ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"804">

C'est le plus beau concert de l'Europe, & il peut fort aisément devenir le meilleur qu'il soit possible d'y former, parce que par son établissement il n'est point borné à de simples symphonies ou à des motets; on y peut faire exécuter des cantates, des airs Italiens des excellens maîtres, des morceaux de chant neufs & détachés, &c. En 1727 on y donna avecsuccès la cantate du Retour des dieux sur la terre, dont les paroles sont de M. Tanevot, & la musique de M. Colin de Blamont; & en 1729, la cantate qui a pour titre la Prise de Lerida & plusieurs arietes Italiennes y attirerent beaucoup de monde.

Lorsqu'il paroît à Paris quelque joüeur d'instrumens de réputation, ou quelque cantatrice ou chanteur étrangers, c'est - là qu'on est sûr de les bien entendre. Le nombre de bons instrumens dont ce concert est composé, les choeurs qui sont choisis parmi les meilleurs musiciens des églises de Paris, les actrices de l'opéra les plus goûtées du public, & les voix de la chapelle & de la chambre du Roi les plus brillantes qu'on a le soin d'y faire paroître, le rendent fort agréable aux amateurs de la Musique; & lorsqu'on a l'art de varier les morceaux qu'on y exécute, le public y court en foule.

Ce n'est que là, au reste, & à la chapelle du Roi, qu'on peut joüir des beaux motets de M. Mondonville. Ce célebre compositeur dans ce genre de Musique est au concert spirituel, ce que M. Rameau est à l'opéra: il a saisi dans ses compositions sacrées la grande maniere que cet illustre artiste a portée dans ses ouvrages dramatiques; mais il l'a saisie en homme original; il a vû la lumiere dès qu'elle a paru; & il a composé de façon qu'on juge sans peine qu'il étoit capable de se frayer de nouvelles routes dans son art, quand même M. Rameau ne les auroit pas ouvertes avant lui. Voyez Chant. (B)

CONCERTO (Page 3:804)

CONCERTO, mot Italien francisé, en Musique, signifie une piece de symphonie faite pour être executée par tout un orchestre.

Il y a des concerto faits pour quelque instrument particulier qui joue seul de tems en tems avec un simple accompagnement, après quoi tout l'orchestre reprend, & la piece continue toûjours ainsi alternativement entre le même instrument & l'orchestre. C'est là ce qu'on appelle proprement concerto. Quant à ceux où tout se joue en choeur, & où nul instrument ne récite, les Italiens les appellent aussi symphonies. (S)

CONCERTANT (Page 3:804)

CONCERTANT, adj. parties concertantes, sont en Musique, selon l'abbé Brossard, celles qui ont quelque chose à réciter dans la piece, & ce mot sert à les distinguer des parties qui ne sont que de choeur.

Ce mot est vieilli en ce sens; on dit aujourd'hui parties récitantes; mais on se sert de celui de concertant en parlant du nombre de musiciens qui exécutent dans un concert, & l'on dit fort bien: Nous étions vingt - cinq concertans; un concert de huit à dix concertans. (S)

CONCESSION (Page 3:804)

CONCESSION, s. f. figure de Rhétorique par laquelle l'orateur, sûr de la bonté de sa cause, semble accorder quelque chose à son adversaire, mais pour en tirer soi - même avantage, ou pour prévenir les incidens inutiles par lesquels on pourroit l'arrêter. Par exemple: Je ne veux pas contester la réalité du contrat, mais je me récrie contre son injustice; c'est contre elle que j'implore le secours des lois . . . Elle est belle, il est vrai, mais ne devroit - elle pas témoigner au ciel sa reconnoissance des faveurs qu'il lui a prodiguées, par un vertueux usage de sa beauté?

