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Il y a trois tems principaux; 1°. le présent, comme amo, j'aime; 2°. le passé ou prétérit, comme amavi, j'ai aimé; 3°. l'avenir ou futur, comme amabo, j'aimerai.
Ces trois tems sont des tems simples & absolus,
auxquels on ajoûte les tems relatifs & combinés,
comme je lisois quand vous étes venu, &c. Voyez
Les nombres. Ce mot, en termes de Grammaire, se dit de la propriété qu'ont les terminaisons des noms & celles des verbes, de marquer si le mot doit être entendu d'une seule personne, ou si on doit l'entendre de plusieurs. Amo, amas, amat, j'aime, tu aimes, il aime; chacun de ces trois mots est au singulier: amamus, amatis, amant, nous aimons, vous aimez, ils aiment; ces trois derniers mots sont au pluriel, du moins selon leur premiere destination; car dans l'usage ordinaire on les employe aussi au singulier: c'est ce qu'un de nos Grammairiens appelle le singulier de politesse. Il y aussi un singulier d'autorité ou d'emphase; nous voulons, nous ordonnons.
A ce, deux nombres les Grecs en ajoûtent encore un troisieme, qu'ils appellent duel: les terminaisons du duel sont destinées à marquer qu'on ne parle que de deux.
Enfin il faut savoir ce qu'on entend par les personnes grammaticales; & pour cela il faut observer que tous les objets qui peuvent faire la matiere du discours sont 1°. ou la personne qui parle d'elle - même; amo, j'aime.
2°. Ou la personne à qui l'on adresse la parole; amas, vous aimez.
3°. Ou enfin quelqu'autre objet qui n'est ni la personne qui parle, ni celle à qui l'on parle; rex amat populum, le roi aime le peuple.
Cette considération des mots selon quelqu'une de ces trois vûes de l'esprit, a donné lieu aux Grammairiens de faire un usage particulier du mot de personne par rapport au discours.
Ils appellent premiere personne celle qui parle, parce que c'est d'elle que vient le discours.
La personne à qui le discours s'adresse est appellée la seconde personne.
Enfin la troisieme personne, c'est tout ce qui est considéré comme étant l'objet dont la premiere personne parle à la seconde.
Voyez combien de sortes de vûes de l'esprit sont énoncées en même tems par une seule terminaison ajoùtée aux lettres radicales du verbe: par exemple, dans amare, ces deux lettres a, m, sont les radicales ou immuables; si à ces deux lettres j'ajoûte o, je forme amo. Or en disant amo, je fais connoître que je juge de mol, je m'attribue le sentiment d'aimer; je marque donc en même tems la voix, le mode, le tems, le nombre, la personne.
Je fais ici en passant cette observation, pour faire voir qu'outre la propriété de marquer la voix, le mode, la personne, &c. & outre la valeur particuliere de chaque verbe, qui énonce ou l'essence, ou l'existence, ou quelqu'action, ou quelque sentiment, &c. le verbe marque encore l'action de l'esprit qui applique cette valeur à un sujet, soit dans les propositions, soit dans les simples énonciations; & c'est ce qui distingue le verbe des autres mots, qui ne sont que de simples dénominations. Mais revenons au mot conjugaison.
On peut aussi regarder ce mot comme un terme métaphorique tiré de l'action d'atteler les animaux sous le joug, au même char & à la même charrue; ce qui emporte toûjours l'idée d'assemblage, de liaison, & de jonction. Les anciens Grammairiens se sont servi indifféremment du mot de conjugaison, & de celui de déclinaison, soit en parlant d'un verbe, soit en parlant d'un nom: mais aujourd'hui on employe declinatio & declinare, quand il s'agit des noms; & on se sert de conjugatio & de conjugare, quand il est question des verbes.
