ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"699"> qu'un citoyen s'en fait est honnête, comme toutes celles qui sont utiles: mais à mesure que les citoyens rendent de plus grands services, ils doivent être plus distingués; & le commerce ne sera point encouragé dans les pays qui ne savent point faire ces différences.

On peut s'occuper personnellement du Commerce de trois manieres.

Le premier objet est d'acheter les productions de la terre & de l'industrie, pour les revendre par petites parties aux autres citoyens. Ceux qui exercent cette profession sont appellés détailleurs. Voyez Détailleurs.

Cette occupation plus commode que nécessaire pour la société, concourt à la circulation intérieure.

Le second objet du Commerce est celui d'un citoyen dont l'industrie entreprend de guider le travail d'un nombre d'autres citoyens, pour donner des formes aux matieres premieres. Ceux qui s'y appliquent s'appellent manufacturiers. Voy. Manufacturiers.

Cette industrie est très - nécessaire, parce qu'elle augmente les richesses réelles & relatives.

La troisieme espece de commerce est l'occupation d'un citoyen qui fait passer chez l'étranger les productions de sa patrie, pour les échanger contre d'autres productions nécessaires, ou contre de l'argent. Soit que ce commerce se fasse par terre ou par mer, en Europe, ou dans d'autres parties du monde, on le distingue sous le nom de commerce en gros. Celui qui s'y applique est appellé négociant. V. Négociant.

Cette profession est très - nécessaire, parce qu'elle est l'ame de la navigation, & qu'elle augmente les richesses relatives de l'état.

Ces trois manieres d'exercer le Commerce ont un devoir commun qui en fait l'activité; c'est une bonne foi scrupuleuse: leur objet est également commun, c'est le gain: leur effet est différent en ce qu'il contribue plus ou moins à l'effet général du Commerce dans un corps politique. C'est cet effet qui doit les distinguer aux yeux de la patrie, & qui rend plus recommandable chaque particulier, à mesure qu'il y coopere davantage.

Ce n'est pas que le plan immédiat du législateur soit d'avoir des négocians très - puissans: ils lui sont précieux, parce qu'ils ont beaucoup concouru à ses vûes; mais il seroit encore plus utile, dans le cas où le Commerce seroit borné, d'en avoir beaucoup de riches, qu'un moindre nombre de très - riches. Vingt négocians qui ont chacun cent mille écus font plus d'affaires, & ont entre eux une plus grande somme de crédit, que six millionaires. D'ailleurs les fortunes partagées sont d'une ressource infiniment plus grande pour la circulation & pour les richesses réelles: cependant la grande disproportion des fortunes par le commerce n'est pas onéreuse à l'état, en ce qu'elle circule ordinairement toute entiere au profit des arts utiles; il seroit même à souhaiter qu'elles restassent dans le Commerce, parce qu'elles établissent beaucoup de facteurs chez l'étranger: ces facteurs y augmentent les branches du commerce de leur nation, & en outre lui rapportent le bénéfice qu'ils ont fait dans le commerce dont le pays qu'ils habitent est susceptible. Ces fortunes ne sortiroient point du Commerce, si l'état de négociant étoit aussi honoré qu'il mérite de l'être.

A l'égard des grandes entreprises de commerce pour le gouvernement, il n'a besoin que de son propre crédit: dès qu'il offrira du profit & de la sûreté, des sociétés solides s'en chargeront au rabais.

Savoir faire le Commerce ou savoir le conduire, sont deux choses très - distinctes. Pour le bien conduire, il faut savoir comment il se fait; pour le faire avec profit, il est inutile de savoir comment il doit se conduire. La science du négociant est celle des dé<cb-> tails dont il s'occupe; la science du politique est le parti que l'on peut tirer de ces détails: il faut donc les connoître, & ce n'est que par les négocians que l'on peut s'en instruire. On ne sauroit trop converser avec eux pour apprendre, pour délibérer: leurs conseils doivent être admis avec précaution. Nous avons déjà distingué le gain du marchand & le gain de l'état; & il est clair qu'absorbés dans les détails, les négocians ont rarement le coup d'il général, à moins que par leurs voyages ou par une pratique étendue & raisonnée, ils ne l'ayent acquis. Ceux qui sont dans le cas, peuvent décider sûrement.

