ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"870"> tion des angles, &c. de - là résulte la possibilité de leur substitution. Vous démontriez quelque chose sur l'un, mettez l'autre à sa place, votre démonstration procédera toûjours de même. C'est ce qu'on fait souvent en Géométrie, où la congruence & l'égalité des bornes des figures sert dans plusieuns théorèmes. On appelle borne ou limite, ce au - delà dequoi on ne conçoit plus rien qui appartienne au sujet. Par exemple, on ne suppose dans la ligne qu'une étendue en longueur. Ses bornes sont donc ses deux derniers points; l'un à une extrémité, l'autre à l'autre, au - delà desquels on n'en sauroit assigner d'autres qui appartiennent à la ligne. En largeur, elle n'a point de bornes concevables, puisqu'on exclut de la ligne l'idée de cette dimension. Voyez Coincidence.

Cette notion de la congruence s'accorde avec l'usage ordinaire & avec la signification reçúe par les Mathématiciens. Euclide se bornant à la notion consuse de la congruence, s'est contenté de mettre entre les axiomes cette proposition: Qu sibi mutuo congruunt, ea inter se qualia sunt. Or il paroît par l'application de cet axiome, qu'une grandeur appliquée à l'autre lui est congruente, lorsque leurs bornes sont les mêmes: ainsi, suivant la pensée d'Euclide, une ligne droite congrue à une autre, si étant posée sur elle, les points de ses extrémités, & tous ceux qui sont placés entre deux, couvrent exactement les points qui y répondent dans la ligne posée dessous. Les Géometres donc qui définissent la congruence par la coïncidence des bornes, suivent l'idée d'Euclide. Quoique cet ancien ne se serve de la congruence que pour prouver l'égalité des grandeurs, il suppose pourtant dans sa notion la ressemblance jointe à l'égalité, car il ne démontre l'égalité par la congruence que dans les grandeurs semblables, & il est même impossible de la démontrer dans d'autres grandeurs. Mais il s'en est tenu à la notion de la congruence, qui répondoit à son axiome susdit, sans l'approfondir davantage. C'est ce qui arrive pour l'ordinaire dans nos idées confuses. Nous ne tournons notre attention que sur ce dont nous avons besoin; & négligeant le reste, il semble qu'il n'existe point. Mais des yeux philosophiques qui se proposent d'épuiser la connoissance des sujets, cherchent dans une notion non seulement ce qu'elle a d'utile pour un certain but, mais en général tout ce qui lui convient & la caractérise. C'est là le moyen, d'arriver aux notions distinctes & completes. Article de M. Formey.

CONGRUISME (Page 3:870)

CONGRUISME, s. m. (Théol.) (N. B. l'Anglois porte congruitz, que j'ai cru devoir rendre par congruisme; terme tres - usité dans nos Théologiens, pour exprimer le système dont il s'agitici) systeme sur l'efficacité de la grace, imaginé par Suarez, Vasquez, & autres, qui ont voulu adoucir le système de Molina. Voyez Molinisme.

