. Taylor & Bernoulli ont déterminé cette
courbe d'après la supposition que tous les points de
la corde arrivent en même tems à la situation rectiligne
A B C'est ce que l'expérience paroît prouver,
du moins autant qu'on peut en juger, en examinant
des vibrations qui se font presque toûjours très promptement.
M. Taylor prétend même démontrer,
sans le secours de l'expérience, que tous les points
de la corde A C B doivent arriver en même tems
dans la situation rectiligne A B. Mais dans une dissertation
sur les vibrations des cordes tendues, imprimée
parmi les mémoires de l'académie royale des
Sciences de Prusse, pour l'année 1747, j'ai démontré
que M. Taylor s'est trompé en cela; & j'ai fait
voir de plus, 1° qu'en supposant que tous les points de
la corde A C B arrivent en même tems à la situation
rectiligne A B, la corde A C B peut prendre une infinité
d'autres figures que celle d'une courbe des
arcs allongée; 2° qu'en ne supposant pas que tous
les points arrivent en même tems à la situation rectiligne,
on peut déterminer en général la courbure
que doit avoir à chaque instant la corde A B, en faisant
ses vibrations. Cependant il est bon de remarquer,
ce que personne n'avoit encore fait, que quelque
figure que prenne la corde A C B, en faisant ses
vibrations, le nombre de ces vibrations dans un tems
donné doit toûjours être le même, pourvû que ses
points arrivent en même tems à la situation rectilighe;
c'est ce qu'on peut déduire fort aisément de la théorie
dont nous venons de parler. Je crois donc avoir
résolu le premier, d'une maniere générale, le problème
de la figure que doit prendre une corde vibrante;
M. Euler l'a résolu après moi, en employant presque
exactement la même méthode, avec cette diffé<pb->
[p. 211]
rence seule que sa méthode semble un peu plus longue.
V. les mém. de l'acad. de Berlin, 1748. Dans
les mémoires de la même académie, pour l'année
1750, p. 355 & suiv. j'ai donné encore quelques recherches
sur cette matiere, & observations sur le
mémoire de M. Euler, & sur les vibrations des cordes. Nous y renvoyons nos lecteurs. (O)
Corde du tambour
(Page 4:211)
Corde du tambour, (Anatomie.) Voy. Tympan.
Corde nouée
(Page 4:211)
* Corde nouée, (Hist. mod.) Les Chinois &
d'autres peuples, comme les Peruviens, se sont servis
de cordes noüées au lieu de caracteres. Chez les Chinois, le nombre des noeuds de chaque corde formoit
un caractere, & l'assemblage des cordes tenoit lieu
d'une espece de livre qui servoit à rappeller ou à fixer
dans l'esprit des hommes le souvenir de choses
qui sans cela s'en seroient effacées. Les Peruviens,
lorsque les Espagnols conquirent leur pays, avoient
des cordes de différentes couleurs, chargées d'un
nombre de noeuds plus ou moins grands, & diversement
combinées entre elles à l'aide desquelles ils
écrivoient. Voyez Calcul & Arithmétique.
Cordes de défense
(Page 4:211)
Cordes de défense, (Marine.) ce sont des paquets
de grosses cordes, ou bouts des vieux cables,
qu'on fait pendre le long des côtés des chaloupes &
autres petits bâtimens, pour rompre le choc & empêcher
qu'ils ne se brisent contre de plus gros bâtimens.
Voyez Pl. XVI. de Marine, fig. 4. cordes de défense,
cotées R. (Z)
Corde à feu
(Page 4:211)
Corde à feu: les Artificiers appellent ainsi les
meches de corde dont on se sert pour conserver longtems
une petite quantité de feu, & en allumer dans
le besoin. On donne aussi ce nom à une espece d'étoupille,
qui porte le feu plus lentement que les autres.
Corde a puits
(Page 4:211)
Corde a puits, en termes de Boutonnier; c'est
un enjolivement composé de deux brins de bouillon
entortillés autour l'un de l'autre, qui se place sur différentes
parties du bouton, selon sa figure & la volonté
de l'ouvrier. Voyez Bouillon.