Le négociant doit à la société dont il est membre, les sentimens qu'un honnête homme, c'est - à - dire un vrai citoyen, a toûjours pour elle; la soûmission à ses lois, & un amour de préférence. C'est être coupable devant Dieu & devant les hommes, que d'y manquer, quelque profession que l'on exerce; mais ce principe ne sauroit être trop profondément gravé dans le coeur de ceux qui sont toûjours dans une occasion prochaine d'y manquer.

Cependant ce n'est point manquer à cet amour de préférence, que de faire passer d'un pays étranger à un autre les marchandises nécessaires à ses assortimens; quand même ces marchandises seroient proscrites par la société dont on est membre: il est évident que puisque les marchandises ont été nécessaires, c'est contribuer à la richesse relative de sa patrie, que de faire le profit qu'elles auroient donné à la nation qui les possede, si elle en eût fait elle - même la vente.

J'insiste sur cet article particulierement, par rapport aux négocians d'une nation répandus chez l'étranger: on leur reproche quelquefois ce genre de commerce, par lequel même assez souvent ils sont parvenus à acquérir à leur nation la supériorité dans le pays qu'ils habitent. C'est mal connoître la nature du Commerce, & confondre les principes du commerce extérieur avec ceux du commerce intérieur.

On en peut dire autant de la protection qu'un négociant particulier cherche à se procurer dans un pays étranger: c'est un mauvais citoyen, s'il en préfere une étrangere; mais il a besoin d'en avoir une.

La matiere du Commerce est immense; on n'a pu qu'ébaucher les premiers principes, dont un esprit droit & refléchissant tirera aisément les conséquences. Pour s'instruire davantage, on peut consulter l'excellent essai de M. Melon; les réflexions politiques de M. Dutot, avec leur examen; le parfait négociant; le dictionnaire du Commerce; l'esprit des lois; les réglemens & les ordonnances de France; les statuts d'Angleterre, & presque tous les livres Anglois sur le Commerce, sont les sources les plus sûres.

Pour le commerce particulier de chaque état, voyez les mots France, Grande - Bretagne, Hollande, Espagne, Venise, Naples, Genes, État ecclésiastique, Piémont, Allemagne, Danemark, Suede, Moscovie. Article de M. de V. D. F.

Commerce, (Page 3:699)

Commerce, (Conseil de) Hist. mod. est un conseil que le Roi établit en 1700 pour les affaires de Commerce. Il le composa de deux conseillers d'état, & du conseil royal des finances; d'un secrétaire d'état, de deux maîtres des requêtes, & de douze anciens marchands députés des villes les plus commerçantes du royaume; à savoir deux de Paris, un de Roüen, un de Lyon, un de Bordeaux, un de Marseille, un de Nantes, un de la Rochelle, un de Saint - Malo, un de Lille, un de Bayonne, & un de Dunkerque. Ce conseil ne décide pas par lui - même souverainement sur les affaires de commerce: mais les délibérations qu'on y prend sont presentées au Roi pour y pourvoir selon qu'il le juge à propos. (H)

Commerce, (Page 3:699)

Commerce, (jeu du) ce jeu prend son nom de [p. 700] l'espece de trasic qu'on y fait des cartes, en les changeant pour d'autres ou pour de l'argent. Le jeu dont on se sert est un jeu entier; les cartes conservent leur valeur naturelle & ordinaire, excepté que l'as y vaut onze, & emporte le roi, la dame, &c.