Voici l'ordre que ces théologiens mettent dans les decrets de Dieu, & en même tems toute la suite de leur système: 1°. Dieu, de tous les ordres possibles des choses, a choisi librement celui qui existe maintenant, & dans lequel nous nous trouvons: 2°. dans cet ordre Dieu veut, d'une volonté antécédente, le salut de toutes ses créatures libres, mais à condition qu'elles le voudront elles - mêmes: 3°. il a résolu de leur donner des secours suffisans pour acquérir la béatitude éternelle: 4°. il connoît, par la science moyenne, ce que chacune de ces créatures fera dans toutes & chacune des circonstances où elle se rencontrera, s'il lui donne telle ou telle grace: 5°. supposé cette prévision, il en choisit quelques - unes par une volonté de bon plaisir, & par un decret absolu & efficace: 6°. il donne à celles qu'il a choisies de la sorte, & non aux autres, une suite de graces qui ont un rapport de convenance ou une congruité, avec la disposition de leur libre - arbitre & de leur volon<cb-> té: 7°. il connoît par sa science de vision, qui sont celles qui doivent être sauvées, qui sont celles au contraire qui seront reprouvées: 8°. en conséquence de leurs mérites ou démérites, il leur décerne des peines ou des châtimens éternels. Tout ce système, par rapport à l'efficacité de la grace, se réduit donc à dire que Dieu qui connoît parfaitement la nature de la grace, & les dispositions futures de la volonté de l'homme dans les circonstances où il se trouvera, lui donne des graces par lesquelles, en vertu de leur congruité ou convenance avec sa volonté considérée dans ces circonstances, il fera toûjours infailliblement, quoique sans être nécessité, ce que Dieu voudra qu'il fasse; parce que la volonté, selon le langage des congruistes, choisit toûjours infailliblement, quoique librement, ce qui paroît le meilleur, dès qu'elle est aidée de ces sortes de graces. (G)

CONGRUISTES (Page 3:870)

CONGRUISTES, s. m. pl. (Théol.) théologiens auteurs ou défenseurs du système appellé congruisme. Voyez Congruisme. (G)

CONGRUITÉ (Page 3:870)

CONGRUITÉ, s. f. (Théol.) conformité ou rapport de convenance d'une chose avec une autre; de la grace avec la volonté.

Les Théologiens distinguent deux sortes de congruité: l'une intrinseque, qui vient de la force & de l'énérgie intérieure de la grace, & de son aptitude à incliner le consentement de la volonté: cette congruité est l'efficacité de la grace par elle - même.

L'autre, extrinseque, qui vient de la convenance de la proportion de la grace avec le génie, le caractere, les penchans de la créature, conjointement avec la volonté de laquelle la grace doit agir, supposé telles ou telles circonstances prévûes de Dieu par la science moyenne, & dans lesquelles il accordera telle ou telle grace, afin qu'elle ait son effet. C'est cette derniere espece de congruité qu'admet Vasquez, elle est la base de son système. Tournel, de grat. part. II. qust. v. art. 11. parag. 4. (G)

CONI (Page 3:870)

CONI, (Géog. mod.) ville très - forte d'Italie dans le Piémont, capitale du pays du même nom, au confluent de la Gesse & de la Sture. Long. 25. 20. latit. 44. 23.

CONJECTURE (Page 3:870)

* CONJECTURE, s. f. (Gram.) jugement fondé sur des preuves qui n'ont qu'un certain degré de vraissemblance, c'est - à - dire sur des circonstances dont l'existence n'a pas une liaison assez étroite avec la chose qu'on en conclut, pour qu'on puisse assûrer positivement que les unes étant, l'autre sera ou ne sera pas: mais qu'est - ce qui met en état d'apprétier cette liaison? L'expérience seule. Qu'est - ce que l'expérience, relativement à cette liaison? Un plus ou moins grand nombre d'essais, dans lesquels on a trouvé que telle chose étant donnée, telle autre l'étoit ou ne l'étoit pas; ensorte que la force de la conjecture, ou la vraissemblance de la conclusion, est dans le rapport des évenemens connus pour, aux évenemens connus contre: d'où il s'ensuit que ce qui n'est qu'une foible conjecture pour l'un, devient ou une conjecture très - forte, ou même une démonstration pour l'autre. Pour que le jugement cesse d'être conjectural, il n'est pas nécessaire qu'on ait trouvé dans les essais que telles circonstances étant présentes, tel évenement arrivoit toûjours, ou n'arrivoit jamais. Il y a un certain point indiscernable où nous cessons de conjecturer, & où nous assûrons positivement; ce point, tout étant égal d'ailleurs, varie d'un homme à un autre, & d'un instant à un autre dans le même homme, selon l'intérêt qu'on prend à l'évenement, le caractere, & une infinité de choses dont il est impossible de rendre compte. Un exemple jettera quelque jour sur ceci. Nous savons par expérience, que quand nous nous exposons dans les rues par un grand vent, il peut nous arriver d'être [p. 871] tués par la chûte de quelque corps; cependant nous n'avons pas le moindre soupçon que cet accident nous arrivera: le rapport des évenemens connus pour, aux évenemens connus contre, n'est pas assez grand pour former le doute & la conjecture. Remarquez cependant qu'il s'agit ici de l'objet le plus important à l'homme, la - conservation de sa vie. Il y a dans toutes les choses une unité qui devroit être la même pour tous les hommes, puisqu'elle est fondée sur les, expériences, & qui n'est peut - être la même ni pour deux hommes, ni pour deux actions de la vie, ni pour deux instans: cette unité réelle seroit celle qui résulteroit d'un calcul fait par le philosophe Stoïcien parfait, qui se comptant lui - même & tout ce qui l'environne pour rien, n'auroit d'égard qu'au cours naturel des choses; une connoissance au moins approchée de cette unité vraie, & la conformité des sentimens & des actions dans la vie ordinaire à la connoissance qu'on en a, sont deux choses presqu'indispensables pour constituer le caractere philosophique; la connoissance de l'unité constituera la Philosophie morale spéculative; la conformité de sentimens & d'actions à cette connoissance, constituera la Philosophie morale pratique.