Corde
(Page 4:211)
Corde, (Comm.) c'est ainsi qu'on nomme les chapelets
de verroteries enfilées, qu'on envoye au Sénégal & autres côtes d'Afrique.
Corde
(Page 4:211)
* Corde, (Manuf. d'étoffes.) se dit en général du
tissu de toute étoffe, lorsqu'il est dépouillé du velouté
qui fait sa beauté, & auquel on reconnoît qu'il
est neuf; mais sur - tout des étoffes de laine, lorsque
le lainage en est entierement perdu.
Corde
(Page 4:211)
Corde, (Gazier.) Le gazier ayant à - peu - près le
même métier que l'ouvrier en soie, a presque les
mêmes cordes. Voyez ci - après Cordes (Manufact. en
soie.)
Corde du rouleau
(Page 4:211)
Corde du rouleau, (Imprimerie.) La corde du
rouleau d'une presse d'Imprimerie, est une corde à
quatre brins d'environ un pouce de diametre, qui
sert à mouvoir le train. Il y en a ordinairement
deux, celle de devant & celle de derriere. Celle de
devant, après avoir fait deux tours & demi ou trois
tours sur le rouleau où elle est arrêtée par une de ses
extrémités, va se terminer à la partie antérieure du
coffre, où son autre extrémité est arrêtée à un petit
piton de fer qui s'y trouve: elle sert à faire dérouler
le train, c'est - à - dire à le faire revenir de dessous la
platine. Celle de derriere ne fait qu'un demi - tour
sur le rouleau, passe au - travers de la table, & va
passer & est arrêtée sur un autre petit rouleau qui
est dessous le chevalet qui soûtient le tympan: cette
corde fait rouler le train, c'est - à - dire le fait avancer
sous la platine. Voyez nos Planches d'Imprimerie.
Les cordes employées dans les machines, ont presque
toutes leurs noms pris de leur fonction, ou des
parties de la machine, ou de leur grosseur. Nous
avons cru qu'au lieu d'en grossir cet article, il fal<cb->
loit mieux les renvoyer aux machines auxquelles
elles appartiennent.
Corde
(Page 4:211)
Corde: on appelle ainsi, en terme de Manege, la
grande longe qu'on tient autour du pilier où le cheval
est attaché pour le dégourdir, le dénoüer, lui
assouplir le corps, lui apprendre à fuir la chambriere,
à ne pas galoper à faux ni desuni, & pour le faire manier.
Dans les maneges qui n'ont point de pilier, un
homme tient le bout de la corde, & se met au milieu
du terrein.
On appelle aussi les cordes des deux piliers, les longes du cavesson, lorsque le cheval travaille entre deux
piliers; & on dit qu'on le fait donner dans les cordes, afin que la contrainte du cavesson lui fasse plier
les hanches, lui apprenne à se soûtenir dessus, & à
lever le devant, pour le dresser par - là à être bon
sauteur. Voyez Sauteur.
On dit aussi des chevaux qu'ils font la corde, pour
dire que par la respiration ils retirent la peau du ventre
à eux au défaut des côtes. On dit encore que
les chevaux ont une corde de farcin, quand ils en ont
plusieurs boutons de suite qui forment comme une
corde. (V)
Corde a saigner
(Page 4:211)
Corde a saigner, en termes de Maréchallerie,
est une petite corde qui sert à serrer le cou du cheval
lorsqu'on le saigne. (V)
Corde
(Page 4:211)
Corde, terme de jeu de Paume, c'est une grosse
corde qu'on attache en - travers des deux côtés d'un
jeu de paume, précisément dans le milieu de sa longueur,
& à environ quatre piés de hauteur. La corde
baisse toûjours vers le milieu de sa longueur, à cause
de son poids. Depuis la corde jusqu'à terre est attaché
un filet ou rézeau de ficelle, pour arrêter les balles
qu'on y jette. Les joüeurs qui ne font pas passer la
balle par - dessus la corde, perdent un quinze. Voyez
Paume.
