ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Comte, (Page 3:800)

* Comte, (Hist. mod.) la qualité de comte differe beaucoup aujourd'hui de ce qu'elle étoit anciennement: elle n'est ni aussi importante qu'au tems des premiers comtes de la nation, ni aussi commune qu'au tems des derniers comtes de l'empire.

Le comte que les Latins appelloient comes à commeando, ou à comitando, que les Allemands appellent greaf, que les anciens Saxons ont appellé eolderman, que les Danois nomment earlus, & les Anglois earl, est parmi nous un homme noble qui possede une terre érigée en comté, & qui a droit de porter dans ses armes une couronne perlée, ou un bandeau circulaire orné de trois pierres préciouses, & surmonté ou de trois grosses perles, ou d'un rang de perles qui se doublent ou se triplent vers le milieu & le bord supérieur du bandeau, & sont plus élevées que les autres.

Ce titre d'honneur ou degré de noblesse, est immédiatement au - dessus de celui de vicomte, & au - dessous de celui de marquis.

Les empereurs firent des premiers comtes de leurs palais, des généraux d'armées, & des gouverneurs de provinces. Ceux qui avoient été vraiment comtes de l'empereur avant que de passer à d'autres dignités, retinrent ce titre: d'où il arriva que ceux qui leur succéderent dans ces dignités, se firent appeller comtes, quoiqu'ils ne l'eussent point été réellement. Les anciens comtes du palais, sous les empereurs, s'appelloient d'abord comites & magistri; ils supprimerent dans la suite le magistri. Dans ces tems les ducs n'étoient distingués des comtes que par la nature de leurs fonctions. Les comtes étoient pour les affaires de la paix; les ducs pour celles de la guere. La grande distinction qui existe maintenant entre ces dignités, n'est pas fort ancienne.

Les François, les Allemands, &c. en se répandant dans les Gaules, n'abolirent point la forme du gouvernement Romain, & conserverent les titres de comtes & de ducs que portoient les gouverneurs de provinces & de villes. Sous Charlemagne, les comtes étoient gouverneurs & juges des villes & des provinces. Les comtes qui jugeoient & gouvernoient des provinces, supérieurs des comtes qui ne jugeoient & ne gouvernoient que des villes, étoient les égaux des ducs qui ne jugeoient & gouvernoient des provinces que comme eux, & qui étoient pareillement amovibles.

Ce fut sous les derniers de nos rois de la seconde race, que ces seigneurs rendirent leurs dignités héréditaires; ils en usurperent même la souveraineté, lorsque Hugues Capet, qui en avoit fait autant lui - même pour le duché de France & le comté de Paris, parvint à la couronne. Son autorité ne fut pas d'abord assez affermie pour s'opposer à ces usurpations; & c'est de - là qu'est venu le privilége qu'ils ont encore de porter une couronne dans leurs armes. Peu - à - peu les comtés sont revenus à la couronne, & le titre de comte n'a plus été qu'un titre accordé par le Roi, en érigeant en comté une terre où il se réserve jurisdiction & souveraineté.

D'abord la clause de réversion du comté à la couronne au défaut d'enfans mâles, ne sut point mise dans les lettres patentes d'érection; mais pour obvier à la fréquence de ces titres, Charles IX. l'ordonna en 1564. Cette réversion ne regarde que le titre, & non le domaine, qui passe toûjours à ceux à qui il doit aller selon les lois, mais sans attribution de la dignité.

Il y a eu entre les marquis & les comtes des contestations pour la préséance. On alléguoit en faveur des comtes qu'il y avoit des comtes pairs, & non des marquis; cependant la chose a été décidée pour les marquis; ils précedent les comtes, quoique leur titre soit très - moderne en France; il ne remonte pas au<cb-> de - là de Louis XII. qui créa marquis de Trans un seigneur de l'illustre & ancienne maison de Villeneuve. Le titre de marquis est originaire d'Italie.

Comme on donnoit anciennement le nom de comte aux gouverneurs de villes & de provinces, dont une des fonctions étoit de conduire la noblesse à l'armée, & que quelques capitaines prirent le même titre, sans y être autorisés par un gouvernement de ville ou de province, on fit dans la suite du nom de comte celui de comite, qui est resté à ceux qui commandent les forçats sur nos galeres; on fit aussi celui de vicomte, qui de même que les anciens comtes étoient juges dans leurs villes ou provinces, sont restés juges dans quelques - unes de la Normandie, & ailleurs; à Paris même, le prevôt de la ville délégué par le comte, est encore juge dans le vicomté de Paris.

