ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Le privilége du double lien, c'est - à - dire des freres & soeurs germains, dans les coûtumes où il a lieu, est plus fort que le droit de consanguinité proprement dite, au moyen de quoi dans ces coûtumes les freres & soeurs germains excluent les freres & soeurs consanguins.

Lorsqu'on parle des degrés de consanguinité, on entend ordinairement les degrés de parenté en général; & comme le terme de consanguinité est présentement moins usité en ce sens que celui de parente qui est plus générique, nous expliquerons au mot Parenté, la maniere d'en compter les degrés de consanguinité ou de paren ce qui est la même chose. (A)

CONSBACH (Page 3:902)

CONSBACH, (Géog. mod.) ville du royaume de Suede, dans la province de Halland.

CONSCIENCE (Page 3:902)

CONSCIENCE, subst. f. (Phil. Log. Métaph.) L'opinion ou le sentiment intérieur que nous avons nous - mêmes de ce que nous faisons; c'est ce que les Anglois expriment par le mot de consciousness, qu'on ne peut rendre en François qu'en le périphrasant.

Puisque, de l'aveu de tout le monde, il y a dans l'ame des perceptions qui n'y sont pas à son insçu; ce sentiment qui lui en donne la connoissance, & qui l'avertit du moins d'une partie de ce qui se passe en elle, M. l'abbé de Condillac l'appelle avec raison conscience. Si, comme le veut Locke, l'ame n'a point de perceptions, dont elle ne prenne connoissance, ensorte qu'il y ait contradiction qu'une perception ne lui soit pas connue, la perception & la conscience doivent être prises pour une seule & même opération. Si au contraire il y a dans l'ame des perceptions dont elle ne prend jamais connoissance, ainsi que les Cartésiens, les Mallebranchistes & les Leibnitiens le prétendent, la conscience & la perception sont deux opérations très - distinctes. Le sentiment de Locke semble le mieux sondé; car il ne paroît pas qu'il y ait des perceptions dont l'ame ne prenne quelque connoissance plus ou moins forte, d'où il resulte que la perception & la conscience ne sont réellement qu'une même opération sous deux noms. Entant qu'on ne considere cette opération que comme une impression dans l'ame, on peut lui conserver le nom de perception, & entant qu'elle avertit l'ame de sa présence, on peut lui donner celui de conscience. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Conscience, (Page 3:902)

Conscience, (Cas de) Voyez Cas de conscience & Casuiste.

Conscience, (Page 3:902)

Conscience, (Droit. nat. Mor.) acte de l'entendement, qui indique ce qui est bon ou mauvais dans les actions morales, & qui prononce sur les choses qu'on a faites ou omises, d'où il naît en nous - mêmes une douce tranquillité ou une inquiétude importune, la joie & la serenité, ou ces remords cruels si bien figurés par le vautour de la fable, qui déchiroit sans cesse le coeur de Promethée.

Ainsi la conscience, cette regle immédiate de nos actions, ce for - intérieur qui nous juge, a ses diverses modifications suivant les divers états de l'ame. Elle peut être décisive, douteuse, droite, mauvaise, probable, erronnée, irrésolue, scrupuleuse, &c. Définissons exactement tous ces mots d'après M. Barbeyrac. Ce sera remplir les vûes auxquelles cet ouvrage est principalement destiné, je veux dire, de fixer les principes les plus importans sur chaque matiere. Par rapport aux détails des diverses questions qui sont agitées sur ce sujet, le lecteur pourra consulter, s'il le juge à - propos, les écrits de Cumberland, de Pufendorf, de Titius, de Buddæus, & de Thomasius.

La conscience (pour la définir avec exactitude), est le jugement que chacun porte de ses propres ac<cb-> tions, comparées avec les idées qu'il a d'une certaine regle nommée loi; ensorte qu'il conclud en lui - même que les premieres sont ou ne sont pas conformes aux dernieres.

Nous disons comparées avec les idées qu'il a de la loi, & non pas avec la loi même, parce que la loi ne sauroit être la regle de nos actions qu'autant qu'on la connoît. Il ne resulte pourtant pas de - là, que chacun puisse se déterminer à faire une chose, du moment qu'il s'imagine qu'elle est permise ou prescrite par la loi, de quelque maniere qu'il se le soit mis dans l'esprit. Mais voici deux regles très - faciles, & que les plus simples peuvent & doivent suivre dans chaque occasion particuliere.

I. Avant que de se déterminer à suivre les mouvemens de la conscience, il faut bien examiner si l'on a les lumieres & les secours nécessaires pour juger de la chose dont il s'agit; car si l'on manque de ces lumieres & de ces secours (& en ce cas - là il ne faut que la bonne foi & le sens commun pour s'en convaincre), on ne sauroit rien décider, moins encore rien entreprendre, sans une témerité inexcusable & très - dangereuse. On peut appliquer cette regle à tant de gens qui prennent parti sur des disputes de la Religion, ou sur des questions difficiles de Morale, de Politique, sur des matieres de Droit, des procès delicats, des traitemens de maladies compliquées, &c.

