ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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CORBEAU (Page 4:197)

CORBEAU, s. m. (Hist. nat. Orn.) corvus, oiseau. Celui qui a servi de sujet pour la description suivante, pesoit deux livres deux onces; il avoit près [p. 198] de deux piés de longueur depuis la pointe du bec jusqu'à l'extrémité de la queue; l"envergure approchoit de quatre piés. Le corbeau a le bec noir, épais, pointu, & fort; la piece supérieure est un peu crochue à l'extrémité, & celle du bas est droite; il a la langue large, fourchue, déchiquetée, & noirâtre par - dessous: la prunelle de l'oeil est entourée d'un double cercle, dont l'extérieur est mêlé de blanc & de cendré, & l'intérieur de roux & de cendré. Il y a sur sa tête des poils roides qui sont dirigés en bas, & qui couvrent les narines. Cet oiseau est entierement de couleur noire mêlée d'un peu de bleu luisant, surtout sur la queue & sur les ailes: la couleur du ventre est plus pâle, & tire un peu sur le roux. Les grandes plumes des épaules recouvrent le milieu du dos, qui n'est garni en - dessous que de duvet, Il y a vingt grandes plumes dans chaque aile; la premiere est plus courte que la seconde, la seconde plus que la troisieme, & la troisieme plus que la quatrieme, qui est la plus longue de toutes. Le tuyau des plumes, à compter depuis la sixieme jusqu'à la dix - huitieme, s'étend plus loin que les barbes, & son extrémité est pointue. La queue a neuf pouces de longueur; elle est composée de douze plumes; celles du milieu sont les plus longues, & les autres diminuent de longueur par degré jusqu'à la premiere de chaque côté, qui est la plus courte. Les ongles sont crochus & grands, sur - tout ceux de derriere. Le doigt extérieur tient au doigt du milieu jusqu'à la premiere articulation. Cet oiseau ne se nourrit pas seulement de fruits & d'insectes, il mange aussi la chair des cadavres de quadrupedes, de poissons, d'oiseaux. Il prend les oiseaux tout vifs, & il les dévore comme les oiseaux de proie. On voit quelquefois des corbeaux blancs, mais ils sont très - rares. On trouve des corbeaux dans tous les pays du monde: ils ne craignent ni le chaud ni le froid; & quoiqu'on dise qu'ils aiment à vivre dans les lieux solitaires, il y en a cependant qui restent au milieu des villes les plus grandes & les plus peuplées, & qui y nichent. Ordinairement les corbeaux placent leur nid au sommet des arbres ou dans de vieilles tours ruinées, au commencement du printems, dès les premiers jours du mois de Mars, & quelquefois plûtôt. La femelle fait d'une seule ponte quatre ou cinq oeufs, & quelquefois six; ils sont parsemés de plusieurs taches & de petites bandes noirâtres, sur un fond bleu - pâle mêlé de verd. Pour ce qui est de la durée de la vie de cet oiseau, il n'y a pas à douter que ce qu'en a dit Hésiode ne soit faux: cependant il est vrai que les oiseaux vivent long - tems; & la vie des corbeaux est peut - être encore plus longue que celle des autres. Willughby, ornith. Voyez Oiseau. (I)

Corbeau (Page 4:198)

Corbeau, (Mat. med.) Les petits corbeaux réduits en cendre sont recommandés pour l'épilepsie & pour la goutte.

La fiente de corbeau est réputée bonne pour la douleur des dents & pour la toux des enfans, appliquée extérieurement, ou même portée en amulette.

Les oeufs de corbeau sont ordonnés dans l'épilepsie par. Arnauld de Villeneuve. Rasès prétend, d'après Pline, que les oeufs de corbeau mêlés avec de l'huile dans un vaisseau de cuivre, sont propres à noircir les cheveux. Quelques auteurs attribuent la même vertu à la graisse de corbeau.

Le cerveau de corbeau pris en substance dans de l'eau de vervenne, passe, selon Gesner, pour un remede éprouvé contre l'épilepsie.

