ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"65"> germanique, comme les princes de l'Empire lui portent leurs plaintes. Sa résidence ordinaire est Aschaffenbourg sur le Mein, au - dessus de Francfort, & rarement il demeure à Mayence.

L'électeur de Treves est archi - chancelier de l'Empire pour les Gaules. Les prétentions qu'ont eûes autrefois les empereurs sur le royaume d'Arles, ont donné lieu à la création de cette charge; mais elle est sans aucun exercice. Cet électeur, qui est le second du collége électoral, occupe le siége le plus ancien de toute l'Allemagne

Le chapitre de Treves suit la même coûtume que celui de Mayence, de n'admettre jamais de princes dans son corps, & fort rarement des comtes: ces bénéfices sont réservés pour les gentilshommes qui peuvent faire leurs preuves de seize quartiers. Dans les assemblées de l'Empire, l'électeur de Treves est le premier qui dit son avis; il est assis au milieu de la salle vis - à - vis l'empereur. Tous les fiefs qui relevent de son archevêché lui sont reversibles en cas de mort des feudataires sans héritiers mâles. Outre Treves, il a encore Coblentz & Hermanstein; la premiere, sur la rive occidentale du Rhin, au confluent de la Moselle dans ce grand fleuve; & la seconde, vis - à - vis de la premiere, sur la rive orientale du même fleuve: ces deux places servent de résidence ordinaire à cet électeur, lequel dans les guerres que l'empereur a quelquefois avec la France, conserve la neutralité autant qu'il peut. Baudouin, comte de Luxembourg & frere de l'empereur Henri VII. paroît avoir été le premier des archevêques de Treves qui fut fait électeur de l'Empire. Il fut mis sur ce siége en 1308, & mourut au mois de Janvier 1354.

L'archevêque de Cologne, quoique le troisieme & dernier des électeurs ecclésiastiques, est cependant l'un des plus puissans d'entre eux: il porte le titre d'électeur de Cologne, ville située sur le Rhin, mais qui est impériale, qui ne dépend nullement de son archevêque; sa résidence ordinaire est à Bonne, place ordinairement forte, quelques lieues au - dessus de Cologne, & sur le même fleuve. Son chapitre, composé de princes & de comtes, sans qu'on y reçoive ni barons ni simples gentilshommes, est composé de soixante chanoines, dort les vingt - quatre premiers sont capitulaires, & concourent seuls à l'élection de leur archevêque. Cet électeur est archi - chancelier de l'Empire, pour ce qui regarde les états d'Italie; mais comme l'Empire ne possede plus rien dans ce continent, cet électeur n'est pas plus employé dans sa charge d'archi - chancelier, que celui de Treves. Cependant le feu électeur Joseph Clément de Baviere ne laissa pas de réclamer ses droits au commencement de la guerre de 1701, au sujet de la succession d'Éspagne: comme l'empereur Léopold porta ses armes en Italie, l'électeur demanda son rétablissement en sa charge, puisque l'on attaquoit des provinces dont il étoit reconnu comme premier ministre. Il le fit par un manifeste; mais n'ayant pas des forces suffisantes, il ne fut point écouté. Depuis l'apostasie de Gebhard Truchsés de Waldebourg, arrivée en 1583, les princes ecclésiastiques de la maison de Baviere sont en possession de cet électorat, auquel souvent on a joint sur la même tête plusieurs autres évêchés de conséquence, tels qu'Osnabruck, Hildesheim, Munster, Paderborn; parce que ces prélatures étant fort ambitionnées par les princes protestans, on est obligé d'y nommer un prince d'une maison puissante, en état de se soûtenir, soit par lui - même, soit par les princes de son nom. En comptant l'archevêque Ernest due de Baviere, qui fut élû aussi - tôt aprés l'apostasie de Truchsés, il y a cu cinq électeurs de cette illustre maison; & le premier archevêque de cette ville décoré du titre électoral, sut vraissemblablement Wa<cb-> brame; comte de Juliers, qui mourut en 1349.