CONIFERE (Page 3:871)

CONIFERE, (Arbre), adj. Hist. nat. bot. Les Botanistes appellent arbres coniferes, ceux qui portent des fruits de figure conique, comme le cedre du Liban, le pin, le sapin, le picéa, la méleze, &c. On prétend que ces arbres sont à l'épreuve de la corruption & des impressions du tems: mais c'est beaucoup trop prétendre; & ce seroit assez de dire, que ces sortes d'arbres sont, choses égales, généralement moins sujets à la pourriture & à la corruption que les autres, à cause que leur bois est plus compact, plus solide, & qu'ils sont remplis de seve, ou d'un suc abendant, gras, & amer. Il paroît qu'ils viennent presque tous d'une semence; & Bodoeus de Stapel, dans son commentaire sur Theophraste, dit avoir souvent essayé, si les arbres coniferes ne pourroient point se reproduire en en plantant un jet ou une branche en terre, mais qu'ils n'ont jamais bourgeonné, & que toutes ses peines ont été infructueuses. Il est sûr qu'on n'a pas assez multiplié les expériences en ce genre, & je croi que Stapel est dans l'erreur.

Le fruit des arbres coniferes porte en Botanique le nom de cone, qui désigne des fruits écailleux, secs, & durs, faits en forme de pyramide, contenant pour l'ordinaire deux semences sous chaque rejetton. Ray comprend aussi sous ce nom, sans égard à la figure pyramidale, les fruits qui sont composés de plusieurs parties crustacées, ligneuses, étroitement unies, & s'ouvrant quand le fruit est mûr, comme est celui du cypres. Ludwig adopte le sentiment de son compatriote, & définit un cone, un fruit composé d'un amas fort serré de couches ligneuses, attachées à un axe commun, dont les interstices sont remplis de semences. Ainsi quoique suivant Saumaise, un fruit ne mérite le nom de cone que lorsqu'il a une base ronde, & qu'il est terminé en pointe, l'usage a prévalu sur la dénomination tirée de la figure, & ce seroit un grand bonheur s'il n'étendoit pas plus loin son empire à d'autres égards. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

CONIL (Page 3:871)

CONIL, (Géog. mod.) petite ville d'Espagne en Andalousie, sur le golfe de Cadix.

CONIN (Page 3:871)

CONIN, (Géog. mod.) ville de la grande Pologne au palatinat de Posnanie.