Le coeur du corbeau porté en amulette, est regardé par Fernel comme un remede efficace contre la trop grande pente au sommeil: mais toutes ces vertus ne sont fondées que sur une vaine tradition. (b)

Corbeau (Page 4:198)

* Corbeau, (Mythol.) La fable dit qu'il devint noir pour avoir trop parlé, & que ce fut une vengean<cb-> ce d'Apollon qui sur le rapport que lui fit le corbeau de l'infidélité de Coronis, tua sa maîtresse, s'en repentit, & punit l'oiseau délateur en le privant de sa blancheur.

Corbeau de Bois (Page 4:198)

Corbeau de Bois, voyez Corneille de Mer.

Corbeau d'Eau (Page 4:198)

Corbeau d'Eau, voyez Cormoran.

Corbeau gallerant (Page 4:198)

Corbeau gallerant ou Corgallerant, voyez Fruit.

Corbeau de Mer (Page 4:198)

Corbeau de Mer, (Hist. nat. Ichtyol.) ce nom a été donné, soit en latin soit en françois, à différens poissons, tels que le corp, l'hirondelle de mer, & la dorée ou poisson de saint - Pierre.

Corbeau de nuit (Page 4:198)

Corbeau de nuit, voyez Bihoreau.

Corbeau (Page 4:198)

Corbeau, (petit) voyez Bihoreau.

Corbeau (Page 4:198)

Corbeau, en Astronomie, constellation de l'hémispere méridionale dont les étoiles sont au nombre de sept dans le catalogue de Ptolomée & dans celui de Tycho, & au nombre de dix dans le catalogue britannique. (O)

Corbeau (Page 4:198)

Corbeau, en Architecture, est une grosse console qui a plus de saillie que de hauteur, comme la derniere pierre d'une jambe sous poutre, qui sert à soulager la portée d'une poutre, ou à soûtenir par encorbellement un arc doubleau de voûte qui n'a pas de dosserets de fonds, comme à la grande écurie du Roi aux Tuileries. Il y en a en consoles, avec des canaux, gouttes, & même des aigles, que Pausanias appelle aquilegioe, comme il s'en voit au portique de Septime Sévere à Rome, & au grand salon de Marly, où ils portent des balcons. (P)

Corbeau (Page 4:198)

Corbeau, (Art milit.) c'étoit une machine de guerre dont les Romains, selon Polybe, se servirent dans le combat naval de Myle entre le consul Duillius & Annibal. Voici la description qu'en donne cet auteur.

« Une piece de bois ronde, longue de quatre aulnes, grosse de trois palmes de diametre, étoit plantée sur la proue du navire; au haut de la poutre étoit une poulie, & autour une échelle cloüée à des planches de 4 piés de largeur sur 6 aulnes de longueur, dont on avoit fait un plancher percé au milieu d'un trou oblong qui embrassoit la poutre à 2 aulnes de l'échelle. Des deux côtés de l'échelle sur la longueur, on avoit attaché un garde - fou qui couvroit jusqu'au genou. Il y avoit au bout du mât une espece de pilon de fer pointu, au haut duquel étoit un anneau; de sorte que toute cette machine paroissoit semblable à celle dont on se sert pour faire la farine. Dans cet anneau passoit une corde avec laquelle, par le moyen de la poulie qui étoit au haut de la poutre, on élevoit les corbeaux lorsque les vaisseaux s'approchoient; & on les jettoit sur les vaisseaux ennemis, tantôt du côté de la proue, tantôt sur les côtés, suivant les différentes rencontres. Quand les corbeaux accrochoient un navire, si les deux étoient joints par leurs côtés, les Romains sautoient dans le vaisseau ennemi d'un bout à l'autre; s'ils n'étoient joints que par les deux proues, ils avançoient deux à deux au - travers du corbeau: les premiers se défendoient avec leurs boucliers des coups qu'on leur portoit en - devant; & les suivans, pour parer les coups portés de côté, appuyoient leurs boucliers sur le gardefou ». Traduct. de Polybe par D. Thuillíer.

Il paroît par cette description, que ce corbeau n'étoit autre chose qu'un pont mobile à l'entour de la poutre, dont le bout élevé étoit garni de griffes propres à accrocher; que ce pilon de fer & son anneau étoit attaché au haut du mât du navire; & que cette corde passant par cet anneau & par la poulie de la poutre, ne servoit qu'à hausser & baisser ce pont mobile, pour le laisser tomber sur les vaisseaux ennemis & servir de passage aux Romains. Polybe con<pb-> [p. 199] firme cette vérité, en disant: lorsqu'on fut à l'abordage, que les vaisseaux furent accrochés les uns aux autres par les corbeaux, les Romains entrerent au - travers de cette machine dans les vaisseaux ennemis, & ils se battirent sur leurs ponts. Ce qui démontre clairement que ce corbeau ne consistoit que dans un pont.

