ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

"802">

Conards sont les Busots & non les Rabillis, O fortuna potens quàm variabilis!

Les Busots & les Rabillis sont deux familles qui subtent encore à Evreux ou dans le pays, & qui avoient fourni des abbés à la compagnie. Les conards avoient droit de jurisdiction pendant leur divertissement, & ils l'exerçoient à Evreux dans le lieu où se tenoit alors le baillage, mais qui n'est plus le même depuis l'établissement du présidial. Tous les ans ils obtenoient un arrêt sur requête du parlement de Paris avant l'établissement de celui de Rouen, & de celui - ci depuis le xvj siecle, pour exercer leurs facéties. Taillepied, dans son livre des antiquités & singularités de la ville de Rouen, dit que dans cette ville les conards avoient leur confrairie à Nôtre - Dame de bonnes nouvelles, où ils avoient un bureau pour consulter de leurs affaires: « ils ont succedé, dit - il, aux Coque - luchiers, qui se présentoient le jour des rogations en diversité d'habits; mais parce qu'on s'amusoit plûtôt à les regarder qu'à prier Dieu, celà fut reservé pour les jours gras à ceux qui joüent des faits vicieux qu'on appelle vulgairement conards ou cornards, auxquels par choix & élection préside un abbé mitré, crossé, & enrichi de perles, quand solennellement il est traîné en un chariot à quatre chevaux le dimanche gras & autres jours de bachanales ». A Evreux on le menoit avec beaucoup moins de pompe; on le promenoit par toutes les rues & dans tous les villages de la banlieue monté sur un âne & habillé grotesquement. Il étoit suivi de sa compagnie, qui pendant la marche chantoit des chansons burlesques moitié Latin moitié François, & la plûpart du tems très - satyriques; ce dernier excès fit supprimer la compagnie des conards, dont la principale fête se célébroit à la saint Barnabé; & à sa place Paul de Capranic nommé à l'évêché d'Evreux en 1420, établit une confrairie dite de S. Barnabé, pour réparer, dit - il, les crimes, malfaçons, excès, & autres cas inhumains commis par cette compagnie de conards, au deshonneur & irréverence de Dieu notre créateur, de S. Barnabé, & de sainte Eglise. Voyez le glossaire de Ducange, & le supplement de Morery. Il y a dans de vieux imprimés des arrêts de l'abbé des conards ou des cornards; lorsque ces pieces misérables se trouvent, on les achete fort chérement. Quis leget hac? (G)

CONARION ou CONOIDE (Page 3:802)

CONARION ou CONOIDE, s. m. terme d'Anat. est la même chose que ce qu'on appelle la glande pinéale: c'est une petite glande de la grosseur d'un pois, placée à la partie supérieure du trou qu'on appelle anus, & qui est situé dans le troisieme ventricule du cerveau, & attachée par quelques fibres à la partie qu'on appelle les nates. V. Glande, Cerveau, &c.

Elle est composée de la même substance que le reste du cerveau, & a seulement cela de particulier qu'elle est unique, au lieu que toutes les autres parties du cerveau sont doubles; c'est ce qui a fait supposer à Descartes qu'elle étoit le siege immédiat de l'ame. Voy. Sensorium, Ame, &c. Chambers. (L)

CONCA (Page 3:802)

CONCA, (Géog. mod.) riviere d'Italie qui prend sa source dans l'état de l'Eglise, & se jette dans le golfe de Venise.

CONCARNEAUX (Page 3:802)

CONCARNEAUX, (Géog. mod.) petite ville de France en Bretagne, au pays de Cornouaille.

CONCASSER (Page 3:802)

CONCASSER, v. act. (Pharm.) c'est réduire en poudre grossiere, ou même en petits fragmens, par le moyen du pilon ou du marteau, les matieres assez dures & assez cassantes pour être divisées par ces instrumens.

La concassation est une de ces opérations mecaniques, que nous appellons préparatoires. Celle - ci est employée dans l'art pour ouvrir certains corps, mul<cb-> tiplir leurs surfaces, & les disposer ainsi à être plus facilement attaqués par différens dissolvans qu'on a dessein de leur appliquer, soit qu'on se propose de les dissoudre entierement, soit qu'on en veuille tirer des teintures ou des extraits.

C'est ainsi qu'on concasse l'antimoine qu'on veut faire bouillir avec une lessive alkaline pour la préparation du kermès, certaines racines, semences & écorces dont on veut faire la décoction ou l'insusion, &c. (b)

CONCAVE (Page 3:802)

CONCAVE, adj. (Gram. Géom. & Physiq.) se dit de la surface intérieure d'un corps creux, particulierement s'il est circulaire.

Concave est proprement un terme relatif: une ligne ou surface courbe concave vers un côté, est convexe du côté opposé. Voyez Surface, Convexité, &c.

Concave, se dit particulierement des miroirs & des verres optiques. Les verres concaves sont ou concaves des deux côtés, qu'on appelle simplement concaves; ou concaves d'un côté & plans de l'autre, qu'on appelle plans concaves ou concaves plans; ou enfin concaves d'un côté & convexes de l'autre. Si dans ces derniers la convexité est d'une moindre sphere que la concavité, on les appelle ménisques; si elle est de la même sphere, sphériqués concaves; & si elle est d'une sphere plus grande, convexo - concaves. Voy. Plan concave, &c.