II. Supposé qu'en général on ait les lumieres & les secours nécessaires pour juger de la chose dont il s'agit, il faut voir si l'on en a fait usage actuellement, ensorte qu'on puisse se porter sans autre examen à ce que la conscience suggere. Dans le Négoce, par exemple, & dans les autres affaires de la vie civile, on se laisse aller tranquillement à des obliquités & des injustices, dont on verroit aisément la turpitude si l'on faisoit attention à des principes très - clairs, dont on ne peut s'écarter, & que l'on reconnoît d'ailleurs en général.

Comme il est nécessaire de distinguer entre le jugement que l'ame porte avant l'action, & celui qu'elle porte après l'action, on a nommé ces deux choses en termes scholastiques assez commodes, conscience antécedente & conscience subséquente. Il n'y a quelquefois dans les actions que le dernier de ces jugemens, lorsque, par exemple (ce qui est assez ordinaire), on se détermine à agir sans examiner ni penser seulement si l'on fera bien ou mal.

Quand les deux jugemens ont été produits par rapport à une seule & même action, ils sont quelquefois conformes, ce qui arrive lorsque l'on a agi contre ses lumieres; car alors on se condamne encore plus fortement après l'action: il y a peu de gens qui, ou acquierent en si peu de tems des lumieres capables de leur persuader que ce qu'ils croyent mauvais est légitime. ou révoquent si - tôt leur propre sentence en matiere d'une chose effectivement contraire à la loi. Quelquefois aussi il y a de la diversité dans ces jugemens, ce qui a lieu, ou lorsque l'on s'est déterminé à quelque chose sans une pleine & entiere délibération, soit par passion ou par précipitation, de maniere qu'on n'a pas eu la liberté d'envisager suffisamment la nature & les suites de l'action; ou lorsque, quoiqu'on ait agi avec une pleine délibération, on s'est déterminé sur un examen très léger; car l'idée de la chose faite frappe plus vivement que l'idée de la chose à faire, & les réflexions viennent commencer ou achever après coup l'examen.

Voici les divers actes du jugement anticipé, selon les différens états où l'ame se trouve alors.

La conscience est ou décisive ou douteuse, selon le degré de persuasion dans lequel on est, au sujet de la qualité de l'action à faire. Quand on prononce décisivement que telle ou telle chose est conforme ou [p. 903] contraire à la loi, c'est une conscience décisive qui doit être divisée en démonstrative & probable.

La conscience démonstrative est celle qui est fondée sur des raisons démonstratives, autant que le permet la nature des choses morales; & par conséquent elle est toûjours droite ou conforme à la loi. La conscience probable est celle qui n'est fondée que sur des raisons vraissemblables, & qui par conséquent est ou droite ou erronée, selon qu'il se trouve que l'opinion en elle - même est ou n'est pas conforme à la loi.

Lorsque l'on agit contre les mouvemens d'une conscience décisive, ou l'on se détermine sans aucune répugnance, & alors c'est une conscience mauvaise qui marque un grand fonds de méchanceté, ou bien on succombe à la violence de quelque passion qui flatte agréablement, ou à la crainte d'un grand mal, & alors c'est un péché de foiblesse, d'infirmité. Que si l'on suit les mouvemens d'une conscience décisive, ou l'on se détermine sans hésiter & avec plaisir, & alors c'est une bonne conscience, quand même on se tromperoit, comme il paroit par l'exemple de S. Paul, Act. xxiij. 1. ou bien on agit avec quelque répugnance, & alors, quoique l'action en elle - même soit bonne, elle n'est point réputée telle à cause de la disposition peu convenable qui l'accompagne.

Les fondemens de la conscience probable véritablement telle, sont l'autorité & l'exemple soutenus par un certain sentiment consus de la convenance naturelle qu'il y a dans les choses qui font la matiere de nos devoirs, & quelquefois aussi par des raisons populaires qui semblent tirées de la nature des choses. Comme tous ces fondemens ne sont pas si solides, qu'on ait lieu de s'y reposer absolument, il ne faut s'en contenter que quand on ne peut faire mieux; & ceux qui se conduisent par une telle conscience, doivent employer tous leurs efforts pour augmenter le degré de vraissemblance de leurs opinions, & pour approcher autant qu'il est possible de la conscience démonstrative.

La conscience douteuse, que nous avons opposée à la décisive, est ou irrésolue ou scrupuleuse. La conscience irrésolue, c'est lorsqu'on ne sait quel pa ti prendre à cause des raisons qui se présentent de part & d'autre. sinon parfaitement égales, du moins elles qu'il n'y a rien d'un côté ni d'autre qui paroisse assez fort pour que l'on fonde là - dessus un jugement sùr. Dans un tel cas quelle conduite faut - il tenir? La voici: Il faut s'empêcher d'agir tant que l'on ne sait pas si l'on fera bien ou mal. En effet, lorsque l'on se détermine à agir avant que les doutes qu'on avoit soient entierement dissipés, cela emporte ou un dessein formel de pécher, ou du moins un mépris indiscret de la loi, à laquelle il peut arriver que l'action se trouve effectivement contraire.

