ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"588"> internes de l'uvée & le crystallin, ce sont des suffusions, des cataractes, & par conséquent la coecité.

Si l'uvée se resserre & devient immobile, l'aveuglement de jour en est l'effet; si elle suppure, c'est l'aveuglement de jour & de nuit.

L'opacité, la corruption, la fonte, l'atrophie du crystallin, produisent la cataracte ou le glaucome, & en même tems la perte de la vûe: l'humeur vitrée exposée aux mêmes maux a la même suite.

La choroïde, la tunique de Ruisch, etant sujettes par leur structure & leur délicatesse à l'inflammation & à la suppuration, seront affectées de nuages & de visions consuses, qui se terminent par la privation de la lumiere.

La prunelle, la retine & les nerfs optiques attaqués de paralisie, d'érosion, de corruption, d'obstruction, ensorte que la communication libre entre ces parties dans leur origine & la moëlle du cerveau soit abolie, la coecité doit en résulter inévitablement.

Les causes externes sont ou communes à tous les pays, ou particulieres à certains lieux & à certains hommes.

Les causes externes communes à ous les pays seront les coups violens, les chûtes sur l'oeil, les piquûres, les blessures, les plaies, les exhalaisons venéneuses, qui picotant, déchirant, rompant & séparant entierement par leur violence les parties intérieures de l'oeil, le font sortir hors de son orbite, ou confondant intérieurement son organisation produisent la coecité douloureuse qui suit nécessairement de ce ravage.

Les causes particulieres de la coecité chez certains peuples & à certaines personnes, sont la trop grande quantité de lumiere qui blesse perpétuellement leur vûe; on en a des exemples frequens dans le septentrion. Les Samojedes, les habitans de la nouvelle Zemble, les Borandiens, les Lapons, les Groënlandois, & les sauvages du nord, continuellement éblouis par l'éclat de la neige pendant l'hiver, le printems & l'automne, & toûjours étouffés par la fumée pendant l'été, deviennent la plûpart aveugles en avançant en âge. La neige éclairée par le soleil dans ces pays du nord, éblouit les yeux des voyageurs au point qu'ils sont obligés de se couvrir d'un crêpe pour n'être pas aveuglés. Il en est de même des plaines sabloneuses de l'Afrique: la réflexion de la lumiere y est si vive, qu'il n'est pas possible d'en soûtenir l'éclat sans courir le risque de perdre la vûe.

Les brodeurs, les tapissiers, les ciseleurs, les graveurs, & tous ceux qui parmi nous ont des métiers de cette espece, fatiguent considérablement leur vûe, & la perdent à la fin; parce que l'éclat de l'or, de l'argent, & des autres couleurs, fait une impression trop vive sur leurs yeux, ce qui les affoiblit & les ruine, les rayons de lumiere n'étant plus suffisament modifiés par la rétine.

Les Aftronomes par l'usage du télescope, les Naturalistes par celui du microscope, & les gens de lettres par leurs travaux perpétuels, se préparent un aveuglement prématuré. Milton, le célebre Milton, ne devint aveugle que parce que dès l'âge de 12 ans il ne quittoit ses études qu'apres minuit; la foiblesse de sa vûe ne put jamais le corriger de cette habitude. Comment abandonner une occupation délicieuse, consolante dans l'adversité, propre à rehausser le lustre de la fortune dans la prospérité, répandant en tous tems d'innocens plaisirs, sans embarras, sans soucis & sans regrets?

Le seul bon avis qu'on puisse donner aux gens qui lisent & qui écrivent long - tems de suite, c'est du moins d'éviter de travailler à une lumiere trop forte; il vaut beaucoup mieux, à choix égal, faire usage d'une lumiere trop foible, l'oeil s'y accoutume bien - tôt; on ne peut tout au plus que le fatiguer en diminuant la quantité de lumiere, & on ne peut manquer de le blesser en la multipliant; l'on doit ce conseil & les faits sur la trop grande lumiere comme cause de la coecité à l'ingénieux physicien qui a décoré son histoire naturelle d'une charmante physiologie.

