ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"727">

Tout le peuple donnoit anciennement sa voix aux élections de ces députés. Mais, dans le xv. siecle, le roi Henri VI. pour éviter le tumulte trop ordinaire dans les grandes assemblées tenues à ce sujet, ordonna le premier, que personne ne pourroit voter pour la nomination des députés de la province, que les ycomans ou les possesseurs de francs - fiefs au moins de 40 schelins de revenu annuel, & qui habitoient dans la même province; que les personnes élûes pour les provinces, seroient de condition noble, & au moins écuyers ou gentilshommes, qualifiés pour être chevaliers, Anglois de naissance, ou au moins naturalisés, de l'âge de vingt - un an & non au - dessous, & que personne ne pourroit prendre séance dans la chambre des communes, s'il étoit juge ou prevôt d'une comté, ou ecclésiastique.

Pendant la séance du parlement, tous les membres de la chambre basse joüissent des mêmes priviléges que ceux de la chambre haute; c'est - à - dire, qu'eux, & tous les serviteurs & domestiques, sont exempts de toutes poursuites, arrêts, & emprisonnemens, à moins qu'ils ne soient accusés de trahison, de meurtre, ou de rupture de paix. Tous les meubles nécessaires qu'ils transportent avec eux pendant la séance, sont aussi exempts de saisie. Ce privilége s'étendoit autrefois depuis le moment de leur départ de chez eux, jusqu'à celui de leur retour: mais par un acte du parlement, passé de nos jours sous le regne de Georges I. il fut ordonné qu'aussitôt que le parlement seroit dissous ou prorogé, les créanciers seroient en droit de poursuivre tous les membres qui auroient contracté des dettes.

Les membres de la chambre des communes n'ont ni robes de cérémonie comme les pairs, ni rang & places marquées dans leur chambre; ils y siégent tous confusément: il n'y a que l'orateur qui ait un fauteuil ou une espece de siége à bras, situé vers le haut bout de la chambre; son clerc & son assistant sont assis à côté de lui. Ces trois officicrs sont aussi les seuls qui ayent des robes, aussi bien que les députés pour la ville de Londres, & quelquefois les professeurs en Droit pendant le tems de la plaidoierie.

Le premier jour que s'assemble un nouveau parlement, avant qu'on entame aucune affaire, tous les membres des communes pretent serment entre les mains du grand - maître de la maison du roi, & dans la cour des pupiles. Ensuite ils procedent à l'élection d'un orateur; & après cette élection, & que l'orateur a été agréé par le roi, ils pretent serment une seconde fois. Voyez Orateur.

Les principaux priviléges de la chambre des communes sont, que tous les bills pour lever de l'argent sur les sujets, sortent immédiatement de la chambre des communes; parce que c'est sur eux que se leve la plus grande partie des impositions: ils ne souffrent pas même que les seigneurs fassent aucun changement à ces sortes de bills. Les communes sont proprement les grandes enquêtes du royaume; elles ont le privilége de proposer des lois, de représenter les calamités publiques, d'accuser les criminels d'état, même les plus grands officiers du royaume, & de les poursuivre comme partie publique à la chambre des seigneurs, qui est la suprême chambre de justice de la nation; mais elles n'ont pas droit de juger, comme elles l'ont elles - mêmes reconnu en 1680 sous le roi Charies II.

Autrefois on accordoit aux membres des communes, des sommes pour leurs dépenses pendant la séance du parlement, rationabiles expensas: ce sont les termes des lettres circulaires; c'est - à - dire, tels appointemens que le roi, en considérant le prix des choses, jugera à propos d'imposer au peuple, que ces députés représentent, & aux dépens duquel ceux - ci devoient être défrayés. Dans l'article xvij. du réglement d'Edouard II. ces appointemens étoient alors de dix groats pour chaque député de la province, & de cinq pour ceux des bourgs, somme modique relativement au taux présent des monnoies, & au prix des choses; mais qui étoit alors suffisante, & même considérable. Depuis ils monterent jusqu'à 4 schelins par jour pour ceux qui étoient chevaliers, & 2 schelings pour les autres. Aujourd'hui les communes ne reçoivent plus d'appointemens; l'impôt ne laisse pas que de se lever: mais ces fonds sont employés à d'autres dépenses. On a cru que de bons citoyens étoient assez indemnisés par l'honneur qu'ils reçoivent de soûtenir les intérêts de la nation, sans vendre leurs services pour une modique rétribution.