Corde
(Page 4:211)
Corde, au jeu de Billard, ce sont deux clous
attachés sur les bandes des côtés, en - deçà desquels
le joüeur qui commence à joüer doit placer sa bille.
Cordes
(Page 4:211)
Cordes, (Relieur.) ficelles de différentes grosseurs,
dont ces ouvriers se servent pour faire les
nervures des livres. Les livres étant de différens
formats, il faut que les nervures soient différentes
& les cordes aussi.
Corde a encorder
(Page 4:211)
Corde a encorder, est une corde double dont
le bout porte un petit vergeon, qui entre dans l'entaille
de l'ensuple de devant; de - là cette corde passe
sur le rouieau de la poitriniere, ensuite sur le chevalet,
& se termine par un autre vergeon qui passe
au - travers du bout de la chaîne. L'usage de cette
corde est d'amener l'ouvrage que l'on va commencer
sur l'ensuple de devant: la corde à encorder sert encore
aux ensuples de derriere, Lorsque la chaîne est
finie, c'est - à - dire que le vergeon se trouve arrêté
par les brasselets de l'ensuple; alors on ôte ce vergeon
de son entaille, sans le dépasser de dedans les
soies qu'il porte; on passe les boucles de la corde
à encorder dans les deux bouts du vergeon; le vergeon
propre de la corde à encorder se met dans l'entaille
de l'ensuple qui enroule cette corde: par ce
moyen la soie de la chaîne est employée jusqu'auprès
des lisses, & il n'y en a qu'un petit bout de
perdu que l'on appelle pêne. Voyez Pêne.
Cordf
(Page 4:211)
* Cordf, (Manufact. en soie.) Il y en a de plusieurs
sortes. Voici les principales.
La corde encordée, grosse corde qui se roule double
sur l'ensuple de derriere, dont les deux bouts sont
bouclés, afin d'y passer un bois garni de crochets
qui arrêtent & retiennent le composteur sur lequel
sont enfilées les portées de la chaîne, pour fixer la
soie autant près du corps que la tire peut le permettre.
Ainsi la corde encordée de ces ouvriers, est la même
que la corde à encorder des Rubanniers. Voyez
l'article précédent, & l'article Velours.
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La corde de calqueron est assez grosse; elle sert à
faire lever les lisses du fond, & à rabattre les autres.
Voyez Calqueron.
La corde de jointe est celle dans laquelle sont enfilés
les canons de la jointe. Voyez Jointe.
Corde de gavassine, voyez Gavassine.
Corde de gavassiniere, corde dans laquelle sont enfilées
les gavassinieres. Voyez Gavassiniere.
Corde de rame, corde de fil à trois bouts, plus grosse
que celle de semple, au bout de laquelle, au - dessous
des poulies du cassin où elle est passée, est attachée
l'arcade.
Corde de roüet: il y a celle des roüets à canettes,
à devider, &c.
Corde de semple, corde de fil à trois bouts, dont le
semple est composé. Voyez Semple.
Corde de boyau pour l'ourdissoir; elle se roule & se
déroule de dessus une branche de fer posée à l'arbre
de l'ourdissoir, pour faire monter ou descendre le
plot qui conduit les fils de la cantre, selon que la
broche fixe qui tourne perpendiculairement se meut
sur elle - même, ou de droite à gauche, ou de gauche
à droite. Voyez Ourdir & Ourdissoir.
Corde de valet, grosse corde arrêtée par un bout &
d'un côté au pié de derriere du métier, autour duquel
elle se roule trois ou quatre fois, ainsi que dans
la moulure de l'ensuple, & dont l'autre bout est arrêté
au valet de l'ensuple, afin de tenir la chaîne tendue.
Cordes de trop, cordes de semples qui n'étant pas
suffisamment tendues, passent dans les entrelassemens
du fil qui forme le lac où elles ne se doivent
point trouver, sont prises avec celles qui composent
la figure, & causent un défaut à l'étoffe.