La coecité, apanage de la vieillesse ou de la décrépitude, naît du retrécissement de l'uvée, de la conjonctive, de la cornée, de la diminution du crystallin, de la coalescence des vaisseaux, du manque d'esprits, & pour le dire en un mot de l'usement de la machine qui n'est susceptible d'aucun remede.

Mais n'y en a - t - il point pour la coecité produite par les autres causes dont nous avons parlé? La Medecine & la Chirurgie n'y peuvent - elles rien? Fautil toûjours desesperer de la cure de cette maladie? D'heureuses expériences ont quelquefois prouvé le contraire, & l'Art nous apprend à distinguer les especes de coecité qui sont incurables, d'avec celles dont on peut tenter & opérer la guérison.

La coecité symptomatique, quelle qu'elle soit, ne doit point allarmer, elle finit avec le mal dont elie émane. Celle, par exemple, qui provient de puite, de lymphe épaissie dans le cerveau, & qui accompagne les maladies soporeuses & apoplectiques, cesse avec la maladie par les remedes résolutifs, épispastiques, volatils, catharctiques, & par les sternutatoires.

La coecité produite par la suppression d'un ulcere ou de toute matiere morbifique, portée par la circulation dans le cerveau, se rétablit par la cure ordinaire de la métastase.

La coecité causée par l'altération du crystallin, se guérit, comme on sait, par l'opération; mais la cataracte adhérente à l'iris est sans remede.

La coecité subite occasionnée par des vapeurs de lieux soûterrains, est encore guérissable: nous en avons un exemple dans l'histoire de l'académie des Sciences, ann. 1711. p. 26. Des exhalaisons d'une vieille fosse produisirent un aveuglement réel sur deux manoeuvres; ils recouvrerent la vûe en vingt - quatre heures par des compresses imbibées d'une liqueur spiritueuse tirée des plantes aromatiques mises sur les yeux, qui reporterent les esprits dans cet organe.

Mais, je le dis avec douleur, l'atrophie de l'oeil, sa sortie entiere de l'orbite par quelque coup ou instrument, ensorte qu'il ne tient plus qu'à quelques fibres nerveuses, charnues, ou membraneuses, l'abcès de la cornée, les cicatrices de cette partie qui couvrent la prunelle, le desséchement entier du crystallin, la fonte du corps vitré, la destruction de la choroïde, la flétrissure des nerfs optiques, leur paralysie, &c. forment tout autant d'especes de coecité qui sont absolument incurables.

Je ne parlerai point ici de la coecité de naissance, ni des aveugles - nés. Voyez Aveugle & Aveuglement. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

COECUM (Page 3:588)

COECUM, s. m. (Anat.) le premier des gros intestins: on le nomme coecum, c'est - à - dire aveugle, parce qu'il n'a qu'une ouverture qui lui sert d'entrée & de ortie.

Les modernes ayant divisé les gros intestins, quoiqu'ils ne fassent qu'un canal continu, en trois portions, la premiere, qui est faite en forme de poche, s'appelle le coecum. Rufus d'Ephese le nommoit appendicula cci.

Ce n'est qu'un bout d'intestin comme une espece de sac, arrondi, court & large, dont le fond est enbas, & l'ouverture ou largeur en - haut. Il est ué sous le rein droit, & caché par la derniere circonvolution de l'intestin ileum. Sa longueur est environ de trois travers de doigt, plus ou moins; son diametre a plus que le double de celui des intestins grêles: on voit au - travers de sa tunique charnue trois bandes [p. 589] ligamenteuses adhérentes à cette tunique, & qui se réunissent sur l'appendice vermiforme, dont elles couvrent la convexité. La tunique interne du coecum porte une espece de velouté ras, parsemé d'espace en espace de follicules glanduleuses ou glandes solitaires, plus larges que celles des intestins grêles. L'usage du coecum est de contenir pour un tems les excrémens, jusqu'à ce qu'ils entrent dans le colon.