Les communes, ou plûtôt le tiers état, en Angleterre, se dit par opposition aux nobles & aux pairs, c'est - à - dire de toutes sortes de personnes au - dessous du rang de baron; car dans ce royaume il n'y a de nobles, suivant la loi, que les barons ou les seigneurs membres de la chambre haute: tout le reste, comme les chevaliers, écuyers, &c. ne sont pas nobles; on les regarde seulement comme étant d'une bonne famille. Ainsi un gentilhomme n'est autre chose qu'un homme issu d'une famille honnête, qui porte des armes, & qui a un certain revenu. Le tiers état comprend donc les chevaliers, les écuyers, les gentilshommes, les fils de la noblesse qui ne sont pas titrés, & les ycomans. Voyez Écuyer, Gentilhomme, Ycoman ou Yeman. (G)

COMMUNIBUS LOCIS (Page 3:727)

COMMUNIBUS LOCIS, terme Latin assez fréquemment en usage chez les Physiciens, & signifiant une espece de milieu, ou un rapport moyen qui résulte de la combinaison de plusieurs rapports.

Ainsi on lit dans quelques auteurs Anglois, que l'Océan est d'un quart de mille de profondeur, communibus locis, dans les lieux moyens ou communs, en prenant un milieu entre les profondeurs de différens endroits de l'Océan. Le mille d'Angleterre est le tiers d'une lieue commune de France; de sorte qu'un quart de mille répond à environ un douzieme de nos lieues, ou à - peu - près deux cents toises. Nous doutons que la profondeur moyenne de l'Océan ne soit pas plus grande. (O)

COMMUNICANTS (Page 3:727)

COMMUNICANTS, s. m. pl. (Hist. ecclés.) secte d'Anabaptistes dans le seizieme siecle: ils furent ainsi nommes de la communauté de femmes & d'enfans qu'ils avoient établie entre eux, à l'exemple des Nicolaïtes. Prateole, 5. comm. Sanderus, her. 198. Gautier, dans sa chron. xvj. siecle. (G)

COMMUNICATION (Page 3:727)

* COMMUNICATION, (Gram.) ce terme a un grand nombre d'acceptions, qu'on trouvera ci - après. Il désigne quelquefois l'idée de partage ou de cession, comme dans communication du mouvement; celle de contiguité, de communauté, & de continuité, comme dans communication de deux canaux, portes de communication; celle d'exhibition par une personne à une autre, comme dans communication de pieces, &c.

Communication du mouvement, (Page 3:727)

Communication du mouvement, est l'action par laquelle un corps qui en frappe un autre, met en mouvement le corps qu'il frappe.

L'expérience nous fait voir tous les jours, que les corps se communiquent du mouvement les uns aux autres. Les Philosophes ont enfin découvert les lois suivant lesquelles se fait cette communication, après avoir long - tems ignoré qu'il y en eût, & après s'être long - tems trompé sur les véritables. Ces lois confirmées par l'expérience & par le raisonnement, ne sont plus révoquées en doute de la plus saine partie des Physiciens. Mais la raison métaphysique, & le principe primitif de la communication du mouvement, sont sujets à beaucoup de difficultés.

Le P. Malebranche prétend que la communication [p. 728] du mouvement n'est point nécessairement dépendante de principes physiques, ou d'aucune propriété des corps, mais qu'elle procede de la volonté & de l'action immédiate de Dieu. Selon lui, il n'y a pas plus de connexion entre le mouvement ou le repos d'un corps, & le mouvement ou le repos d'un autre, qu'il n'y en a entre la forme, la couleur, la grandeur, &c. d'un corps & celle d'un autre; & ce philosophe conclut de - là, que le mouvement du corps choquant n'est point la cause physique du mouvement du corps choqué.

Il n'y a point de doute que la volonté du Créateur ne soit la cause primitive & immédiate de la communication du mouvement, comme de tous les autres effets de la nature. Mais s'il nous est permis d'entrer dans les vûes de l'Être suprême, nous devons croire que les lois de la communication du mouvement qu'il a établies, sont celles qui convenoient le mieux à la sagesse & à la simplicité de ses desseins. Ce principe du P. Malebranche, qu'il n'y a pas plus de connexion entre le mouvement d'un corps & celui d'un autre, qu'entre la figure & la couleur de ces corps, ne paroît pas exactement vrai: car il est certain que la figure & la couleur d'un corps n'influe point sur celle d'un autre; au lieu que quand un corps A en choque un autre B, il faut nécessairement qu'il arrive quelque changement dans l'état actuel de l'un de ces corps, ou dans l'état de tous les deux; car le corps B étant impénétrable, le corps A ne peut continuer son chemin suivant la direction qu'il avoit, à moins que le corps B ne soit déplacé; ou si le corps A perd tout son mouvement, en ce cas ce corps A change par la rencontre du corps B son état de mouvement en celui de repos. C'est pourquoi il faut nécessairement que l'état du corps B change, ou que l'état du corps A change.