Cette figure est très - fréquente dans les plaidoyers de Cicéron: nous n'en citerons que ce trait de la cinquieme verrine: Esto, eripe hareditatem propinquis, pradare in bonis alienis, everte leges, &c. num etiam amicum bonis exturbare oportuit? &c. (G)

Concession, (Page 3:804)

Concession, (Jurisp.) c'est ou ce qui est accordé par grace, comme sont les brevets & priviléges accordés par le prince; ou une certaine étendue de terrein que le Roi accorde à quelqu'un dans les colonies Francoises, à la charge de le faire défricher; ou un abenevis, c'est - à - dire la faculté de prendre une certaine quantité d'eau d'un étang, ou d'une riviere ou ruisseau, pour faire tourner un moulin ou autre artifice, ou pour arroser un pré; ou la distribution que le bureau de la ville fait aux particuliers qui ont acheté de l'eau. Voyez Privilége. (A)

Concession, (Page 3:804)

Concession, (Comm.) c'est ou toute l'étendue d'un pays où il est permis à une compagnie de s'établir ou de faire son négoce privativement à toute autre; ou le terrein que ces compagnies donnent aux habitans pour le défricher, le cultiver, & le faire valoir, en leur rendant quelque redevance ou droit annuel. Dans le premier sens la concession oit être obtenue du prince, qui l'accorde par les édits, déclarations, chartes, lettres patentes, arrêts du conseil, &c. Dans le second sens, ce sont les directeurs qui donnent les concessions, par des contrats ou arrêtés de leurs compagnies dont ils chargent le registre de leurs délibérations. Voyez les dictionn. du Comm. de Trév. & Chambers. (G)

CONCESSIONNAIRE (Page 3:804)

CONCESSIONNAIRE, sub. m. (Comm.) celui à qui appartient une concession. En France on les nomme autrement colons ou habitans. En Angleterre on leur donne le nom de planteurs. Voy. l'article Planteurs. (G)

C'est aussi le nom que l'on donne aux particuliers qui achetent de l'eau du prevôt des marchands & échevins de la ville de Paris; ce droit d'avoir de l'eau s'appellant concession, comme on l'a dit.

CONCESSUM (Page 3:804)

CONCESSUM UT PETITUR, (Jurisp.) c'est la signature de cour de Rome, ou pour parier plus juste, la réponse que le préfet de la signature met entre la supplique & les clauses des provisions; il met ces mots: Concessum ut petitur, in prsentid domini nostri papa, &c. & signe: au lieu que les signatures qui doivent être données par le pape lui - même, telles que celles qui portent dispense, celles qui concernent les dignités d'une cathédrale ou collégiale, les prieurés conventuels, les canonicats d'une cathédrale, sont par lui apposées en ces termes: Fiat ut petitur. Le chap. si à sede de prabend. in 6°. & la regle de chancellerie Romaine de concurrentibus in datâ, qui en est tirée, veulent qu'en cas de concours de deux signatures de cour de Rome, l'une par concessum, l'autre par fiat, la derniere soit présérée. Mais cette distinction n'est point reconnue en France, où l'on ne suit ni le chap. si à sede, ni la regle de concurrentibus. Voyez la pratique de cour de Romc de Castel, tome I. sur la seconde partie de la signature, aux notes. (A)

CONCETTI (Page 3:804)

* CONCETTI, s. m. (Gramm. & Rhétoriq.) Ce mot nous vient des Italiens, où il n'est pas pris en mauvaise part comme parmi nous. Nous nous en sommes servi pour désigner indistinctement toutes les pointes d'esprit recherchées que le bon goût proscrit.

CONCHES (Page 3:804)

CONCHES, (Géog. mod.) petite ville de France en Normandie, dans le pays d'Onche. Long. 18d. 26'. 6". lat. 48d. 57'. 43".

CONCHITE (Page 3:804)

* CONCHITE, s. m. (Hist. nat.) spece de pétrification: c'est, selon M. Tournefort, une véritable pierre dont les germes liquides se sont insinués dans les creux de la coquille appellée conque, dont ils ont pris le relief. Voyez les mém. de l'acad. p. 241. ann. 1702. D'autres prétendent au contraire que cette pétrification n'est qu'une marne délayée qui est entrée dans la coquille vuide, où elle s'est ensuite dur<pb-> [p. 805] cie. On voit encore dans des ruines de bâtimens à Mégare, de la pierre blanche appellée conchite, qu'on ne trouvoit que dans cette contrée.