Nos ambassadeurs & plénipotentiaires sont dans l'usage de prendre le titre de comte, quoiqu'ils n'a y ent point de comtés; ils croyent ce relief nécessaire pour avoir dans les cours de leur négociation, un degré de considération proportionné à l'importance de leurs fonctions.

En Angleterre, on appelle comtes les fils des ducs, & vicomtes les fils des comtes. Le titre de comte s'éteignoit originairement avec celui qui le portoit; Guillaume le Conquérant le rendit héréditaire, en récompensa quelques grands de sa cour, l'annexa à plusieurs provinces, & accorda au comte pour soûtenir son rang, la troisieme partie des deniers des plaidoyeries, amendes, confiscations, & autres revenus propres du prince, dans toute l'étendue de son comté. Cette somme se payoit par l'échvin de la province. Aujourd'hui les comtes sont creés par chartre; ils n'ont ni autorité, ni revenus dans les comtés dont ils portent les noms: le titre de comte ne leur vaut qu'une pension honoraire sur l'échiquier. Le nombre des comtes étant devenu plus grand que celui des comtés proprement dits; il y en a dont le comté est désigné par le nom d'une portion distinguée d'une province ou d'un autre comté, par celui d'une ville, d'un village, d'un bourg, d'un château, d'un parc. Il y a même deux comtes sans nom de terre; le comte de Rivers, & le comte Poulet. Il y a une charge qui donne le titre de comte - maréchal. Voyez ci - après Comte - maréchal.

La cérémonie de création de comte se fait en Angleterre par le roi, en ceignant l'épée, mettant le manteau sur l'épaule, le bonnet & la couronne sur la tête, & la lettre patente à la main, à celui qui est créé, que le roi nomme consanguineus noster, mon cousin, & à qui il donne le titre de très - haut & très noble seigneur. Les perles de la couronne du comte Anglois sont placées sur des pointes & extrémités de feuillages. On y fait moins de façon en France. Lorsque la terre est érigée en comté par lettres patentes, le titulaire & sa postérité légitime prennent le titre de comte sans autre cérémonie, que les enregistremens requis des lettres d'érection.

Comte - maréchal, (Page 3:800)

* Comte - maréchal, (Hist. mod.) c'est en Angleterre un officier de la couronne. Il avoit anciennement plusieurs tribunaux, tels que la cour de chevalerie, presque ensevelie dans l'oubli, & la cour d'honneur qu'on a rétablie depuis peu. Il juge, à la cour de la maréchaussée, les criminels pris dans les lieux privilégiés. L'officier, immédiatement sous le comte - maréchal, s'appelle chevalier - maréchal. Le collége des hérauts - d'armes est sous la jurisdiction du comte. Cette dignité est héréditaire dans la famille de Howard. La branche principale en est maintenant revêtue; mais des raisons d'état n'en permettent l'exercice que par députés.

* Comtes de Lyon, de Brioude, de saint Pierre de Macon, &c. ce sont des chanoines dé<pb-> [p. 801] corés de ce titre; parce qu'anciennement ils étoient seigneurs temporels des villes où leurs chapitres sont situés. Nos rois ont retiré la plûpart de ces seigneuries, & n'ont laissé que le nom de comtes aux chapitres. Il n'y a plus que quelques prélats, comme les comtes & pairs, à qui il reste, avec le titre des droits seigneuriaux, mais subordonnés à ceux de la souveraineté.

Comtes Palatins, (Page 3:801)

Comtes Palatins, (Jurisp. & Hist.) Il y a dans l'empire un titre de palatin qui n'a rien de commun avec celui de princes palatins du Rhin; c'est une dignité dont l'empereur décore quelquefois des gens de lettres: on les appelle comtes palatins; & selon le pouvoir que leur donnent les lettres patentes de l'empereur, ils peuvent donner le degré de docteur, créer des notaires, legitimer des bâtards, donner des couronnes de laurier aux poëtes, annoblir des roturiers, donner des armoiries, autoriser des adoptions & des émancipations, accorder des lettres de bénéfice d'âge, &c. mais cette dignité de comte est venale & s'accorde facilement; on fait aussi peu de cas de ce qui est émané de ces comtes. Les papes font aussi de ces comtes palatins. Jean Navar, chevalier & comte palatin, fut condamné par arrêt du parlement de Toulouse, prononcé le 25 Mai 1462, à faire amende honorable & demander pardon au Roi pour les abus par lui commis, en octroyant en France des lettres de légitimation, de notariat, & autres choses dont il avoit puissance du pape; ce qui étant contraire à l'autorité du Roi, le tout fut déclaré nul & abusif. Voyez le tableau de l'empire Germanique, pag. 107. & les arréts de Papon, pag. 248. (A)