On peut joüer au commerce jusqu'à dix, mais non au - dessous de trois. Après avoir vû à qui fera, celui qui donne les cartes en donne trois à chaque joüeur selon leur rang, en commençant par sa droite, les donnant toutes trois à la fois ou séparément, comme il lui plaît. Chacun met au jeu un des jettons qu'il a devant soi, & dont les joüeurs ont d'abord déterminé la valeur. On ne doit se proposer que le point, ou bien de se faire séquence ou tricon. Voyez Point, Sequence, Tricon; & l'adresse du joüeur consiste à arranger son jeu de façon qu'il fasse l'un de ces trois jeux; parce qu'il n'y a qu'un d'eux qui puisse gagner. Quand il n'y a point de séquence ni tricon, c'est le plus grand point; s'il y a plusieurs séquences, c'est la plus haute; ainsi que le plus haut tricon, lorsqu'il y en a plus d'un au jeu: ainsi l'on voit que le tricon gagne par préférence au point & à la séquence, & la séquence au point seulement. Les regles sont assez manifestées dans ce que nous avons dit de ce jeu, & de son banquier; nous n'ajoûterons donc ici qu'une chose qui lui est commune néanmoins avec presque tous les autres jeux: c'est de refaire lorsque le jeu est faux ou qu'il y a quelque carte retournée.

L'on joüoit quelquefois ce jeu jusqu'à ce qu'un joüeur de la compagnie eût perdu son enjeu; ce qui faisoit durer la partie fort long - tems, & d'autres fois la faisoit finir sur le champ, selon le malheur d'un joüeur, ou le bonheur de tous.

COMMERCER (Page 3:700)

COMMERCER, négocier, trafiquer, exercer le commerce. Voyez Commerce.

Commercer (Page 3:700)

Commercer pour argent, au jeu de commerce, c'est prendre une carte de la banque, en payant un jeton au banquier.

Commercer (Page 3:700)

Commercer à la banque, c'est acheter la premiere carte du talon pour un jeton qu'on donne au banquier.

Commercer (Page 3:700)

Commercer troc pour troc, c'est demander une carte à celui qui est à sa droite pour une autre qu'on lui donne, sans qu'il puisse rien exiger pour cet échange. Chacun peut commercer troc pour troc, selon sa place & son rang, jusqu'à ce que quelqu'un ait trouvé dans le jeu des autres ce qu'il cherchoit pour faire le sien.

COMMERCY (Page 3:700)

COMMERCY, (Géograph. mod.) petite ville de France, au duché de Bar, avec titre de principauté, sur la Meuse. Long. 23. 15. lat. 48. 40.

COMMERE ACCOMMODEZ - MOI (Page 3:700)

COMMERE ACCOMMODEZ - MOI, (Jeu de) ce jeu ainsi appellé parce que toute l'habileté du joueur est de chercher à accommoder son jeu, a beaucoup de rapport à celui du commerce, & ne laisse pas d'être amusant, quoiqu'à en juger par son nom il ne soit guere joüé que par les petites gens.

On le sert d'un jeu de cartes tout entier. On peut y joüer sept ou huit personnes. Chacun prend autant de jetons que l'on veut, & dont on a déterminé la valeur. On met peu ou beaucoup au jeu, selon que l'on a intention de perdre ou de gagner de même. Celui à qui il est échû de faire, ayant mêlé & fait couper à l'ordinaire, donne trois cartes à chaque joüeur, toutes ensemble ou séparément. Les cartes ainsi distribuées on ne songe plus qu'à tirer au point, à la sequence, & au tricon, la sequence emportant le point, & le tricon la sequence & le point. Le plus fort gagne le plus foible, & s'ils sont égaux, c'est celui qui est le plus proche de celui qui a mêlé à droite. L'as vaut onze au jeu & est la premiere de toutes les cartes. Voyez Tricon, Sequence & Point.