Les Grammairiens de chaque langue ont observé qu'il y avoit des verbes qui énonçoient les modes, les tems, les nombres, & les personnes, par certaines terminaisons, & que d'autres verbes de la même langue avoient des terminaisons toutes différentes, pour marquer les mêmes modes, les mêmes tems, les mêmes nombres, & les mêmes personnes: alors les Grammairiens ont fait autant de classes différentes de ces verbes, qu'il y a de varictes entre leurs terminaisons, qui malgré leurs différenecs, ont cependant une égale destination par rapport au tems, au nombre, & à la personne. Par exemple, amo, amavi, amatum, amare; j'aime, j'ai aimé, aimé, aimer; moneo, monui, monitum, monere, avertir; lego, legi, lectum, legere, lire; audio, audivi, auditum, audire, entendre. Ces quatre sortes de terminaisons différentes entr elles, énoncent également des vûes de l'esprit de même espece: amavi, j'ai aimé; monui, j'ai averti; legi, j'ai lû; audivi, j'ai entendu: vous voyez que ces différentes terminaisons marquent également la premiere personne au singulier & au tems passé de l'indicatif; il n'y a de différence que dans l'action que l'on attribue à chacune de ces premieres personnes, & cette action est marquée par les lettres radicales du verbe, am, mon, leg, aud.
Parmi les verbes latins, les uns ont leurs terminaisons
semblables à celles d'amo, les autres à celles
de moneo, d'autres à celles d'audio. Ce sont cesclasses
différentes que les grammairiens ont appellées conjugaisons. Ils ont donné un paradigme,
Monere doit être le paradigme de la seconde conjugaison, selon les rudimens de la méthode de P. R. à cause de son supin monitum; parce qu'en effet, il y adans cette conjugaison un plus grand nombre de verbes qui ont leur supin terminé en itum, qu'il n'y en a qui le terminent comme doctum.
Legere est le paradigme de la troisieme conjugaison; & enfin audire l'est de la quatrieme.
A ces quatre conjugaisons des verbes latins, quelques grammairiens pratiques en ajoutent une cinquieme qu'ils appellent mixte, parce qu'elle est composée de la troisieme & de la quatrieme; c'est celle des verbes en ere, io; ils lui donnent accipere, accipio pour paradigme; il y a en effet dans ces verbes des terminaisons qui suivent legere, & d'autres audire. On dit audior, audiris, au lieu qu'on dit accipior, acciperis, comme legeris, & l'on dit, accipiuntur, comme audiuntur, &c.
Ceux des verbes latins qui suivent quelqu'un
de ces paradigmes sont dits être réguliers, & ceux
qui ont des terminaisons particulieres, sont appelles
anomaux, c'est - à - dire, irréguliers, (R. > privatif, &
Un très - grand nombre de verbes s'écartent de
leur paradigme, ou à leur prétérit, ou à leur supin;
mais ils conservent toujours l'analogie latine; par
exemple, sonare fait au prétérit sonui, plutôt que
sonavi; dare fait dedi, & non pas davi, &c. On se
contente d'observer ces différences, sans pour cela
regarder ces verbes comme des verbes anomaux.
Au reste ces irrégularités apparentes viennent de ce
que les Grammairiens n'ont pas rapporté ces prétérits
à leur véritable origine; car sonui vient de sonere,
de la troisieme conjugaison, & non de sonare: dedi
est une syncope de dedidi prétérit de dedere. Tuli, latum,
ne viennent point de sero. Tuli qu'on prononçoit
touli, vient de tollo; sustuli vient de sustulo;
& latum vient de
L'auteur du Novitius dit, que latum vient du prétendu
verbe inusité, lare, lo; mais il n'en rapporte
aucune autorité. Voyez
C'est ainsi que sui ne vient point du verbe sum: nous avons de pareilles pratiques en François: je vas, j'ai été, j'irai, ne viennent point d'aller. Le premier vient de vadere, le second de l'italien stato, & le troisieme du latin ire.