De - là on peut tirer une autre conséquence; c'est que l'impénétrabilité des corps, qui est une de leurs propriétés essentielles, demandant nécessairement que le choc de deux corps produise du changement dans leur état, il a été nécessaire au Créateur d'établir des lois générales pour ces changemens: or quelques - unes de ces lois ont dû nécessairement être déterminées par la seule impénétrabilité, & en général par la seule essence des corps: par exemple, deux corps égaux & semblables sans ressort, venant se frapper directement avec des vîtesses égales, c'est une suite nécessaire de leur impénétrabilité qu'ils restent en repos. Il en est de même, si les masses de ces corps sont en raison inverse de leurs vîtesses. Or si d'après ce principe, on peut déterminer généralement les lois de la communication du mouvement, ne sera - t - il pas bien vraissemblable que ces lois sont celles que le Créateur a dû établir par préférence, puisque ces lois seroient fondées sur des principes aussi simples qu'on pourroit le désirer, & liées en quelque maniere à une propriété des corps aussi essentielle que l'impénétrabilité? On peut voir ce raisonnement plus développé dans l'article Percussion.

Lois de la communication du mouvement. Dans la suite de cet article nous appellerons mouvement d'un corps, ou degré de mouvement, un nombre qui exprime le produit de la masse de ce corps par sa vîtesse; & en effet, il est évident que le mouvement d'un corps est d'autant plus grand que sa masse est plus grande, & que sa vîtesse est plus grande; puisque plus sa masse & sa vîtesse sont grandes, plus il a de parties qui se meuvent, & plus chacune de ces parties a de vîtesse.

Si un corps qui se meut frappe un autre corps déjà en mouvement, & qui se meuve dans la même direction, le premier augmentera la vîtesse du second, mais perdra moins de sa vîtesse propre, que si ce dernier avoit été absolument en repos.

Par exemple, si un corps en mouvement triple d'un autre corps en repos, le frappe avec 32d de mouvement, il lui communiquera 8d de son mouvement, & n'en gardera que 24: si l'autre corps avoit eu déjà 4d de mouvement, le premier ne lui en auroit communiqué que 5, & en auroit gardé 27, puisque ces 5d auroient été suffisans par rapport à l'inégalité de ces corps, pour les faire continuer à se mouvoir avec la même vîtesse. En effet dans le premier cas, les mouvemens après le choc étant 8 & 24, & les masses 1 & 3, les vîtesses seront 8 & 8, c'est - à - dire égales; & dans le second cas, on trouvera de même que les vîtesses seront 9 & 9.

On peut déterminer de la même maniere les autres lois de la communication du mouvement, pour les corps parfaitement durs & destitués de toute élasticité. Mais tous les corps durs que nous connoissons étant en même tems élastiques, cette propriété rend les lois de la communication du mouvement fort différentes, & beaucoup plus compliquées. Voyez Élasticité & Percussion.

Tout corps qui en rencontre un autre, perd nécessairement une partie plus ou moins grande du mouvement qu'il a au moment de la rencontre. Ainsi un corps qui a déjà perdu une partie de son mouvemement par la rencontre d'un autre corps, en perdra encore davantage par la rencontre d'un second, d'un troisieme. C'est pour cette raison qu'un corps qui se meut dans un fluide, perd continuellement de sa vîtesse, parce qu'il rencontre continuellement des corpuscules auxquels il en communique une partie.

D'où il s'ensuit 1°. que si deux corps homogenes de différentes masses, se meuvent en ligne droite dans un fluide avec la même vîtesse, le plus grand conservera plus long - tems son mouvement que le plus petit: car les vîtesses étant égales par la supposition, les mouvemens de ces corps sont comme leurs masses, & chacun communique de son mouvement aux corps qui l'environnent, & qui touchent sa surface en raison de la grandeur de cette même surface. Or quoique le plus grand corps ait plus de surface absolument que le plus petit, il en a moins à proportion, comme nous l'allons prouver; donc il perdra à chaque instant moins de son mouvement que le plus petit.

Supposons, par exemple, que le côté d'un cube A soit de deux piés, & celui d'un cube B d'un pié; les surfaces seront comme 4 à un, & les masses comme 8 à un; c'est pourquoi si ces corps se meuvent avec la même vîtesse, le cube A aura huit fois plus de mouvement que le cube B: donc, afin que chacun parvienne au repos en même tems, le cube A doit perdre à chaque moment huit foit plus de son mouvement que le cube B: mais cela est impossible; car leurs surfaces étant l'une à l'autre comme 4 à 1, le corps A ne doit perdre que quatre fois plus de mouvement que le corps B, en supposant (ce qui n'est pas fort éloigné du vrai) que la quantité de mouvement perdue est proportionnelle à la surface: c'est pourquoi quand le cube B deviendra parfaitement en repos, A aura encore une grande partie de son mouvement.

2°. De là nous voyons la raison pourquoi un corps fort long, comme un dard, lancé selon sa longueur, demeure en mouvement beaucoup plus longtems, que quand il est lancé transversalement; car quand il est lancé suivant sa longueur, il rencontre dans sa direction un plus petit nombre de corps auxquels il est obligé de communiquer son mouvement, que quand il est lancé transversalement. Dans le premier cas, il ne choque que fort peu de corpuscules par sa pointe; & dans le second cas, il choque tous les corpuscules qui sont disposés suivant sa longueur.

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.