Sur le côté du fond du coecum, se trouve un appendice comme un petit intestin, presque de la même longueur que le coecum, mais extrèmement grêle: on l'appelle appendice vermiculaire ou vermiforme, à cause qu'il a quelques entortillemens à - peu - près comme ceux d'un ver quand on le touche. Il ressemble aussi en quelque façon à la pendeloque charnue de la tête d'un coq - d'Inde. Son diametre n'excede guere trois lignes pour l'ordinaire. Il s'ouvre par une de ses extrémités latéralement dans le fond du coecum; l'autre extrémité qui est fermée, est quelquefois plus étroite, & quelquefois plus ample que le reste de sa longueur. Cette extrémité fermée n'est point attachée au mésentere, mais au rein droit, par le moyen du péritoine. L'appendice vermiculaire est tout parsemé de follicules qui répandent continuellement dans sa cavité une espece de liqueur onctueuse, lubrifiante.

On ne connoît point encore l'usage de cette partie; mais entre plusieurs sentimens qu'il seroit inutile de rapporter, le plus vraissemblable semble être celui des Physiciens, qui prétendent qu'elle sert à fournir une certaine quantité de liqueur mucilagineuse, propre à lubrifier la surface interne du sac du colon, & à ramollir les excrémens qui y sont contenus. Le grand nombre de follicules glanduleuses qu'on trouve dans cet appendice, & la conformité de structure du coecum dans les brutes, semble justifier cet usage, non - seulement dans les adultes, mais encore dans les foetus humains.

On objectera sans doute que cet appendice étant à proportion beaucoup plus grand dans l'er fant nouveau - né que dans l'adulte, il paroît qu'il doit avoir dans le premier quelqu'autre usage qui nous est inconnu: mais il est vraissemblable que la petitesse de cet intestin dans l'adulte, dépend de la compression qu'il souffre, & de ce qu'il se décharge souvent des matieres qu'il contient; au lieu que dans le foetus il n'y a point de respiration, ni par conséquent de compression qui puisse en exprimer les matieres qui y sont contenues: d'ailleurs le meconium qui se trouve dans le sac du colon, l'empêche de se vuider, de sorte que les liqueurs séparées par ses glandes en relâchent les fibres, & les distendent par le long séjour que les matieres y font.

Pour connoître la structure de l'appendice vermiculaire & de son embouchure dans le coecum, il faut s'en instruire sur le cadavre; les planches Anatomiques ne suffisent point, & les préparations seches en donnent une fausse idée. Cette partie n'est pas exempte des jeux de la nature; car Riolan dit avoir vû trois appendices fort éloignés les uns des autres, & attachés à l'ileum. Job Vanmekeeren rapporte qu'il a une fois trouvé une balle de plomb dans ce petit intestin. Quelquefois aussi des noyaux de cerise restent des mois entiers dans le coecum, sans causer d'incommodité; & il y en a divers exemples dans les auteurs. Mais pour finir par une observation plus singuliere, Riolan assûre avoir trouvé le coecum placé dans le pli de l'aîne à l'ouverture du corps d'un apothicaire. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

COEFFE (Page 3:589)

COEFFE, s. f. terme de Marchand de mode, ajustement de femme; c'est un morceau de taffetas noir taillé quarrément par - devant, & en biais par - dessous, & dont le derriere, qui forme le derriere de la tête, est plissé. Les femmes se servent de cet ajustement pour se couvrir la tête; elles placent la coëffe sur la coëffure, & la nouent ou l'attachent sous le menton avec un ruban noir. Celles qu'elles portent en été sont de gase ou de dentelle.