Les verres concaves ont la propriété de courber en - dehors, & d'écarter les uns des autres les rayons qui les traversent, au lieu que les verres convexes ont celle de les courber en - dedans & de les rapprocher, & cela d'autant plus, que leur concavité ou leur convexité sont des portions de moindres cercles. Voyez Lentille & Miroir.

D'où il s'ensuit que les rayons paralleles, comme ceux du soleil, deviennent divergens, c'est - à - dire s'écartent les uns des autres après avoir passé à travers un verre concave, que les rayons déjà divergens le deviennent encore davantage, & que les rayons convergens sont rendus, ou moins convergens ou paralleles, ou même divergens. Voyez Rayon.

C'est pour cette raison que les objets vûs à - travers des verres concaves, paroissent d'autant plus petits, que les concavités des verres sont des portions de plus petites spheres. Voy. un plus grand détail sur ce sujet aux articles Lentille, Réfraction, &c.

Les miroirs concaves ont un effet contraire aux verres concaves; ils refléchissent les rayons qu'ils reçoivent, de maniere qu'ils les rapprochent presque toûjours les uns des autres, & qu'ils les rendent plus convergens qu'avant l'incidence: & ces rayons sont d'autant plus convergens, que le miroir est portion d'une plus petite sphere. Harris & Chambers.

Je dis presque toûjours; car cette regle n'est pas générale: quand l'objet est entre le sommet & le centre du miroir, les rayons sont rendus moins convergens par la reflection. Mais quand les rayons viennent d'au - delà du centre, ils sont rendus plus convergens; & c'est pour cela que les miroirs concaves exposés au soleil, brûlent les objets placés à leur foyer. Voyez l'article Ardent. (O)

CONCAVITE (Page 3:802)

CONCAVITE, s. f. (Gram. & Géom.) se dit de la surface concave d'un corps, ou de l'espace que cette surface renferme. Voyez Concave. (O)

CONCENTRATION (Page 3:802)

CONCENTRATION, s. f. (Chimie.) on nomme ainsi certaines opérations chimiques, lorsqu'on les considere comme employées à rapprocher les parties d'un corps dissous dans une quantité de liqueur plus que suffisante pour sa dissolution; en enlevant entierement ou en partie la portion surabondante du menstrue. C'est ainsi qu'on nomme concentration, l'évaporation ou la distillation par laquelle on separe de l'huile de vitriol une partie de l'eau dans la quelle [p. 803] l'acide y est dissous; la distillation, par laquelle on enleve à une teinture une partie de l'esprit - de - vin employé à la préparation de cette teinture; la congelation, par laquelle on retire du vin ou du vinaigre une certaine quantité de leur eau; l'affusion de l'acide vitriolique très - déflegmé dans un acide moins avide d'eau, par exemple le nitreux, auquel le premier l'enleve selon les lois d'affinité connues. Voyez Acide vitriolique au mot Vitriol: Voyez Vin, Vinaigre, Teinture, Acide nitreux au mot Nitre. (b)

CONCENTRIQUE (Page 3:803)

CONCENTRIQUE, adj. terme de Géométrie & d'Astronomie. On donne ce nom à deux ou plusieurs cercles ou courbes qui ont le même centre. Voyez Centre.

Ce mot est principalement employé lorsqu'on parle des figures & des corps circulaires ou elliptiques, &c. mais on peut s'en servir aussi pour les polygones dont les côtés sont paralleles, & qui ont le même centre. Voyez Cercle, Polygone, &c.

Concentrique est opposé à excentrique. V. Excentrique. Harris & Chambers. (E)

CONCEPTION (Page 3:803)

CONCEPTION, s. f. (Logiq.) La conception ou la compréhension, est cette opération de l'entendement par laquelle il lie les idées des choses en les considérant sous certaines faces, en saisit les différentes branches, les rapports, & l'enchaînement.

Elle réunit les sensations & les perceptions qui nous sont fournies par l'exercice actuel des facultés intellectuelles. Mais souvent l'esprit, faute d'avoir ces sensations & ces perceptions bien disposées, faute d'atrention & de réflexion, ne saisit pas les rapports des choses sous leur véritable point de vûe; d'où il arrive qu'il ne les conçoit pas, ou les conçoit mal. Suivant la judicieuse remarque de M. l'abbé de Condillac, une condition essentielle pour bien concevoir, c'est de se représenter toûjours les choses sous les rapports qui leur sont propres. Quand les sujets qu'on présente à l'entendement lui sont familiers, il les conçoit avec promptitude, il en connoît les rapports: il les embrasse tous, ou ainsi dire, en même tems; & quand il en parle, l'esprit les parcourt avec assez de rapidité pour devancer toûjours la parole, à - peu - près comme l'oeil de quelqu'un qui lit haut devance la prononciation.

