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CONGRE (Page 3:868)
CONGRE, conger, s. m. (Hist. nat. Ichthiologie.)
poisson de mer fort allongé; il a ordinairement quatre
ou cinq coudées de longueur, & il est souvent
de la grosseur de la cuisse d'un homme. Sa peau
est lisse & glissante comme celle de l'anguille, à
laquelle il ressemble beaucoup. L'extrémité du bec
est charnue; on voit au - dessus deux petits prolongemens
de même substance. Les dents sont petites
& les yeux grands; la couverture des oüies n'est
pas osseuse, c'est une peau qui ne laisse que deux
petits trous sous les nageoires qui sont de chaque
côté. Il y en a une qui s'étend depuis la fin du cou
jusqu'à la queue, & une autre depuis l'anus aussi
jusqu'à la queue, qui est terminée en pointe. Ces
deux nageoires sont d'une consistance ferme, leur
bord est noir: les narines sont petites, rondes, & placées
pres des yeux. Il y a une bande blanchâtre,
formée par un double rang de points, qui s'étend
sur chacun des côtés de ce poisson depuis la tête
jusqu'à la queue. Le ventre est blanc, & le dos noir
dans les congres qui restent contre les rivages; ceux
qui sont dans la haute mer ont le dos blanc comme
le ventre. La chair de ce poisson est dure, & on n'en
fait pas grand cas en France. Rondelet, XIV. liv. des
poissons. Willughby, Hist. pisc. Voyez
Congre, (Page 3:868)
Les congres se prennent entre les roches; chaque matelot a trois lignes; elles sont longues de cent cinquante brasses chacune, & de la grosseur des lignes des pêcheurs de Terre - neuve; elles sont chargées par le bout d'un plomb du poids de dix livres pour les faire caler; depuis le plomb jusqu'à cinquante brasses, il y a vingt - cinq à trente piles d'une brasse de long, éloignées chacune d'une brasse & demie, garnies d'un claveau, amorcé d'un morceau de la chair du premier poisson qu'ils prennent quand il commencent leur pêche, soit seche, orphie, maquereau, &c.
Il faut pour la faire avec succès, une mer basse & sans agitation, & que le bateau soit à l'ancre. Les pêcheurs d'Audierne, après leur pêche finie, reviennent de tems à autre à la maison; au lieu que ceux de l'isle des Saints, qui partent de chez eux le lundi, n'y reviennent ordinairement que le samedi. Le nombre des équipages d'un bateau pour faire cette pêche n'est point limité; ils sont tantôt plus, tantôt
Quand ils font leur pêche, ils relevent leurs lignes de deux heures en deux heures, pour en ôter le poisson qui s'y trouve arrêté.
Les pêcheurs sont à la part; le maître & le bateau ont chacun une part & demie, & les autres matelots de l'équipage chacun une part seulement.
Ceux qui achettent des congres pour les faire sécher, les ouvrent par le ventre depuis la tête jusqu'au bout de la queue; on leur laisse la tête, on ne les sale point; on fait des taillades dans les chairs qui sont épaisses, pour faciliter à l'air le moyen de les dessécher plus aisément; on passe un bâton d'une extrémité du corps du poisson à l'autre pour le tenir ouvert, & on le pend à l'air. Quand ils sont bien secs, on en fait des paquets de deux cents livres pesant, qu'on envoye à leur destination; ils passent ordinairement à Bourdeaux pour le tems de la foire.
Le produit de cette pêche est fort diminué; elle monte cependant année commune à mille quintaux; autrefois le congre ne se vendoit que douze à quinze livres au plus; le quintal, aujourd'hui, passe vingt livres, & le cent va quelquefois jusqu'à dix écus: ce poisson sec déchoit considérablement du poids dans la garde & dans le transport.
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