Autrefois les coëffes étoient composées de deux aulnes de taffetas, & pendoient sur l'estomac; elles ont été diminuées petit - à - petit, & sont devenues ce qu'elles sont aujourd'hui. Elles ont une infinité de noms différens. Il n'y a rien qui ressemble tant à l'abus de la nomenclature en Histoire naturelle, que celle des Marchandes de modes; la moindre petite différence de formes dans un individu, fait imaginer aux Naturalistes un nouveau nom ou une nouvelle phrase; la moindre petite différence dans un ajustement, altere ou change, chez les Marchandes de mode, la dénomination d'un ajustement: une coëffe est - elle grande & prise dans toute la largeur du taffetas, a - t - elle les pans à peine échancrés, se noue - telle sous le menton, & se termine - t - elle en bavoir étendu sur la poitrine; c'est une coëffe à la bonne femme: differe - t - elle des autres coëffes par ses pans, ces pans sont - ils assez longs, se nouent - ils d'un noeud à quatre devant ou derriere, & sont - ils terminés par un gland; c'est une coëffe à la duchesse: est - elle prise dans la moitié de la largeur du taffetas, n'a - t - elle que des pans fort courts, est - elle bordée d'une dentelle tout - au - tour devant & derriere, & se nouc - t - elle sous le menton avec deux rubans passés en sens contraire dans une coulisse faite sur le derriere; c'est une coëffe à la miramione: n'a - t - elle pas plus de profondeur que le premier bonnet, & est - elle bordée devant & derriere d'un ruban bouchonné, n'a - t - elle que des pans fort courts, & s'attache - t - elle en - devant par une agraffe couverte d'un noeud de dentelle à quatre; c'est une coëffe au rhinoceros, &c. &c. &c.

Coeffe a perruque, (Page 3:589)

Coeffe a perruque, est une sorte de reseau tissu de façon qu'il s'ajuste exactement à la grosseur d'une tête: on applique sur ce reseau les tresses de cheveux pour en fabriquer une perruque. Il y a de ces coëffes qui sont de soie ou de filoselle, & d'autres de fil.

Coeffe, (Page 3:589)

Coeffe, en Anatomie, est une petite membrane qu'on trouve à quelques enfans, qui enveloppe leur tête quand ils naissent.

Drelincourt pense que ce n'est qu'un lambeau des tuniques du ftus, qui ordinairement se creve à la naissance de l'enfant. Voyez Ftus.

Lampridius dit que de son tems des sages - femmes vendoient ces coëffes à des avocats, qui les payoient bien cher, persuadés qu'en les portant ils auroient une vertu persuasive de laquelle leurs juges ne pourroient pas se défendre. Les canons en or défendu l'usage, parce qu'il y a eu, dit - on, des magiciens & des sorciers qui en ont abusé pour faire des maléfices. Dictio. de Trév. (L)

COEFFÉ (Page 3:589)

COEFFÉ, bien coëffé, (Chasse.) se dit d'un chien courant qui est bien avalé, & à qui les oreilles passent le nez de quatre doigts. Diction. de Trév.

Coeffé, (Page 3:589)

Coeffé, adj. (Drap.) il se dit en bien & en mal, selon que la lisiere est bien ou mal faite: si cette partie est bien travaillée relativement à la largeur, à l'ourdissage, à la couleur, & à la matiere, on dit que ls drap est bien coëffé; si elle peche par le défaut de quelqu'une de ces qualités, on dit qu'il est mal coëffé.

Coeffé (Page 3:589)

Coeffé bien ou mal. (Maréch. & Man.) Bien se dit d'un cheval qui a les oreilles petites & bien placées au haut de la tête; & mal, de celui qui les a placées trop à côté de la tête, & longues & pendantes. Voyez Oreille & Cheval.

COEFFER (Page 3:589)

COEFFER, (se) Marine. se dit des voiles, lorsqu'abandonnées à elles - mêmes & denuées de bras,

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