Le premier des électeurs séculiers est le roi de Bohème. Dans les premiers tems, ce royaume avoit seulement le titre de duché; & le premier duc que l'on connoisse, est, dit - on, Czechus qui vivoit l'an 325; ce qui est assez incertain: d'autres, qui donnent dans un sentiment plus vraissemblable, mettent pour premier duc en 722 Primislas, qui fit bâtir la ville de Prague, & mourut en 745. Le premier roi de cet état fut reconnu à ce titre l'an 1086: c'étoit Uladislas, mort en 1092. Aprés bien des révolutions, ce royaume entra dans la maison d'Autriche par le mariage de Ferdinand I. frere de Charles - Quint avec la princesse Anne, soeur dn roi Louis qui périt à la bataille de Mohatz en 1526: par cette alliance, la branche allemande de la maison d'Autriche etit un électorat; & ce royaume y subsiste encore aujourd'hui. Le duché de Silésie est maintenant séparé de la Bohème; il en faisoit la partie la plus considérable & la plus riche: il est possédé par le roi de Prusse électeur de Brandebourg. Le comté de Lusace qui est un fief de la Bohème, appartient presque tout à l'électeur de Saxe roi de Pologne, à l'exception de quelques cantons qui sont au roi de Prusse: aussi il n'y a plus de grand fief de ce royaume que le marquisat de Moravie, qui est resté à l'héritiere de la maison d'Autriche. Autrefois le roi de Bohème n'avoit voix & séance parmi les électeurs, que quand il s'agissoit de choisir un empereur: mais en 1708, on fit un decret ou constitution impériale, qui donne à ce roi droit de séance & de suffrage dans le collége électoral, & cet acte de la diete est appellé réadmission; en conséquence, son ambassadeur a droit d'assister à toutes les délibérations de l'Empire.

La maison électorale de Saxe est incontestablement l'une des plus anciennes & des plus illustres de l'Allemagne, où elle a été connue même avant le x. siecle: elle ne fut néanmoins investie du duché électoral de Saxe qu'en 1423, en la personne de Frédéric le Belliqueux; il ne joüit que cinq ans de cette grande dignité, & mourut au mois de Juin 1428. Mais il y eut en 1547, uue révolution considérable: Jean Frédéric surnommé le Magnanime, s'étant déclaré pour les nouvelles opinions de Luther, fut attaqué, battu, & fait prisonnier par l'empereur Charles - Quint, qui le mit au ban de l'Empire, & le dépouilla de la dignité électorale, aussi bien que du duché de Saxe. Le prince Maurice de Saxe, cousin de Jean Fredéric, en fut revêtu la même année; il mourut en 1553 sans postérité, & laissa ses états au prince Auguste son frere: & c'est de ce dernier que descend la maison de Saxe, qui subsiste depuis long - tems avec beaucoup de dignité dans l'Empire, & de considération dans toute l'Europe. La religion dominante de cet électorat est la protestante ou luthérienne. Cependant l'électeur Frédéric Auguste ayant été élû roi de Pologne en 1697, embrassa la religion catholique; & le roi régnant aujourd'hui, son fils & son successeur, fit son abjuration à Rome dans le cours de ses voyages, & il la déclara publiquement en 1717. Son zele pour la religion Catholique ne le porte à aucune aigreur contre les protestans, persuadé comme il est que la douceur dont son ame est pénétrée, convertit, touche, & persuade beaucoup plus les hommes, que toutes les rigueurs que l'on pourroit employer. Ce prince a de grands priviléges; outre que pendant la vacance du siége impérial, il est l'un des vicaires de l'Empire, dignité dont nous parlerons bientôt; la justice se rend chez lui en dernier ressort, sans appel à la chambre aulique qui réside auprès de l'empereur, ni à la chambre impériale de Wetzlar. Les érats qu'il possede comme électeur, sont la haute - Saxe, la Misnie qu'il tient de ses premiers ayeux, & la haute & basse - Lusace que ses [p. 66] ancêtres ont acquis des princes de la maison d'Autriche, comme rois de Bohème. La ville de Dresde située sur l'Elbe, est le lieu de sa résidence ordinaire.