La description que fait M. de Folard de ce corbeau, dans son commentaire sur Polybe, est fort différente: il le représente en forme de grue (machine qui n'étoit pas inconnue à Polybe) posée sur un mât élevé sur le château de proue; ce qui ne convient pas avec la poutre de Polybe. Sur ce mât M. de Folard établit le rancher d'une grue, au bout duquel étoit un cone de fer, piece de fonte, dit - il, des plus pesantes, laquelle tombant de son propre poids, perçoit le pont de proue; voilà ce que M. de Folard appelle corbeau. Il est difficile de concilier cette machine avec celle que décrit Polybe.

M. de Folard parle, dans son savant commentaire, de plusieurs especes de corbeaux: il y en avoit, dit - il, tant de diverses sortes, & ils étoient si différens entr'eux, qu'il ne sait comment les anciens n'ont pas inventé différens noms pour empêcher qu'on ne les confondît les uns avec les autres. M. de Folard donne la description de ces différens corbeaux, savoir du dauphin, du corbeau démolisseur, du loup, & du corbeau à griffes.

Le premier n'étoit, selon cet auteur, qu'une masse de fer fondu suspendu au bout des antennes des vaisseaux: on le suspendoit à un des bouts des vergues pour le laisser tomber sur les vaisseaux ennemis, qu'il perçoit depuis le pont jusqu'au fond - de - cale.

A l'egard du corbeau démolisseur, Vitruve en fait mention; mais on ne peut guere comprendre ce que c'est que cette machine. « Ne seroit - ce point, dit M. de Folard, celle dont parle Vegece, qu'il appelle tortue, au - dedans de laquelle il v avoit une ou deux pieces de bois arrondies & fort longues, pour pouvoir atteindre de loin, & au bout desquels il y avoit des crocs de fer? elles étoient suspendues en équilibre comme les béliers, & on les poussoit contre les créneaux pour les accrocher & les tirer à bas, ou les pierres ébranlées par les béliers ». Voyez Belier.

Cependant Végece en parlant de ce croc suspendu & branlant, ne se sert pas du terme de corbeau, mais de celui de faux. Voici le passage de cet auteur.

« On construit la tortue avec des membrures & des madriers, & on la garantit du feu en la revêtissant de cuirs cruds, de couvertures de poil, ou de pieces de laine. Elle couvre une poutre armée à l'un de ses bouts d'un fer crochu pour arracher les pierres de la muraille: alors on donne le nom de faulx à cette poutre, à cause de la figure de son fer ». Nouv. traduct. de Végece.

Pour le loup, M. de Folard prétend que la machine à laquelle Végece donne ce nom, n'étoit qu'un corbeau à tenailles ou à griffes, qui consistoit dans une espece de ciseaux dentelés & recourbés en maniere de tenailles, ou de deux faucilles opposées l'une à l'autre.

Outre les différens corbeaux dont on vient de parler, le savant commentateur de Polybe traite encore du corbeau à lacs - courans & à pinces, de celui à cage, appellé aussi le tollenon ou tellenon, & du polisparte ou corbeau d'Archimede.

Le corbeau à lacs - courans n'étoit autre chose qu'une espece de levier placé sur les murailles des villes, de maniere qu'une partie sailloit en - dehors, & que l'autre plus grande étoit sur le terre - plein: à la partie extérieure étoit attachée une chaîne ou une corde qui avoit un lac avec lequel on essayoit de saisir la tête du bélier, pour le tirer en - haut & empêcher son effet.

Le corbeau à pinces étoit à - peu - près la même chose, à l'exception qu'au lieu de lacs il y avoit des pinces pour saisir le bélier. Cette machine ne differe guere de celle que M. de Folard appelle corbeau à tenaille, & à laquelle Vegece donne le nom de loup. « Plusieurs, dit cet auteur, attachent à des cordes un fer dentelé fait en maniere de pince, qu'on appelle loup, avec lequel ils accrochent le bélier, le renversent, ou le suspendent de facon qu'il ne peut plus agir ».