CONCHOIDE (Page 3:805)

CONCHOIDE, s. f. (Géom.) c'est le nom d'une courbe géométrique qui a une asymptote. V. Asymptote & Courbe. En voici la description.

Ayant tiré deux lignes B D, A C (Pl. Anal. fig. 1.) perpendiculaires l'une à l'autre, & placé sur la ligne A E C les trois points A, F, C, dont les deux premiers soient à égale distance de E, on tirera par le point C autant de droites C F E A, C O M, C Q N, C M, &c. qu'on voudra avoir de points de la courbe; on prendra ensuite sur ces lignes, tant au - dessus de B D qu'au - dessous, les parties Q M, Q N, Q M, &c. toutes égales à A E. Cela fait, les deux lignes M M A M M, N F N terminées par les extrémités de ces lignes droites, seront les deux parties d'une même courbe géométrique appellée conchoïde; le point C est appellé le pole de cette conchoïde; la ligne B D est son asymptote, & la partie constante A E sa regle. Si E F = C E, la courbe a un point de rebroussement en F; si E F < C E, elle a un noeud en F. On peut la tracer ainsi.

AEDKG (Page 3:805)

AEDKG, (fig. 2.) est une équerre dans la branche A D de laquelle est pratiquée une coulisse qui représente l'asymptote de la courbe, & qui a dans son autre branche un clou K qui doit être le pole de la conchoïde. C F K B, est une regle à laquelle est attaché un clou F qui passe dans la coulisse A D, où il a la liberté de glisser. C & c sont deux stylets ou crayons attachés à la même regle, & à égale distance du clou F. O K est une coulisse pratiquée dans cette regle, & dont le commencement O est placé à la même distance de F que K de A D.

Cela posé, si on fait mouvoir la regle C D, de maniere que le clou F ne sorte jamais de la coulisse A D, & que la coulisse O B passe toûjours dans le clou K, les deux crayons placés en C & en c décriron les deux branches C H, c h de la conchoïde. Nous avons dit que la ligne A D est asymptote de cette courbe, c'est - à - dire, qu'elle en approche toûjours sans jamais la rencontrer; cela est aisé à comprendre par sa description, puisque la signe constante C F s'inclinant toûjours sans se coucher jamais sur A B, le point C doit toûjours approcher de la droite A D sans jamais y arriver.

Nicomede est l'inventeur de cette courbe; & on ajoûte ordinairement au nom de conchoïde celui de Nicomede, afin de la distinguer d'autres courbes analogues qui pourroient avoir ce nom.

Par exemple, la courbe M M A M (fig. 1.) que l'on formeroit en prenant Q M, non constant comme on vient de faire, mais de telle grandeur que C Em: C Qm:: Q Mm : A Em seroit une courbe qui auroit encore B D pour asymptote, & qu'on peut nommer aussi conchoïde. Voyez, sur les propriétés générales de la conchoïde, la derniere section de l'application de l'Algebre à la Géométr, par M. Guisnée.

MM. de la Hire & de la Condamine nous ont donné plusieurs recherches sur les conchoïdes; l'un dans les mém. de l'académ. de 1708; l'autre dans ceux de 1733. & 1734. M. de Mairan, dans les mém. de l'académie de 1735, a remarqué avecraison que l'espace conchoïdal, c'est - à - dire l'espace renfermé par la conchoïde, & son asymptote, étoit infini & non fini, comme quelques auteurs l'ont prétendu. En effet, soit A E = a, C E = b, & E Q = x, on trouve que A E Q M est < quea b [ [omission: formula; to see, consult fac-similé version]]. Or cette quantité est Œ lorsque x = Œ. Donc, &c. (Q)

CONCHY (Page 3:805)

CONCHY, s. m. espece de canelle des Indes, dont il se fait commerce au Caire.

CONCHYLE (Page 3:805)

CONCHYLE, voyez Coquillage, Pourpre.

