ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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CONVIVE (Page 4:168)

CONVIVE, s. m. (Littér.) celui qui est invité, & qui assiste en conséquence à un repas, à un festin avec d'autres personnes.

Dans les repas des Romains il y avoit des convives, des ombres, & des parasites; les derniers étoient appellés ou tolérés par le maître de la maison, & les ombres étoient amenés par les convives, tels qu'étoient chez Nasidiénus un Nomentanus, un Viscus Turinus, un Varius, & les autres, quos Moecenas adduxerat umbras. On leur destinoit le dernier des trois lits, c'est - à - dire celui qui étoit à la gauche du lit - milieu. Voyez Lit.

Les convives se rendoient aux repas à la sortie du bain, avec une robe qui ne servoit qu'à cela, & qu'ils appelloient vestis coenatoria, triclinaria, convivalis: elle étoit pour le plus souvent blanche, surtout dans les jours de quelque solennité; & c'étoit, aussi - bien chez les Romains que chez les Orientaux, une indiscrétion punissable de se présenter dans la salle du festin sans cette robe. Cicéron fait un crime à Vatinius d'y être venu en habit noir, quoique le repas se donnât à l'occasion d'une cérémonie funebre. Capitolin raconte que Maximin le fils, encore jeune, ayant été invité à la table de l'empereur Alexandre Sévere, & n'ayant point d'habit de table, on lui en donna un de la garderobe de l'empereur. Cet habit étoit une espece de draperie qui ne tenoit presqu'à rien, comme il paroît dans les marbres, & qui étoit pourtant différente du pallium des Grecs. Martial reproche à Luseus d'en avoir plus d'une fois remporté chez lui deux au lieu d'une de la maison où il avoit soupé.

Il étoit ordinaire d'ôter les souliers aux hommes conviés à un repas, de leur laver ou parfumer les piés, quand ils venoient prendre leurs places sur les lits qui leur étoient destinés. On avoit raison de ne pas exposer à la boue & à la poudre les étoffes précieuses dont ces lits étoient couverts.

Mais une chose qui paroîtra ici fort bisarre, c'est que long - tems même après le siecle d'Auguste, ce n'étoit point encore la mode que l'on fournît de serviettes aux convives, ils en apportoient de chez eux.

Tout le monde étant rangé suivant l'ordre établi par un maître des cérémonies préposé à l'observation de cet ordre, on apportoit des coupes qu'on pla<pb-> [p. 169] çoit devant chaque convive. Suétone dit qu'un seigneur de la cour de Claude ayant été soupçonné d'avoir volé la coupe d'or qu'on lui avoit servie, fut encore invité pour le lendemain; mais qu'au lieu d'une coupe d'or, telle qu'on en servoit aux autres convives, on ne lui servit qu'un gobelet de terre.

Après la distribution des coupes, on commençoit le premier service du repas. Dans les grandes fêtes les esclaves, tant ceux de la maison que ceux que les particuliers avoient amenés, & qui demeuroient debout aux piés de leurs maîtres, étoient couronnés de fleurs & de verdure aussi - bien que les convives, & il n'y avoit rien alors qui n'inspirât la joie.

Quand un ami, un parent, un voisin, n'avoit pû venir à un repas où il avoit été invité, on lui en envoyoit des portions; & c'est ce qui s'appelloit partes mittere, ou de mensa mittere.

Pendant le repas les convives avoient coûtume de boire à la santé des uns & des autres, de se présenter la coupe, & de faire des souhaits pour le bonheur de leurs amis: ainsi la coupe passoit de main en main depuis la premiere place jusqu'à la derniere. Juvénal dit que rarement les riches faisoient cet honneur aux pauvres, & que les pauvres n'auroient pas été bien venus à prendre cette liberté avec les riches. C'étoit néanmoins, au rapport de Varron, un engagement pour tous les convives, lorsque pour conserver l'ancien usage on faisoit un roi. Voyez Roi du Festin.

Au moment que les convives étoient prêts à se séparer, ils finissoient la fête par des libations & par des voeux pour la prospérité de leur hôte, & pour celle de l'empereur. Les Anglois suivent encore cet usage.

Enfin les convives en prenant congé de leur hôte, recevoient de lui de petits présens, qui d'un mot grec étoient appellés apophoreta. Entre les exemples que nous en fournit l'histoire, celui de Cléopatre est d'une prodigalite singuliere. Apres avoir fait un superbe festin à Mare Antoine & à ses officiers dans la Cilicle, elle leur donna les lits, les courte - pointes, les vases d'or & d'argent, la suite des coupes qu'on avoit mis devant chacun d'eux, avec tout ce qui avoit servi au repas. Elle y ajoûta encore des litieres pour les reporter chez eux, avec les porteurs même, & des esclaves Morcs pour les reconduire avec des flambeaux. Les empereurs Verus & Eliogabale copierent Cléopatre; mais ils n'ont depuis été copiés par personne. Nous ne connoissons point ce genre de magnificence. Quand le doge de Venise fait la cérémonie stérile d'épouser la mer, il ne donne de sa vaisselle d'argent à aucun convié; & s'il paroît en faire un usage plus fou, la jetter dans la mer, ce n'est que par fiction; on a eu soin de placer des filets pour la retenir; il n'en perd pas une seule piece. Extr. des mém. de Littér. tome I. pag. 422 - 450. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

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