La branche cadette de la maison Palatine ou de Baviere, nommée communément dans l'Empire Guillelmine, ne possede l'électorat que depuis l'an 1623, après que Frédéric électeur Palatin, eut accepté en 1619 la couronne de Bohème. Cette maison est incontestablement l'une des plus anciennes de l'Empire. Et feu M. l'abbé du Bos, dans le manifeste qu'il fit paroître au commencement de la guerre d'Espagne, en faveur & sous le nom de Maximilien Emanuel, va jusqu'à dire: « qu'on trouveroit dans l'histoire que la maison de Baviere étoit déjà une des plus illustres d'Allemagne, quand celle d'Habsbourg n'étoit pas encore fort célebre ». Cette illustre maison, branche de la Palatine, étoit très connue vers le milieu de l'onzieme siecle, lorsqu'Othon, comte de Schyren & de Vittesspach, fut fait comte Palatin de Baviere. Le bas Palatinat lui vint ensuite. Il ne faut pas croire cependant qu'Othon de Schyren ne remonte point à des tems beaucoup plus éloignés. Les historiens de Baviere ont développé toute la dignité & l'illustration de cette maison par la généalogie qu'ils en ont publiée: l'on y voit qu'elle a produit des rois, aussi bien que des empereurs; & c'est de Louis de Baviere, élevé à la dignité impériale en 1314, & mort en 1347, que descend la branche des ducs de Baviere. Quoiqu'elle ne possede la dignité électorale que depuis 1623, cette dignité lui fut confirmée avec le haut - Palatinat, au traité de Westphalie en 1648: cependant elle étoit ou devoit être électorale long - tems auparavant, cette illustre dignité appartenant alternativement à la branche Rodolphine, qui est l'aînée, & à la Guillelmine qui est la seconde: telle étoit la convention faite à Pavie entre l'empereur Louis de Baviere, & Adolphe fils de Rodolphe & frere de Louis. Mais Charles IV. ennemi déclaré de Louis de Baviere, dont il fut quelques années le compétiteur avant que d'en être le successeur, priva par la bulle d'or la branche de Baviere de l'électorat, pour l'attribuer à la seule branche Palatine; & par - là il ôta l'alternative. Le traité de Westphalie n'a pas laissé de confirmer la maison de Baviere dans l'électorat: quoiqu'on y rendît cette dignité à la maison Palatine, il y a cependant une difficulté qui n'est pas encore entierement terminée. Pendant la vacance du siége impérial, l'électeur Palatin étoit vicaire de l'Empire dans les principautés qui suivent le droit de Soiiabe & de Franconie; celui de Baviere comme subrogé aux droits du Palatin, prétendit aussi être vicaire de l'Empire: mais il y a eu de nos jours quelque sorte de convention entre les deux électeurs, en attendant une résolution définitive.

Ces deux branches ont produit de grands hommes, soit dans plusieurs rois de Suede, soit en quelques électeurs de la branche Rodolphine, qui a été revêtue de l'électorat Palatin; soit dans la branche Guillelmine, qui a donné le célebre Louis de Baviere, qui a soûtenu avec tant de courage la dignité impériale contre tous ses ennemis. Et de nos jours nous avons eu ce prince si respectable, Maximilien Emanuel, qui s'est distingué par son inviolable fidélité pour la France. L'empereur Léopold dont il étoit gendre, le regrettoit, & ne pouvoit oublier qu'il avoit sacrifié dans les guerres de Hongrie plus de trente millions de florins de l'Empire, que l'électeur Ferdinand Marie son pere avoit amassés dans les neutralités qu'il sut conserver dans toutes les guerres de son tems. Léopold pour le détacher des intérêts de Louis XIV. & de Philippe V. lui offrit le royaume des deux Siciles (e'est ce que j'appris étant à sa cour); mais ce fut inutilement, Maximilien ne connoissoit qu'un parti, c'étoit celui de l'honneur; il n'étoit point capable de manquer ainsi à des engagements pris avec autant de réflexions. A peine Léopold fut mort, que l'empereur Joseph son plus cruel ennemi, le mit au ban de l'Empire dans le conseil aulique, contre toutes les lois impériales. Les Etats - Généraux de Hollande, toûjours remplis d'équité & d'estime pour un si grand prince, le firent assûrer que jamais la paix ne se feroit qu'il ne fût entierement rétabli; & je fus chargé de lui en porter la parole. Ce qui fut effectué en 1714.