La conscience scrupuleuse est produite par des difficultés tres - legeres ou frivoles, qui s'élevent dans l'esprit, pendant qu'on ne voit de l'autre côté aucune bonne raison de douter. Comme le scrupule ne vient d'ordinaire que d'une fausse délicatesse de conscience, ou d'une grossiere superstition, on en sera bientôt délivré, si l'on veut examiner la chose sérieusement & dans toutes ses faces.

Liberté de conscience. (Page 3:903)

Liberté de conscience. Entre plusieurs questions que l'on fait au sujer de la conscience errante, il y en a quatre de grande importance sur lesquelles on ne sauroit se resuser de dire un mot: les autres pourront se décider d'après les mêmes principes.

I. On demande, si celui qui se trompe est obligé de suivre les mouvemens de sa conscience. On répond que oüi, soit que l'erreur soit invincible ou vincible: car dès - là qu'on est fermement persuadé, comme nous le supposons, qu'une chose est prescrite ou défendue par la loi, on viole directement le res<cb-> pect dû au législateur, si l'on agit contre cette persuasion, quoique mal fondée.

II. Mais s'ensuit - il de - là que l'on soit toûjours excusable, en suivant les mouvemens d'une conscience erronée? Nullement: cela n'a lieu que quand l'erreur est invincible.

III. Un homme peut - il juger du principe des erreurs d'un autre homme en matiere de conscience? C'est la troisieme question, sur laquelle on répondra d'abord, qu'il n'est pas toûjours absolument impossible aux hommes de savoir si quelqu'un est dans l'erreur de mauvaise foi, ou s'il se fait illusion à lui - même: mais pour porter un tel jugement, il ne saut pas moins que des preuves de la derniere évidence; & il arrive rarement que l'on ait de si sortes preuves. Je ne sai si on pourroit rapporter à ceci l'erreur autrefois si commune chez les Grecs & les Romains, de ceux qui croyoient qu'il étoit permis à un pere ou une mere d'exposer leurs enfans. Mais il semble du moins qu'on y peut rapporter une autre presque aussi grossiere des Juifs du tems de Jesus - Christ, qui la leur reproche fortement. Marth. xv. 4 - 5. Car on a de la peine à concevoir que des gens qui avoient la loi de Moyse si claire & si expresse sur la nécessité d'honorer & d'assister un pere ou une mere, pussent de bonne foi être persuadés qu'on étoit dispensé de ce devoir par un voeu téméraire, ou plù ôt impie.

Pour ce qui est de savoir si l'erreur d'un homme qui se trompe de bonne foi est vincible ou invincible, il faut convenir que, mettant à part les principes les plus généraux du droit naturel, & les vérités dont les Chrénens, quoique divisé, en différente, sectes, sont convenus de tout tems, tout le reste est de nature, qu'un homme ne peut sans témérité juger en aucune maniere du principe de l'ignorance, & des erreurs d'autrui: ou s'il peut dire en génér il qu'il y a des circonstances qui rendent vincibles telles ou telles erreurs, il lui est extrèmement difficile de rien determiner là - dessus par rapport à quelqu'un en par<-> lier, & il n'est jamais necessaire qu'il le sasse.

IV. La derniere question est si en conséquence du jugement que l'on fait de l'ignorance ou des erreurs d'autrui en matiere de conscience, on peut se porter à quelque action contre ceux que l'on croit être dans certe ignorance ou dans ces erreurs? Ici nous répondons que lorsque l'erreur ne va point à faire ou à enseigner des choses manifestement contraires aux lois de la société humaine en général, & à celles de la société civile en particulier, l'action la plus convenable par rapport aux errans, est le soin charitable de les ramener à la vérité par des instructions paisibles & solides.

Persécuter quelqu'un par un motif de conscience, deviendroit une espece de contradiction; ce seroit renfermer dans l'étendue d'un droit une chose qui par elle - même détruit le fondement de ce droit. En effet, dans cette supposition on seroit autorisé à forcer les consciences, en vertu du droit qu'on a d'agir selon sa conscience. Et il n'importe que ce ne soit pas la même personne dont la conscience sorce, & est forcée: car outre que chacun auroit à son tour autant de raison d'user a'une pareille violence, ce qui mettroit tout le genre humain en combon, le droit d'agir selon les mouvemens de la conscience, est sondé sur la nature même de l'homme, qui étant commune à tous les hommes, ne sauoit rien autoriser qui accorde à aucun d'eux en particulier la moindre chose qui tende à la diminution de ce droit commun. Ainsi le droit de suivre sa conscience emporte par lui - même cette exception, hois les cas où il s'agiroit de faire violence à la conscience d'autrui.

Si l'on punit ceux qui font ou qui enseignent des choses nuisibles à la société, ce n'est pas à cause qu'ils sont dans l'erreur, quand même ils y seroient de

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