S'il eût été possible que les langues eussent été le résultat d'une assemblée générale de la nation, & qu'apres bien des discussions & des raisonnemens, les philosophes y eussent été écoutés, & eussent eu voix délibérative; il est vraissemblable qu'il y auroit eu plus d'uniformité dans les langues. Il n'y auroit eu par exemple, qu'une seule conjugaison, & un seul paradigme, pour tous les verbes d'une langue. Mais comme les langues n'ont été formées que par une sorte de métaphysique d'instinct & de sentiment, s'il est permis de parler ainsi; il n'est pas étonnant qu'on n'y trouve pas une analogie bien exacte, & qu'il y ait des irrégularités: par exemple, nous designons la même vûe de l'esprit par plus d'une maniere; soit que la nature des lettres radicales qui forment le mot, amene cette différence, ou par la seu e raison du caprice & d'un usage aveugle; ainsi nous marquons la premiere personne au singulier, quand nous disons j'aime; nous designons aussi cette premiere personne en disant; je finis, ou bien je reçois, ou je prends, &c. Ce sont ces différentes sortes de terminaisons auxquelles les verbes sont assujettis dans une langue, qui font les différentes conjugaisons, comme nous l'avons déja observé. Il y a des langues où les différentes vûes de l'esprit sont marquées par des particules, dont les unes précedent & d'autres suivent les radicales: qu'importe comment, pourvú que les vûes de l'esprit soient distinguées avec netteté, & que l'on apprenne par usage à connoître les signes de ces distinctions?
Parmi les auteurs qui ont composé des grammaires pour la langue hébraïque, les uns comptent sept conjugaijons, d'autres huit Masclef n'en veut que cinq, & il ajoûte qu'à parler exactement ces cinq devroient être réduites à trois. Quinque ill>, accurate loquendo, ad tres essent reducend>. Gramm. Hebraïc. ch. iv. n. 4. p. 79. édit. 2.
Nous nous contenterons d'observer ici que les verbes hébreux ont voix active & voix passive. Ils ont deux nombres, le singulier & le pluriel; ils ont trois personnes, & en conjugant, on commence par la troisieme personne, parce que les deux autres sont formées de celle - là, par l'addition de quelques lettres.
En Hébreu, les verbes ont trois genres, comme les noms, le genre masculin, le féminin, & le genre commun; ensorte quel'on connoît par la terminaison du verbe, si l'on parle d'un nom masculin, ou d'un nom féminin; mais dans tous les tems la premiere
Les Grecs ont trois especes de verbes par rapport
à la conjugaison; chaque verbe est rapporté à son
espece suivant la terminaison du thême. On appelle
thême, en termes de grammaire greque, la premiere
personne du présent de l'indicatif. Ce mot vient de
La premiere espece de conjugaison est celle des
verbes qu'on appelle barytons, de
2. La seconde sorte de conjugaison, est celle des
verbes circonflexes: ce sont des verbes barytons qui
souffrent contraction en quelques - unes de leurs terminaisons,
& alors ils sont marqués d'un accent circonsleve;
par exemple
Les barytons & les circonflexes sont également terminés
en
3. La troisieme espece de verbes grecs, est celle
des verbes en
Il y a six conjugaisons des verbes barytons; elles ne sont distinguées entr'elles que par les lettres qui précedent la terminalson.
On distingue trois conjugaisons de verbes circonflexes: la premiere est des barytons en
On distingue quatre conjugaisons des verbes en
Tel est le systême commun des Grammairiens;
mais la méthode de P. R. réduit ces treize conjugaisons à deux: l'une des verbes en
Il y a quatre observations à faire pour bien conjuguer les verbes grecs: 1. il faut observer la terminaison. Cette terminaison est marquée ou par une simple lettre, ou par plus d'une lettre.
2. La figurative, c'est - à - dire, la lettre qui précede
la terminaison: on l'appelle aussi caracteris>ique,
ou lettre de marque. On doit faire une attention particuliere
à cette lettre, 1. au présent, 2. au prétérit
parfait, 3. & au futur de l'indicatif actif; parce que
c'est de ces trois tems que les autres sont formés. La
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