Malgré l'ancienneté & l'illustration de la maison de Brandebourg, qui date dés le jx. siecle, elle n'est parvenue au point de grandeur où nous la voyons aujourd'hui, que par degré & peu à peu. Outre la dignité électorale qui est entrée dans cette maison en 1417, avec la Marche, c'est - à - dire avec le marquisat de Brandebourg, elle possede de plus grands domaines qu'aucun autre prince de l'Empire; savoir la Prusse, érigée en royaume l'année 1701; le duché de Cleves; les principautés de Magdebourg, d'Alberstad, & de Minden, avec les comtés de Ravensperg & de la Marck; & en dernier lieu le comté d'Embden, & le duché de Silésie, à l'exception de quelques petits cantons.

La justice est rendue dans ses états, suivant les diverses coûtumes de chaque province, & les appellations en sont relevées au conseil souverain de l'électeur, dont on ne sauroit appeller ni au conseil aulique, ni à la chambre impériale. La situation des divers états de ce prince, en rend les provinces si éloignées les unes des autres, qu'il est obligé à d'extrèmes ménagemens dans les alliances & les traités qu'il fait avec les différentes puissances. L'électeur est de la religion P. R. cependant il y a dans ses états beaucoup de Catholiques, qui y sont protégés plus que dans les autres états protestans, & les luthériens y sont tolérés par ce prince. Outre les diverses branches de la maison électorale de Brandebourg, qui sont celles de Bareith & d'Anspach, cet électeur a encore trois freres, dont l'aîné a plusieurs princes. Berlin, qui est rempli d'un grand nombre de réfugiés François, est le séjour ordinaire de l'électeur.

La maison électorale Palatine, malgré son rétablissement en 1648, n'a pas laissé de perdre son rang, & de n'être plus aujourd'hui que dans le huitieme. Nous avons marqué ci - dessus sa parenté avec la maison électorale de Baviere. Ce que nous pouvons dire aujourd'hui, est que cet électeur est catholique, mais presque tout son électorat suit la religion P. R. comme il est des princes de Sultzbach, il vient d'un rameau de la maison Palatine aînée de celle de Baviere. On sait qu'après Venceslas qui fut déposé, Robert comte Palatin fut mis sur le throne impérial, l'an 1400; & que la branche de Deux - Ponts, cadette de celle de Sultzbach, a donné trois rois & une reine à la Suede. Son pays est le bas - Palatinat.

Nous avons déjà marqué les difficultés qu'a essuyé le duc d'Hannovre, pour devenir tranquille possesseur de la dignité électorale, qui lui étoit justement dûe, si l'on a égard à l'ancienneté & à l'illustration de cette maison. Si l'empereur Léopold a témoigné sa reconnoissance aux ducs d'Hannovre en les établissant électeurs, on peut dire aussi qu'ils usent d'un sage retour à l'égard de la maison d'Autriche, dont ils soûtiennent & défendent les prétentions comme les leurs propres; ce qu'on ne sauroit assez estimer dans des princes.

Cette maison, qui se retira d'Italie en Allemagne dans le x. siecle, vient de l'ancienne maison d'Est; elle ne tarda guere à se distinguer dans l'Empire, où elle a possédé le duché de Saxe, & même le throne impérial, l'an 1208, dans la personne d'Othon IV. & la branche de Brunswick - Hannovre, qui est la ca<pb->

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