Cordes qui suivent, cordes qui ne doivent point
être tirées, mais qui le sont parce qu'elles s'accrochent
avec celles qu'on tire: cet inconvénient
arrive sur - tout, quand le lac est composé d'un
nombre considérable de cordes.
Corde de l'ourdissoir: outre celle dont nous avons
parlé, il y en a encore une qui passe dans la cavité
de la roue, qui enveloppe la cage de l'ourdissoir &
lui donne le mouvement dans les barres fixes: lorsque
la corde est trop tendue, on la place sur une cavité
de la roue où le diametre est moins grand; &
quand elle ne l'est pas assez, on la place sur une cavité
où le diametre est plus grand. Voyez Ourdissoir.
Corde
(Page 4:212)
Corde, (Comm.) tabac en corde, est fait de feuilles
un peu humectées d'eau de mer, & tordues ensemble,
ou filées au roüet: le fil très - long qui en
provient, se dévide sur un bâton pour en faire ensuite
un rouleau.
Corde sans fin
(Page 4:212)
Corde sans fin, est la corde qui entoure la roue
des Tourneurs, Couteliers, & la poulie qui est montée
sur l'arbre, par le moyen de laquelle on fait tourner
l'ouvrage. Voyez les Planches du Tourneur.
On l'appelle corde sans fin, à cause que les deux
bouts sont joints ensemble ou épissés, comme les Cordiers épissent ensemble deux pieces de cables. Voyez
Corderie.
Corde
(Page 4:212)
* Corde, instrument de Pêche: il y en a de petites
& de grosses; elles ont les unes & les autres à leur
extrémité un ain ou hameçon. Les grosses servent à
prendre de gros poissons, comme morues, turbots,
raies, &c. Pour cet effet, les pêcheurs amarent au
bout d'une corde d'un pié de long une torche de paille,
qu'ils enfoüissent dans le sable; ils en frappent à l'autre
bout une plus legere longue de trois piés, au bout
de laquelle est un gros ain de fer, garni de son apas.
Ils tendent ces pieces où bon leur semble: la marée
venant à monter, amene avec elle des poissons qui
mordent aux apas qui couvrent les hameçons, y
restent attachés, demeurent à sec sur le sable quand
la marée se retire, & sont tamassés par les pêcheuts.
Les petites cordes different de celles - ci en ce qu'elles
sont toutes fixées sur une grande corde, qu'on amare
par deux torches d'herbe ou de paille à son extrémité,
& de quelques autres dispersées sur la longueur
de distance en distance; on enfoüit toutes ces torches
dans le sable. Les ains dont les cordelettes sont
garnies étant très - petits, il ne s'y prend que de petits
poissons, ceux qui n'ont pas la force d'entraîner les
torches enfoüies, & rompre la cordelette. On fait
aussi la pêche des cordes en mer; mais elles sont amarées
à des chaloupes, d'où elles descendent dans les
eaux: en ce cas elles ne different guere du libouret.
Voyez Libouret simple. Les petites cordes de cette
espece prennent des soles, des merlans, des limandes,
&c. En été, les ains ou hameçons sont amorcés
de vers; en hyver, de crabes, chevrettes, & autres
qu'on prend à la chausse. Il y a des endroits où l'on
tend les petites cordes sur des piquets le long des rivages,
au moyen de la longue corde sur laquelle elles
sont frappées. On a recours à cet expédient pour
empêcher, dans les chaleurs sur - tout, le crabe de
manger le poisson pris, avant qu'on ait eu le tems
de le relever. Il y a d'autres cordes qu'on nomme
dans l'amirauté de Saint - Brieux, trajets ou cordées;
elles se tendent à pié à la basse eau, & ne different
des autres que dans la maniere de les tendre. On les
dispose en - travers de la marée montante; & quand
le pêcheur imagine que le poisson a mordu l'ain dont
chaque pile est garni, il releve les trajets en les halant
par le bout de la ligne qu'il a mise à terre, &
empêche ainsi les crabes & araignées de s'y jetter.