Le corbeau à cage ou tollenon est ainsi décrit par Végece. « Le tollenon est une bascule faite avec deux grandes pieces de bois, l'une plantée bien avant en terre; & l'autre qui est plus longue, attachée en - travers au sommet de la premiere, & dans un tel point d'équilibre, qu'en abaissant une de ses extrémités l'autre s'éleve. On attache donc à l'un des bouts de cette poutre une espece de caisse d'osier ou de bois, où l'on met une poignée de soldats, & en abaissant l'autre bout on les éleve & on les porte sur les murailles ». Nouvelle traduct. de Végece.

Reste à parler du polysparte ou corbeau d'Archimede. « C'étoit - sans doute, dit M. de Folard, une poutre ou un mât prodigieusement long & de plusieurs pieces, c'est - à - dire fait de plusieurs mâts joints ensemble, pour le rendre plus fort & moins flexible, renforcé encore au milieu par de fortes semelles, le tout rassuré avec des cercles de fer & d'une lieure de cordes de distance en distance, comme le mât d'un vaisseau composé de plusieurs autres mâts. Cette furieuse poutre devoit être encore allongée d'une autre à - peu - près d'égale force. Ce levier énorme & de la premiere espece, devoit être suspendu à un grand arbre assemblé sur sa sole, avec sa fourchette, son échelier, ses moises, enfin à - peu - près semblable à un gruau. Il devoit être appliqué & collé contre l'intérieur de la muraille dela ville, arrêté & assûré par de forts liens ou des anneaux de fer où l'on passoit des cordages qui embrassoient l'arbre au bout duquel le corbeau étoit suspendu. Ce levier énorme ainsi suspendu à un gros cable ou à une chaîne, & accolé contre son arbre, pouvoit produire des effets d'autant plus grands, que la puissance ou la ligne de direction se trouvoit plus éloignée de son point fixe, ou du centre du mouvement, en ajoútant encore d'autres puissances qui tirent de haut en bas par des lignes de direction. Il y avoit à l'extrémité plusieurs grapins ou pattes d'ancres suspendues à des chaînes qu'on jettoit sur les vaisseaux lorsqu'ils approchoient à portée. Plusieurs hommes abaissoient cette bascule par le moyen de deux cordes en trelingage; & dès qu'on s'appercevoit que les griffes de fer s'étoient cramponées, on faisoit un signal, & tout aussi - tôt on baissoit une des extrémités de la bascule, pendant que l'autre se relevoit & enlevoit le vaisseau à une certaine hauteur, qu'on laissoit ensuite tomber dans la mer en coupant le gros cable qui tenoit le vaisseau suspendu ». Comm. sur Polybe.

Quelques critiques se sont exercés sur cette description du corbeau d'Archimede, & sur la figure qu'en donne M. de Folard, p. 86, du prem. vol. de son commen. sur Polybe, édit. de Paris Voyez une lettre insérée sur ce sujet dans le cinq. vol. de la bibliot, raisonn. Mais malgré les difficultés dont peuvent être susceptibles quelques unes des descriptions des machines de guerre des anciens par M. le chevalier Folard, il faut convenir qu'il falloit la sagacité & la science de cet habile officier pour éclaircir ce que les auteurs de l'antiquité nous ont laissé sur cette matiere. Le commentaire sur Polybe tiendra toûjours un rang di<pb-> [p. 200] stingué parmi les bons ouvrages de notre siecle, & la lecture en sera toûjours très - utile à ceux qui voudront étudier à fond l'art de la guerre. Un auteur très - connu, M. Pluche, borne la bibliotheque d'un militaire en campagne, à un nouveau - Testament, un Euclide, & les commentaires de César. Il est à souhaiter que le commentaire sur Polybe puisse être réduit à un volume assez portatif pour être joint à cette bibliotheque, de même que l'art de la guerre par M. le maréchal de Puységur. (Q)

Corbeaux (Page 4:200)

* Corbeaux, (Serr. & Charpent.) sont des morceaux de bois ou de fer scellés dans les murs: ils servent à porter les lambourdes sur lesquelles pose le bout des solives des planchers, lorsqu'on ne les fait point porter dans les murs. Voyez nos Planc. de Serrurerie.

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