CONCIERGE (Page 3:805)

CONCIERGE, est celui qui a la garde d'une maison royale ou seigneuriale. On confond quelquefois les termes de concierge & de geolier; l'ordonnance de 1670 nomme, en quelques endroits, les concierges & geoliers conjointement; en d'autres elle nomme le geolier avant le concierge; en d'autres elle ne parle que de geolier: ce qui fait voir que ces termes sont synonymes. Et en effet, le concierge d'une prison est le geolier ou garde de la geole; ce n'est que dans les prisons les plus considérables, que l'on distingue le concierge des geoliers. Le concierge est le premier geolier, & les geoliers & guichetiers sont ceux qui sont préposés sous lui pour la garde des prisons.

L'ordonnance de 1670, tit. xiij. veut que tous concierges & geoliers exercent en personne, & non par aucun commis; qu'ils sachent lire & écrire, & que dans les lieux où ils ne le sauroient pas, il en soit nommé d'autres dans six semaines, à peine contre les seigneurs de privation de leur droit.

Pour ce qui concerne les fonctions des concierges & geoliers, voyez ci - apr. aux mots Geole, Geoliers, Guichetiers, Prisons. (A)

Concierge du Palais, (Page 3:805)

Concierge du Palais, (Hist. mod. & Jurispr.) étoit un juge royal auquel a succédé le bailli du palais. Sous la premiere & la seconde race de nos rois, la justice étoit rendue dans le palais par le maître ou maire du palais, auquel succéda le comte. En 988, cet office fut exercé, quant à la justice dans le palais, sous le titre de concierge du palais, avec moyenne & basse justice, dont le territoire étoit peu étendu. Philippe - Auguste, par des lettres de l'an 1202, y ajoûta le fauxbourg saint - Jacques & Notre - Dame des Champs, & le fief royal de S. André qui y est situé. Le concierge ou bailli du palais y avoit encore la justice en 1667.

Les mêmes lettres assignent au concierge du palais des gages, droits, & priviléges.

En 1286, au commencement du regne de Philippe - le - Bel, le palais que nous voyons aujourd'hui, fut báti par les soins d'Enguerrand de Marigny, général des finances. La conciergerie qui sert aujourd'hui de prison, étoit le logement du concierge du palais. Par un arrêt de l'année 1316, elle fut réunie au domaine du roi, avec ses appartenances. En 1348, du tems de Philippe de - Valois, le concierge fut érigé sous le titre de bailli: mais on a joint les deux titres de concierge - bailli. En l'an 1348, Philippe de Savoisy écuyer, fut concierge du palais royal à Paris. Joly, en ses offices de France, a donné une liste de tous ceux qui ont depuis rempli celui - ci jusqu'en 1624, dont plusieurs étoient des personnes de grande considération. Sous le roi Jean, Charles V. alors régent du royaume, accorda, par des lettres du mois de Janvier 1358, plusieurs droits au concierge du palais ces lettres font mention qu'il a justice moyenne & basse dans l'enceinte du palais; qu'il y tient sa cour & jurisdiction par lui, son lieutenant ou garde de sa justice, & ses officiers; qu'il connoît entre quelques personnes que ce soit, de tous les cas civils, criminels, & de police; que nul autre juge n'a jurisdiction temporelle dans l'enceinte du palais, si ce n'est les gens des comptes, du parlement, des requêtes du palais, & des requétes de l'hôtel: ces mêmes lettres lui attribuent différens droits; entre autres la justice sur les auvents ou petites boutiçues adossées aux murs du palais; des cens & rentes sur plusieurs maisons; le droit de donner & ôter les places aux merciers qui vendent dans les allées de la mercerie, & en haut & en bas au palais, & les lettres lui permettent d'en recevoir un présent une fois l'an: il y est encore dit qu'il a la justice moy enne & basse, & la seigneurie censuelle sur treize maisons situées à Notre - Dame des Champs; au lieu nommé les Mureaux (proche les Carmelites du fauxbourg saint Jacques) différens droits. Quand on faisoit un nouveau boucher en la boucherie du châtelet, le concierge du pa -

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.