Celui qui gagne la partie par le point ne tire que la poule; celui qui gagne par une sequence, gagne un jeton de chaque joüeur avec la poule, & celui qui gagne avec tricon en gagne deux outre la poule.

Souvent les joüeurs ne trouvent point à s'accommoder dès la premiere donne, malgré tous les échanges qu'ils ayent pû faire, & pour lors celui qui a fait prend le talon & donne une carte à chaque joüeur, qui lui en rend une autre à la place, en commençant par la droite & mettant toûjours les cartes échangées sous le talon; mais il faut que tous les joüeurs y consentent, sinon l'on refait.

Quand on a reçu cette carte du talon, on fait l'échange comme auparavant, en s'accommodant l'un l'autre jusqu'à ce qu'un des joüeurs ait fait son jeu. Si les joüeurs ne s'accommodoient point encore, on pourroit donner une seconde carte, ce qui pourtant n'arrive guere, non plus que de faire plus de deux donnes à ce jeu.

Celui qui donne mal n'est tenu que de refaire. Lorsque le jeu est reconnu faux, le coup est nul, mais les précedens sont bons; & si même le coup où l'on s'apperçoit que le jeu est incomplet étoit fini, & que quelqu'un eût gagné, le coup seroit estimé valide.

COMMETAGE (Page 3:700)

COMMETAGE, (Corderie.) réunion de plusieurs fils ou cordons par le tortillement. Voyez Commettre & Corderie.

COMMETTRE (Page 3:700)

* COMMETTRE, (Gramm.) a plusieurs significations; il est synonyme à faire; il marque seulement plus de mauvaise intention: je dis mauvaise, parce qu'alors il ne se prend qu'en mauvaise part, au lieu que faire se prend en bonne & en mauvaise; on dit faire ane bonne action, faire une mauvaise action, mais on ne dit point commettre une bonne action: exemple, quelle action avez - vous commise!

Commettre (Page 3:700)

Commettre son fief, (Jurisprud.) dans certaines coûtumes c'est le confisquer, ou pour mieux dire encourir la confiscation. Voyez l'ancienne coûtume d'Amiens, art. 27. Bar, art. 20. Troyes, 39. Chaumont, art. 24; celle d'Artois, art. 21. dit commettre & forfaire. (A)

Commettre, (Page 3:700)

Commettre, en termes de Commerce, c'est confier quelque chose à la conduite, à la prudence, à la fidélité d'une personne. Un marchand commet à sa femme, à son garçon le soin de sa boutique.

Commettre (Page 3:700)

Commettre signifie aussi employer quelqu'un à quelque négoce, à quelque entreprise, manufacture, &c. ainsi l'on dit, j'ai commis telle personne pour le recouvrement des sommes qui me sont dûes. Dict. de Comm. & de Trév.

Commettre, (Page 3:700)

Commettre, est une des opérations principales de la Corderie; c'est celle par laquelle on réunit ensemble, au moyen du tortillement, des fils pour faire des ficelles, des torons pour faire des aussieres, des cordons pour faire des grelins. Voyez l'article Corderie.

COMMILITON (Page 3:700)

* COMMILITON, s. m. (Hist. anc.) soldat d'une même centurie. Les généraux s'en servoient volontiers; il revient à notre camarade. Quand ils vouloient ôter à ce mot l'air de familiarité, & lui faire prendre un caractere de dignité, d'honneur, & de religion, ils y ajoûtoient l'epithete de sacratus, qui rappelloit au soldat son serment. Ceux qui auront jetté les yeux sur l'ouvrage original que M. le maréchal de Saxe a laissé sous le titre de mes réveries, sentiront toute l'importance de ces ressources si petites en apparence.

COMMINATOIRE (Page 3:700)

COMMINATOIRE, adj. (Jurisprud.) se dit de certaines peines ou clauses pénales apposées dans les actes & contrats, dans les testamens, dans les lettres de chancellerie, dans les jugemens, contre

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