CONJOINT (Page 3:871)

CONJOINT, adj. (Musique.) tétracorde conjoint, est dans l'ancienne Musique, celui dont la corde la plus grave est à l'unisson de la corde la plus aiguë du tétracorde, qui est immédiatement au - dessous de lui. C'est ainsi que dans le système des Grecs, le tétracorde Synnemenon étoit conjoint au tétracorde Meson. Voyez Tétracorde. (S)

Le système de la Musique ancienne étoit composé de quatre tétracordes, si ut re mi, mi fa sol la, si ut re mi, mi fa sol la, dont le premier & le second, ainsi que le troisieme & le quatrieme, étoient conjoints, c'est - à - dire avoient la corde mi commune; au lieu que le second & le troisieme étoient disjoints, c'est - à - dìre n'avoient point de cordes communes, puisque le second finissoit par le son la, & le troisieme commençoit par le son si. Voyez Gamme. (O)

Dans la Musique moderne, on appelle par degré conjoint, la marche d'une note à celle qui la suit immédiatement, sur le plus voisin degré au - dessus ou au - dessous d'elle. Voyez Degré. (S)

Ainsi le chant, ut re mi re mi fa mi re mi fa sol fa mi re ut, est par degré conjoint. Voyez Disjoint. (O)

Conjoints, (Page 3:871)

Conjoints, adj, pris subst. (Jurispr.) on appelle de ce nom ceux qui sont unis par le lien du mariage.

On considere leur état avant & après le mariage.

Avant le mariage, les futurs conjoints peuvent se faire tels avantages qu'ils jugent à - propos.

Depuis le mariage, ils n'ont plus la même liberté; dans les pays de droit écrit, ils ne peuvent s'avantager que par testament; dans la plûpart des pays coûtumiers, ils ne peuvent s'avantager ni entrevifs, ni à cause de mort.

On considere aussi l'état des conjoints par rapport à la communauté de biens, quand elle a lieu entre eux; par rapport à l'autorisation de la femme, & à la faculté d'ester en jugement; & enfin pour les reprises des conjoints en cas de décès de l'un d'eux. Voyez Communauté, Douaire, Préciput, Reprises, Donation entre Conjoints.

Conjoints: (Page 3:871)

Conjoints: on donne aussi cette qualité à ceux qui ont quelque droit ou quelque titre commun, tels que sont des colégataires; ils peuvent être conjoints en trois manieres différentes, savoir re, verbis, ou bien re & verbis.

Ils sont conjoints re seulement, lorsque la même chose est leguée à chacun d'eux nommément, comme si le testateur dit: Je legue ma maison de Paris à Titius, je legue ma maison de Paris à Mvius.

Ils sont conjoints verbis tantum, lorsque la même chose leur est leguée par une même phrase, mais divisément: par exemple, je legue à Titius & à Mavius ma maison de Paris, à chan par moitié.

Enfin ils sont conjoints re & verbis, lorsque le testateur dit: Je legue à Titius & à Mvius ma maison de Paris.

Le droit d'accroissement a lieu entre ceux qui sont conjoints re, ou re & veris; mais non pas entre ceux qui ne sont joints que verbis tantum. Voyez institut. lib. II. tit. ij. & ci - devant au mot Accroissement (Jurispr.). (A)

CONJONCTIF, IVE (Page 3:871)

CONJONCTIF, IVE, adj. terme de Grammaire, qui se dit premierement de certaines particules qui lient ensemble un mot à un mot, ou un sens à un autre sens; la conjonction & est une conjonctive, on l'appelle aussi copulative.

La disjonctive est opposée à la copulative. Voyez Conjonction.

En second lieu, le mot conjonctif a été substitué par quelques Grammairiens à celui de subjonctif, qui est le nom d'un mode des verbes, parce que souvent les tems du subjonctif sont précédés d'une conjonction; mais ce n'est nullement en vertu de la conjonction que le verbe est mis au subjonctif, c'est uniquement parce qu'il est subordonné à une affirmation directe, exprimée ou sous - entendue. L'indicatif est souvent précédé de conjonctions, sans cesser pour cela d'être appellé indicatif.

On doit done conserver la dénomination de subjonctif; l'indicatif affirme directement & ne suppose

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.