Il arrive encore que l'ame est quelquefois entraînée de conception en conception par la liaison des idées qui quadrent avec son intérêt présent: alors il se fait un enchaînement successif de proche en proche d'une étendue de compréhension à une autre, de - là encore à une autre, & toûjours par le secours de l'intérêt, qui lui fournit des connoissances selon lesquelles elle se détermine plus ou moins convenablement.

La progression de la conception est plus ou moins étendue, selon le degré de perfection du sensorium commune: plus il est parfait, plus l'ame peut recevoir de perceptions distinctes à la fois. L'étendue & le degré de perfection de la conception, regle l'étendue & la promptitude du bon sens; elle fournit même souvent le fond & la forme des raisonnemens, sans le secours de la raison: mais quand elle est trop bornée, ou trop irréguliere, elle fait toûjours naître des décisions vicieuses.

Il résulte de ce détail, qu'il est très - important de tâcher de concevoir les choses sous les idées qui leur sont propres, de se rendre la conception familiere par l'attention, & de l'étendre par l'exercice: elle ne fait pas le génie, mais elle y contribue quand elle agit promptement; & lorsqu'elle est active, elle donne l'industrie, mere de l'invention, si nécessaire dans les Arts, & si profitable à certains peuples. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

Conception, (Page 3:803)

Conception, (Med. Physcol.) voyez Genera tion & Grossesse.

Conception immaculée, (Page 3:803)

Conception immaculée, (Théol.) Voyez Immaculée Conception.

Conception, (Page 3:803)

Conception, (la) Géog. mod. ville de l'Amérique méridionale dans le Chili, avec un bon port, sur la mer du Sud. Long. 304d 27'30"; lat. mérid. 36d 42'.

Conception, (Page 3:803)

Conception, (la) Géog. mod. ville de l'Amérique septentrionale dans la nouvelle Espagne, dans l'audience de Guatimala.

Conception, (Page 3:803)

Conception, (Géog. mod.) ville de l'Amérique méridionale dans le Paraguai, à l'endroit où la riviere des Limaçons se jette dans celle de la Plata.

CONCERT (Page 3:803)

CONCERT, s. m. (Musique.) assemblée de voix & d'instrumens qui exécutent des morceaux de musique. On le dit aussi pour exprimer la musique même qu'on exécute. Les Indes galantes sont gravées en concert, c'est - à - dire qu'elles sont disposées dans la gravure pour former des concerts. (B)

On ne se sert guere du mot concert que pour une assemblée d'au moins quatre ou cinq musiciens, & pour une musique à plusieurs parties, tant vocales qu'instrumentales. Quant aux anciens, comme il paroît qu'ils ne connoissoient pas la musique à plusieurs parties, leurs concerts ne s'exécutoient probablement qu'à l'unisson ou à l'octave. (S)

On fait des concerts d'instrumens sans voix, dans lesquels on n'exécute que des symphonies. Dans quelques villes considérables de province, plusieurs particuliers se réunissent pour entretenir à leurs dépens des musiciens qui forment un concert. On dit le concert de Marseille, de Toulouse, de Bordeaux, &c. Celui de Lyon est établi en forme par lettres patentes, & a le titre d'académie royale de Musique. Il est administré par des directeurs élûs par les particuliers associés, & c'est un des meilleurs qu'il y ait en province. Par un des statuts de cet établissement, chaque concert doit finir par un motet à grand choeur. Il n'est guere de ville en Europe où on ait tant de goût pour les Arts, dont les habitans soient aussi bons citoyens, & où les grands principes des moeurs soient si bien conservés: l'opulence ne les a point détruits, parce qu'elle n'y fleurit que par le travail & l'industrie. Le Commerce seul fait la richesse de la ville de Lyon, & la bonne foi est le grand ressort de cette utile & honnête maniere d'acquérir.

Le 24 Août, veille de S. Louis, on éleve auprès de la grande porte des Tuileries, du côté du jardin, une espece d'amphithéatre: tous les symphonistes de l'opéra s'y rendent; & à l'entrée de la nuit on forme un grand concert composé des plus belles symphonies des anciens maîtres François. C'est un hommage que l'académie royale de Musique rend au Roi. On ignore pourquoi l'ancienne musique, beaucoup moins brillante que la nouvelle, & par cette raison moins propre aujourd'hui à former un beau concert, est pourtant la seule qu'on exécute dans cette occasion: peut - être croit - on devoir la laisser joüir encore de cette prérogative, dans une circonstance où personne n'écoute. (B)

Concert spirituel, (Page 3:803)

Concert spirituel, (Hist. mod.) spectacle public dans lequel on execute, pendant les tems que tous les autres spectacles sont fermés, des motets & des symphonies. Il est établi dans la salle des suisses des Tuileries. On y a fait construire des loges commodes & un grand orchestre; & ce spectacle a été plus ou moins fréquenté, selon le plus ou moins d'intelligence des personnes qui en ont été chargées.

Anne Daveau, dit Philidor, ordinaire de la musique du Roi, en donna l'idée en 1725. C'est un spectacle tributaire de l'académie royale de Musique: elle l'a régi pendant quelque tems elle - même; & il est actuellement assermé à M. Royer, maître à chanter des Enfans de France.

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.