Les lignes des pêcheurs du Croisic, dans l'amirauté
de Nantes, sont armées autrement que celles des
pêcheurs du canal: leurs lignes ont depuis trente jusqu'à quarante brasses de long; au bout est frappé un
morceau de plomb, que les pêcheurs nomment calle,
parce qu'il fait tomber la ligne; il pese environ une
livre & demie; il a la forme du corps d'une petite
chaloupe haute à l'arriere, & obtuse pardevant, ensorte
que la grande épaisseur du plomb est à l'arriere;
un petit organeau de cordage passe dans le petit
bout, & est frappé sur la ligne qui a trente - fix à
quarante brasses de long. Sur cette ligne, au - dessus
du plomb, à environ une brasse, est frappé l'hameçon
sur une pile, échampeau, ou coublette, de trois
quarts de brasse au plus; à l'autre organeau qui est
au gros bout du plomb, sont frappées deux autres
coublettes, armées d'un ain chacune; de ces coublettes,
l'une a seulement demi - brasse de long, &
l'autre brasse, afin que ces hameçons étant de longueurs
inégales, le poisson puisse les rencontrer plus
facilement. Les petites lignes à doubles ains sont
montées en libouret, avec un plomb d'environ une
demi - livre ou trois quarterons, afin qu'elles calent;
la pile amarée au - dessus du plomb est double, avec
un ain ou claveau.
Les cordes ou lignes de pié à pile, en usage dans
l'amirauté de Boulogne, sont des especes de lignes
qui se tendent sur les sables qui bordent le pié des
falaises. Chaque piece de lignes est de cinquante à
soixante brasses de longueur. Les piles ou ficelles
qui tiennent les hameçons, sont frappées sur le baufe
ou la grosse ligne, de distance en distance; chaque
pile est chargée d'un petit corceron ou flotteron de
liége. Les pêcheurs étendent ces lignes de toute leur
longueur sur les sables, où ils enfouissent le baufe
ou la grosse ligne, d'environ trois pouces: ainsi la
marée qui survient souleve les piles, & fait voltiger
les apas. Dans les tems chauds où la côte est
couverte de bourbe & d'araignées, cette pêche cesse,
les araignées s'attachant aux poissons pris.
Dans le ressort de l'amirauté de Poitou, ou des
sables d'Olonne, les pêcheurs font des lignes avec
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lesquelles ils font la pêche des chiens de mer, plies,
claires, posteaux, & autres gros poissons. Ils n'employent
les petites qu'à la pêche des moindres especes: mais les vases empêchant les pêcheurs du Poitou d'étendre leurs hameçons de plat en cordées ou
trajets, comme font les pêcheurs Bretons, ils soûtiennent
les pieces de leurs aplets de 30 brasses de
long; & les ains en sont frappés de brasse en brasse
avec des perches par les bouts, pour que la boîte
ou l'appié flotte à la marée, & que les poissons
qui s'y prennent ne traînent pas de basse - mer sur
vases où ils seroient attaqués aussi - tôt par les
araignées & les chancres. Cette précaution est surtout
nécessaire pour la pêche des poissons qui se
prennent aux plus petits ains.
Les gros tems qui empêchent les pêcheurs de sortir
du port, rendant impossible l'usage des cordes en
mer, ceux de l'amirauté du Bougd'ault se sont avisés,
pour ne pas perdre leurs apas, de tendre en cordes
ou lignes de pié, à la côte & sur les greves qui bordent
le rivage.
Dans le ressort de l'amirauté de Saint - Brieux, on
appelle arroüelles les cordes, lignes, ou trajets de
pies.
Corde de bois
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Corde de bois, (Marchand de bois.) certaine
quantité de bois à brùler, ainsi appellée parce qu'autrefois
on la mesuroit avec une corde. Voyez Mesure.
Ce bois doit avoir quatre piés de long: on le mesure
présentement entre deux membrures de quatre
piés de haut, éloignées l'une l'autre de huit.
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