COMTÉ (Page 3:801)

* COMTÉ, s. m. (Hist. anc.) L'empire fut divisé sous Constantin en deux départemens appellés comitatus; ainsi le mot comté n'a pas dans cet article une acception relative au mot comte, Hist. anc. Ces comtés étoient des conseils dont les préfets s'appelloient comites. Il y en a cependant qui font remonter l'origine de nos comtes à ces préfets.

Comté, (Page 3:801)

Comté, (Hist. mod.) signifie le domaine d'un seigneur qualifié du titre de comte. Voyez Comte.

En Angleterre le mot de comté est synon me à celui de shire: or une shire est une 52e partie du royaume d'Angleterre, y compris la province de Galles, le royaume ayant été divisé en 52 portions, pour en rendre le gouvernement plus facile, & l'administration de la justice, dans les différentes provinces, plus ponctuelle & mieux reglée.

Ces comtés sont subdivisés en rapes, comme l'est celle de Sussex, ou en lathes, ou en wapentakes, ou en hundreds, c'est - à - dire en centaines; & ces portions de comtés en dixaines.

On nomme tous les ans, à la S. Michel, des officiers appellés sherifs, pour la manutention des lois dans ces différentes comtés, excepté celles de Cumberland, de West - Morland, & de Durham.

Cet officier a deux fonctions différentes; l'une de sunple exécuteur des ordres qui lui sont adressés par les cours de justice; l'autre, de présider lui - même à deux différens tribunaux, dont l'un s'appelle la séance du sherif, l'autre la cour de la comté.

Les autres officiers des différens comtés, sont un lord - lieutenant, qui a le commandement de la milice du comté, les gardes des rôles, les juges de paix, les baillis, le grand connêtable, & le coroner.

Des cinquante - deux comtés, il y en a quatre distingués parmi les autres, qu'on appelle pour cette raison comtés palatins, qui sont Lancastre, Chester, Durham & Ely. Pembroke & Hexam étoient autrefois aussi des comtés palatins; celui - ci appartenoit à l'archevêque d'York, & a été demembré de son domaine, & dépouillé de son privilége sous le regne d'Elisabeth, & n'est plus à présent qu'une portion du comté de Northumberland.

Les gouverneurs en chef de ces comtés palatins par concession spéciale du roi, adressoient aux officiers du comté toutes les ordonnances en leur nom, & administroient la justice d'une maniere aussi absolue que le roi lui - même dans les autres comtés, si ce n'est qu'ils le reconnoissoient comme leur maître: mais Henri VIII. modéra cette étendue de pouvoir. Voyez Palatinat. Chambers. (G)

N'oublions pas d'observer que le mot comté est quelquefois féminin; on dit la comté de Bourgogne, la Franche - comté, &c. Tout cela dépend de l'usage.

Comtés - pairies, (Page 3:801)

Comtés - pairies, (Jurisprud.) Les comtés - pairies sont des grands fiefs de la couronne, de grandes dignités de même nature que les duchés pairies, & en tout semblables à ces derniers excepté par le nom, & auxquelles on a attaché une jurisdiction semblable à celle des duchés - pairies.

Le privilége attaché à ces grands fiefs est de relever immédiatement de la couronne; car il ne peut pas exister de pairie qui ne soit dans la mouvance directe & immédiate de la couronne, à la différence de comtés simples ou du second ordre, mais qui ne sont point pairies, & parmi lesquelles il peut y en avoir qui ne relevent ni du Roi ni de la couronne.

Il y a eu dans le royaume un grand nombre de comtés - pairies dont les unes ont été éteintes, d'autres érigées en duchés - pairies, & quelques - unes que l'on a fait revivre par de nouvelles lettres d'érection.

Il y en a trois que l'on peut appeller ecclésiastiques; elles sont attachées aux évêchés de Beauvais, de Châlons, & de Noyon.

Les justices de ces grands fiefs, ainsi que celles des duchés - pairies, sont toutes justices royales. L'érection d'une terre en comté - pairie mettant nécessairement cette terre dans la mouvance directe & immédiate de la couronne, il seroit absurde que la justice attachée à une dignité, à un fief de cette nature, fût seigneuriale. Voyez Justice & Pairie. (A)


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